nervures, &c. font les mêmes. Le poil de la queue des feuilles, des coulants & des montants, eft plus long & plus épais. Ses montants font menus, s'élevent rarement au-deffus de fix pouces, & ne fe divisent pas en un grand nombre de rameaux, Les fleurs qui fortent des premiers nœuds des montants ont environ fix lignes & demie de diametre. Rarement elles ont des pétales furnuméraires; mais les petites découpures du calyce se refendent prefque toutes, & les premiers nœuds manquent rarement de donner naiffance à une feuille. Ses fruits font plus gros que les plus belles Fraises de bois. Ceux qui fortent des premiers noeuds du montant ont quelquefois près de huit lignes de diametre, sur plus de neuf lignes de hauteur. Leur forme eft très-alongée; ceux qui font les plus arrondis fe terminent toujours par une pointe, & ne font pas applatis par les deux extrémités; cependant le plant qui commence à dégénérer, en produit qui font fphéroïdes fort applatis par les extrémités. Les premiers fruits qu'on recueille fur les jeunes plants élevés de femences, font ordinairement beaucoup plus longs que ceux qui viennent fur les pieds formés par les filets des vieux Fraifiers; ils font coniques, très-alongés, presque cylindriques. La peau est d'un rouge-brun plus foncé que celle des Fraises communes. La chair a autant de goût & de parfum, & se conserve beaucoup plus long-temps fans fe corrompre. Les pepins font très-nombreux, d'un brun foncé, placés fur la furface de la peau fans enfoncement. Etant femés en Mars, Avril, ou Mai, on recueille du fruit avant l'hiver fur les pieds qui en proviennent, environ quatre mois après qu'ils font levés : au lieu que le jeune plant des autres Fraifiers élevé de graines, que la feconde ou troisieme année. Quoique le Fraifier des Alpes ne ceffe de nouer & de mûrir ne fleurit des 1 des fruits tant qu'on peut le préserver des grands froids, & foutenir sa végétation, & par conféquent en donner tous les mois de l'année dans notre climat même, lorfque l'hiver n'est pas trop rude; cependant on n'en recueille abondamment que depuis le mois de Mai jusqu'à la fin de Septembre. Il est plus nécessaire pour ce Fraifier que pour aucun autre, de couvrir de mouffe defféchée le terrein où il est planté, & d'en renouveller fréquemment le plant, que la culture fait bientôt dégénérer. Il veut un terrein fort léger. VIII. FRAGARIA fylveftris, flore hermaphrodito, abortivo. FRAGARIA fylveftris abortiva. Du Ch. FRAISIER Coucou. LORSQU'ON arrache du plant de Fraifier dans les bois, on est fouvent féduit par la vigueur de certains pieds, qui femblent promettre des fruits beaux & abondants: on les cultive avec foin, & on n'en recueille rien. C'est un Fraifier ftérile connu fous le nom de Fraifier Coucou. celles Ses feuilles, à peu-près de même forme & grandeur que du Fraisier commun, font un peu plus liffes, d'une étoffe plus mince, d'un vert plus foncé, & plus garnies de poil; leur dentelure ne paroît point différente. Elles font portées par des queues plus menues & plus longues ; & ainfi les touffes font plus élevées. Ses filets sont grêles, très-longs, & très-garnis de nœuds qui propagent beaucoup ce Fraifier. Ses montants, leurs rameaux, & les pédicules des boutons à fleurs font longs & effilés, tenant presque le milieu entre ceux du Fraifier commun, & ceux du Fraifier vert, n°. 17. Sa fleur ressemble plus à celle du Fraifier vert qu'à celle du Fraifier commun. Les petites échancrures du calyce font alongées, Tome I. G g & rarement elles fe refendent. Les divifions intérieures fe referment fur le fupport, après que les pétales font tombés. Les étamines font bien conditionnées, & leurs fommets remplis de pouffiere. Quoiqu'il ne paroiffe aucune défectuosité dans les pistils, cependant ils avortent, & le fupport fe deffeche entiérement, ou ne prend point d'accroiffement total ni régulier; car quelquefois un feul piftil, ou trois ou quatre font fécondés, & la partie du fupport qui les foutient, groffit, & forme comme une baye, ou une portion de Fraife; ou, fi ces piftils font éloignés les uns des autres, comme un fruit irrégulier composé de plufieurs petites bayes collées & unies fur un même support; telles qu'on voit quelques Framboises, dont le plus grand nombre des embryons eft avorté. Ces productions informes se teignent légérement de rouge, du côté du soleil. Ainfi ce Fraifier doit plutôt être détruit par-tout où il fe trouve, que cultivé & multiplié. IX. FRAGARIA pubefcens, flore ampliffimo, fructu maximo, FRAISIER du Chili. (Pl. III.) FRAGARIA Chiloenfis. Frutiller. Du Ch. Il n'y a point de