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devenir plus dense. Il s'abaisse en conséquence, et s'étend de tous côtés, produisant ainsi la brise de terre, fréquemment chargée des exhalaisons malsaines de la végétation qui se décompose tandis que la brise de mer est fraîche et salubre.

(Chambers' Edinburgh Journal.)

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

DE LA

REVUE BRITANNIQUE,

ET BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Paris, juin (1).

If there come a hot june.

«S'il survient un chaud mois de juin.» (Shakspeare, King Henry IV.)

La voie où quelques-uns des fondateurs du gouvernement républicain entraînaient la république devait tôt ou tard aboutir à la guerre civile: la guerre civile a éclaté, le sang a coulé, un sang précieux! Nous voudrions éviter les récriminations contre ceux qui sont à nos yeux les plus grands coupables; mais, quoique nous leur supposions des remords, tout ce que nous pouvons faire, c'est de ne pas les nommer. Et puis, que de complices, jusque dans les rangs de ceux qui ont combattu pour l'ordre! oui! des complices, et nous nous reprochons à nous-mêmes les réticences et les ménagements d'une discrétion trop indulgente, bien que, dès les premiers jours, nous nous soyons récriés contre les mensonges officiels et les mensonges officieux, qui conspiraient d'avance avec ces belles théories de fraternité démocratique, traduites enfin en exigences séditieuses qu'il a fallu repousser à coups de canon. Ils mentaient aux autres ou ils se mentaient à eux-mêmes, ceux qui semblaient croire à

(1) Nos lecteurs comprendront que notre imprimerie étant située dans un des quartiers de Paris dont l'insurrection s'était emparée, nous avons plus d'une excuse pour ne paraître qu'en juillet. Les événements de juin sont survenus lorsque toute notre livraison était composée, moins cette chronique et la correspondance de Londres; mais les travaux de l'imprimerie ont été interrompus pendant huit jours.

6 SÉRIE.

TOME XV.

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la facile transformation d'une société toute monarchique en société démocratique. La forme républicaine est un progrès en fait de gouvernement, mais le progrès politique ne s'improvise pas; on n'enlève pas impunément tous les étais à la fois d'un édifice qu'on déclare en ruine; on ne livre pas impunément à lui-même tout un peuple qu'on accuse d'avoir subi dix-sept ans de corruptions; on ne jette pas dans une même proclamation faite au nom de la fraternité les qualifications de l'héroïsme à une classe et l'injure à une autre; on ne brise pas tous les degrés de la hiérarchie sociale au nom de l'égalité; on ne crée pas des inimitiés mortelles entre le travail et le capital, entre l'industrie et la propriété. Voilà ce qu'on a fait ou laissé faire pendant trois mois, avec un gouvernement aujourd'hui coupable de lenteurs et d'hésitations, demain de folle hâte et de témérité, tantôt expérimentant des nouveautés sur le corps social, tantôt reproduisant les vieilleries d'une autre époque, s'appuyant tour à tour sur les éléments de l'ordre et sur ceux du désordre, semblant en un mot se complaire dans la lutte de tous les intérêts et de toutes les passions, jusqu'à se faire accuser de spéculer sur l'anarchie, quand après tout l'histoire, espérons-le, rendra justice aux bonnes intentions de ceux qui n'ont conservé leur popularité dans aucun parti. Il en résulte qu'avant même la fatale leçon du 24 juin, le . premier besoin de cette nation qui, jalouse de ses moindres libertés, venait de renverser une monarchie constitutionnelle, était déjà une dictature militaire. Libertés, voilez-vous, chastes filles, qui aviez naguère tant de peur d'être violées par le souverain élu, par ses ministres responsables ou par un simple procureur du roi! Liberté de la presse, liberté de la parole, et toi, liberté individuelle que le projet de charte républicaine définit si naïvement le droit d'aller et de venir, vous voilà donc déjà condamnées à la censure, au bâillon, au laissez passer de la mairie, et personne ne vous plaint; tout bon citoyen est le premier à vous menacer du gendarme; que dis-je, nous-mêmes, gardes nationaux, qui avons tant crié en février vive la réforme, nous vous conduirions sans procès-verbal au premier poste, ou nous vous traiterions en filles suspectes, pour peu que vous eussiez l'air de faire la moue à la vieille troupe de ligne ou à la jeune mobile.

Dans cette disposition des esprits, après la guerre sacrilège qui a ensanglanté nos foyers, combien nous devons nous féliciter qu'aucun ambitieux couronné par nos victoires d'Afrique ne se soit trouvé là pour confisquer la république, si fatalement compromise par ses fondateurs ! Ceux qui reprochent à la dernière dynastie d'avoir tout perverti et corrompu, doivent au moins reconnaître que l'armée a conservé sous ses chefs, princes nés ou maréchaux parvenus, une moralité et un

loyauté sans laquelle il n'est pas de vrai patriotisme. Nous serions de ceux qui gémiraient les premiers d'une usurpation militaire. La gloire même d'un nouveau Napoléon ne l'absoudrait pas à nos yeux; mais nous aurons la franchise de proclamer que, depuis le commandant en chef jusqu'au dernier soldat, l'armée nous force aujourd'hui à l'admirer — à l'admirer, bien moins pour son courage que pour son dévouement à l'ordre public dans l'exercice du pouvoir, et pour la pratique de cette fraternité que nous n'avons pas trouvée dans ce prétendu peuple qui, naguère régnait sans gouverner; le peuple des manifestations de cent mille hommes, le peuple des arbres de la liberté, criant des lampions, ou à bas les bonnets à poils! et déjà plus fier de sa blouse que Diogène de son manteau rapiécé!

