Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

BLIOTHEQUE CANTONAL

ET UNIVERSITAIRE

LAUSANNE

TRAITÉ

DES

ARBRES FRUITIERS.

PERSICA,
PÊCHER.

DESCRIPTION GÉNÉRIQUE.
JE n'entreprendrai point de débrouiller ce que les Anciens ont

écrit du Perfæa, Perfica, Perficus; de décider s'ils ont connu l'Arbre que nous nommons Pêcher; de le fuivre avec eux d'Ethiopie en Perse, de Perse en Egypte, d'Egypte à Mycenes, &c. & de faire fon hiftoire d'après des textes auffi obscurs, ou une tradition qui n'est fondée que fur ces textes.

Si le Pêcher n'est pas originaire de notre pays, il a bien adopté pour sa patrie une terre où la feule qualité d'étranger a toujours fa affuré un afyle, mérité un accueil favorable, & procuré les meilleurs traitements; & il y est si parfaitement naturalifé, qu'il ne Tome II.

A

conferve d'exotique que le nom Perfica. Sa famille multipliée, diversifiée, répandue & établie par-tout ressemble moins à une colonie, qu'à un peuple nombreux, ancien possesfeur de ce climat. Cultivé avec plus d'art, d'attention & de dépenfe, que les autres Arbres fruitiers, il eft devenu fans contredit le plus digne de notre considération & de nos foins; aucun autre ne pouvant lui difputer l'abondance, la beauté, la couleur, la délicatesse, la douceur, le parfum, la fraîcheur, & les autres qualités que réunit fon fruit, dont on use sainement, & dont on abuferoit prefqu'impunément.

A juger de la grandeur naturelle d'un arbre par celle qu'il acquiert dans un espalier de bonne terre & bien cultivé, on pourroit regarder le Pêcher comme un des plus grands Arbres fruitiers; puifqu'il n'y en a prefqu'aucun qui s'étende autant que lui fur un mur. Mais les Pêchers qu'on éleve dans les vignes des environs de Paris ne parviennent qu'à une médiocre grandeur. Dans le Dauphiné, l'Angoumois & les autres Provinces plus tempérées que Paris, ils deviennent plus grands. Ainfi la taille du Pêcher varie fuivant le climat, le terrein & la culture; mais jamais elle n'approche de celle d'un Poirier, ou d'un Merifier, ni même d'un Amandier.

Cet arbre n'est point touffu, quoiqu'il produife beaucoup de bourgeons, fouvent plus qu'il n'en peut nourrir. Ils font droits, d'autant plus forts qu'on en retranche plus, ou que le Pêcher est plus jeune ou plus vigoureux. Leur écorce est lisse; à quelques efpeces teinte de rouge du côté du foleil; toute verte à d'autres.

Les feuilles ( Pl. I. Fig. 9. ) font liffes, longues, entieres, alternes, dentelées par les bords plus ou moins finement & plus ou moins profondément fuivant l'efpece. Par les deux bouts elles fe terminent en pointe beaucoup moins aiguë à la queue, qu'à l'autre extrémité. Elles font attachées à la branche par des pédicules

gros & courts, qui en fe prolongeant fur toute la longueur de la feuille, forment en deffous une nervure faillante, & en dedans un fillon très-peu profond. Chaque côté de cette groffe arrête est garni de très-petites nervures qui ont peu d'étendue, & de moyennes qui s'étendent jufqu'aux bords, & fe ramifient en un grand nombre de moindres; elles font pofées alternativement, & la plupart répondent auffi dans un ordre alterne à celles de l'autre côté de l'arrête. Les feuilles de la plupart des Pêchers sont d'un vert-pré, ou tirant un peu fur le jaune. Elles fortent des boutons pliées en deux. Leur odeur & leur faveur approchent de celles des Amandes ameres. Chaque noeud des bourgeons porte une, deux ou trois feuilles, rarement davantage. Lorsqu'il en porte plufieurs, celle qui eft placée fur le milieu du fupport eft grande; les autres, qui fortent des côtés, font beaucoup moindres.

Dans l'aiffelle de chaque feuille, il se forme un bouton; de forte que le nombre des boutons eft ordinairement égal au nombre des feuilles qui naiffent fur chaque nœud; & par conféquent il y a des yeux simples (a), des yeux doubles (b) & des yeux triples (c, Fig. 6.)

1.)

La fleur du Pêcher eft hermaphrodite, compofée 1o. d'un calyce (Fig. 7.) en forme de godet, percé par le fond, ordinairement teint de rouge-foncé du côté du foleil, & vert du côté oppofé; divifé en cinq découpures, ou segments obtus qui s'étendent jusqu'à la moitié du calyce, fe renversent fur le godet, & font creusés en cuilleron: 2°. de cinq pétales (Fig. 4, 2, 1. difpofés en rose, attachés par un onglet délié aux angles rentrants des découpures du calyce. On trouve quelques fleurs à fix pétales; les fleurs doubles en ont un grand nombre. Ces pétales font un peu creufés en cuilleron; plus ou moins arrondis; teints de rouge plus ou moins foncé; grands, petits, ou moyens. La différence de forme, de couleur, & de grandeur des pétales

eft un des principaux caracteres qui diftinguent les efpeces, ou les variétés de Pêcher: 3°. de vingt à trente étamines attachées aux parois intérieures du calyce (Fig. 5.), qui en cet endroit font tapiffées d'une substance grenue, & ordinairement colorée. Elles font difpofées par nombre de quatre à fix entre chaque division (Fig. 4). Quoique leurs filets foient plus courts que les pétales, cependant elles paroiffent affez élevées au-deffus du difque de la fleur, lorfqu'elle s'ouvre bien; car les fleurs s'ouvrent plus ou moins, fuivant l'efpece. Elles font terminées par des fommets de forme d'olive qui renferment une pouffiere féminale très-fine. 4°. Dans l'axe de la fleur s'éleve un piftil formé d'un embryon arrondi, liffe, ou velu, felon l'efpece (Fig. 7.) placé au centre du fond du calyce ( Fig. 8), & d'un style de la longueur des étamines, furmonté d'un stygmate obtus.

L'embryon devient un fruit charnu & fucculent (Fig. 15.) dont les caracteres intérieurs & extérieurs diftinguent les efpeces de Pêches. On peut les comprendre dans quatre claffes. 1o. Celles dont la peau eft velue ou couverte de duvet, & dont la chair fondante fe détache facilement de la peau & du noyau : elles s'appellent proprement Pêches. 2°. Celles dont la peau est velue; mais dont la chair ferme ne quitte ni la peau ni le noyau : on les nomme Pavies. 3o. Celles dont la peau eft violette, liffe & fans duvet, & dont la chair fondante quitte le noyau : ce font les Pêches violettes. 4°. Celles dont la peau eft violette, lisse & fans duvet, & dont le noyau eft adhérent à la chair: elles fe nomment Brugnons. Les variétés de chaque espece se distinguent par leur groffeur, leur forme, les couleurs de la peau, & de la chair, leur faveur, le temps de leur maturité, la profondeur de la rainure ou gouttiere qui les divise fuivant leur longueur, &c.

Ce fruit eft foutenu par une queue très-courte qui s'implante au fommet d'une cavité (Fig. 16.) plus ou moins profonde, fuivant l'efpece; & est attachée à la branche au-dessus d'un fupport ou renflement assez faillant.

« ZurückWeiter »