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On fait auffi qu'un terrein dans lequel il n'y a de bonnes terres que de dix-huit à vingt-quatre pouces de profondeur, ne peut recevoir que des Cerifiers & des Pruniers, ou des arbres greffés fur ces fujets; parce que les racines du Prunier & du Cerifier courent prefqu'à la fuperficie de la terre, & ne piquent point. Les autres arbres fruitiers exigent environ trois pieds de bonne terre. Lors donc qu'il s'en trouve une moindre profondeur dans le terrein où l'on fe propofe de faire une plantation, il faut y remédier fuivant les cas.

Si fous la couche de bonne terre il fe trouve un gros fable stérile, du cailloutage, ou autres matieres perméables à l'eau, il faut enlever une quantité fuffifante de ces matieres, & rapporter à leur place des terres neuves autant qu'il fera nécessaire pour faire, avec la couche de bonne terre, une épaiffeur d'environ trois pieds; & ne pas oublier que les terres remuées & défoncées baissent d'environ un cinquieme en se plombant & se raffermisfant; de forte que l'ouvrage nouvellement fait doit avoir de trois & demi à quatre pieds de profondeur.

Mais fi la couche de bonne terre couvre un banc d'argille, de glaise, de tuf, ou autre matiere qui retient l'eau, il ne faut pas l'entamer, ni le creufer, parce que l'eau féjournant dans les foffes ou enfoncements qu'on y auroit faits, s'y corromproit, putréfieroit la terre; & la corruption fe communiquant aux racines des arbres, ils feroient bientôt perdus fans ressource. Le meilleur parti eft de rehauffer le terrein avec des terres neuves rapportées d'ailleurs, & les mêler avec la couche de bonne terre en la défonçant jufqu'au banc de tuf ou de glaise qu'on laiffe intact; & former ainsi une épaiffeur de trois pieds au moins de bonne terre ; car celle qui approche du tuf ou de la glaise, est toujours froide, qualité ennemie des arbres.

Dans ces fortes de terreins, on ne peut faire de plantation qu'à grands frais. Elle ne feroit pas moins difpendieuse, si sous

une médiocre épaisseur de bonne terre, on trouvoit la carriere, dont les fentes laiffent écouler les eaux; car il faudroit y faire des foffes, ou tranchées de fix pieds au moins de largeur fur trois pieds de profondeur, & les remplir de bonnes terres. Il n'eft pas même certain que les arbres dont toute la fubfiftance feroit bornée & renfermée dans cet espace, ne fachant pas vivre d'économie, ne s'y trouveroient pas dans la difette & au dépourvu avant leur vieillesse.

La veille, ou quelques jours avant de planter, on fait dans les plate-bandes d'espaliers, & dans les terreins défoncés, de petites foffes d'environ dix-huit pouces de largeur, fur un pied de profondeur; & on remplit les foffes & tranchées à demi-pied près du niveau de la fuperficie du terrein. De forte qu'ici les racines des arbres feront demi - pied au - deffous de la fuperficie du terrein, & lorsqu'on aura achevé de rejetter dans les fosses ou tranchées toute la terre qui en a été tirée, l'arbre fera butté d'environ demi-pied; mais la terre en se plombant rebaissera de ce demi-pied, & fera baiffer les racines d'autant; par conféquent l'arbre fe trouvera planté à environ un pied de profondeur.

Dans les terreins défoncés, les arbres feront d'abord plantés à un pied de profondeur; parce que, quel que foit l'affaissement des terres en fe raffermiffant, les racines des arbres demeureront toujours à peu-près à la même distance de la furface du terrein, & par conféquent environ à un pied de bas, qui eft la profondeur convenable à la plûpart des arbres. Sur quoi deux choses méritent attention; 1°. que l'endroit de l'infertion foit entiérement hors de terre, parce qu'il fortiroit bientôt des racines du bourrelet, & l'arbre devenu franc du pied, s'emporteroit en bois & fe mettroit difficilement à fruit. Cet accident arrive furtout aux arbres greffés fur le Coignaffier, le Doucin & le Paradis. Il en arrive un tout contraire aux Poiriers & Pommiers greffés fur franc, & plantés dans des terres légeres: c'eft que ce plan

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ou étage fupérieur de racines, qui eft naturellement le plus vigoureux, se deffeche quelquefois; & alors l'arbre tirant peu de fubsistance de l'étage inférieur qui a été altéré & affoibli par l'autre, languit, au lieu de produire trop de bois. 2°. Que les racines foient un peu plus enfoncées qu'elles n'étoient dans la pépiniere; car fi elles font à une trop grande profondeur, elles périffent; & l'arbre obligé d'en produire au-dessus, à la hauteur qui lui convient, languit long-temps dans cette opération; & fouvent il y fuccombe. La plupart des arbres élevés en place ayant la naissance de leurs racines à fleur de terre, quelques-uns même hors de terre, montrent qu'il vaut mieux les planter un peu haut, sauf à les butter pendant les premieres années; observant cependant que dans les terres légeres on doit les enfoncer un peu plus que dans les terres fortes, fur-tout lorsqu'elles ont peu de profondeur,

ARTICLE III. De la diftance des Arbres.

