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trentaine d'oiseaux. Les plus grands ossements avaient deux pieds dix pouces de long; ils abondaient surtout à Poverty bay (la baie de la Pauvreté); et d'après la même autorité, beaucoup de traditions singulières concernant cet oiseau, qu'on appelait « moa, » régnaient parmi les aborigènes. Ils le regardaient comme un oiseau sacré, et prétendaient qu'il existait encore dans la contrée de Tongarino, et dans les montagnes du milieu de l'île. «Deux Anglais, poursuivait le missionnaire, avaient été conduits par un indigène, pendant la nuit, dans un endroit où ils devaient guetter le moa. Ils le virent en effet, mais ils furent si effrayés qu'ils n'osèrent tirer sur lui. » Malgré de fréquentes rumeurs contraires, il paraît certain que la race des moas s'est éteinte il y a plus d'un siècle.

Aussitôt l'arrivée des ossements en Angleterre, ils furent transmis à M, Owen, qui ne tarda pas à tracer un dessin complet de l'animal. Sa stature était si extraordinaire qu'il proposa de lui donner le nom de dinornis, composé de deux mots grecs qui signifient << ciseau terrible. » Le squelette du dinornis diffère essentiellement de celui de tous les grands oiseaux connus. Il n'est pas probable, dit M. Owen, qu'on le trouve jamais vivant ou mort dans aucune autre contrée du monde que les îles de la NouvelleZélande. Dans tous les cas, le dinornis Nova-Zelanda, restera toujours l'un des faits zoologiques les plus extraordinaires de l'histoire de ces îles, et l'une des plus remarquables acquisitions de la zoologie dans le siècle actuel.

Les ossements envoyés à M. Owen étaient d'une date comparativement récente, car ils contenaient encore beaucoup de matière animale, dont rien n'annonçait la prochaine pétrification. On a reconnu cinq espèces bien distinctes de moas; la plus grande, le dinornis giganteus devait avoir dix pieds de hauteur. Un fait curieux à signaler, c'est qu'on trouve encore dans la Nouvelle-Zélande un oiseau qui appartient à ces tribus éteintes : l'apterix ou oiseau sans ailes, réduit aujourd'hui à la taille d'un dindon, est le dernier représentant de la race des moas. Bientôt peut-être il disparaîtra lui-même, car on recherche beaucoup ses plumes, dont les chefs se décorent. L'obtenir est déjà très-rare, et comme il ne sort que la nuit, il est très-difficile à prendre.

L'arrivée d'une grande quantité d'ossements du même genre,

l'année dernière, à Londres, a réveillé l'intérêt public au sujet du dinornis. Le docteur Mantel, dont le fils avait recueilli et expédié ces débris, a fait à l'institution de Londres un rapport que nous avons eu le plaisir d'entendre, et où il a d'abord passé en revue tout ce qu'on sait des races d'oiseaux éteintes. Il avait également reçu de son fils, deux jours avant la séance, et il a pu montrer au public une vue de la côte de la Nouvelle-Zélande, de Wanganui à New-Plymouth, district où les os de moas se trouvent en plus grande abondance, principalement sur les bords d'une petite rivière qui descend des hauteurs rocheuses du mont Egmont. Cette portion du rivage de l'île paraît s'être considérablement exhaussée à une époque assez récente encore, car les bords de la rivière près de son embouchure ont cent pieds de haut; leur base se compose d'une argile bleue, couverte d'une couche de sable de cinq à six pieds d'épaisseur, au-dessus de laquelle s'élève jusqu'à la surface une masse de conglomérat. C'est dans la couche de sable que se trouvent les ossements de moa. Si pour les atteindre il avait fallu creuser la masse des rochers, un pareil travail n'eût pas été suffisamment récompensé; mais la rivière dans une partie de son cours décrit un coude aigu autour d'une péninsule formée d'alluvions de sable que ne recouvre aucune espèce de roche. Les fouilles faites par M. Mantel à cet endroit ont amené la découverte de plus de sept cents os de moa; on aurait même déterré un squelette entier sans l'opposition des indigènes qui entouraient les ouvriers et détruisaient ces curieux débris à mesure qu'on les découvrait. L'œuvre de destruction était d'autant plus aisée, que les ossements se trouvaient amollis par l'humidité du sable.

