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tait dès lors les scènes de carnage et d'horreur tant de fois reproduites jusqu'à nos jours même, par les Matabèles, les Mantatées, les Fetcani, les Zoolahs et autres tribus sauvages de l'intérieur, qui, s'il faut en croire les philanthropes d'Exeter Hall, ces faiseurs d'églogues politiques, jouissent encore de la primitive félicité, innocents pasteurs d'une autre Arcadie que menacent les empiétements tyranniques et le funeste voisinage de l'homme blanc.

Les Hollandais, lorsqu'ils tentaient quelque excursion dans l'in térieur du pays, étaient surtout poussés par l'espoir de découvrir des mines de métal et de trafiquer avec une grande nation, nommée « Chobona », qui, au dire des Hottentots, habitait des maisons de pierres et était gouvernée par un roi puissant, lequel résidait dans une vaste cité et possédait de grandes richesses, beaucoup d'or et de pierres précieuses.

Ces romans indigènes, confirmés par les récits apocryphes d'un certain prêtre allemand nommé Martinus Martiny, venu de Batavia au Cap, et qui, dans le cours de ses nombreuses pérégrinations, avait visité les établissements portugais de la côte de Mozambique, excitèrent au plus haut point la cupidité et l'esprit d'entreprise des colons.

L'espoir d'ouvrir des relations commerciales avec les habitants d'une région imaginaire, que « beaucoup de personnes, disait Van Riebeck, assurent être le véritable pays d'Ophir, d'où Salomon importait son or, » cet espoir, dis-je, redoublait encore lorsque les Hollandais consultaient la carte d'Afrique de Lindschoten, parsemée comme beaucoup de cartes modernes, de villes, de lacs et de riviè res, qui n'ont jamais existé que dans l'imagination du géographe. On fit alors, à la recherche d'un fantôme de prêtre Jean et de son royaume ou de sa capitale imaginaire de Monomotapa, 'plus de tentatives d'explorations dans l'intérieur du pays qu'on n'en a faites depuis, dans un but assurément plus rationnel. Est-il besoin de rappeler au lecteur que le prêtre Jean était un prétendu potentat chrétien qui, dans le quinzième et le seizième siècle, régnait, disait-on, sur une contrée très-mal définie de l'Afrique centrale ou de l'Asie? Plusieurs voyageurs consacrèrent des années entières à sa découverte. La véritable origine de cette fable parait être que le christianisme florissait alors, comme aujourd'hui, dans quelques-unes des provinces les plus reculées de l'Abyssinie.

Les excursions des compagnons de Van Riebeck eurent au moins pour résultat de rectifier les données du roi Herry et de faire connaître la véritable condition des tribus hottentotes. Quant à la grande ville bâtie de pierres et à la puissante nation Chobona, dont parlaient tant les indigènes, il est probable qu'il s'agissait de la nation Bechuana et d'une ville très-reculée dans l'intérieur, mais aujourd'hui bien connue, Latakoo.

Plusieurs des expéditions entreprises sous les auspices de Van Riebeck et commandées par des aventuriers expérimentés, Pieter Meerhoff, le lieutenant Cruse et autres Bruce et MungoPark de l'époque, durèrent quelquefois des mois entiers. Parties du Cap, elles réussirent à pénétrer, d'un côté, jusqu'à la rivière Orange, de l'autre, au delà du district actuel de Georges, tandis qu'on explorait les côtes orientales et occidentales. De hardis navigateurs, affrontant une mer orageuse, sur de petits navires de vingt à cinquante tonneaux, acquirent, dès lors ou du moins dans le cours d'un petit nombre d'années, une connaissance aussi complète que la nôtre des côtes de l'Afrique méridionale, jusqu'aux tropiques. Plus d'une fois ils eurent aussi le bonheur de sauver et de ramener au Cap les équipages des navires naufragés sur les côtes de Delagoa, de Natal et du pays situé près de l'embouchure de la rivière Kye. Il semble que les rudes hommes de mer du vieux temps se rendaient moins compte du danger ou s'en montraient plus insouciants que nos marins érudits. A la fin du dix-septième siècle, il était de commune occurrence, pour des navires anglais de cinquante ou soixante tonneaux, de doubler le Cap, de croiser dans le dangereux canal de Mozambique, en quête d'or, d'ivoire ou d'esclaves, et de transporter ensuite sur leur fragile coque, à travers toute la longueur et la largeur de l'Atlantique, leur cargaison vivante dans les îles à sucre des Indes-Occidentales.

