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TRAITÉ

DES

ARBRES FRUITIERS.

Culture générale des ArBRES FRUITIERS.

CHAPITRE PREMIER.

Des Pépinieres.

LES SEMENCES font la voie naturelle & la plus commune

par laquelle les Arbres fe multiplient, & la feule par laquelle ils diverfifient leurs Efpeces. Mais celles des Arbres Fruitiers ne produisent ordinairement que des efpeces dégénérées ou des sauvageons dont le fruit auftere & défagréable eft plus propre à devenir la pâture des animaux, que la nourriture des hommes; & fi quelquefois il en naît un arbre franc, la jouiffance de ce précieux individu fera bornée à un feul poffeffeur, & à la durée d'un seul arbre, à moins que la greffe ne le perpétue & ne le transmette aux âges fuivants, en le faifant adopter par des Tome I.

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fauvageons qui lui communiquent leurs fucs & leur vigueur, fans lui communiquer leurs défauts.

Quiconque s'applique à la culture des Arbres Fruitiers, doit donc avoir une Pépiniere de toutes les efpeces de fauvageons ou fujets fur lefquels fe greffent les arbres francs.

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De ces fauvageons, les uns, favoir le Pêcher, l'Amandier l'Abricotier ne s'élevent que de femences; les autres, le Prunier, le Poirier, le Pommier, le Cerifier, & quelquefois le Merifier se multiplient par leurs femences & par les rejets de leurs racines; quelques-uns fe perpétuent par les femences, les marcottes & même les boutures, ce font les Coignaffiers, les Cerifiers de Sainte-Lucie, & les Pommiers de Doucin & de Paradis.

Ayant expliqué en détail dans le Traité des Semis & dans la Phyfique des Arbres (a) tout ce qui concerne les Pépinieres, & les différents moyens de multiplier les arbres, je ne répéterai ici que ce qui eft néceffaire, ou directement relatif à mon fujet.

ARTICLE I. Du Terrein propre pour une Pépiniere.

CROIRE que des arbres élevés dans un mauvais terrein se rétablissent facilement & prennent promptement vigueur, étant tranfplantés dans une terre fertile & bien cultivée, c'est une erreur. Ces arbres étiques, tortus, rabougris, galeux, chargés de mousse, dépourvus de bonnes racines languiffent long-temps, ou périssent pour la plupart fuffoqués par l'abondance d'une nourriture trop forte & trop fubftantieufe pour la délicateffe de leurs fibres & de leurs organes. Croire qu'un arbre élevé dans un bon terrein humide, fumé, engraiffé & bien cultivé se foutiendra avec fuccès étant tranfplanté dans un terrein maigre, fec ou médiocrement bon, c'est une autre erreur. En paffant

(a) Ces deux Ouvrages faifant partie du Traité complet des Bois & des Forêts en 8 vol. in-4°. fig, fe trouvent chez L. F. Delatour, Libraire, rue S. Jacques.

de l'excès dans l'indigence, il tombera dans la langueur & le dépériffement.

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Choififfons donc, pour établir une Pépiniere, une bonne terre franche plus feche qu'humide. Pendant l'été, il faut la défoncer à deux pieds de profondeur, & la passer à la claie, fi elle est pierreuse, ou seulement graveleuse; si elle ne l'eft point, cette opération n'est pas nécessaire, mais très-avantageuse.

Si le terrein a befoin d'être amendé, il faut que ce foit avec des terres neuves de bonne qualité qu'on y mêle en faisant le défoncement; & non pas avec des fumiers, parce que nonfeulement il ne fe forme dans le fumier que de petites racines noires, foibles & mal conditionnées; mais encore parce qu'il attire des vers blancs qui endommagent les racines, & fouvent font périr les jeunes arbres.

Le terrein étant ainfi préparé, on le laisse rasseoir jusqu'à la mi-Mars, ou au commencement d'Avril, ou au moins jusqu'au mois de Novembre; (quelques Jardiniers confeillent de le laiffer rasseoir pendant un an.) Avant que de le garnir de petit plant ou de femence, on lui donne un léger labour pour détruire les mauvaises herbes. A moins que le terrein ne foit très-mauvais, ce que je ne suppose pas, on peut compter qu'étant façonné comme nous l'avons dit, les arbres s'y éléveront bien, & réuffiront dans toutes les terres où on les tranfplantera.