Fraisier auffi facile à reconnoître que celuici, ayant des caracteres particuliers qui le diftinguent bien de tous les autres Fraifiers. Sa végétation & fes accroiffements font lents. Il est peu touffu, parce qu'il multiplie peu fes œilletons, & que chaque œilleton n'a ordinairement que huit ou dix feuilles. Ses montants, fes filets, la queue de fes feuilles font beaucoup plus gros que ceux d'aucun Fraifier; & toute la plante, excepté fon fruit & les parties intérieures de fa fleur, eft garnie de poil blanchâtre, long & fort épais. Ses feuilles, portées par des queues longues de trois pouces : : FRAGARIA, FRAISIE R. 235 par un & demi à cinq pouces, font moins étendues que celles du Fraifier commun cultivé, & d'une étoffe très-épaiffe. Par dehors elles font d'un vert pâle, relevées de nervures affez faillantes: le dedans eft moins velu que le dehors, d'un vert foncé, & les fillons y font peu marqués. La foliole directe, soutenue pédicule long de deux à quatre lignes, est arrondie par l'extrémité, & fe termine en pointe peu aiguë à fon épanouissement; fa longueur eft de vingt-quatre à vingt-sept lignes, & fa largeur est de dix-huit à vingt & une lignes. Les folioles latérales s'élargiffent beaucoup plus vers leur épanouissement qu'à leur extrémité; leur longueur & leur largeur font à peu près égales; leur arrête les divife suivant leur longueur en deux parties, dont l'inférieure est beaucoup plus grande que l'autre. Ainsi toutes les folioles font plus larges à proportion de leur longeur, que celles d'aucun autre Fraifier. Leurs bords font garnis de dents peu profondes & peu aiguës, les unes figurées comme la pointe d'un écuffon d'armoiries, d'autres en arc de cercle, quelques-unes plus aiguës, toutes terminées par une très-petite pointe. Il n'est pas rare de trouver fur la queue un ou deux appendices longs de huit ou dix lignes & larges de fept ou huit. Pendant que les feuilles sont jeunes, leurs folioles retenant beaucoup de la difposition qu'elles avoient dans le bouton, se roulent ou fe creufent en cuilleron; par la fuite elles s'ouvrent & s'étendent davantage. Ses montants s'élevent affez droits, font peu branchus, & portent rarement plus de fept ou huit boutons à fleurs, dont les derniers avortent ordinairement. Les fleurs des premiers nœuds font très-grandes, quelques-unes ayant plus de dix-huit lignes de diametre, lorsqu'on les étend; car les pétales se roulent, se plient, se gaudronnent par les bords, & la direction des échancrures du calyce s'oppofe à leur parfait épanouissement, parce qu'elles tendent à fe rapprocher; & après la chûte des pétales, elles se referment fur le fupport. Lorfqu'il groffit, elles font obligées de céder & de s'ouvrir; mais elles demeurent toujours appliquées fur le fruit, fans s'en écarter ni fe renverfer fur le pédicule. Ce caractere eft commun à ce Fraifier & à plusieurs des fuivants. Le nombre des échancrures varie de dix à feize: une partie des extérieures fe fend en deux ou trois pieces fuivant fa longueur. Souvent les pétales font plus nombreux que les échancrures intérieures ; & les furnuméraires fe placent devant les autres fur un fecond rang. Le centre de la fleur eft occupé par un gros fupport couvert d'un grand nombre de piftils bien conformés, bien conditionnés, & capables de fécondité. Autour de fa base font attachées fur le calyce plus de quarante étamines dont les filets font fort courts, & les fommets avortés & fans pouffiere, & par conféquent impuissants pour féconder les piftils; de forte que ces fleurs, qui paroiffent hermaphrodites, n'ont réellement qu'un sexe: & foit que le fexe mâle y foit devenu impuissant en changeant de continent; foit qu'il n'existe point d'individus hermaphrodites parfaits; foit qu'il n'existe point d'individus mâles; foit que les Voyageurs à qui nous devons ce Fraisier, n'ayent choisi que les pieds fur lefquels ils ont vu de beaux fruits, & ayent méprifé les autres comme stériles, ignorant que la fécondité de ceux-là en dépend; nous ne connoissons en Europe que des individus femelles ou hermaphrodites imparfaits. Cependant des fécondations étrangeres ont rendu utile, dans quelques endroits du Royaume, la culture de ce Fraifier qu'on y voit planté avec des Fraifiers Ecarlate, Ananas, &c. & quelquefois il a donné des fruits dans plufieurs jardins de Paris; soit que le vent ait porté fur fes fleurs la pouffiere des étamines de quelqu'autre Fraifier voifin; foit qu'il fe foit trouvé dans quelqu'une de ses fleurs des étamines bien conditionnées & capables de féconder ses pistils; ce qui eft néceffairement arrivé, s'il est |