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en redescendant à la température ordinaire, la portion qui ne s'est dissoute dans l'eau qu'à la faveur du calorique, les molécules du sel qui se séparent de l'eau, ne se rassemblent point pêle-mêle et au hasard; mais elles se groupent toujours symétriquement et produisent des solides réguliers terminés par des faces planes et analogues aux solides de la géométrie. Ce sont ces polyèdres réguliers, appelés cristaux, qui varient d'une manière étonnante et qui se divisent par systèmes selon les formes qu'ils affectent. Il y a même des corps qui prennent des formes cristallines incompatibles, c'est-à-dire appartenant à deux systèmes différents; tel est le soufre. Ainsi, les cristaux de soufre naturel sont des octaèdres à bases rhombes, tandis que les cristaux qui se forment par le refroidissement graduel du soufre, d'abord liquéfié par la chaleur, sont de longues aiguilles transparentes ou des prismes obliques à bases rhombes. Mais au bout de quelques jours, la chaleur ayant fait place à la température ordinaire, les aiguilles, qui d'abord étoient transparentes et un peu flexibles, deviennent opaques et extrêmement friables. En les examinant alors au microscope, on voit qu'elles sont composées d'une multitude de petits octaèdres enchâssés les uns à la suite des autres comme les grains d'un chapelet. Le même phénomène se présente dans le diamant, dans la plombagine, dans le phosphore, dans les pyrites ou sulfure de fer, etc. On donne le nom de dimorphisme ou de polymorphisme à la loi qui préside à ces modifications de forme et de propriétés physiques dans les corps de même constitution chimique. Ces modifications résultent évidemment de changements et de différences dans le groupement des atomes; mais on ne dit et on n'explique rien par cette observation, D'où viennent ces différences de groupement? Tiennent-elles aux modifications que subit la tempé rature? Dépendent-elles de la simple attraction des atomes? Mais pourquoi ceux-ci s'attireroient-ils tantôt d'une manière, tantôt de l'autre, s'ils sont toujours les mêmes?

Quant à l'arrangement symétrique des cristaux en général, on peut bien dire qu'il rentre dans la force oculte appelée cohésion, et nous avons vu comme cette force se modifie par le calorique. Mais quelle loi physique spéciale nous expliquera la régularité admirable de ces formes? La matière est-elle capable, par elle-même, d'opérer de semblables mer

veilles? Les atomes, en les formant, se meuvent-ils au hasard? Agissent-ils avec intelligence? Obéissent-ils simplement au suprême Architecte de l'univers? La science matérialiste elle-même exclut le hasard de cette composition symétrique, et elle se retranche derrière des lois et des forces naturelles qu'elle ne se charge pas d'expliquer. Pour nous, tout en nous aidant de la science autant que nous le pouvons, nous ne voyons d'explication possible que dans la sagesse et la toutepuissance d'un Etre qui a tout créé et qui par conséquent n'est pas composé d'atomes.

Dans l'article suivant, nous nous occuperons de l'activité de la matière dans les êtres organisés.

ENSEIGNEMENT ECCLÉSIASTIQUE DANS LE
PIEMONT.

PROTESTATION DES ÉVÈQUES DE LA PROVINCE
ECCLÉSIASTIQUE DE TURIN.

Messieurs les députés,

Les soussignés, évêques de la province ecclésiastique de Turin, après avoir attentivement examiné le projet de loi, déja voté par le Sénat du royaume, sur la réorganisation de l'administration supérieure de l'instruction publique, n'ont pu s'empêcher d'y voir un danger sérieux et d'y trouver de justes motifs de craindre que par cette loi on ne porte atteinte à la divine autorité et à la liberté innee de l'Eglise.

En effet, l'art. 1er du projet assujettit au gouvernement et à la surveillance du ministre de l'instruction publique, et met sous sa dépendance toutes les écoles et institutions publiques d'instruction et d'éducation; le dernier paragraphe, qui excepte les institutions et les écoles militaires, ne fait aucune exception pour les séminaires grands ou petits.

On dit, il est vrai, à l'article 7, que les séminaires et colléges épiscopaux, pour ce qui regarde l'éducation (on ne parle pas de l'instruction) des ecclésiastiques, sont régis selon les règles particulières reconnues par l'Eglise; mais on ajoute et par l'Etat, et quoiqu'on ait l'air de vouloir laisser ces établissements sous la dépendance des Evêques seuls, les élèves qui y font leurs études, comme s'ils se rendoient en cela coupables d'une faute, sont condamnés par ce seul fait à être exclus de l'admission aux cours, examens et grades dans les écoles dépendantes du ministère de l'instruction publique. Sans qu'il soit fait aucune exception pour les séminaires, l'art. 4 S'occupe des mesures à prendre dans l'intérêt de la morale, et les articles 5 et 6 parlent du droit qu'auroit le ministre de surveiller les

écoles et institutions, et d'en ordonner même la fermeture, lorsque les directeurs refusent de ce conformer aux lois et aux réglements; dans le dernier paragraphe de l'art. 7, il est même question de la surveillance du gouvernement sur lesdits séminaires.

