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ment de la paix, c'est-à-dire que, pour le reste, le représentant du cabinet de Saint-Pétersbourg comptait réserver l'avenir.

Quant au premier représentant de l'Autriche, comte Buol, il voyait avec satisfaction les gouvernements de France et d'Angleterre disposés à faire cesser prochainement l'occupation de la Grèce.

En ce qui concerne les autres pays de l'Europe, l'Autriche désirait comme la France, disait-il, qu'ils pussent jouir, sous la protection du droit public, de leur indépendance politique et d'une complète prospérité. Nul doute qu'une des conditions essentielles d'un état de choses aussi désirable ne réside dans une législation préventive ou répressive des excès de la presse, blâmés avec tant de raison par le comte Walewski à propos d'un Etat voisin « et dont la répression devait être considérée comme un besoin européen. » Le premier représentant de l'Autriche espérait « que dans tous les Etats continentaux où la presse offre les mêmes dangers, les gouvernements sauraient trouver dans leur législation les moyens de la contenir dans de justes limites, et qu'ils parviendraient ainsi à mettre la paix à l'abri de nouvelles complications internationales.

Le premier représentant de l'Autriche était moins déterminé, moins explicite sur les principes de droit maritime dont le premier plénipotentiaire de la France proposait l'adoption : tout en appréciant l'esprit et la portée de cette proposition, il devait se borner, en l'absence d'instructions à ce sujet de la part de son gouvernement, à annoncer au Congrès qu'il était prêt à les solliciter; le comte de Buol terminait un peu sur ce chapitre à la manière de son collègue de Russie.

Ce diplomate fut bien plus réservé encore sur d'autres questions introduites par les plénipotentiaires de la Grande-Bretagne. « Il lui serait impossible de s'entretenir de la situation intérieure d'Etats indépendants qui ne se trouvent pas représentés au Congrès. (Ces Etats dont ne voulait pas s'occuper le premier plénipotentiaire de l'Autriche, c'étaient Rome, Naples.) Les plénipotentiaires n'auraient reçu d'autre mission que celle de s'occuper des affaires du Levant, et n'auraient pas été convoqués pour faire connaître à des souverains indépendants des

vœux relatifs à l'organisation intérieure de leur pays; enfin les instructions des plénipotentiaires de l'Autriche ne leur permettaient pas de prendre part à une discussion qu'elles n'avaient point prévue.

C'était, comme on voit, une déclaration d'incompétence, une honnête fin de non-recevoir.

M. le comte Walewski fit remarquer qu'il ne s'agissait ni d'arrêter des résolutions définitives, ni de prendre des engagements, encore moins de s'immiscer directement dans les affaires intérieures des gouvernements représentés ou non représentés au Congrès, mais uniquement de consolider, de compléter l'œuvre de la paix, en se préoccupant d'avance des nouvelles complications qui pourraient surgir, soit de la prolongation indéfinie ou non justifiée de certaine occupation étrangère, soit d'un système de rigueur inopportun et impolitique, soit d'une licence perturbatrice contraire aux devoirs internationaux. »

Aux objections déjà faites par le comte de Buol, son collègue le baron de Hübner, ajouta alors subsidiairement, que la réduction de l'armée autrichienne dans les Légations disait assez, à son sens, que le cabinet impérial avait l'intention de rappeler ses troupes dès qu'une semblable mesure serait jugée opportune.

Quand se présenterait cette opportunité dont parlait l'envoyé de l'Autriche? Toute la question était là, et c'est ainsi qu'elle avait été posée par les plénipotentiaires de la France et de la Grande-Bretagne. Or, elle existerait cette opportunité, du moment où l'on voudrait accorder aux populations les garanties d'ordre et de liberté auxquelles elles avaient un droit trop légigitime.

Sûr des intentions du roi, son auguste maître, et quoique sans instructions spéciales sur les questions dont le Congrès avait été saisi, le premier plénipotentiaire de la Prusse, baron de Manteuffel, n'hésita pas à exprimer à leur sujet son opinion. La Prusse ayant toujours professé les principes maritimes que le Congrès était invité à proclamer (il y a s'approprier dans le protocole: l'expression ne nous paraît pas exacte), il signera tout acte ayant pour objet de les faire admettre définitive

ment dans le droit public européen. Et puisque d'autres intérêts que ceux en litige étaient évoqués devant le Congrès, le représentant de la Prusse profita de cette occasion pour entretenir la conférence d'un sujet que la cour avait à cœur et qui devait exciter aussi la sollicitude de l'Europe: il s'agissait de la situation actuelle de Neuchâtel. Contrairement aux traités et à ce qui avait été formellement reconnu par les puissances, il y dominait, disait M. de Manteuffel, un pouvoir révolutionnaire qui méconnaît les droits du souverain. Quant à la Grèce, la situation anormale créée par la présence des troupes étrangères préoccupait la Prusse comme les autres puissances. Toutefois le baron de Manteuffel admettait qu'il pourrait y avoir lieu d'examiner des faits de nature à présenter la question sous son véritable jour. Le diplomate prussien ne fut pas moins réservé sur les affaires des Deux-Siciles des avis de la nature de ceux qui ont été proposés ne susciteraient-ils pas dans le pays un esprit d'opposition et des mouvements révolutionnaires au lieu de répondre aux idées qu'on aurait eu en vue de réaliser dans une intention certainement bienveillante. Ce langage supradiplomatique était-il bien digne de la Prusse qui pourrait si bien

mieux inspirée être le centre civilisateur de l'unité allemande, unité qui est certainement dans l'avenir? Inutile d'ajouter que le baron de Manteuffel ne sut rien trouver à dire au sujet des États pontificaux. Quant à la presse subversive de tout ordre régulier, le ministre prussien en reconnaissait parfaitement la funeste influence; aussi bien, ajouta-t-il, que la Prusse participerait volontiers à l'examen des mesures que l'on jugerait convenable pour mettre un terme à ces menées.