QUANT aux distances auxquelles les arbres doivent être plantés, elles font relatives à la qualité du terrein, à l'espece des arbres, à la grandeur & à la force qu'ils doivent acquérir. 1o. Des Poiriers, Pommiers, Cerifiers dans un verger d'un terrein médiocre, seront suffisamment éloignés de dix-huit pieds l'un de l'autre ; les Pruniers, Abricotiers, &c. peuvent l'être un peu moins. Ainfi un arpent de neuf cents toises quarrées de furface contiendra environ cent arbres. Mais fi le terrein eft bon, & qu'on veuille le cultiver, & en tirer quelqu'autre utilité, on mettra environ vingt-quatre pieds d'intervalle entre chaque arbre. 2o. Dans un espalier de bonne terre, dont le mur est haut de huit pieds ou moins fous le chaperon, on ne peut planter que des arbres nains, les Pêchers, Abricotiers, Poiriers fur franc, de quinze à dix-huit pieds l'un de l'autre; les Poiriers fur Coignaffier Tome I.

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& autres arbres, de douze à quinze pieds: ceux-ci de dix à douze pieds, ceux-là de douze à quinze. Si le mur est haut de neuf à dix pieds, on plante entre chaque arbre nain, une demitige de quatre à quatre pieds & demi de haut, qu'on élaguera peu-à-peu à mesure que les nains s'étendront, & qu'on fupprimera, lorsqu'à la taille de Février, elle ne leur laiffera pas de quinze à dix-huit pouces pour étendre leurs nouveaux bourgeons. Mais ces demi-tiges pourront fubfifter affez long-temps pour bien payer la place qu'elles auront occupée. Lorfque les murs ont dix pieds de hauteur ou davantage, on plante entre les baffes tiges, des tiges de cinq pieds & demi à fix pieds. 3°. Les arbres en buisson, contre-espalier, éventail, palliffades, &c. autour des quarrés des potagers fe plantent aux mêmes distances que les basses tiges en espalier; & on peut planter un Pommier fur Paradis entre-deux.

Le coup-d'œil demande que dans une plantation, foit en plein vent, foit en efpalier, toutes les tiges foient de même hauteur à la naiffance de leurs branches; & pareillement les demi-tiges. Ne point planter confufément les efpeces & les variétés; mais mettre dans un même espalier, ou dans un même rang les arbres de même efpece, & difpofer les variétés fuivant le temps de leur maturité, c'est une attention, qui, outre l'ordre qu'elle met dans une plantation, a des avantages réels, tant pour la conduite des arbres & pour la récolte des fruits, que pour le renouvellement de cette plantation, dont il faudra changer les efpeces, fi l'on veut s'épargner le changement des terres.

ARTICLE IV. De la faifon & de la façon de transplanter les Arbres.

LA SAISON de planter eft depuis la mi-Octobre jufqu'en Mars; ou plutôt tout le temps que la feve des arbres eft dans

l'inaction; car les Amandiers fleuriffent quelquefois dès le commencement de Février, & les Abricotiers les fuivent de près. En général il est plus avantageux de planter en automne que vers le printemps. Alors on trouve les terres plus faines & plus propres pour cet ouvrage. Les pluies de l'hiver plombent les terres & les attachent aux racines, qui ne laiffent pas de travailler pendant cette faison; & l'arbre dès le premier mouvement de la seve est tout disposé à bien faire, & en état de donner des preuves de fa reprise & de fon fuccès.

Pour transplanter, on doit préférer un temps fombre, couvert, un peu humide, doux & tempéré, à un beau soleil, un hâle sec, & fur-tout à la gelée, afin que les racines foient moins exposées à l'impreffion du froid & au defféchement.

Il faut découvrir les racines avec précaution, fans les endommager; les dégager & les extirper avec la même attention, afin de les enlever les plus longues & les plus entieres qu'il est possible, & de ménager le chevelu. On tire avec l'arbre & on l'arrache lorfqu'il ne fait plus qu'une médiocre résistance, n'étant plus retenu par aucune groffe racine. Si l'on a efpacé les arbres dans la pépiniere comme je l'ai marqué, on aura la place & la liberté néceffaires pour les bien déplanter. On les transporte au lieu de leur destination, fans fecouer la terre qui demeure ordinairement attachée au chevelu. Si l'on ne les tranfporte pas fur le champ, il est très-utile de couvrir les racines avec du foin ou paille humide.

Avant de mettre un arbre en place, on habille les racines, c'est-à-dire, qu'on en rafraîchit l'extrémité, & la pointe du chevelu, s'il n'est ni desséché ni altéré; autrement on le retranche. Les racines forcées, écorcées, rompues, endommagées, se rabattent au-delà de l'endroit offenfé; & la coupe doit être nette, oblique ou en pied de biche alongé, & la face appuyée fur la terre lorsque l'arbre est en place.

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