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ne peut même les exposer à un autre d'une maniere bien décidée.

2°. LES bourgeons des Arbres font bien distinguer un genre d'un autre, un Poirier d'un Prunier, & même quelques variétés, une Virgouleuse, par exemple, d'une Bergamotte Crasanne; mais il y a un nombre de variétés où ces différences font fi peu confidérables, qu'on peut plutôt les regarder comme des caracteres négatifs qui indiquent quelle variété ce n'eft pas, que comme des caracteres positifs qui défignent précisément telle ou telle variété. Les Jardiniers, fur-tout ceux qui s'adonnent à la culture des Pépinieres, affurent que le bourgeon leur fuffit pour connoître prefque tous les Arbres, principalement les Poiriers. Il eft poffible qu'ils les connoiffent dans les Jardins ou dans les Pépinieres qu'ils cultivent, parce que les caracteres des bourgeons varient rarement dans le même terrein. Cependant nous avons vu plufieurs fois d'habiles Pépiniériftes fe tromper fur des variétés d'Arbres fruitiers, qui avoient été tirés qui avoient été tirés peu de jours auparavant de leurs Pépinieres. Nous Convenons qu'un Pépiniérifte, qu'on peut comparer au chef d'une nombreuse famille, vivant au milieu de fes Arbres qu'il voit naître & s'élever, qu'il a plantés, greffés, formés, &c. doit les connoître, même indépendamment de leurs bourgeons, quoiqu'ils puiffent lui aider à diftinguer plufieurs efpeces; mais on peut affurer qu'il est impossible pour le Pêcher & très-difficile pour les autres genres, d'établir, sur la seule inspection des bourgeons, des caracteres distinctifs, au moins pour le plus grand nombre des variétés d'Arbres fruitiers: & l'incertitude augmenteroit fi les bourgeons avoient été pris dans différentes Pépinieres;

car

car le terrein, l'exposition, l'âge, la vigueur des Arbres, les divers fujets fur lefquels ils ont été greffés, toutes ces circonstances occafionnent des différences qui jettent les plus grands Connoiffeurs dans des embarras dont ils ne peuvent se tirer.

3°. LES boutons par leur groffeur, leur forme & celle de leurs fupports, préfentent quelques différences affez fenfibles pour faire connoître plufieurs variétés, comme est, par exemple, la Reine-Claude, qui a des fupports plus gros qu'aucune autre efpece de Prune. Mais ces différences font trop peu confidérables dans beaucoup d'Arbres pour former des caracteres diftinctifs, fur-tout fi l'on examine les boutons à fruit de toutes les variétés d'un même genre. Cependant la forme & la groffeur des boutons font des circonftances moins fujettes à varier que la couleur & la groffeur des bourgeons.

4°. La grandeur, la forme, & la nuance de la couleur des pétales des fleurs, peuvent, dans certains genres, comme le Pêcher, faire distinguer les unes des autres beaucoup de variétés; mais il faut de l'étude & de l'application pour faifir ces fingularités qui font fouvent peu confidérables.

5°. LES feuilles des Arbres caractérisent mieux les ef peces, que ne peuvent faire les parties dont nous venons de parler; elles peuvent même faire reconnoître dans les efpeces beaucoup de variétés; mais il fe trouve de ces caracteres qui font communs à plusieurs variétés, & les feuilles d'un même bourgeon font fujettes à n'avoir pas toujours une forme & une couleur conftantes. C'est pourquoi

b

nous avons rarement décrit les feuilles des bourgeons : nous nous fommes attachés aux grandes feuilles des branches à fruit, dont la forme, la grandeur, la couleur font plus déterminées; & nous n'avons décrit les petites feuilles qui accompagnent les grandes, que quand elles nous ont préfenté quelque chofe de remarquable. A l'égard des dimensions que nous avons affignées tant aux feuilles, qu'aux autres productions, elles ne doivent pas être prises à la rigueur : car il eft certain qu'un jeune Arbre vigoureux, qui fera planté dans une bonne terre à l'expofition du Nord, aura les feuilles beaucoup plus grandes que fi cet Arbre étoit vieux ou languiffant, ou expofé au grand foleil dans un mauvais terrein: mais comme nous nous fommes attachés à établir nos dimensions sur des feuilles bien conditionnées, prifes fur des Arbres en bon état, on aura des termes de comparaison entre les feuilles de différentes efpeces ou variétés d'Arbres.

