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Comme la beauté et la bonté des melons dépendent de la nature de la terre (1), il faut faire choix de la plus forte et de la meilleure, et préférer celle qui est neuve; il faut la passer à la claie et n'y laisser aucune pierre,

Dans les premiers jours du mois de mars, lorsque les fortes gelées sont passées, il faut creuser des trous de deux pieds et demi de profondeur sur deux de diamètre, en observant de laisser entre chaque trou, six pieds de distance. A la fin de mars et jusqu'au 15 d'avril, suivant la douceur de la saison, on emplira les trous de fumier de cheval bien chaud, qu'on aura soin de fouler et tasser jusqu'au niveau de la terre; on couvrira ce fumier avec douze ou treize pouces de la terre préparée, au milieu de laquelle on mettra un demi-boisseau de bon terreau pour y semer ensuite la graine. On couvrira chaque trou ou couche avec des cloches; il faut qu'elles aient au moins deux pieds de diamètre, les plus grandes étant les meilleures. L'orsqu'elles auront été six jours placées, afin de donner à la terre un degré de chaleur à pouvoir y souffrir le doigt, on sèmera la graine en l'enfonçant d'un pouce et demi dans six trous différents, distants chacun de quatre pouces, en observant de mettre deux graines dans chaque; la graine lève ordinairement depuis huit jusqu'à quinze jours.

Lorsque les melons auront trois feuilles, sans y comprendre les deux premières, on choisira pour chaque cloche deux pieds des plus vigoureux, on coupera tous les autres à ras terre, parce que si on les arrachait, on endommagerait ceux que l'on veut conserver. On coupera le noeud qui est au milieu des deux premières feuilles ou oreilles, de façon qu'il ne reste à chaque pied que deux feuilles.

Lorsque les plantes auront fait des pousses de huit à dix pouces de long, on les pincera par le bout pour donner lieu à la production d'autres pousses latérales que l'on pincera comme les précédentes. Il faut avoir attention de couvrir les cloches la nuit avec des paillassons jusqu'aux premiers jours chauds, dont on profitera pour donner aux plantes un peu d'air.

Lorsque les pousses ne peuvent plus tenir sous les cloches, on élève celles-ci de quatre à cinq pouces et ensuite davantage; on fouit alors

(1) Et aussi des variétés. (Note du Rédacteur.)

la terre intermédiaire entre les cloches pour la rendre presque de niveau à la couche du melon.

Lorque les plantes commencent à donner du fruit, il faut couper une partie de ces fruits pour assurer l'autre, et n'en laisser que trois ou quatre à chaque pied; lorsqu'ils sont gros comme des petits œufs de poule, il faut arrêter les branches d'où ils partent, et avoir grande attention de couper de temps en temps les petites branches faibles qui diminuent la force de la plante. Lorsque les fruits ont à peu près vingt jours, on met sous chacun une tuile ou un carreau de terre cuite, on a soin de retourner doucement les melons tous les quatre jours.

Lorsque la queue commence à se détacher et que le melon commence à jaunir au-dessous, et qu'il a un peu d'odeur, on peut le couper et le garder encore deux, trois ou quatre jours avant que de le manger: il faut au moins deux mois à un très-beau melon de 15 à à 20 livres, du jour qu'il est assuré, pour qu'il parvienne à une parfaite maturité.

(Bibliothèque physico-économique, année 1783.)

PRINCIPES FERTILISANTS DU SOL;
Par le baron Justus LIEBIG.

LE TAFFO, ENGRAIS CHINOIS.

Nous extrayons d'un article analytique très-clair, très-précis de l'Agronome, sur un ouvrage d'agriculture d'une grande importance, dû à la plume savante du baron Justus de Liebig, les lignes suivantes, relatives aux principes fertilisants qui doivent être constamment rendus à la terre par les cultivateurs :

« Un sol, pour donner de beaux produits, doit contenir en quantité suffisante, et sous une forme assimilable par les plantes, tous les éléments que l'analyse chimique découvre dans celles-ci. Mais les plantes n'ont point toutes dans leur composition les mêmes éléments dominants, de sorte qu'un sol épuisé d'un élément par une plante, peut encore en produire une autre dont

il renfermerait l'élément dominant. En second lieu, les végétaux à racines superficielles ne viendront pas sur un sol dont les couches supérieures sont épuisées, tandis que les végétaux à racines profondes prospèreront sur ce même sol dont les régions inférieures se trouvent être encore riches. Ces deux faits et d'autres expliquent comment, par suite d'un choix judicieux de plantes, il est possible d'obtenir de certaines terres de grands rendements tout en spoliant le sol.

