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Comment ces deux lettres ont-elles été retrouvées, et quelles circonstances ont amené M. Beelen à les éditer de nouveau?

Non-seulement le texte original de ces deux lettres, le texte grec, s'étoit perdu, mais la version syriaque étoit inconnue en Europe, bien qu'elle ne le fût point aux Orientaux, comme le temoigne Mgr.Sambiri, patriarche catholique d'Antioche, dans une lettre écrite à ce sujet à notre savant professeur. Vers le milieu du dernier siècle, un savant du nom de Wetstein, habitant Amsterdam, occupé à donner une édition du Nouveau Testament et recherchant dans ce but un grand nombre de textes, reçut de l'ambassadeur anglais à Constantinople, deux manuscrits syriaques qu'il s'étoit procurés à Alep. L'un de ces deux manuscrits contenoit, outre quelques livres du Nouveau Testament, les deux épitres de St. Clément aux Vierges. Ce dernier manuscrit, comme le porte une épigraphe, est l'œuvre d'un pieux moine qui l'acheva l'an 1470 de notre ère.

Wetstein se hata de publier la partie du second manuscrit qui renferme les deux épîtres de St. Clément, et y joignit une traduction latine. Cette découverte émut les savants; bientôt quelques-uns contestèrent l'authenticité de ces lettres; Wetstein y répondit ; mais la mort l'empêcha de réfuter la réplique de ses adversaires.

M. Le professeur Beelen reprend la tâche que Wetstein n'avoit fait qu'ébaucher, il répond non-seulement aux premiers contradicteurs, mais encore à tous ceux qui ont écrit contre l'authenticité de ces lettres. Appuyé sur le témoignage de St. Eriphane et de St. Jérôme, il discute et réduit à néant toutes les objections de ses adversaires. M. Beelen apporte encore à l'appui de ces deux témoignages, un fragment de la première épître aux Vierges, découvert nouvellement dans un monument du VIe siècle, et, comme nous l'avons déjà dit, une lettre de Mgr. Samhiri qui atteste que ces deux épîtres sont connues des écrivains syriens.

Après avoir exposé avec une admirable lucidité et vigueur de logique ces arguments extrinsèques, le savant professeur expose les arguments instrinsèques, et ces deux preuves réunies ne laissent plus l'ombre d'un doute sur l'authenticité des deux lettres de St. Clément aux Vierges. Cette partie du travail de M. Beclen est un chefd'œuvre de critique.

Il restoit à M. Beelen une autre tâche à remplir: M. Wetstein, trop empressé de publier sa découverte, ne donna au public qu'un texte surchargé de fautes, et sa traduction fut souvent inexacte. M. Beelen qui avoit obtenu de collationner l'édition de Wetstein sur le manuscrit original, est parvenu à faire disparoître de son édition les fautes qui déparoient celle de Wetstein. Il joint à son travail une traduction nouvelle dont l'exactitude nous est garantie par la profonde connoissance qu'il a de la langue syriaque et de la langue latine.

Cette édition renferme en outre, la traduction latine de Wetstein et la traduction allemande de Zingerlé, et une seconde fois le texte syriaque avec les points voyelles, purgé des gloses qu'il croit avoir été interpolées. Cette répétition du texte est accompagnée de notes grammaticales à l'usage de ceux qui s'adonnent à l'étude du syriaque.

Cet ouvrage, nous devons le dire, entourera d'un nouvel et brillant éclat la réputation de M. Beelen dans le monde savant, et en jelant un nouveau reflet sur l'Université catholique de Louvain, ajoutera reconnoissance que l'Eglise et le pays sont heureux de vouer au corps si distingué de ses éminents professeurs.

SITUATION DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE EN RUSSIE.

L'Eglise catholique en Russie a perdu récemment son chef par la mort de Mgr. Ignace Holowinski, archevêque de Mohilew et Métropolitain de toutes les Eglises catholiques romaines de l'empire. Sa dernière maladie a été longue et pénible; et précisément lorsqu'un mieux passager lui faisoit espérer une guérison, le médecin lui annonça qu'il ne lui restoit tout au plus que deux jours de vie.

Il remercia le médecin de ce qu'il regardoit comme une bonne nouvelle; il appela immédiatement son confesseur, et peu après, en présence du séminaire et du clergé catholique de Saint-Pétersbourg, il reçut le saint Viatique. Adressant la parole aux assistants, il les exhorta à vivre selon la dignité de leur état de prêtre, et il le fit avec de si grands sentiments de zèle et de piété, que tous partagèrent son émotion et se retirèrent pénétrés d'un spectacle si touchant.

La mort de Mgr. Holowinski, enlevé à la fleur de l'âge, est une grande perte pour les catholiques russes. Ce zélé pasteur étoit parvenu à procurer tant et de si grands biens à son troupeau, au milieu des difficultés et des obstacles les plus grands qu'un Evêque puisse rencontrer! Du reste, l'Eglise de Mohilew ne restera pas longtemps privée de pasteur, à ce qu'il paroît; car on a déjà commencé à procéder au choix d'un successeur, comme on va le voir.