CONCLUONS de ce qui vient d'être dit, qu'en examinant ou les bourgeons, ou les boutons, ou les feuilles feules, on ne prononcera fur les efpeces ou variétés des Arbres qu'avec beaucoup d'incertitude; mais qu'en réuniffant & en combinant les observations qu'on peut faire fur ces différentes parties, on parviendra à distinguer les unes des autres la plupart des efpeces & variétés des Arbres fruitiers.

6. LES mêmes caufes qui font varier les caracteres des autres productions des Arbres, peuvent auffi changer ceux des fruits. Mais ces altérations ne rendent jamais méconnoissables tous les fruits d'un Arbre; & fi les jeux de la Nature, le terrein, l'exposition, &c. en dérobent

quelques-uns au difcernement des yeux, ils ne pourront les fouftraire au jugement du goût. Si par hafard une Louife-bonne reffemble à l'extérieur à un S. Germain, l'incertitude ceffera quand on aura ouvert ces fruits. La groffeur des pepins, les pierres qui les environnent, caractériseront le S. Germain, & le goût levera encore plus l'incertitude. Nous en difons autant de la Virgouleuse comparée à l'Impériale; la Dauphine à la petite ReineClaude, la Pêche-violette au Brugnon, la Pomme-Poire à la Reinette-grise, &c. Concluons que fi dans ces cas l'extérieur de plufieurs fruits en impofe, leur faveur, le temps de leur maturité, & leurs caracteres intérieurs les feront diftinguer.

LES fruits offrent donc dans leur forme, leur volume, leur couleur, leur faveur, leur confiftance & le temps de leur maturité des caracteres plus marqués, plus déterminés, plus certains que les autres productions des Arbres. C'est pourquoi les Phrases latines qui précedent chaque variété d'Arbre ne contiennent ordinairement que les caracteres des fruits.

SI.ce Traité étoit fait pour les Botanistes, ils pourroient blâmer la longueur de la plupart de ces Phrases, & trouver mauvais que nous n'en ayions pris que très-peu dans les Auteurs célebres, dont les Phrafes font affez universellement reçues. Voici les raifons qui nous ont déterminés à nous écarter de cette regle.

1o. COMME il n'eft pas poffible d'exprimer en peu de mots les caracteres communs à une efpece, & le caractere particulier à chacune de ses variétés, nous avons tâché de

remplir notre objet fans chercher à abréger les phrases par la suppression de quelques mots. Nous nous fommes propofés de renfermer le caractere de chaque variété d'Arbre en une feule phrafe latine, dont les termes font fouvent plus propres & plus déterminés que ceux de notre langue mais nous n'avons pas cru devoir aftreindre nos phrases aux loix & à la précision de la Botanique. De même nous avons préféré dans le difcours de parler la langue des Jardiniers à celle des Savants, prenant les termes dans la signification commune que leur donnent les gens de l'Art, & non dans la rigoureuse exactitude des Botanistes.

2o. D'AILLEURS, il s'en faut bien que les Ouvrages de Botanique les plus étendus contiennent toutes les efpeces d'Arbres fruitiers qui font décrites dans ce Traité; d'où il résulte que fouvent les phrases qu'ont employé les Botaniftes, pourroient convenir à plufieurs variétés, quelquefois même à plufieurs efpeces. Par exemple, la phrafe Pyrus fativa, fructu Autumnali, fuaviffimo, in ore liquefcente. INST. caractérise-t-elle le Poirier de Beurré plutôt que plufieurs autres dont le fruit fondant & très-agréable mûrit en Automne? De même Prunus fructu cerei coloris. INST. ne caractérise pas plus la Sainte-Catherine que quelques autres efpeces de Prunes, comme la Mirabelle dont le fruit est de même couleur. Nous n'avons donc pu faire usage de la plupart des phrafes des Botanistes.

QUELQUES Amateurs auroient defiré une nouvelle nomenclature : mais auroit-elle été de quelque utilité ? Il est vrai que le nom de plufieurs Arbres varie d'une Province à une autre : mais une nouvelle nomenclature,

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