« Nous disons aussi que les plantes doivent trouver les principes nutritifs sous un état assimilable: une terre peut être riche en principes utiles et cependant ne rien produire, parce que ceux-ci ne seront point assimilables. Or, en leur permettant simplement de prendre cet état, sans pour cela rien apporter au sol, on peut encore obtenir de belles récoltes et faire de l'agriculture vampire. C'est ce qui arrive par le drainage, les défoncements, les labours profonds, la multiplicité des façons aratoires; tout cela n'ajoute rien au sol et ne fait que le modifier avantageusement pour un certain temps. Ce sont les engrais seuls qui viennent compléter, soutenir et faire valoir les améliorations que ces expédients apportent dans les exploitations. L'agriculture des expédients est une agriculture égoïste, qui ne pense point à l'avenir; elle prouve le talent du cultivateur, mais elle n'est point vraiment intelligente, car elle n'assure pas un rendement qui se reproduira chaque année dans les mêmes proportions.

Etant établie l'importance des engrais comme moyen de restituer et d'entretenir la fertilité des terres, on se demande quels sont ceux qui rempliront le mieux ce but. Pour rendre le plus intégralement au sol ce qu'on lui enlève, le meilleur moyen serait de réunir tous les déchets des villes; car c'est dans les villes que se perd la fécondité de la terre avec les produits de celle-ci. Mais les difficultés qui s'opposent à la réalisation de cet état de choses ont fait chercher ailleurs.

« Tout d'abord examinons ce que doit contenir un sol fertile. Nous avons déjà dit que cela est enseigné par l'analyse des

plantes. Tous les principes incombustibles des plantes que nous obtenons en analysant leurs cendres doivent se trouver dans le sol en quantité suffisante et à l'état assimilable. S'ils ne s'y trouvent point, s'ils s'y trouvent en trop minime quantité ou s'ils ne s'y trouvent pas à l'état convenable, il faut les y ajouter ou les transformer par le travail. Les principaux éléments dont il s'agit sont l'acide phosphorique, l'acide sulfurique, l'acide silicique, la potasse, la chaux, la magnésie, le fer. Quant à l'azote, les plantes le reçoivent en partie de l'atmosphère et en partie du sol, sous forme d'acide nitrique et d'ammoniaque. Tous ces principes ont pour les plantes la même valeur. Si l'un d'eux, l'acide phosphorique, par exemple, fait défaut dans un sol qui doit porter une plante exigeant cet acide, tous les autres éléments auront beau s'y trouver en n'importe quelle quantité, l'on n'obtiendra pas de beaux produits. Ces principes sont semblables aux anneaux d'une chaîne dont la force dépend des plus faibles. Une plante a, par exemple, besoin de deux éléments, l'azote et l'acide phosphorique; si on ne lui en fournit qu'un, l'absence du second s'oppose encore aux effets du premier.

<< Parmi les principes que nous avons énumérés plus haut, deux des plus importants et à la restitution desquels le cultivateur doit toujours viser, sont l'acide phosphorique et la potasse. Ils sont exigés par la majorité des plantes, et dans la plupart des cas ils ne se trouvent qu'en petites proportions dans le sol. A ces deux corps, nous devons ajouter l'azote, qui, dans bien des cas, demande à être livré directement par les engrais. On peut admettre, il est vrai, que la quantité d'azote emportée par les plantes et par le bétail est restituée aux champs sous forme d'ammoniaque par l'atmosphère et par les pluies, de sorte qu'il n'y a pas de déperdition; mais il arrive souvent aussi que tout cet ammoniaque disparaît trèsfacilement dans les profondeurs du sol en se transformant d'abord en acide nitrique qui se combine à la chaux, pour faire un sel très-soluble que les pluies entraînent.

<«< La potasse se rencontre plus souvent et en plus grande quantité que l'acide phosphorique dans le sol.

« Ces sels se vendent aujourd'hui en grande quantité dans le commerce.

« Quant à l'acide phosphorique, qui forme une partie intégrante de toutes les plantes, il doit toujours être restitué au sol, proportionnellement aux quantités enlevées par les récoltes. C'est à cela que l'on reconnaît surtout un cultivateur qui suit une méthode rationnelle.

<< Les engrais phosphates sont très-communs dans le commerce. On trouve des superphosphates de toutes sortes obtenus à l'aide de préparations que l'on fait subir aux os, aux guanos et aux phosphates naturels.

<< Puisque nous en sommes à l'acide phosphorique, signalons l'arrivée dans le commerce d'un nouvel engrais que livre la compagnie chaufournière de l'Ouest sous le nom de Taffo. C'est un mélange de matières fécales, d'urine, de boues de ville, curures de fossés, etc. La composition de cette matière fertilisante peut être variée; ainsi l'on peut à volonté faire dominer ou l'azote ou l'acide phosphorique, suivant le désir des cultivateurs. Nous devons ajouter que cette marchandise n'est pas d'invention très-récente; car « en Chine, dit Johnston dans sa chimie agricole, on pétrit la poudrette avec de l'argile, on fait des gâteaux que l'on sèche à l'air; et, sous le nom de taffo, cette substance forme pour toutes les grandes villes, un important objet d'exportation. »

EMILE PARISEL

CHERPIN, Éditeur.

I yon. Imprimerie du Salut Public.

Bellon, rue Impériale, 33.

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