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» Quand par hazard il arrive à quelqu'un de ces vieux arbres » qu'il fort de leur pied quelque branche un peu vigoureuse, » & capable de renouveller l'arbre, il faut la traiter dans cette » vue, & la conferver précieusement pour remplacer les vieilles » branches qu'on détruit peu-à-peu; mais fi elle fort de quelque » vieille branche, il faut l'ôter. Je n'ai pas autre chose à dire » de ces vieux arbres, finon qu'on ne doit les ménager que quand, » malgré leur vieilleffe, ils rapportent encore de bons fruits; » car dès que cette condition manque, il faut les arracher.

» A l'égard des arbres du fecond âge, qui chargent abon» damment; comme ce sont eux qui font notre richesse, ils méri» tent la plus particuliere attention. La plupart des Jardiniers » qui travaillent fans principes, fans raisonnement, & fans fe » foucier de l'avenir, les conduifent de façon qu'ils font bientôt » ruinés.....

» L'opération de la taille eft celle de toutes qui contribue le » plus à leur durée. Ne les point trop charger, & bien entrete» nir le plein, voilà tout l'art de la taille, qui paroît bien fim» ple, mais qui a ses difficultés, eu égard au choix des branches, » au travail que l'arbre fait, à l'efpece de fruit, & à bien d'autres » circonstances sur lesquelles on peut établir quelques regles. » Je ne parlerai point de certains cas fur lefquels on ne peut » ftatuer que vis-à-vis de son objct, & que la pratique feule » peut enfeigner.

» Chacun a fa méthode, & dirige fa taille fuivant fes idées; » Les uns taillent court fur toutes branches. (Ils renoncent à » l'abondance du fruit, & fatiguent les racines de leurs arbres.) » Les autres alongent les branches qu'ils destinent à donner du » fruit, & laissent des coursons pour leur donner du bois l'année » fuivante. ( C'est la méthode du Frere Philippe.) La mienne est » toute différente. . . . . .

» Trouvant mon arbre en bon état, après qu'il eft dépaliffé

» je commence à faire une recherche des branches usées, qu'il » est aisé de connoître à leur maigreur, & aux mauvais jets qu'el» les ont faits; je retranche la branche ufée jufqu'à la groffe » branche d'où elle fort; à moins que dans fon étendue elle » n'ait pouffé quelque bonne branche, fur laquelle je la ravale, » s'il n'y a rien dans le voisinage pour remplir la place. Je paffe » enfuite aux branches de l'année, & je fupprime toutes les » grosses, s'il en a poussé. Par grosses branches, j'entends toutes >> celles qui excedent la moyenne groffeur ; je fupprime de même » toutes les petites, à moins que quelqu'une ne me foit nécef» faire pour garnir quelque vuide, ou pour me fervir de reffour» ce, auquel cas je la taille à l'épaisseur à peu près d'un écu. » J'excepte toujours les petits bouquets.

» Ce premier retranchement fait, il ne me reste plus que des » branches égales en force; je vois clair alors dans mon ouvrage. » Je n'ai plus enfin qu'une réforme à faire dans la quantité, & » voici fur cela ma regłe. Je n'en laisse qu'une de toutes celles » qui ont pouffé fui la branchic quc j'ai cailléc l'année précédente, » & c'est la plus basse que je laisse, parce qu'elle est toujours » bonne, au moyen des précautions que j'ai prises au temps de » l'ébourgeonnement. Ceux qui n'auront pas fait cette opération, >> choisiront la meilleure des plus baffes.

» Après cette feconde réforme, je passe à la troisieme, qui est » la taille de ces branches. J'examine alors fi mon arbre a beau» coup chargé l'année précédente, & de quelle efpece il est: » fuivant ces deux cas, je raccourcis ou j'alonge ma taille. Si » mon arbre a beaucoup chargé, je le ménage: & fi c'eft, par » exemple, une Madeleine ou une Violette, comme ces arbres >> font plus vigoureux que les autres, je leur donne plus de char»ge: mais si mon arbre eft de toute autre efpece, & qu'il n'ait » pas été fatigué de la charge, j'alonge ma taille jusqu'à huit » pouces fi la place le permet; mais fi je me trouve refferré,

» & si je n'ai rien au-deffous pour remplacer ce qui fe trouve » épuisé, je tiens ma taille courte, & je ne lui donne & je ne lui donne que trois ou

» quatre pouces. Il fe trouve communément par la différente dis» position des places, que la moitié de mes branches ́eft alon» gée, & que l'autre eft retenue courte. Par-là je maintiens le » plein de mon arbre, & je ne le fatigue point ».

