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des arbres accomplissent la même opération d'une manière bien plus parfaite.

L'énorme quantité de carbone contenue dans l'air est constamment alimentée par la respiration de l'homme et des animaux et par diverses autres causes. Le volume de l'acide carbonique produit par un adulte bien portant en vingt-quatre heures, est d'environ 15,000 pouces cubes, contenant environ 2,600 grains de carbone ou six onces à peu près, soit 37 à 38 livres par cent personnes; en sorte qu'en prenant pour moyenne 37 livres, un million d'êtres humains n'exhaleraient pas en vingt-quatre heures moins de 370,000 livres, c'est-à-dire plus de 165 tonnes de carbone. L'acide carbonique est un poison, mais ses effets sont neutralisés par sa diffusion dans l'atmosphère, où, dans l'état normal, il ne constitue pas plus d'un deux-millième d'une quantité d'air donnée, et où il est continuellement décomposé par les plantes et les arbres qui l'absorbent dans leurs systèmes, retenant le carbone comme nourriture et dégageant de nouveau l'oxigène, de manière à purifier l'air qui les entoure. La principale fonction du règne végétal est donc de maintenir un constant équilibre dans les éléments constitutifs de l'atmosphère. Depuis le majestueux chêne, patriarche de la forêt, jusqu'à la plus petite herbe des champs, tous les arbres, toutes les plantes ont ainsi leur destination providentielle, alors même qu'ils ne sont doués d'aucune vertu particulière.

Enfermez une plante dans un lieu obscur pendant quelques jours, et bien qu'elle jouisse de sa part habituelle de chaleur, d'air et d'eau, vous la verrez pâlir et languir. Exposez-la de nouveau au jour, et en peu d'heures elle recouvrera sa vigueur et l'éclat de sa verdure et de ses couleurs. L'action de la lumière solaire est incontestable, mais sa nature n'est pas bien comprise. Certaines feuilles sont acides le matin, sans goût à midi, amères la nuit. Certaines fleurs sont blanches ou bleues, selon l'intensité de la lumière. Beaucoup de fruits sont plus acides le matin que le soir; quelques fleurs ouvrent leurs pétales aux rayons du soleil, d'autres les leur ferment. La portion d'une pêche exposée à la lumière devient d'un rouge vif, le reste est d'un vert ou d'un jaune pâle. Le goût de la première portion est plus savoureux, parce que la lumière a stimulé l'élaboration d'une plus grande quantité de sucre;

et c'est ce qui explique l'extrême douceur des fruits des climats chauds. Certaines plantes, si on les laisse exposées à trop de lumière durant leur croissance, sont au contraire moins bonnes à manger. La tige du céleri, par exemple, doit être couverte de terre pour devenir blanche et conserver son arôme. Il faut lier les laitues pour que le cœur en soit blanc et sain. La partie du céleri qui dépasse le sol et les feuilles extérieures de la laitue sont vertes, amères et indigestes.

Nous avons signalé, sous le rapport de la lumière, une analogie frappante entre le règne animal et le règne végétal. Un montagnard robuste, au teint vif et coloré, si on l'enferme dans une prison devient pâle et maladif, même lorsqu'il est bien nourri, tandis que la pâleur habituelle du mineur se dissipe au contact plus fréquent de la lumière du jour. Ni les hommes ni les plantes ne prospèrent dans des lieux sombres ou dans un air vicié. Les figures pâles et les feuilles flétries sont toujours plus abondantes dans le voisinage des grandes villes. L'analogie va plus loin; les mêmes poisons détruisent l'homme et la plante. Si nous prenons de l'arsenic blanc, du sublimé corrosif, du vitriol bleu, de l'acide prussique ou de l'opium, et si nous les dissolvons dans l'eau, la solution versée sur les racines d'une plante la fera faner et mourir. Des fèves ainsi traitées avec de l'arsenic blanc se flétrirent en quelques heures, jaunirent et moururent au bout de trois jours. Un lilas fut tué par l'introduction du même poison, à l'état solide, dans une incision faite à l'une de ses branches. L'acide prussique tua également une plante légumineuse en un jour, et l'esprit de vin en quelques heures. Ces substances agissent comme les poisons en pénétrant dans l'appareil circulatoire de la plante. Cela est aisé à prouver pour le vitriol bleu. Coupez la tige d'une plante tuée par ce sulfate de cuivre avec une serpe d'acier bien nettoyée, et vous verrez le cuivre métallique briller sur la lame.

