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branche, elle prendra une vigueur exceffive & préjudiciable à ses voisines, & quelquefois au refte de l'arbre.

Auffi-tôt donc qu'il fe montre des branches confidérablement plus fortes que les autres, il faut les fupprimer ou les modérer, afin de prévenir ou d'arrêter les mauvais effets qu'elles produiroient fur les autres branches & fur les racines.

Propofition 3. Dans l'ordre naturel, la feve pompée par une racine, fe porte principalement dans les branches du même côté que cette racine.

Si un côté d'un arbre s'emporte avec excès, & prend une grande supériorité sur l'autre côté, fans que la taille ait pu modérer sa fougue; la source de sa vigueur est fans doute dans les racines correfpondantes. Il faut donc les découvrir & retrancher dès leur naissance quelques-unes des plus fortes, afin de rétablir l'égalité entre les deux côtés de l'arbre. Mais ce remede violent ne doit être employé qu'à l'extrémité, & avec grande attention; car il arrive quelquefois que les racines ne répondent pas aux branches du même côté, mais à celles du côté oppofé; & alors la perte des branches foibles feroit une fuite néceffaire de l'opération.

Propofition 4. La feve se porte avec plus ou moins de force & d'abondance dans une branche, à proportion qu'elle approche plus ou moins de la direction verticale.

Un arbre tend à s'élever à la hauteur qui eft propre à fon espece: or les branches verticales étant feules favorables à fon élévation, il travaille à les alonger & à les fortifier plus que les branches horizontales. Auffi le haut d'un arbre d'efpalier se garnit toujours assez par le penchant de la seve à s'y porter.

Si donc vous laiffez de fortes branches s'élever dans la direction verticale, la seve y portant son abondance & sa principale

action, les branches horizontales s'affoibliront, & le bas de l'arbre fe dégarnira.

Propofition 5. Plus la feve s'éloigne du centre de l'arbre, plus elle est active.

La seve trouvant beaucoup moins de résistance à l'extrémité des branches qui eft tendre, que vers leur naissance, où les couches ligneufes font endurcies, elle y porte fa principale action, & y développe un nombre de nouvelles branches proportionné à fà quantité; de forte que fi vous taillez une branche à huit yeux, & que la feve ne puisse suffire à en ouvrir que trois, elle ouvrira les trois de l'extrémité, & les cinq autres dormiront.

Il faut donc 1°. éviter une taille trop longue, qui, laissant aux extrémités de l'arbre trop d'iffues & de facilité à la feve, lui fait abandonner le milieu de l'arbre, qui se dégarnit bientôt.

2o. Eviter une taille trop courte, qui oblige la seve d'agir avec trop de force & d'abondance fur le petit nombre de boutons qu'elle trouve fur la nouvelle taille, qui ne donnent que des branches fortes, & même cette taille trop courte force la seve de refluer fur les anciennes tailles, de s'y ouvrir des issues extraordinaires, & d'y produire des branches de faux bois.

la

3°. Si un côté de l'arbre s'emporte, il faut en tailler court les fortes branches, afin que la feve y trouvant plus de résistance, & des issues moins nombreuses, moins larges, & par conféquent moins favorables à son action, n'y faffe que des productions modérées. Mais il faut y conferver & tailler long toutes les branches moyennes & foibles qui pourront y fubfifter fans confusion, afin que feve s'y consomme, & ne foit pas obligée de s'ouvrir des passages extraordinaires. Le côté foible doit au contraire être déchargé de toutes les branches foibles; taillé court fur les branches moyennes, dont on ne conferve que le nombre néceffaire pour entretenir le plein; & taillé long fur les fortes branches, afin d'y attirer la principale action de la feve:

Propofition 6. L'action de la feve fur les boutons d'une branche est proportionnelle à leur distance ou à leur éloignement de la naiffance de cette branche.

Les nouvelles branches qui naîtront du développement des boutons d'une branche taillée, feront plus fortes à proportion qu'elles feront plus près de l'extrémité de cette branche (pourvu qu'elle ne foit pas inclinée à l'horizon); & elles feront d'autant plus foibles, qu'elles s'approcheront davantage de sa naissance. Souvent les jeunes branches forties d'un bourgeon vertical dans `lequel la seve s'éleve avec abondance & fans obstacle, ont une différence de force & de longueur fi uniforme depuis la plus élevée jufqu'à la plus baffe, qu'on pourroit prefque regarder l'action de la feve fur le dernier oil & fur les yeux inférieurs d'une branche, comme la preffion d'un fluide fur le fond & fur les côtés d'un vafe.