Voici maintenant comment s'exprimait sur le sujet si brûlant de l'état actuel des États de l'Église le premier plénipotentiaire de la Sardaigne. « L'occupation des Etats romains par les troupes autrichiennes prend tous les jours, disait-il, un caractère plus permanent; bien qu'elle dure depuis sept ans, nul indice qu'elle doive cesser dans un avenir plus ou moins prochain. » Pourquoi? parce que les causes qui y avaient donné lieu subsistaient toujours; que l'état du pape qu'elles occupaient s'était si peu amélioré, que l'état de siége se trouvait rigoureusement maintenu

à Bologne, bien que datant de l'occupation elle-même. Mais en présence des troupes autrichiennes dans les Légations et dans le duché de Parme que devenait l'équilibre politique en Italie? Cet état de choses ne constituait-il pas un véritable danger pour la Sardaigne? « Les plénipotentiaires de la Sardaigne croient donc devoir, disait son premier plénipotentiaire, signaler à l'attention de l'Europe un état de choses aussi anormal que celui qui résulte de l'occupation indéfinie d'une grande partie de l'Italie par les troupes autrichiennes. » Sur la question de Naples, le comte de Cavour adoptait pleinement les opinions des plénipotentiaires de France et d'Angleterre. Il importe au plus haut degré, telle était sa conclusion sur l'état de la Péninsule italique en général, de suggérer des tempéraments qui, en apaisant les passions, rendraient moins difficile la marche régulière des choses dans les autres Etats de la Péninsule. C'était bien en effet ce qu'il y avait de plus sage; mais c'est pour cela aussi que l'on devait tenir une conduite de tout point contraire. C'est ce qui devait se réaliser en Italie.

Cependant le second plénipotentiaire de l'Autriche, baron de Hübner, intervint dans ce débat pour se plaindre de ce que M. de Cavour, qui n'avait eu garde d'oublier l'occupation autrichienne, n'avait rien trouvé à dire au sujet de l'occupation française. Quant à la permanence de l'état de siége à Bologne, quand il avait cessé à Ancône et à Rome, que cela prouvait-il, si ce n'est que les dispositions de Rome et d'Ancône étaient plus satisfaisantes que celles de Bologne ?

M. de Cavour ne manqua pas de répondre au plénipotentiaire de l'Autriche, qu'il désirait voir cesser l'occupation française aussi bien que l'occupation autrichienne; mais celle-ci était à son sens bien autrement dangereuse que l'autre, pour les Etats indépendants de l'Italie. « Un faible corps d'armée, à une grande distance de la France, ajoutait le premier plénipotentiaire de la Sardaigne, n'est menaçant pour personne, tandis qu'il est fort inquiétant de voir l'Autriche appuyée sur Ferrare et sur Plaisance, dont elle étend les fortifications, contrairement à l'esprit, sinon à la lettre des traités de Vienne, s'étendre le long de l'Adriatique jusqu'à Ancône.

M. de Hübner s'était fait un argument de l'occupation de Menton et de Roquebrune dans la principauté de Monaco par les troupes sardes. M. de Cavour répondit, que la Sardaigne était prête à retirer les cinquante hommes qui occupent Menton, si le prince était en état de rentrer dans ce pays sans s'exposer aux plus grands dangers.

Le second plénipotentiaire de la Russie, M. de Brunnow, revenant sur la question hellénique, estimait que le rétablissement de la bonne harmonie entre les trois cours protectrices du royaume de Grèce permettait de se concerter sur les moyens de revenir à une situation conforme aux intérêts de tous; il ajontait que la Russie s'associerait volontiers à toutes les mesures propres à réaliser l'objet qu'on s'était proposé en fondant le royaume hellénique. Quant au droit maritime et aux innovations proposées en cette matière, les plénipotentiaires de la Russie firent un pas de plus dans cette séance en annonçant qu'ils prendraient les ordres de leur cour sur les propositions soumises au Congrès.

Le moment était venu de résumer les résultats de cet échange d'idées qui, tout incomplet qu'il avait dû être en raison de la réserve diplomatique, avait cependant donné lieu à une utile étude de certaines questions et à l'exposition des ferments plus ou moins dangereux qui pouvaient faire éclater des conflagrations nouvelles. Cette recherche, due à l'initiative du gouvernement français, était surtout louable au moment où le triomphe des armées alliées avait empêché une ambition qui s'était fait illusion sur sa force, d'aller plus loin. Il était donc légitime de prendre des précautions, d'adjurer la diplomatie européenne de faire tout ce qui était en elle pour prévenir de nouveaux conflits. « On aurait pu, dit le premier plénipotentiaire de la France, utilement peut-être se prononcer d'une manière plus complète sur quelques-uns des sujets qui ont fixé l'attention du Congrès. Mais tel quel, l'échange d'idées qui a eu lieu n'est pas sans utilité. Résumant alors les résultats de cette conversation diplomatique, le comte Walewski établit qu'il en ressortait : 1o Quant à la Grèce : que personne n'avait contesté la nécessité de se préoccuper mûrement d'en améliorer la situation, et que les trois cours

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