La circulation du sang végétal, appelé sève, est toujours enveloppée d'obscurité, et on ne peut analyser exactement cette substance elle-même, car il semble impossible de l'obtenir dans son état normal. Son évaporation par les feuilles après qu'elle a traversé la tige et les branches est considérable. Une expérience faite avec soin a prouvé qu'un grand tournesol avait ainsi perdu une livre quatre onces, et un chou une livre trois onces en vingt-quatre

heures. Si les plantes se flétrissent, si leur tige se courbe par une chaude journée, c'est que l'évaporation des feuilles est beaucoup plus grande que la succion de l'eau par les racines. Rendez-leur l'humidité qui leur manque, et la tige se redresse. Les radicules qui pompent dans la terre l'eau vivifiante qui doit se transformer en sève par une secrète élaboration, ont des fibres si tenues à leur extrémité qu'elles sont invisibles à l'œil nu, et souvent même au microscope. On serait tenté de s'imaginer que, par un temps trèschaud et très-sec, leurs fonctions sont complétement suspendues; mais la terre est un si mauvais conducteur du calorique, que l'extrême aridité ne règne guère qu'à la surface. Enlevez quelques pouces seulement du sol sablonneux et desséché, et vous retrouverez l'humidité. De même l'atmosphère n'est jamais anhydre, c'està-dire entièrement dépourvue de vapeur aqueuse, bien qu'elle soit quelquefois assez sèche pour produire les plus fâcheux effets sur les plantes et les animaux. La vapeur, partiellement retirée de certaines localités, s'amasse ailleurs en nuages, qui, flottant entre le ciel et la terre, empêchent la transmission directe de la chaleur solaire. Lorsque ces nuages tombent en pluie et complètent ainsi leur œuvre bienfaisante, des bouffées de parfum sortent des plantes ranimées.

On n'a pas encore expliqué d'une manière satisfaisante la formation des nuages et la chute de la pluie; la chimie néanmoins est arrivée à cette conclusion que la pluie ne se compose pas de globules solides, mais de myriades de petites vésicules d'eau creuses, comme des bulles de savon. S'il en était autrement, les nuages ne pourraient se soutenir comme ils le font au-dessus de nos têtes. Une goutte d'eau d'un diamètre d'un millième de pouce acquerrait, en vertu de la loi de la gravitation, une vélocité de neuf à dix pieds par seconde; or, nous voyons les nuages monter des lacs ou des mers qui leur ont donné naissance, jusqu'au sommet des montagnes.

L'air contient toujours de la vapeur d'eau en suspension; et cette vapeur invisible, lorsque sa température baisse, soit par une soudaine raréfaction locale, soit par le contact des froides surfaces de la terre et de l'eau, devient visible dans les gouttes d'eau infiniment tenues que nous appelons le brouillard. La chaleur requise pour soulever et maintenir en l'air cette vapeur n'est pas