En outre, après avoir, dans le dernier paragraphe de l'article 2, déclaré que la religion catholique sera la base de l'instruction et de l'éducation morale, on prétend établir, comme un principe incontestable, dans l'article 9, que l'autorité ecclésiastique ne doit avoir en aucune manière ni participation ni influence en ce qui concerne l'instruction, la discipline des écoles, la collation des grades, le choix des directeurs, des professeurs et des maîtres dépendant du ministère de l'instruction publique.

L'ensemble de toutes ces dispositions générales, obscures et élasfiques quant à l'application qu'on en pourroit faire aux séminaires, à l'enseignement qui s'y donne et à l'éducation des élèves du sanctuaire, surtout si on les rapproche de l'article 41, par lequel est exclu de la députation provinciale le directeur spirituel, qui, jusqu'à présent, étoit membre du conseil que doit remplacer cette députation, l'ensemble de ces dispositions, disons-nous, donne tout lieu de craindre qu'on n'en vienne à violer les droits et la liberté de l'Eglise, à laquelle seule son divin fondateur a confié le dépôt de la foi, son Evangile, sa doctrine, le choix et l'éducation de ses ministres.

C'est pourquoi, pénétrés des devoirs sacrés de leur charge et du serment solennel qu'ils ont prononcé aux pieds des autels au moment de leur consécration, les Evêques soussignés protestent contre toute mesure qui tendroit à diminuer ou à violer, de quelque manière que ce soit, cette liberté et cette indépendance qui apppartiennent à l'Eglise catholique en vertu de son institution divine, dans tout ce qui regarde l'éducation, l'instruction et la discipline de son clergé, déclarant vouloir se maintenir dans la possession pleine et inalienable de la juridiction qui leur appartient à l'exclusion de toute autorité civile, sur les grands et petits séminaires, conformément aux règles établies par les lois de l'Eglise elle-mème,

Ils réclament contre la peine de l'exclusion des cours, examens et grades, infligée, sans qu'ils aient commis d'autre délit que celui d'avoir étudié dans les séminaires, aux jeunes gens qui, ne se reconnoissant pas appelés à l'état ecclésiastique, voudroient, en sortant de ces établissements, entreprendre une autre carrière et d'autres études.

Ils se réfèrent, en général, à la protestation faite le 1er février 1849 par tout l'épiscopat piémontais, et en particulier à l'allocution prononcée le 1er novembre 1830 par le Souverain-Pontife Pie IX, dans laquelle, en sa qualité de vengeur des droits et de la liberté de l'Eglise, il condamna publiquement la loi du 4 octobre 1848.

Enfin, ils s'adressent aux honorables membres de la Chambre des députés, afin que ceux-ci, se souvenant que la religion catholique, apostolique et romaine est la religion de l'Etat, et qu'ils sont les mandataires et les représentants d'une nation éminemment catholique, retranchent du projet de loi, déjà voté par le Sénat, toutes les dis

positions qui attribueroient au ministre ou au gouvernement, sur les grands et petits séminaires, des droits qui n'appartiennent qu'aux évêques, et que la loi future soit conçue en termes clairs et précis, de telle sorte que la liberté et l'indépendance de l'Eglise catholique demeurent inviolables et entières.

Ont signé à l'original,

+ GIOVANNI, Archevêque, Evêque de Saluces.
Fr. MODESTO, Evêque d'Acqui.
LUIGI, Evêque d'Ivrée

FILIPPO, Evêque d'Asti.

Fr. Gio. TOMMASO, Evêque de Mondovi.
Fr. CLEMENTE, Evêque du Ceneo.

+ GIOVANNI ANTONIO, Evêque de Suse.
FILIPPO RAVINA vicaire-général de Turin.
MELCHIOR ABRATE, vicaire général cap. de
Fossano.

PANÉGYRIQUE DE SAINT PAUL

PRONONCÉ PAR M. L'ABBÉ BAUTAIN,

Vicaire-général et promoteur du diocèse de Paris, en l'église Sainte Geneviève, le dimanche 2 décembre 1855. broch. in-8° de 72 p. Se vend à Paris chez Adrien Leclere (1).