Loin de nous cependant la pensée d'un retour aristocratique ! Nous maintenons après comme avant notre manière d'entendre la fraternité : que la bourgeoisie dans les villes élargisse ses rangs afin que tous puissent y entrer, maîtres et ouvriers; que dans la campagne le paysan puisse devenir propriétaire; oui, que chacun puisse monter sans faire descendre personne; que l'état ouvre à tous le même chemin par une éducation facile, gratuite même, et qu'à la classification haineuse de « ceux qui possèdent et de ceux qui ne possèdent pas,» une légitime émulation substitue la distinction provisoire de « ceux qui possèdent et de ceux qui peuvent posséder (1). » Que les banques industrielles et les banques agricoles se fon lent pour encourager toutes les ambitions honnêtes; mais qu'on n'espère pas même dans cette régénération arriver jamais à une parfaite égalité. Le fils de l'ouvrier enrichi passera avant le fils du marquis sans patrimoine ou du banquier ruiné, car dans la démocratique république des Etats-Unis, il y a encore une hiérarchie sociale, une aristocratie sans titres, sans priviléges... mais une aristocratie. Nos socialistes malheureusement sont des utopistes et non des hommes politiques; et, osons le dire encore, nos démocrates, qui ont si Souvent à la bouche les mots d'humanité et de fraternité, ont la plupart pris leur opinion républicaine dans les traditions haineuses du passé. Ils aiment bien moins les classes jusqu'ici inférieures qu'ils ne haïssent les classes supérieures ils ont hérité des rancunes révolutionnaires contre la branche aînée transportées à la branche cadette, contre l'aristocratie transportées à la bourgeoisie. Nous leur demanderions volontiers un peu plus de charité chrétienne et un peu moins de philan

(1) Nous ne pouvons qu'applaudir aux principes du projet de loi sur l'enseignement primaire, présenté à l'assemblée nationale le 30 juin par le ministre de l'instruction publique.

thropie philosophique. Quoique ces docteurs n'aient pas dans cette dernière révolution proscrit la religion, ils sont généralement des déistes, et nous en connaissons même un ou deux qui ont rêvé dans leur orgueil d'être le dieu de leurs adeptes. Les plus modestes ont voulu au moins se faire grands pontifes d'un culte nouveau de leur invention. Aussi voyez comme toutes les plus mauvaises passions se sont affiliées à leur révolte contre l'ordre social! Sans doute il y avait d'honnêtes fous et des aveugles égarés derrière les barricades de juin, mais combien de fous furieux, combien de forçats et de repris de justice sous le drapeau rouge de la république dite sociale, la plus anti-sociale des confédérations! C'est cette assimilation qui motive les rigueurs dont la représentation nationale arme aujourd'hui la justice. Espérons que les juges sauront distinguer entre le crime et l'erreur; mais les moins coupables ne pourront accuser que leurs chefs, et non la société, qui a le droit de repousser de son sein quiconque lui déclare la guerre.

Les journaux anglais, que les événements de juin ont peu surpris, sont tous d'accord pour féliciter la civilisation tout entière de l'issue de l'insurrection. « Quelque terrible qu'ait été, disent-ils, l'œuvre de destruction, le dénoûment eût été plus terrible par le triomphe d'un parti qui mettait au néant toute industrie et tout travail comme toute propriété et tout capital, les vainqueurs n'ayant plus d'autres moyens de survivre aux vaincus que par la tyrannie populaire et la spoliation. Ils n'eussent pas même été capables d'organiser cette tyrannie et ce pillage par un semblant de gouvernement. La France eût présenté le triste spectacle d'un pays qui, au plus haut degré du développement de son intelligence politique, était rejeté tout à coup à l'état de barbarie, alors que chaque homme est tenté d'égorger son voisin de peur d'être égorgé. »

Le journal que nous citons justifie jusqu'à un certain point le gouvernement provisoire d'une insurrection qui était inévitable. Il rappelle que Lamartine a parfaitement réglé les rapports de la France avec les pays étrangers, et il espère que le général Cavaignac suivra cette politique. « Le général Cavaignac a montré un beau caractère. Toute sa conduite depuis février, y compris son premier refus d'ètre ministre jusqu'à ce qu'il pût espérer de faire partie d'un gouvernement capable de se faire respecter, annonce un mélange de prudence et de fernieté. Ses opérations militaires pour réduire l'insurrection annoncent une grande détermination; il a résolu le problème de venir à bout des barricades, et, ajoute le Daily News, il n'a pas craint de commencer comme Bona

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