Je vous ai dit que les catholiques avoient grande confiance dans la modération, la loyauté et l'équité de l'Empereur Alexandre; cette confiance étoit méritée. En voici des preuves. Un certain Skripitzyne, directeur du département des cultes étrangers, étoit généralement regardé comme le fléau des catholiques.

Tant qu'il occupoit ce poste, ils ne pouvoient que vivre dans la crainte. Or, Skripitzyne est déchargé de son emploi. Pour faire apprécier l'esprit du Czar envers ses sujets catholiques et l'importance qu'il attache aux obligations de justice envers leur culte, il suffit de faire connoître le principal motif de cette destitution.

Mgr. Holowinski étant mort, on demanda à l'Empereur Alexandre comment il falloit pourvoir à son remplacement; il répondit qu'il falloit se conformer à ce que stipuloit le contrat avec le Saint-Siége romain.

Après en avoir recherché pendant longtemps inutilement un exemplaire, on découvrit que Skripitzyne l'avoit caché chez lui, afin que personne ne pût en prendre connoissance.

Aux reproches qui lui furent adressés pour ce procédé, il répondit que jusqu'alors personne n'avoit songé à connoître ce que renfermoit le contrat, et que jamais on n'y avoit attaché la moindre importance. Il encourut pour ce motif la disgrâce de l'Empereur et reçut sa dé

mission. Les catholiques n'avoient donc que trop raison d'adresser des vœux au Ciel pour se voir délivrés du joug de Skripitzyne.

Autre fait. Aussitôt que Mgr. Holowinski, archevêque de Mohilew et métropolitain des caiholiques latins en Russie, fut mort, on demanda à l'Empereur ee qu'il falloit faire pour pourvoir à son remplacement. On dit qu'il ordonna de réunir à Wilna les Evèques cathofiques, pour qu'ils procédassent au choix du nouveau prélat, se réservant de présenter lui-même au Saint-Père le nom de l'elu du Synode, de même qu'il avoit dernièrement présenté dix noms pour autant d'évèchés, privés depuis longtemps de leur pasteur.

En même temps, l'Empereur donna l'ordre de payer aux Evêques leur voyage et de les indemniser des frais de séjour, en leur accordant le double de ce que reçoivent d'habitude les officiers de l'empire, afin que les Evèques pussent pourvoir non-seulement à ce qui etoit nécessaire, mais encore aux convenances de leur dignité.

Ces bruits ont fait une grande impression sur l'esprit des catholiques et des orthodoxes: les premiers y voient un commencement d'amélioration de leur position; les seconds s'aperçoivent qu'il ne faut plus persécuter les catholiques pour s'attirer la faveur de l'Empereur.

Un troisième fait n'est pas moins significatif. A Wilna, le général Nazimoff a succédé, dans les fonctions de gouverneur, au général Bibikoff. L'empressement généreux avec lequel le nouveau dignitaire a soutenu la cause des personnes injustement accusées, la fermeté de son caractère et la loyauté de son âme, lui ont concilié l'estime et la confiance.

Il se montrera juste envers les catholiques et ne se laissera pas mener par leurs adversaires. — M. Kisseleff, chargé d'affaires de l'Empereur à Rome, a longtemps retardé son départ, afin d'étudier les questions qu'il aura à traiter. Dans ces préliminaires, il a fait preuve de modération, d'équité, de loyauté.

Les choix faits par le nouvel Empereur ont reçu l'approbation générale. En observant quels sont les fonctionnaires qu'il éloigne et quels sont ceux qu'il appelle, on reconnoît à l'Empereur Alexandre de la droiture et de la conscience. En voici une preuve spéciale. Les catholiques se plaignoient de violations d'articles du dernier concordat conclu entre le Saint-Siége et l'Empereur Nicolas. Aussitôt il nomma une commission composée d'hommes probes et expérimentés, parmi lesquels se trouvoient plusieurs catholiques.

Elle doit examiner les plaintes, la cause des infractions et le remède à y apporter. Ce fait a provoqué un bruit qui circule à Rome, et qui attribue à M. Kisseleff la mission de conclure un nouveau concordat sur des bases plus larges, ou tout au moins d'élargir celui qui a été conclu il y a peu d'années.

On remarque que l'exactitude de la plupart des faits allégués dans cette correspondance est douteuse. Ce sont des on dit, des bruits. Il y est dit que l'Empereur Alexandre a dernièrement présenté dix noms au Saint-Siégé pour autant d'évèchés, privés depuis longtemps de leurs pasteurs,

Les journaux dévoués à la Russie ont annoncé ce fait à diverses

reprises; mais jusqu'à présent, rien n'est venu le confirmer. Nous ne voulons pas dire que les espérances exprimées par les correspondants de la Civiltà cattolica n'aient aucun fondement; mais il nous semble qu'il n'y a encore que des présomptions et qu'elles ne s'appuient sur rien de décisif. (Univers).