Les habitans de Montreuil retranchent pareillement toutes les branches foibles; & même ils n'en confervent de moyennes qu'au défaut de fortes: c'eft fur celles-ci qu'ils taillent par préférence. Ils déchargent beaucoup leurs arbres, & alongent leur taille fur les fortes branches jufqu'à trois ou trois pieds & demi, & fouvent ils taillent pour fruit une partie des petites branches forties de ces fortes branches. Comme ils fe propofent avec raifon d'avoir de beaux fruits, cette méthode de ne tailler que fur les branches vigoureuses & capables de le bien nourrir, est propre à bien remplir leur objet. Mais leurs arbres, malgré leur attention à les ouvrir, se dégarniffent bientôt par le bas. De jeunes Pêchers plantés entre les vieux, couvrent en peu de temps le vuide que ceux-ci laiffent fur l'efpalier, & réparent leur défaut. Mais on fait combien il eft rare de trouver un terrein femblable à celui de Montreuil, & des Cultivateurs auffi intelligents & auffi expérimentés. Au reste leur pratique n'est pas abfolument uniforme; elle varie fuivant les vues des particuliers, dont les uns ne s'occupent que du produit de leurs arbres, & d'autres étendent leur attention fur leur forme & leur durée.

Quant aux autres opérations, paliffages, ébourgeonnement, &c. il eft inutile de répéter ce qui en a été dit Tom. I. Cult. gén.

Les Pêchers élevés de noyau, la Bourdin, & quelques autres qui réuffiffent affez bien en plein-vent, foit en tige, soit en buiffon, & qui dans les années favorables y donnent d'excellents fruits, devroient être taillés, ébourgeonnés, & conduits comme ceux d'efpalier. Mais on fe contente, & il fuffit ordinairement

de les décharger des branches gourmandes, des branches mortes, ufées, trop foibles ; & de tailler les bonnes branches, moins dans la vue de donner à ces arbres une forme réguliere, que de prolonger leur durée, entretenir leurs forces & les employer à la nutrition des productions utiles.

Les Pêches doivent être découvertes avec beaucoup de précaution, & accoutumées peu-à-peu aux rayons du soleil qui eft néceffaire pour leur donner une belle couleur & perfectionner leur goût. Il ne faut les cueillir que dans leur parfaite maturité, qui fe connoît aisément à leur couleur & à la facilité avec laquelle elles fe détachent. Il eft bon de leur faire paffer au moins quelques heures dans un lieu frais avant que de les manger. Celles même qui doivent être transportées, ne doivent être cueillies que très-peu de temps avant leur parfaite maturité. Car fi les Pêches font bien leur eau hors de l'arbre dans une Fruiterie ou ailleurs, c'est souvent une eau défagréable, & toujours inférieure en bonté à celle qu'elles font fur l'arbre.

USAGE S.

ON donne aux enfants, comme vermifuge, du lait dans lequel on a fait bouillir des feuilles de Pêcher. Les fleurs de Pêcher mangées en falade ou autrement font très - purgatives; on en fait un fyrop qui a la même vertu. L'amande des Pêches a les mêmes qualités que l'amande amere.

Les Pêches fe mangent crues, fans fucre ou avec du fucre cuite dans l'eau bouillante (on les y laiffe à peu près autant de temps qu'il en faut pour cuire un œuf frais ) & faupoudrées de fucre; en beignets; en compote; confites en marmelade; confites à l'eau-de-vie; féchées au four; confites au vinaigre comme les cornichons: pour ces deux derniers usages, on préfere les Pavies aux Pêches fondantes,

Le goût réunit tous les fentiments fur la bonté des Pêches crues; les eftomacs les partagent fur leurs qualités; les uns les trouvant fiévreuses & de difficile digestion, à moins qu'elles ne foient corrigées par le vin & le fucre, ou même la cuiffon; les autres les digérant facilement, fur-tout les Pêches fondantes, les regardent comme un fruit très-fain,

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