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peuvent-ils me faire? » C'est à l'aide de ces maximes qu'il a gagné trois millions sterling.

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» J'espère, dit ***, que vos enfants n'aiment pas trop 'argent et les affaires, à l'exclusion de choses plus importantes. Je suis sûr que vous ne le voudriez pas. Rothschild. Au contraire, c'est cela même que je désire. Je désire qu'ils se donnent tout entiers, corps et âme, aux affaires. C'est le moyen d'être heureux. Attachez-vous à un genre d'affaires, jeune homme, dit-il à Edouard; attachez-vous à votre brasserie, et vous pourrez être un jour le grand brasseur de Londres; mais soyez à la fois brasseur, et banquier, et négociant, et manufacturier, et votre nom ne tardera pas à figurer sur la liste des faillites. Un de mes voisins, nous dit-il encore, est un homme d'un caractère très-désagréable, et s'ingénie à chercher les moyens de me vexer; il a fait bâtir une grande étable à porcs tout près de mon avenue, de sorte que je ne puis pas sortir de chez moi sans entendre un concert de grognements. Mais comme cela ne me fait point de mal, je ne fais qu'en rire. Quelquefois, pour m'amuser, je donne une guinée à un mendiant. Il croit que je me suis trompé, et dans la crainte que je ne m'aperçoive de ma méprise, il se sauve à toutes jambes. Je vous conseille de donner de temps en temps une guinée à un mendiant-c'est très-amusant. >>

A la veille des élections générales de 1837, M. Buxton eut lieu de croire que, malgré ses longs et honorables services comme représentant de Weymouth, il n'avait pas de chance d'être renommé, à moins qu'il ne consentit à tenir les cabarets ouverts et à faire des avances (expression technique pour la corruption à prix d'argent) jusqu'à concurrence de 1,000 £. Il déclina donc les chances du poll. Nous supposons qu'ayant assuré le far-niente des nègres, le sentiment naturel des horreurs de la bière et de la corruption chez les pauvres Bretons reprit sur lui tout son empire. Mais il s'était trop habitué à l'agitation extérieure pour pouvoir s'en passer longtemps; et sans être ébranlé par les preuves, chaque jour plus nombreuses, que la mesure arrachée aux whigs était une mesure désastreuse au point de vue économique et politique, il se fit le champion de plusieurs autres conceptions du même genre, basées sur des calculs également faux et soutenues à l'aide des mêmes moyens. La grande œuvre qui couronna le

tout fut l'organisation d'une société pour la suppression définitive de la traite des noirs entre l'Afrique et toutes les contrées à l'ouest de l'Atlantique, au moyen de l'établissement d'une grande «< capitale et citadelle de christianisme, de civilisation, d'industrie et de commerce légitime au centre du continent africain. » On sait avec quel enthousiasme ce projet fut accueilli, l'appui que s'empressa de lui donner le gouvernement, le brillant début de l'expédition et son déplorable avortement.

Au mois de juin 1840, peu après le « glorieux meeting » d'Exeter-Hall, où le prince Albert présida à l'inauguration de « l'Association pour la civilisation africaine, » lord Russell fit part à Buxton de l'intention qu'avait sa majesté de l'élever à la dignité de baronnet. Il accepta après quelque hésitation cet honneur, qui paraît être arrivé à propos pour relever son moral un peu affaissé, car les travaux auxquels il avait dû se livrer à l'occasion de l'équipement de la flotte du Niger l'avaient fatigué beaucoup, et il se plaint luimême dans une lettre d'être « devenu indifférent à tout, même aux nègres et aux perdrix.»

Cependant il ne tarda pas à retrouver son ardeur pour la chasse, car une des lettres suivantes roule principalement sur les qualités d'un nouveau cheval de chasse, ayant nom Abraham, « qui, dit-il, aime le porter, et préfère le nôtre. » Il passa l'hiver de 1840-41 à Rome et à Naples, où les chasses au sanglier rabaissèrent un peu dans son esprit les passe-temps plus humbles du comté de Norfolk. Il s'occupa des prisons de ces deux états, dont les antiquités fixèrent aussi jusqu'à un certain point son attention; mais les galeries de tableaux paraissent n'avoir eu qu'un très-médiocre attrait pour lui. Sa description de Pompéi peut se lire, même après celle de lord Dudley.

A son retour, à l'automne, il alla voir une de ses filles mariée en Ecosse, puis il parcourut plusieurs parties giboyeuses des Highlands, notamment les parcs de lord Breadalbane, au mont Noir, où il fit son début comme chasseur de daims. Voulant rendre politesse pour politesse, il pria un de ses cousins, qui était alors en Norwége, de lui envoyer un certain nombre de capercailzies 1). Pour se procurer ces oiseaux, on eut recours à un nouveau « mou

(1) Gros coq de bruyère du Nord.

vement du public religieux, » c'est-à-dire que les prêtres, dans une vingtaine de villages, annoncèrent du haut de la chaire à leurs paroissiens, après le sermon, qu'il serait donné des récompenses pour tant de mâles et de femelles qu'on apporterait vivants. Mâles et femelles arrivèrent. Le garde-chasse de sir Fowell alla les chercher en Norwège, d'où il les transporta à Taymouth : c'est ainsi que nous devons au brasseur-baronnet la restauration du géant emplumé des forêts grampiennes. Ces oiseaux ont multiplié à un tel point, qu'on peut aujourd'hui les chasser, et lorsque sa majesté honora le marquis de Breadalbane d'une visite, il y a deux ou trois ans, le fils de sir Fowell fut invité, par courtoisie, à tirer le premier capercailzie.