Dans un récent ouvrage sur la géologie de la Russie, sir R. Murchison raconte que les Baskirs voulurent également s'opposer à l'enlèvement des os de mammouth enfouis dans leur territoire. Ce n'est qu'en travaillant de grand matin et fort tard dans la soirée, en l'absence des indigènes, que M. Mantel accomplit sa tâche. Selon lui, les moas devaient être nombreux et parcourir l'île en grands troupeaux; les plus grands faisant des enjambées de six à sept pieds. La structure de l'animal entier offre un curieux échantillon du travail de la nature sur une grande et bizarre échelle. On remarque surtout la forme du bec, la conformation particulière du crâne, la manière dont il est attaché au cou, dont la puissance

musculaire devait être terrible, ce qui permettait à l'oiseau de déterrer les racines des grandes fougères dont il se nourrissait sans doute, et qui sont encore une des principales productions végétales du pays.

On a découvert également beaucoup de fragments d'écailles d'œufs de moas qui paraissent être restés longtemps exposés à l'action d'une eau courante. La dimension de l'œuf entier est telle qu'un chapeau d'une dimension moyenne pourrait servir de coquetier. Les fragments sont d'un blanc jaunâtre, et la structure de l'écaille, comparativement mince, diffère complétement de celle de l'autruche et du casoar. Une portion de la membrane intérieure adhérente encore à quelques-unes des écailles prouvait que le jeune oiseau avait été couvé de la manière ordinaire.

Dans le même discours, le docteur Mantel parle de la disparition de diverses races d'animaux. Il est certain que les révolutions subies par la croûte de notre globe en ont fait périr plusieurs, et dans les contrées mêmes où aucune grande convulsion n'a eu lieu depuis notre ère, certaines espèces d'animaux se sont éteintes et ont été remplacées par d'autres. Dans le Royaume-Uni, l'hyène, le loup, le sanglier, le castor, l'ours, l'élan irlandais sont les exemples les plus connus de ces extinctions. L'histoire d'un singulier oiseau, le dodo, n'est pas moins remarquable sous ce rapport. Lorsque l'île Maurice fut pour la première fois colonisée par les Hollandais, vers l'année 1640, čet oiseau abondait dans le groupe d'iles; il était même la principale nourriture des habitants. En 1638, on fit voir un dodo à Londres comme une rare curiosité, et dans un tableau de Savery, «Orphée charmant les animaux,» tableau conservé à la Haye, le même oiseau est fidèlement représenté. Aujourd'hui il n'existe plus, à notre connaissance, qu'un petit nombre de fragments de dodo, une tête et une patte au musée Ashmoléen, une jambe au British Muséum, et un crâne au musée de Copenhague. La disparition du moa a probablement précédé celle du dodo, mais l'une et l'autre ont du avoir lieu depuis un siècle et demi.

Le docteur Mantel signalait en finissant un autre fait très-remarquable, c'est qu'on n'a jamais trouvé dans la Nouvelle-Zélande aucun quadrupède indigène, et que les productions végétales actuelles de ce pays sont semblables à celles des premières périodes