J'ai ajouté, pourvu que l'extrémité de cette branche ne foit pas inclinée à l'horizon; car fi l'on arque une branche, la plus grande action de la feve fera fur le bouton le plus élevé, ou placé à la fommité de l'arc, dont le développement produira la plus forte branche. Les autres branches diminueront de force à proportion qu'elles s'éloigneront de celle-ci, & qu'elles approcheront des extrémités de la branche arquée.

Ces degrés de force ne font pas dans une proportion fi exacte fur les branches horizontales, dont les yeux qui font fur le côté fupérieur produisent ordinairement de plus fortes branches, que ceux qui regardent la terre. De forte que fi le dernier œil est sur le côté inférieur, & que le pénultieme étant sur le côté fupérieur se trouve plus élevé, celui-ci donnera une plus forte branche que celui qui est à l'extrémité.

Toute branche donc qui devient forte dans une place où elle devroit être foible, ou foible quand elle devroit être forte, n'eft pas dans l'ordre naturel, & doit ordinairement être retranchée.

Propofition 7. Les feuilles influent tellement fur la quantité & le mouvement de la feve, qu'elle augmente ou diminue à proportion de leur nombre & de leur état.

Si l'on retranche une partie considérable des feuilles, fi les infectes les ont dévorées, fi la cloque ou quelqu'autre maladie les endommage, l'action de la feve languit ou s'arrête; le fruit tombe, & l'arbre souffre.

On peut donc modérer le progrès exceffif d'une branche vigoureuse, en la dépouillant d'une partie de ses feuilles, qui étant comme autant de fuçoirs, fourniffent beaucoup de nourriture.

Propofition 8. L'extension des bourgeons eft en raison inverfe de l'endurciffement de leurs couches ligneuses.

Moins les couches ligneufes font dures, plus le bourgeon s'étend, & au contraire. Mais l'endurciffement de ces couches ligneufes eft d'autant plus retardé, qu'il tire plus de seve; & sa seve est d'autant plus abondante & active, que fa direction s'éloigne plus de l'horizontale vers la verticale (4), qu'il eft plus garni de feuilles (7), qu'il est plus à couvert du soleil qui le feroit tranfpirer & l'endurciroit.

En favorisant ces trois causes, on augmente l'extension d'une branche; en les détruifant ou les diminuant, on arrête, ou l'on modere son progrès.

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ON DISTINGUE fur les Arbres Fruitiers fept fortes de branches; branches à bois, branches à fruit, branches chifonnes, branches brindilles, branches gourmandes, branches de faux bois, petites branches à fruit,

Définition I, La branche à bois eft celle qui naît du dernier

œil, ou de l'œil le plus élevé de la branche taillée ou raccourcie. Elle est ordinairement la plus longue & la plus forte de toutes celles que cette branche a produites. Elle doit avoir un air de vigueur, l'écorce vive, les yeux bien formés & peu éloignés les uns des autres.

Etant destinée à donner d'autres branches à bois & des branches à fruit, & par conféquent effentielle à la forme & à la fécondité de l'arbre, elle doit être confervée & traitée avec plus d'attention qu'aucune autre. On lui donne de quatre à vingt-qua tre pouces de taille, fuivant l'efpece, l'âge & la force de l'arbre. Un Poirier fe taille plus long qu'un Abricotier; un Poirier de Virgouleuse plus long qu'un Poirier de Saint Germain; un arbre vieux ou languiffant, beaucoup plus court qu'un arbre jeune ou vigoureux,

Définition 2. Les branches à fruit font celles qui naissent entre le dernier œil de la branche taillée & la taille précédente. Elles font moindres que la branche à bois, & diminuent de force à proportion qu'elles naiffent plus près de la taille précédente (Prop. 6.) Elles doivent avoir, comme la branche à bois, l'écorce vive, les yeux gros, & peu éloignés les uns des

autres.

Leur nom marque leur ufage & leur destination. Il faut donc les conferver, & les tailler pour leur faire remplir leur objet. La longueur de leur taille dépend de la position de leurs boutons à fruit. S'ils font placés près de la naissance de la branche, on la taille court: s'ils en font éloignés, on la taille plus long: observant de la tailler fur un bouton à bois, & non fur un œil à fruit; car il est nécessaire (Prop. 7.) qu'au-delà des fruits il y ait des feuilles fur la branche qui les porte.

Définition 3. La branche chiffonne eft une branche à fruit, Tome I.

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