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croyoient les Étrusques originaires d'une colonie de Ly

diens de l'Asie mineure. Les récits d'Hérodote sont conformes à cette opinion; mais Denys d'Halicarnasse la combat. Dans un ouvrage récent sur l'Égypte, M. Hamilton (') rapporte une inscription en caractères étrusques, que deux voyageurs anglais ont, dit-on, récemment trouvée dans l'intérieur de l'Asie mineure; ce qui doit nous porter à croire au récit d'Hérodote, et nous ramener au sentiment de Virgile. Les Étrusques ont possédé primitivement tout le nord de l'Italie; le Tibre couloit dans leurs possessions; c'est par cette raison que Virgile, Horace, Ovide, Lucain, Stace et d'autres poëtes latins ont fréquemment donné au Tibre l'épithète de Tuscum, ou d'autres semblables (2).

C. A. WALCKENAER.

(49) Sed me magna deum genitrix his detinet oris.

Jamque vale, et nati serva communis amorem.

Virgile a bien senti que la perte accidentelle de Créuse ne suffisoit pas à la dignité de l'épopée : le merveilleux vient donc à son secours. C'est Cybèle elle-même qui s'empare d'elle, et l'attache à son culte; Cybėle, la protectrice des Troyens, rompt les premiers noeuds d'Énée en faveur de l'hymen futur d'où dépendent ses destinées en Italie. On ne peut s'empêcher d'admirer cette composition pleine de convenance, et si féconde en ressources dans les sujets aussi difficiles à traiter que l'étoit celui-ci. Enfin, Virgile a su tirer avantage des inconvénients mêmes de cette partie de son sujet, et en faire un moyen épique. Créuse, inspirée par Cybėle, lui prédit ses grands destins et l'empire qui l'attend au-delà des mers. Une chose remarquable, c'est que ses dernières paroles contiennent peu d'expressions de tendresse; tout se borne à ces mots où elle lui recommande Ascagne:

Jamque vale, et nati serva communis amorem.

(') Hamilton's, Ægyptiana, p. 217.

(2) Voyez Cluverius, Ital. antiqua, p. 798.

Elle est encore mère, mais l'épouse a disparu; cela ne peut s'expliquer que par son nouvel état: Créuse ne lui appartient plus, elle appartient aux dieux; ce n'est plus la femme d'Enée, c'est la favorite de Cybele; et par ce noeud sacré tous les autres sont rompus. Virgile reconduit Enée à ses compagnons d'exil, dont le nombre se trouve prodigieusement accru: cela étoit nécessaire pour la fondation de la colonie. Enfin le jour se lève, les Grecs sont maîtres des portes de la ville, tout espoir est perdu, il part, et emporte son père au sommet de la montagne. Tel est ce second livre, éternellement admirable et par le sujet et par l'exécution. Virgile en a, dit-on, emprunté quelques idées et quelques passages de différents poëtes grecs; je n'irai point chercher les traces des emprunts qu'il a pu faire à des auteurs plus ou moins obscurs. Quel homme, se promenant au bord d'une belle rivière qui coule à plein canal, peut avoir l'envie et le loisir de rechercher quelles sources obscures, quelles filtrations cachées, ont augmenté de quelques gouttes d'eau Pabondance de son lit et la majesté de

sa course!

L'ÉNÉIDE.

LIVRE III.

LIBER TERTIUS.

POSTQUAM res Asia Priamique evertere gentem (') Immeritam visum Superis, ceciditque superbum Ilium, et omnis humo fumat Neptunia Troja; Diversa exsilia et desertas quærere terras Auguriis agimur divum, classemque sub ipsa (2) Antandro et Phrygiæ molimur montibus Idæ, Incerti quo fata ferant, ubi sistere detur (3); Contrahimusque viros. Vix prima inceperat æstas; Et pater Anchises dare fatis vela jubebat: Litora quum patriæ lacrimans portusque relinquo (4) Et campos ubi Troja fuit (5). Feror exsul in altum Cum sociis, natoque, Penatibus, et magnis dis (6)

Terra procul vastis colitur Mavortia campis, Thraces arant, acri quondam regnata Lycurgo; Hospitium antiquum Troja, sociique Penates, Dum fortuna fuit. Feror huc, et litore curvo

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LIVRE TROISIÈME.

QUAND Troie eut succombé, quand le fer et les feux
Eurent détruit ses murs condamnés par les dieux,
Et que,
de ses grandeurs étonné de descendre,
Le superbe Ilion fut caché sous la cendre,
Innocents et proscrits, pour fixer nos destins,
Il nous fallut chercher des rivages lointains.
Soumis aux lois du sort, aux oracles fidèle,
Sous les hauteurs d'Antandre et du mont de Cybėle,
J'équipe des vaisseaux, incertain sur quel bord
Vont nous guider les dieux, va nous jeter le sort.
L'été s'ouvroit à peine; à l'orageux Neptune
Mon père me pressoit de livrer ma fortune.
D'un peuple fugitif j'assemble les débris;

Les yeux en pleurs, je pars; je fuis ces bords chéris,
Ces antiques remparts dont Vulcain fit sa proie,
Et les toits paternels, et les champs où fut Troie;
Et, sur l'onde exilé, j'emmène en d'autres lieux
Et mon père, et mon fils, et mon peuple, et mes dieux.
Bien loin de ma patrie est une vaste terre,
Que consacra Lycurgue au grand dieu de la guerre :
Dans des temps plus heureux, les dieux hospitaliers
Unissoient les Troyens à ces peuples guerriers.
Hélas! j'y fus suivi par mon destin funeste.
Des malheureux Troyens j'y rassemble le reste :

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