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Cette expérience malheureuse fit croire aux amateurs que la culture des orchidées, en général, était difficile, coûteuse, et la plupart d'entre eux l'abandonnèrent..

Heureusement, quelques botanistes collecteurs firent, aux endroits même où ces plantes végétaient spontanément, des observations pratiques qui rendirent aux amateurs européens l'espoir de pouvoir les cultiver avec succès. Il fut constaté que la plupart des orchidées américaines vivaient dans d'autres conditions climatériques que celles de l'Inde et de la Malaisie ; qu'elles végétaient sur les montagnes, exposées à une température sèche ou humide, tempérée ou froide, suivant les saisons, ce qui leur procurait des périodes de repos.

Ces renseignements obtenus, les habiles horticulteurs anglais et français se mirent à l'œuvre, changèrent leur mode de culture pour les orchidées; il les traitèrent conformément à leur état originaire, et obtinrent un plein succès. Ils les divisèrent en catégories, chacune suivant sa région, construisirent autant de serres qu'il y avait de régions et leur appliquèrent des soins rationels de culture. Aussi, les orchidées des plaines tropicales de l'Inde et quelques-unes de l'Amérique méridionale eurent leurs serres à étuves, c'est-à-dire à haute température; celles des montagnes de l'Amérique centrale leurs serres plus tempérées; enfin, dans la culture la plus rationnellement pratique, on a reconnu que certaines orchidées demandaient une chaleur moins prolongée que celle des serres tempérées. On a même aujourd'hui la catégorie des orchidées à serre froide.

La division des orchidées exotiques, comprend donc trois groupes: celui de serre chaude, celui de serre tempérée et celui de serre froide.

La lenteur qu'on a mise dans l'introduction des orchidées d'élite peut-être attribuée à deux causes: La première consistait dans la difficulté de se procurer des plantes saines qu'il fallait faire venir de l'étranger à des prix très-coûteux; la seconde dans le préjugé qui faisaient considérer leur cul

ture comme très-difficile. Ces deux causes n'existent plus, grâce au savoir et aux soins de quelques horticulteurs et amateur d'élite, parmi lesquels nous pouvons nommer, à Lyon : M. Liabaud, M. Desgrand, M, Farfouillon et M. Chevrier, près de Châlon-sur-Saône.

Quant à la valeur intrinsèque des orchidées, elle est démontrée par l'anecdote suivante, racontée par la presse anglaise.

Un jour le duc de Devonshire, donnant le bras à une de ses parentes, passionnée pour les orchidées, alla faire une visite à M. Glendinning, qui venait d'obtenir la première floraison d'un Cattleya. La jeune lady s'extasia devant la fleur d'une beauté incomparable de cette orchidée. Aussitôt le duc offrit à M. Glendinning un carnet bien garni de banquenotes en lui disant « votre prix? » L'horticulteur garda le silence; sans doute il ne voulait pas vendre sa plante. Mais déjà un valet de pied avait emporté le Cattleya dans le carrosse du duc qui répétait en s'impatientant: Your price?

Cette fois M. Glendinning répondit: Le prix de cette plante? Je ne saurais vous le dire...

La planche figurée ci-contre est une variété brésilienne de la magnifique Lélié pourprée, à segments plus amples et beaucoup plus riches en coloris. Elle porte le nom d'un collecteur distingué du genre, M. de Nélis, de Malines.

SERRE CHAUDE.

(A continuer).

Th. DENIS,

ASPIDISTRA.

Cette belle monocotylédonée n'a point été décrite encore dans l'Almanach du bon jardinier. Depuis plusieurs années, cependant, on la trouve dans les serres tempérées de nos horticulteurs marchands, qui la cultivent et la vendent aux amateurs pour garnir les jardinières et orner les appartements.

Au point de vue botanique, il est assez difficile de dire à quelle

famille appartient la plante dont il s'agit; les savants ne sont pas d'accord. Pour les uns, c'est une Aroïdée; pour les autres, une Smilacée; d'autres enfin la placent dans les Liliacées. Cette divergence cessera sans doute lorsqu'on aura pu étudier les caractères du fruit, qui est encore forț peu connu. M. A. Dupuis n'hésite pas à en former, avec les Rhodea et les Tupistra, dont elle est en effet très-voisine, un genre qu'il appelle les Aspidistrées. Quoi qu'il en soit, je ne puis mieux faire que de reproduire l'analyse qu'en donnent les divers botanistes, notamment M. C. Lemaire, qui prétend trouver l'origine de son nom dans un mot grec (aspidiscos) signifiant petit bouclier, forme du stigmate.