ARTICLE II. Des Semis:

I. LES AMANDES deftinées à faire des Semis, doivent germer pendant l'hiver, afin qu'au printemps elles fortent plutôt de terre, & courent moins risque d'être mangées par les mulots, les pies, les corneilles, les geais, &c.

Les uns piquent ces amandes en terre, le bout pointu en bas, & tout près les unes des autres. Ils ne mettent point de terre par

deffus, mais ils les couvrent d'une planche qu'ils chargent de groffes pierres. Cette opération étant faite en Décembre ou Janvier, l'humidité de la terre fuffit pour faire germer les amandes, qu'on trouve en état d'être plantées en Avril.

D'autres en Novembre ( & c'est la pratique la plus ordinaire) mettent alternativement un lit de deux pouces de fable gras & humide, & un lit d'amandes dans un baquet, mannequin, tonneau défoncé par un bout, ou autre vaiffeau. Ils le placent contre un mur exposé au midi, & lorsqu'il vient de fortes gelées, ils le couvrent avec de la litiere, ou bien ils le renferment dans une orangerie, une cave, un cellier; & ils ont attention de vifiter de temps en temps les amandes, pour les mouiller un peu, fi les germes ne commencent pas à fe montrer en Février; ou les tenir plus feches, fi les germes font trop alongés : étant effentiel qu'elles foient germées avant que d'être plantées ; mais qu'elles ne foient pas trop avancées; car alors il eft très-difficile de les retirer du fable & de les planter, fans rompre beaucoup de plumes ou tiges naiffantes, fi elles font déja développées; ou au moins de racines & de chevelu: or les amandes épuisées par ces productions ne pourroient en former de nouvelles.

Les Pépiniériftes ne mettent les amandes & autres noyaux dans le fable, que du 1 au 15 Janvier. Au défaut de fable, on peut fe fervir de terre bien meuble.

Dans le commencement d'Avril, on trace au cordeau fur le terrein préparé à recevoir ces amandes, des raies distantes entre elles de deux pieds & demi ou trois pieds ; & par un beau temps on tire les amandes du fable; on en coupe ou pince la radicule, afin qu'il se forme un bel empatement de racines, & non pas un pivot qui rendroit très-difficile & très-incertaine la reprise de ces arbres lorsqu'on les transplanteroit. On les met dans une manne, & on les porte au lieu où elles doivent être plantées. Des Jardiniers font avec la cheville des trous distants de vingt ou vingt-quatre

pouces les uns des autres dans les raies qui ont été tracées au cordeau; ils y mettent les amandes à trois ou quatre pouces au plus de profondeur, les couvrent de terre avec la pointe du plantoir, & plombent doucement la terre avec le pied, fuppofé qu'elle. ne foit pas affez humide pour se pêtrir. Les germes ne tarderont pas à fortir de terre, & dès la fin d'Août ou la mi-Septembre de la même année, une partie des jeunes Amandiers fera affez forte pour être écussonnée en œil dormant pour des arbres nains; les plus foibles feront écuffonnés l'année fuivante, ou la troisieme année.

On prétend que les amandes de Provence qui ont le bois tendre font des arbres fujets à la gomme, & que les Pêchers greffés fur des fujets provenants d'amandes ameres, donnent beaucoup de bois & peu de fruit. J'ai toujours tâché de me procurer des amandes du pays, douces, nouvelles, des plus groffes, & à bois dur; ayant reconnu que les femences venues dans notre climat donnent des arbres moins délicats que ceux qui viennent des femences tirées d'un climat plus chaud ; & que les arbres que produisent les amandes dont le bois eft dur & épais, font plus ruftiques que les autres. Faute d'observations particulieres, je m'en fuis tenu à ces préfomptions générales. Cependant dans les années où les amandes ont entièrement manqué dans nos jardins, j'ai eu recours à celles de Provence, & ce n'a pas été fans fuccès.

Quelques Pépiniéristes assurent aussi qu'il ne faut point semer les amandes dans le même terrein qui les a produites, & qu'ils ont éprouvé que la greffe ne réuffit pas bien fur les fujets qui en proviennent. Je n'ai fait aucune obfervation là-deffus.

II. Les noyaux de Pêches, de Prunes, & d'Abricots fe traitent de la même façon que les amandes. On les fait germer dans le fable; on les met en terre à la même distance, & à la même profondeur. Les sujets de Pêcher font pour la plûpart assez forts pour être greffés en œil dormant dès la fin d'Août de la même

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