Au moment où M. l'abbé Bautain vient de publier une Etude sur l'art de parler en public, il est tout à fait à propos de revenir sur le beau panégyrique de saint Paul, prononcé par lui à la fète des Ecoles de l'année dernière. Nos lecteurs se souviennent d'ailleurs de la promesse que nous leurs avons faite alors, de leur faire connoître avec quelque détail ce remarquable discours lorsqu'il auroit été publié. Or, depuis quelques semaines déjà cette éloquente et forte improvisation, soigneusement recueillie par la sténographie, est sortie, dans sa forme définitive, des presses de M. Adrien Leclere; nous venons donc nous acquitter de notre engagement. Nous serons sobre de réflexions, et nous laisserons surtout parler l'orateur. En lisant ce discours, nos impressions ont été presque aussi vives que le jour où nous l'avons entendu, avec une émotion si réelle, sous l'admirable coupole de Sainte-Geneviève. L'éloquence de M. l'abbé Bautain est de celles dont la force ne réside pas seulement dans le prestige passager du geste, de la voix et d'autres avantages extérieurs; chez lui, sous les formes brillantes et animées d'un style facile et châtié, il y a le fond solide du philosophe, du penseur son enthousiasme oratoire n'est point une surexcitation momentanée de l'imagination et de la sensibilité;

(1) Article extrait de l'Ami de la Religion, No 5985.

il découle de la plénitude de son âme convaincue et gravement émue; et s'il ne saisit point d'abord l'auditoire avec cette force extraordinaire qui a été le privilége de quelques-uns, il n'en produit pas moins cette impression durable et profonde qui est le signe de la véritable éloquence.

M. l'abbe Bautain, on s'en souvient, a montré dans saint Paul, le sarant, le philosophe. Divisant son sujet en deux parties, il a fait voir dans la première que l'enseignement de saint Paul offre les qualités principales de l'esprit philosophique; dans la seconde, que la vie de saint Paul présente le modèle du véritable philosophe.

L'esprit philosophique dépend de trois conditions: 1° savoir observer, constater et décrire les faits; 2° ramener les faits aux lois qui les dirigent, les faits du même ordre par l'induction, les faits d'un ordre différent par l'analogie, et ainsi élever les faits à la hauteur des idées; 3° ramener les idées multiples à une seule idée, à une idée mère quiles embrasse toutes, et qui en soit le principe et la fin.

Nous ne suivrons point le panégyriste dans le détail de son expoposition, où il fait voir excellemment que saint Paul a possédé à un degré élevé ces trois qualités de l'esprit philosophique. Reproduisons toutefois deux passages de cette première partie qui appartiennent de préférence à ce Recueil. Après avoir parlé de plusieurs faits moraux parfaitement observés et décris par saint Paul, l'orateur continue ainsi :

> Un autre fait fondamental de la science philosophique, une des bases de la logique et de la métaphysique, n'est-ce-pas la determination exacte de la nature et de la puissance de la raison naturelle? En effet, de la solution donnée à cette question dépend, dans l'opinion des honimes, la valeur où la vanité de la science humaine; sa valeur qui, poussée au-delà des bornes légitimes, peut aller jusqu'à l'usurpation de la science de Dieu; sa vanité qui, trop exagérée, la jette dans le scepticisme ou dans le néant. Cette question est si grave, si vivace, qu'aujourd'hui encore elle agite tous les esprits qui pensent, et qu'on la retrouve au fond de tous les travaux de l'intelligence et de la philosophie. On y est sans cesse ramené dans tous les grands débats de la pensée humaine, qui se juge elle-même et veut reconnoître l'étendue de sa puissance et de son empire. Là encore la raison, livrée à elle-même, a presque toujours été d'un excès à l'autre, de l'exaltation du rationalisme au découragement du scepticisme, ou même, parfois, quand elle a été éclairée par la parole de Dieu, et élevée au-dessus d'elle-même par les lumières de la foi, elle s'est prise à douter d'elle, de la vérité, et dans un zèle intempestif, qui n'étoit pas selon la science, elle a renié, abdiqué sa puissance légitime, croyant rehausser celle de Dieu. Une parole a dominé comme un phare au milieu de ces erreurs opposées, et en projetant sa lumière immuable sur cette mer agitée des opinions humaines, elle a montré sûrement le chemin qui conduit au port.

» Saint Paul dans le premier chapitre de l'Epitre aux Romains, montre nettement jusqu'où peut aller la puissance de la raison naturelle, en disant qu'elle peut s'élever par ses seules lumières, par ses

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