de l'histoire géologique des périodes antérieures à l'apparition des mammifères. Les îles Galapagos, situées daus l'océan Pacifique, et décrites par M. Darwin, offrent un autre exemple d'un des états primitifs de la terre, de l'âge des reptiles de la période secondaire. Ces îles sont au nombre de dix; la plus grande a cent milles de longueur; elle est entièrement formée de roches volcaniques. Dans tout le groupe, on ne compte pas moins de deux milles cratères, dont plusieurs, d'une élévation immense, fument encore. Rien dans ces îles ne ressemble à ce qu'on voit ailleurs. La végétation s'y compose principalement d'herbes épaisses et de fougères. Une espèce de souris est le seul mammifère qu'on y rencontre, encore est-ce dans une des îles seulement. Les oiseaux sont aussi particuliers au pays. On y trouve des milliers de lézards et de grosses tortues. En résumé, pour citer les expressions mêmes de M. Darwin, cet archipel est un petit monde à part. La plupart des produits organiques y sont des créations aborigènes. En voyant chaque hauteur couronnée de son cratère, et les traces des ruisseaux de lave encore distincts, nous sommes induits à penser qu'à une époque géologique comparativement récente, l'Océan recouvrait la surface de ces îles. Dans le temps et dans l'espace, il nous semble être ainsi rapprochés de ce grand fait, de ce mystère des mystères, la première apparition de nouveaux êtres sur cette terre.

La Chimie de l'été. La semence, pesant quelques grains à peine, que nous avons confiée à la terre ce mois de mars est devenue une plante de plusieurs onces. D'où vient ce poids additionnel, et de quoi se compose-t-il? Les pâles fleurs du printemps ont fait place à des fleurs de couleurs plus riches et plus éclatantes. Qui a pu causer ce changement? Les pétales chaudement colorés de la fleur ont-ils quelque sympathie mystique avec les joues rosées de la jeune fille ? Et si cette sympathie existe, d'après quel principe les hommes et les plantes sont-ils également redevables de la vigueur et de la beauté aux influences du nouvel été ? Ces questions de science élémentaire se présentent naturellement au début de cette saison, et nous trouvons la réponse dans une publication

récente intitulée : « Chimie des quatre saisons, printemps, été, automne et hiver, par T. Griffiths, professeur de chimie à l'hôpital de Saint-Barthélemy. »

Si on analyse un végétal quelconque et la plupart des produits végétaux, tels que la lignite, le sucre, l'amidon, on trouve qu'ils sont composés pour moitié de carbone, et pour moitié des éléments constitutifs de l'eau, l'oxigène et l'hydrogène. Un chêne de moyenne grandeur, pesant environ soixante tonnes (de 1000 kil.) contient trente tonnes de carbone, et le demi-million de tonnes de sucre consommées annuellement en Europe contient un quart de million de carbone. La première idée qui se présente à l'esprit est que cette énorme quantité de matière solide doit être tirée du sol; mais la chimie démontre que la terre perd fort peu de son poids par la croissance des plantes. L'expérience suivante est tout à fait concluante sur ce point: deux cents livres de terre furent séchées dans un four et mises ensuite dans un grand pot de terre où on planta un jeune saule pesant cinq livres. Durant cinq années on eut soin d'arroser la terre avec de l'eau de pluie ou de l'eau filtrée; le saule grandit et fleurit, et pour empêcher la terre de se mêler à aucun corps étranger et à la poussière apportée par les vents, on eut soin de la couvrir d'une plaque de métal percée d'un grand nombre de petits trous qui ne donnaient passage qu'à l'air. Les cinq ans expirés, on déplanta le saule, et on trouva qu'il pesait cent soixante-neuf livres et trois onces environ. Les feuilles tombées de l'arbre chaque automne n'étaient pas comprises dans ce poids. On enleva ensuite la terre du vase; on la fit de nouveau sécher au four, et en la pesant avec soin, on reconnut que son poids primitif n'avait diminué que de deux onces. Ainsi cent soixante-quatre livres de lignite ou fibre ligneuse, d'écorce, de racines, etc., avaient été produites; mais comment et de quelle

source?

Oui, de quelle source? Le chimiste qui avait fait cette remarquable expérience en concluait que l'arbre tirait son accroissement de l'eau ; plus tard il fut prouvé que l'élément solide qui entre dans la structure du règne végétal est tiré de l'air que nous respirons. Cet élément existe dans l'atmosphère, comme il est aisé de s'en convaincre, par l'analyse chimique qui peut isoler l'acide carbonique de l'air et produire le carbone solide; les feuilles

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