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Mais Polydore attend les suprêmes honneurs :
On relève sa tombe, on l'arrose de pleurs ;
Ses autels sont parés de festons funéraires;
Le cyprès joint son deuil au deuil de ces mystères;
Des femmes d'Ilion les cheveux sont épars;
Le lait, le sang sacré coulent de toutes parts;
Nous renfermons son ame en son asile sombre,
Et d'un dernier adieu nous saluons son ombre.
Dès qu'on put se fier à l'humide élément,
Sitôt que de l'Auster l'heureux frémissement
Promit à notre course une mer sans naufrage,
Nos vaisseaux reposés s'élancent du rivage :
On part, on vole au gré d'un vent rapide et doux;
Et la ville et le port sont déja loin de nous.
Une île est dans les mers, qu'un golfe étroit sépare
Des hauteurs de Mycone et des rocs de Gyare,
Délices de Thétis, chère au dieu du trident:
Long-temps elle flotta sur l'abîme grondant :
Enfin, du dieu du jour la main reconnoissante
Fixa de son berceau la destinée errante;

Et l'heureuse Délos, dans un profond repos,
Défia le caprice et des vents et des flots.
Là nos vaisseaux lassés trouvent un sûr asile :
Nous entrons; d'Apollon nous saluons la ville.
Anius vient à nous, le front ceint à-la-fois
Du laurier prophétique et du bandeau des rois;
Il voit, il reconnoît, il embrasse mon père,
Tend à son vieil ami sa main hospitalière,
Et, resserrant les nœuds d'une antique union,
Reçoit dans son palais les restes d'Ilion.

Templa dei saxo venerabar structa vetusto.

« Da propriam, Thymbræe, domum! da mœnia fessis,
Et genus, et mansuram urbem! Serva altera Troja
Pergama, reliquias Danaum atque immitis Achilli!
Quem sequimur? quove ire jubes? ubi ponere sedes?
Da, pater, augurium; atque animis inlabere nostris!»
Vix ea fatus eram: tremere omnia visa repente,
Liminaque, laurusque dei; totusque moveri
Mons circum, et mugire adytis cortina reclusis.
Submissi petimus terram, et vox fertur ad auris:
« Dardanidæ duri, quæ vos å stirpe parentum
Prima tulit tellus, eadem vos ubere læto
Adcipiet reduces. Antiquam exquirite matrem.
Hic domus Æneæ cunctis dominabitur oris,
Et nati natorum, et qui nascentur ab illis. »

Hæc Phoebus: mixtoque ingens exorta tumultu Lætitia; et cuncti, quæ sint ea monia, quærunt; Quo Phoebus vocet errantis, jubeatque reverti. Tum genitor, veterum volvens monumenta virorum, « Audite, o proceres, ait, et spes discite vestras. Creta Jovis magni medio jacet insula ponto; Mons Idæus ubi, et gentis cunabula nostræ. Centum urbes habitant magnas, uberrima regna: Maximus unde pater, si rite audita recordor, Teucrus Rhoteas primum est advectus ad oras,

Je visite du dieu le temple tutélaire,

Et je m'écrie : « O toi, que dans Thymbre on révère,
Donne à mon peuple errant des murs, une cité,

Et prépare un long règne à sa postérité.

Où faut-il transporter nos dieux, nous et Pergame?
Viens, parle, éclaire-nous, et descends dans notre ame! »
Je dis : et tout-à-coup je sens de l'immortel
S'agiter le laurier, et le temple, et l'autel.

Le mont tremble; chacun vers la terre s'incline,

Et ces mots sont sortis de l'enceinte divine:

"

Troyens, c'est au berceau de vos premiers parents

Que je promets un terme à vos destins errants;

Allez, et recherchez la terre paternelle :
Là naîtra de vainqueurs une race éternelle;
Là régneront Énée et ses derniers neveux,

Et les fils de ses fils, et ceux qui naîtront d'eux. »

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Ainsi parle Apollon. On tressaille, on s'écrie:

Quels sont ces bords? quelle est cette antique patrie Où le sort nous appelle, où le ciel pour toujours De nos longues erreurs doit terminer le cours? » Alors, des anciens temps gravés dans sa mémoire, Mon père à nos regards développant l'histoire : «O Troyens, nous dit-il, par des signes certains Connoissez votre espoir, connoissez vos destins. Une île est au milieu des ondes écumeuses, Fière d'un sol fécond, de cent villes fameuses, Berceau de nos aïeux et du grand Jupiter. C'est de l'Ida crétois que notre aïeul Teucer, De Rhétée abordant l'antique promontoire, Y fixa ses sujets, son empire et sa gloire :

Optavitque locum regno. Nondum Ilium, et arces
Pergameæ steterant: habitabant vallibus imis.
Hinc mater cultrix Cybelæ, Corybantiaque æra,
Idæumque nemus; hinc fida silentia sacris,
Et juncti currum dominæ subiere leones.
Ergo agite, et, divum ducunt qua jussa, sequamur:
Placemus ventos, et Gnosia regna petamus.
Nec longo distant cursu; modo Juppiter adsit,
Tertia lux classem Cretæis sistet in oris. >>

Sic fatus, meritos aris mactavit honores,
Taurum Neptuno, taurum tibi, pulcher Apollo;
Nigram Hiemi pecudem, Zephyris felicibus albam.

Fama volat, pulsum regnis cessisse paternis Idomenea ducem, desertaque litora Creta; Hoste vacare domos, sedesque adstare relictas. Linquimus Ortygiæ portus, pelagoque volamus (15), Bacchatamque jugis Naxon, viridemque Donusam, Olearon, niveamque Paron, sparsasque per æquor Cycladas, et crebris legimus freta consita terris.

Ilion n'étoit pas; et des tribus sans noms
De l'Ida phrygien habitoient les vallons.
C'est de là que nous vient le culte de Cybėle,
Par qui le soc apprit à vaincre un sol rebelle,
De ses honneurs divins le mystère secret,
Que jamais ne dévoile un témoin indiscret;
Et de l'airain sacré la bruyante alégresse,
Et ces lions soumis qui traînent la déesse;
Enfin du mont Ida le bois religieux:
Là nous attend le sort, là nous guident les dieux.
Mais apaisons d'abord les puissances de l'onde;
Et, si le vent nous sert, si le ciel nous seconde,
Trois jours nous porteront sur ces bords desirés. »
Ainsi parla mon père, et deux taureaux sacrés
Sont aux dieux protecteurs offerts en sacrifice:
L'un rend à nos destins le dieu des mers propice,
Et l'autre d'Apollon implore les faveurs;
Ensuite deux brebis, diverses de couleurs,

Sont offertes aux dieux de l'orageux empire:

La noire aux Vents fougueux, la blanche au doux Zéphire.
Le bruit court qu'un grand roi, notre ennemi cruel,
Idoménée, a fui le trône paternel,

Qu'abandonnés des Grecs les rivages de Crète
Promettent aux Troyens une douce retraite.
Nous partons: nous voyons la riche Oléaros,
Naxos chère à Bacchus, et la blanche Paros,
Donyse aux verts bosquets, des îles renommées
Qui sur les vastes mers en cercle sont semées.
Tout-à-coup un cri part : « Voilà, voilà ces lieux,
Espoir de nos enfants, séjour de nos aïeux! »

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