également dense dans toute l'atmosphère, parce que l'atmosphère se dilate à mesure que s'accroît sa distance de la terre. Supposons qu'un pied cube d'air contienne une certaine quantité de chaleur, également répandue dans ses éléments et leur composé, et susceptible d'affecter le thermomètre à un certain degré; si on comprime ce même volume d'air de manière à le réduire à un dixième de pouce cube, naturellement il y aura dix fois autant de chaleur concentrée dans ce dixième de pouce, et le thermomètre indiquera une élévation de température. Supposez, au contraire, le pied cube d'air dilaté au point de remplir un espace de dix pieds cubes, la chaleur sera tellement disséminée, que le thermomètre indiquera une dépression; en d'autres termes, l'air sera plus froid. La cause de la densité, et par suite de la chaleur plus grandes de l'air en approchant du sol, est donc le poids du reste de l'atmosphère et la compression qui en résulte. Cela explique la diminution de la chaleur à mesure qu'on gravit une montagne. L'air se raréfie de plus en plus, et la vapeur d'eau finit par se condenser en brouillard ou se congeler. L'air, lorsqu'on s'élève du niveau de la mer, devient d'un degré à peu près plus froid pour les deux cents premiers pieds, et il se refroidit de cinquante degrés environ pour quinze mille pieds. A cette élévation, l'eau se congèlerait même près de l'équateur, où la température des basses plaines est de quatre-vingts degrés. Voilà pourquoi les sommets des hautes montagnes sont couverts de neige, à partir d'une certaine élévation nommée la ligne des neiges ou de la congélation perpétuelle.

La conversion de l'eau en vapeur, c'est-à-dire l'évaporation, exige de la chaleur, et les substances qui lui communiquent cette chaleur se refroidissent naturellement. Dans l'Inde, on mouille les tentures qui tiennent quelquefois lieu de fenêtres, et il en résulte une évaporation rapide qui réduit la température de dix et même de quinze degrés. En Europe, on obtient aussi quelque soulagement dans les grandes chaleurs en arrosant les planchers des maisons et les pavés des rues. C'est d'après le même principe qu'on se sert de vaisseaux poreux pour rafraîchir les vins. Ces vaisseaux plongés dans l'eau en imbibent une grande quantité par l'attraction capillaire, et l'eau ainsi imbibée s'évaporant peu à peu lorsque ce vaisseau est remis en plein air, la bouteille de vin se

rafraichit en proportion de la chaleur qu'elle prête à l'accomplissement de ce procédé. La même raison fait qu'il est dangereux de garder des habits humides, l'évaporation faisant descendre la chaleur animale au-dessous de son niveau normal. En pareil cas, l'exercice, qui provoque le développement de la chaleur, diminue le danger; mais s'il y a excès de chaleur, l'évaporation du corps se condense en sueur, et si celle-ci se trouve arrêtée par un courant d'air froid, des vêtements imperméables ou d'autres causes, les plus sérieuses conséquences sont à appréhender. Un mouchoir de fine batiste appliqué sur le front produit alors un grand soulagement, parce que les fibres du tissu sont un bon conducteur de la chaleur, et exercent une grande attraction capillaire sur la moiteur même. Un mouchoir de coton, au contraire, n'ayant aucun de ces avantages, produit plutôt une sensation de chaleur. Une série d'expériences faites avec soin permettent de conclure que l'évaporation annuelle de l'eau est en moyenne de trente pouces, c'est-à-dire que la vapeur, si elle était de nouveau convertie en eau, couvrirait la surface d'où elle s'est élevée d'une couche de trente pouces d'épaisseur. La surface de toutes les eaux du globe étant évaluée à cent vingt-huit millions de milles géographiques, il en résulterait que près de soixante mille milles cubes d'eau sont annuellement convertis en vapeur.

Les vents, qui concourent pour une si grande part à notre bienêtre en été, sont produits, comme on sait, par le trouble incessant que la chaleur apporte dans l'équilibre de l'air. Voici comment la chimie nous explique le phénomène des brises de terre et de mer: Les rayons solaires ne peuvent élever la température des eaux transparentes de la mer, ni celle du volume transparent de l'atmosphère, mais ils échauffent très-facilement la surface de la terre opaque. Le sol des îles exposées au soleil des tropiques est par conséquent fort élevé en température, et comme il communique sa chaleur à l'air, il se produit un grand courant ascendant, tandis que d'autres couches d'air en contact avec la surface plus froide de l'Océan se glissent dans l'ile pour rétablir l'équilibre, et c'est ce qui constitue la brise de la mer. Pendant la nuit, la surface de l'ile n'étant plus sujette à l'influence directe du soleil, devient plus froide que l'air qui la couvre; elle force cet air à se contracter, à

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