Les Aspidistra sont des plantes acaules, glabres, à rhizome traçant, à feuilles solitaires, pétiolées, engaînantes, lancéolées. — Fleurs hermaphrodites, solitaires à l'extrémité de pédoncules courts et radicaux, munis de bractées écailleuses. -Périanthe pétaloïde campanulé à six ou huit divisions étalées. Etamines en nombre égal à celui des divisions, insérées sur le tube du périanthe. Ovaire petit, presque cylindrique, à trois ou quatre loges. - Style court, épais, continu avec l'ovaire. Stigmate discoïde très-grand, formant la gorge du périanthe comme un bouclier. Le fruit.... n'est pas connu.

Voulez-vous maintenant, au point de vue de l'horticulture, une description moins savante et que beaucoup de gens comprendront mieux peut-être ? C'est une plante toujours verte, sans tiges, formant une belle touffe de feuilles pétiolées, lancéolées, quelquefois mème acuminées et marquées de nervures longitudinales; les fleurs, en forme de coupe étoilée, sont épaisses, presque charnues, d'un violet sale; elles naissent sur les racines et sont supportées par un pédoncule très-court qui ne leur permet pas de dépasser le niveau du sol; le plus souvent, même, il faut écarter la terre avec les doigts pour les découvrir et les apercevoir.

On en connaît déjà plusieurs variétés. La plus ancienne (Aspidistra à grandes fleurs), fut, dit-on, importée de Chine, en 1824, par M. Parks. Elle a les feuilles d'un vert uni très-foncé; les fleurs sont un peu plus grandes, un peu plus apparentes que celle des autres variétés. Dans le commerce horticole, on reconnaît en outre l'Aspidistra elatior à feuilles plus hautes et plus larges; l'A. punctata dont le feuillage, d'un beau vert, est parsemé, ponctué de petites taches,

d'un blanc jaunâtre; enfin, l'A. variegata, la plus ornementale et la plus recherchée; ses feuilles, aussi larges mais un peu moins hautes que celles de l'A. elatior, sont rubannées de bandes longitudinales d'un blanc pur, tantôt assez larges pour occuper la moitié, les deux tiers même du limbe, tantôt minces et représentant des filets de deux ou trois millimètres de largeur.

Les Aspidistra exigent une bonne terre de bruyère, dans des pots de moyenne grandeur; elles poussent vigoureusement en serre chaude; néanmoins, elles se soutiennent parfaitement dans une bonne serre tempérée. Il faut les préserver également des coups de soleil qui brûlent les feuilles et des gouttes d'eau qui les tachent et les font pourrir. Arrosements rares pendant l'hiver, plus fréquents pendant l'été.

La multiplication est prompte et facile. Il suffit de séparer les touffes et les rhizomes, de mettre chaque partie ainsi séparée dans un petit vase rempli de terre de bruyère, en ayant soin de bien drainer le fond de ce vase; dans ce cas, pour obtenir une prompte végétation, il sera indispensable de donner aux jeunes plantes un peu de chaleur de fond, en enterrant les pots dans une bàche ou sur la couche d'un châssis chaud.

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Les Aspidistra se maintiennent très-bien dans les appartements, même pendant l'hiver; j'en ai vu résister et végéter pendant plusieurs mois dans les salons régulièrement chauffés. La variété à feuilles rubannées produit un fort bel effet au centre des jardinières. On peut isoler aussi les beaux exemplaires sur les guéridons, les tables ou les consoles. Comme tous les végétaux à feuilles larges, il faut les préserver des effets pernicieux de la poussière; il suffira pour cela de laver souvent chaque feuille avec une éponge ou un petit linge mouillé. Enfin, quand on tient à les conserver, il est prudent de ne pas les laisser trop longtemps dans l'atmosphère toujours malsaine pour elles de nos maisons habitées. Je crois donc qu'on fera bien, quand on en aura joui pendant un ou deux mois, de les remplacer en pleine lumière, sur la tablette de la serre tempérée, ou mieux encore sur le devant d'une bonne bâche; on obtiendra par ce moyen une végétation plus active et des feuilles nouvelles qui rendront aux plantes leur aspect gracieux et leur parfaite santé.

F. BONCENNE.

(Bulletin de la Société d'horticulture de Fontenay,)

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