Mais bientôt le tableau se rembrunit. « On peut concevoir, dit le biographe de sir Fowell, avec quelle douleur il reçut les tristes nouvelles de l'expédition du Niger. Sa santé, déjà ébranlée, s'altéra de plus en plus, et bientôt il ne fut plus en état de soutenir aucun effort d'esprit prolongé, surtout si ce travail mental était accompagné de quelque sentiment de responsabilité. Pour un homme accoutumé à une existence aussi active que la sienne, ce fut une rude épreuve de se voir ainsi réduit à une impuissance prématurée. Il n'avait que cinquante-cinq ans, mais déjà sa journée de labeur était arrivée à son terme, et il ne trouvait pas, à ce terme d'une carrière si remplie, cette satisfaction que donne le succès. Il lui arrivait parfois, lorsqu'il ne se croyait pas observé, de pousser des gémissements, comme si son cœur eût été près de se fendre sous le poids qui l'oppressait. Sa douleur, du reste, n'était pas de celles qui s'évaporent en paroles. Il parlait rarement de l'expédition, et moins encore de la mort du capitaine Bird Allen; mais ses traits pâles et fatigués, son air grave et soucieux, ses prières ferventes pour que Dieu «prît pitié de la pauvre Afrique,»> ne révélaient que trop ses souffrances intérieures. >>

Sir Fowell survécut trois ans à ce coup, mais il avait été frappé au cœur. Ses facultés baissèrent, son ardeur s'éteignit: c'est à peine s'il pouvait monter Abraham assez longtemps pour remplir une fort modeste carnassière. Il était encore assez disposé, lorsque l'état de sa santé lui permettait de sortir, à assister aux différents meetings qui pouvaient se rattacher à la cause africaine; mais il n'hésitait point à reconnaître que son projet avait com

plétement échoué, et quoiqu'il conservât encore l'espérance que ce grand but serait atteint de quelque autre manière, on ne saurait douter que ce désappointement n'ait été au-dessus de ses forces. Nous avons cité un passage de son journal, où il exprime la confiance que ses prières avaient été, à peu d'exceptions près, exaucées. On sait aussi qu'il n'était pas exempt d'une superstition que nous supposions n'être plus de notre temps - celle d'ouvrir sa Bible au hasard, dans les moments d'incertitude et d'anxiété, d'après le principe des Sortes Virgiliana. On conçoit dès lors ce qu'il dut penser et sentir lorsqu'arriva la catastrophe fatale. Mais nous ne voulons pas nous appesantir sur ce sujet. Les amis de sir Fowell lui font ériger une statue dans Westminster-Abbey: souhaitons seulement que ce monument soit digne de lui, et surtout qu'il soit achevé avant que notre empire colonial ait disparu! A. B. (Quarterly Review.

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Des régions dont se compose l'empire des cinq grandes puissances de l'Europe, il n'en est pas une sur laquelle nous ayons tant de vagues et imparfaites notions que sur la vaste contrée qui s'étend entre la Russie européenne et la mer du Kamtschatka, entre la Chine et l'océan Arctique. Des hommes courageux ont cependant exploré les steppes arides, les montagnes escarpées qui forment le boulevard de l'Europe du côté du Mongol et de la Tartarie; des hommes distingués ont osé entreprendre cette tâche et l'ont bien acccomplie. Mais leurs voyages, dirigés vers un but scientifique, s'adressaient en grande partie à des esprits spéciaux. Pour braver les fatigues et les périls d'une exploration en Sibérie, il faut être animé d'une vive ardeur scientifique, ou encouragé et soutenu par un gouvernement éclairé. Le touriste, le curieux ne s'imagine pas qu'il puisse trouver là une compensation aux désagréments qu'il y éprouvera. La Sibérie n'est pourtant pas

(1) NOTE DU RÉDACTEUR. Travels in Siberia including excursions northwards down the Obi to the polar circle, and southwards to the Chinese frontier. Voyage en Sibérie, excursions au nord, descente de l'Obi au cercle polaire, excursions méridionales vers la frontière de Chine, par M. Ad. Erman; 2 vol. in-8°, Londres, 1848. — M. Ad. Erman, professeur extraordinaire à l'université de Berlin, est né en 1806. En 1828, il accompagna M. Hansteen dans le voyage scientifique que l'illustre astronome norvégien entreprit en Sibérie par ordre du gouvernement suédois. Cette première exploration terminée, il continua seul son voyage au Kamtschatka, dans les colonies russes de l'Amérique et dans la Californie. Il revint en Allemagne en 1830.

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