On ignore jusqu'où la race hottentote s'étendait, à cette époque, au nord-est; mais comme il s'écoula plus d'un siècle avant que les Caffres franchissent la limite du Kye, il n'y a pas lieu de s'étonner qu'aucun des premiers aventuriers hollandais, voyageant par terre, ne se soit trouvé en contact avec cette race bien plus féroce et bien plus dégoûtante, aujourd'hui même, que les Hottentots du temps de Van Riebeck. Ce n'est pas à dire que le brave Hollandais fût pour cela en bonne compagnie, et nous compre

nons sa joie lorsqu'après dix an nées de résidence au Cap, il put saluer enfin le navire qui amenait son successeur et qui, le 7 mai 1662, remit à la voile, emportant Van Riebeck et sa fortune, non pas dans son pays natal, mais dans la colonie plus lointaine encore de Batavia.

D. S. (New Monthly Magazine. )

Philanthropie. — Biographie.

SIR THOMAS FOWELL BUXTON (1).

Thomas Fowell Buxton naquit en 1786. Son père, qui vivait dans une assez grande aisance, mourut en 1792, laissant une veuve et cinq enfants, dont Fowell était l'aîné. Sa mère appartenait à la famille des Hanburys, opulents quakers, depuis longtemps connus dans la cité de Londres et alliés aux Gurneys, ancienne famille du comté de Norfolk, renommée par son esprit de charité, et comptant aussi plusieurs de ses membres dans la société des Amis. Les Buxtons étant toujours restés fidèles à l'église anglicane, le jeune Fowell fut baptisé selon le rit anglican, ainsi que ses frères, tandis que ses sœurs furent élevées dans la croyance de leur mère. Nommée tutrice de ses enfants, celle-ci ne paraît pas avoir songé à détourner ses fils du giron de l'église établie; mais avec de grandes excentricités de caractère, c'était en même temps une femme d'une grande intelligence, pleine de tendresse pour ses enfants, et dont les opinions et les sentiments ne pouvaient manquer d'exercer sur eux une influence puissante. Aussi l'église anglicane ne fut-elle jamais, aux yeux de Fowell, qu'une des formes diverses du christianisme formes dont aucune, suivant lui, n'avait droit par elle-même à la préférence sur les autres. Il ne la répudia jamais formellement, mais il avoue avec franchise qu'il n'avait jamais considéré son organisation comme apostolique, ni sa doctrine comme obligatoire par la seule raison qu'elle était la sienne.

On trouva, après la mort du père, que sa fortune n'était pas

(1) Memoirs of sir Thomas Fowell Buxton, with selections from his correspondence, par son fils, Londres, 1848.

aussi considérable qu'on le supposait, et qu'il l'avait peut-être cru Ini-même. Mais sa veuve était persuadée que son fils aîné devait hériter un jour de grandes propriétés en Irlande, et son éducation ne fut pas celle d'un jeune homme qu'on destine à une profession quelconque. Regardé par ceux qui l'entouraient comme possesseur en expectative d'une brillante existence, il était traité avec ces égards et cette déférence qui, en Angleterre surtout, sont toujours acquis à la richesse. Sa mère elle-même ne sut pas se défendre de cette faiblesse vulgaire. Fowell fut donc, dès son enfance, encouragé et habitué à se considérer comme maître au logis, à commander et à être obéi comme s'il eût été un homme. Il avoue luimême qu'il était «< hautain, emporté et despote; » mais à ces défauts d'éducation se mêlaient les germes de beaucoup d'heureuses qualités. Bien supérieur en force physique aux autres enfants de son âge, il avait, malgré tous ses mouvements de vivacité, cette bonté naturelle qu'on voit souvent alliée aux avantages de ce genre. Ses compagnons d'école l'avaient surnommé Buxton l'éléphant; mais celui de ses amis d'enfance (Horace Twiss) qui nous révèle cette particularité, a soin d'ajouter que le compliment ne s'adressait qu'à sa taille et à son caractère, car il n'avait pas jusque-là donné de preuves d'une sagacité extraordinaire. Ses nerfs étaient, du reste, aussi solides que son appareil musculaire était formidable, et il est probable qu'il ne connaissait pas plus le sen timent de la peur que Nelson enfant. Rarement contrarié, sans rival dans les jeux de l'école, exerçant à la maison une domination sans contrôle sur ses frères, ses sœurs, chiens, chevaux et gardes-chasses il paraît être parvenu à la taille de six pieds quatre pouces anglais (1 m. 924), sans que rien indiquât qu'il dût fournir autre chose à l'arbre généalogique des Buxtons qu'un bon vivant de plus et un intrépide chasseur de renards.

Fowell n'avait été à aucune des grandes écoles publiques des trois royaumes, circonstance qu'il faut attribuer sans doute à des préjugés de secte. Cependant on lui suggéra que, devant être un jour grand propriétaire irlandais, il serait convenable qu'il se fit immatri culer au collège de la Trinité à Dublin, où il trouverait l'occasion de former des connaissances et des liaisons qui plus tard lui seraient utiles. Il goûta cette idée, à la réalisation de laquelle sa trop complaisante mère ne pouvait dès lors élever aucune objec

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