LE MONDE AVANT LA CRÉATION DE L'HOMME

OU LE BERCEAU DE L'UNIVERS.

Histoire populaire de la création et des transformations du globe, renfermant les annales primitives des trois règnes de la nature, basées sur les plus récentes découvertes de la science et puisées dans les archives de la terre, consistant en plus de 27,000 espèces diverses de plantes et d'animaux antédiluviens conservés dans les collections et les musées de l'Europe et de l'Amérique, le tout expliqué, mis en ordre et raconté aux gens du monde, par le Dr. W.-F.-A, ZIMMERMANN, Traduit de l'allemand par MM. L. Ilymans et L. Strens. Edition autorisée par l'auteur. Trente-dens livraisons, in-8, illustrées de 250 gravures sur bois. Bruxelles 1856 chez Muquardt, Prix 25 c. la livraison,

La lecture que nous venons de faire du prospectus, de l'introduction et des livraisons de l'ouvrage qui ont paru (sept), nous engage à établir, pour le juger équitablement, une distinction entre l'auteur et les éditeurs belges. M. le docteur Zimmermann parle souvent avec modestie, il fait l'aveu de son ignorance, il ne donne pas ses conjectures pour de la science, et il n'a garde d'assurer qu'il explique la formation de l'Univers.

Mais écoutons MM. Hymans et Strens:

« Quelle est l'origine du monde? Quel fut le berceau de la terre? Notre planète fut-elle au début des siècles ce qu'elle est aujourd'hui ?... Quel fut l'état primitif du globe que nous habitons ?... Qui donc eût osé dire, il y a un siècle, qu'un jour ces mystères seroient approfondis, ces grands problèmes résolus? Que l'homme écriroit un jour les annales d'un monde antérieur de plusieurs millions d'années à la création de son espèce? Qui donc eût soupçonné que nous possédions pour cette histoire des archives plus riches et plus nombreuses que celles qui ont servi à l'histoire de l'humanité ?... Nous y trouvons le début élémentaire de toute vie terrestre; nous voyons comment tout s'est formé successivement, en procédant de l'imparfait au parfait; comment de la pierre naquit la plante,et de la plante l'animal... En un mot nous pourrions tracer, de ces époques pleines de ténèbres, des cartes plus exactes que beaucoup de cartes de l'antiquité. » A l'appui de

ces assertions, MM. les éditeurs nous présentent un petit ta bleau de la terre primitive. Entre autres prodiges, on y voyoit, disent-ils, » des monstres marins à mains humaines, aux têtes couvertes de longues chevelures, demi-hommes, demi-poissons, tels que la mythologie nous représente les tritons et les sirènes. >>

M. Zimmermann ne promet pas tant de merveilles, il n'a pas vu tout cela, il ne prétend pas tracer des cartes exactes du monde primitif. L'origine des choses lui est inconnue. << La création, dit-il, ne nous offre que les choses créées, et non pas le mode de leur origine. Au sujet du système planétaire, de l'origine de la terre et du soleil, nous n'avons jusqu'ici que des probabilités ou des hypothèses, qui, toutes vraisemblables qu'elles peuvent être, ne sont pas appuyées sur des faits (p. 11). » Aussi, quand il a exposé, à sa manière, l'origine du système planétaire et de notre globe, ajoute-t-il sagement « Ce que nous disons de cette période, n'est pas, pour nous, à l'état de science, mais d'hypothèse ou de rêve (p. 51)... Il est très-possible que nous ne connoissions pas encore toutes les lois de la nature, que nous en découvrions un jour de nouvelles, qui nous dévoileront de profondes erreurs dans bien des systèmes adoptés aujourd'hui. Il nous faut donc renoncer à poser une base positive et certaine de la formation du globe terrestre, et nous contenter de ce qui nous paroît probable et vraisemblable. Transportés dans le domaine de la fable, il nous faut dégager le vrai du faux, dépouiller la fiction de son plus bel ornement, etc. (p 53). » En un mot, il dit que ce qu'il a raconté jusqu'à présent, est l'histoire fabuleuse de la terre, l'histoire ancienne cousue de fables, comme l'histoire grecque avec ses Argonautes etc. (ibid.). »

Quand il arrive aux êtres organisés, l'aveu qu'il fait de son ignorance est plus formel encore.

>>Quoi que nous fassions, dit-il, nous autres pauvres mortels, le commencement et l'origine des êtres organisés restent pour nous un mystère. Ils existent; mais d'où sont-ils venus? C'est là un problème qu'il ne nous est pas donné de résoudre... Des plantes et des animaux se présentent à nous soudain, sans que nous sachions d'où ils viennent; dès l'instant où ils ont apparu, ils se propagent de la manière que chacun sait, soit par génération, soit par dépôt, celui-ci

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