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et la santé de l'arbuste, qui s'étiole et meurt rapidement après la floraison. Au contraire, M. Lorgus et les jardiniers des palais impériaux de Russie, amènent leurs plantes à se couvrir de fleurs, tout en conservant la fraîcheur, le vert noir et la luxuriance des feuilles. On m'a dit que cette perfection venait de ce que l'Impératrice adorait les roses, qu'elle en voulait chez elle partout et toute l'année, et qu'elle avait autrefois fait venir d'Angleterre les plus habiles jardiniers pour cultiver sa fleur favorite. Toujours est-il qu'elle est servie à souhait, et que les visiteurs de l'Exposition ont pris leur part de cette jouissance délicate. »

Les lots de plantes africaines, indiennes et autres exotiques à feuillage persistant, exposés par des jardiniers, des princes, des princesses, des grands seigneurs, étaient nombreux et très-remarquables.

M. André a compté dans un lot de légumes, bien venus, vingtdeux variétés de radis. Les légumes-racines sont ordinairement petits. On les cultive sous châssis au dehors pendant trois mois seulement.

«L'arboriculture russe est dans l'enfance à raison d'un climat qui ne permet guère l'exploitation des fruits d'une manière profitable au-dessus de Moscou, et aussi par le peu de souci qu'ont les horticulteurs russo-méridionaux de nos procédés de taille et de conduite raisonnée. Toutefois, la culture du pommier donne encore des résultats sous des latitudes très-froides. J'engage les pépiniéristes de France à se procurer les variétés usités dans cette région; elles se recommandent par leur grande production, leur résistance à toutes les intempéries et leur conservation, dit-on, presque indéfinie.

<«< L'horticulture est peu vulgarisée, et point du tout descendue dans la classe commune ou aisée en Russie. C'est un passetemps de grand seigneur. Le jardin est peu démocratisé; il ne descend pas au-dessous du propriétaire déja fort riche. On ne voit nulle part le carré de terre bien cultivé, attenant à la maison, comme dans nos campagnes; la plupart des isbahs

(chalets de paysans) en sont privés, même dans les régions où la culture d'un certain nombre de légumes serait possible. ................... Donc l'horticulture est encore reléguée en Russie chez un petit nombre de propriétaires, dans les établissements botaniques et dans les résidences impériales ou grand-ducales. Ceci nous explique comment le principal attrait indigène de l'Exposition consistait dans les envois des serres de ces résidences. >>

Des envois considérables d'autres pays, principalement de la Belgique, de la Hollande, avaient accru la richesse de l'Exposition.

Un accueil charmant a été fait à tous les visiteurs étrangers. Les hauts fonctionnaires de l'empire Russe s'étaient littéralement mis à leur disposition.

Des excursions furent faites aux résidences impériales et grand-ducales, où l'art architectural et horticole a jeté à pleines mains la richesse des maîtres pour triompher de la pauvreté de la nature dans ces froides régions.

CONGRÈS INTERNATIONAL DE BOTANISTES.

Un congrès international de botanistes et d'horticulteurs a eu lieu à St-Pétersbourg en même temps que l'Exposition. On peut juger de l'importance de ce congrès par le nombre des présidents, qui étaient de douze, et de celui des secrétaires. aussi de douze. Le congrès pomologique ne s'est pas encore élevé à cette altitude : il n'avait, dans sa quatorzième session, que sept présidents et quatre secrétaires.

La première question traitée par M. Ed. Morren, fut celle de l'influence de la lumière sur les plantes.

Il est constaté par un jardinier que les racines des plantes fuient la lumière. Il a vu un haricot, dont la racine est sortie en l'air, donner des bourgeons.

La deuxième question à l'ordre du jour était celle de l'amélioration des races de plantes cultivées. M. Ed. André a parlé spécialement de l'amélioration des plantes potagères. Pour

provoquer des déviations importantes, a-t-il dit, il faut provoquer un premier ébranlement de l'espèce. Ce moyen consiste dans la sélection, la fécondation intervertie, le semis à contresaison.

La troisième question abordée a été celle de l'influence bienfaisante de la culture des fleurs sur les mœurs et le développement rapide pris par le commerce des plantes.

Dans la quatrième et dernière séance on a abordé plusieurs questions, entre autres celles relatives aux inscriptions et les marques que l'on trouve aux arbres vivants, la statistique de l'arboriculture russe et les plantes connues des anciens.

La clôture du congrès a été enfin prononcée par le général Greig, aide-de-camp de l'Empereur, président de la Société d'horticulture de Russie.

J. C.

LES FOUGÈRES INDIGÈNES.

Vous ne trouverez point dans cette intéressante famille de corolles brillantes, de suaves parfums. Les fougères n'ont pas même, comme les graminées (sauf quelques rares exceptions du moins), n'ont pas même, dis-je, l'inflorescence souple et légère qui balance au moindre soufle du vent ses épillets nombreux ou ses aigrettes soyeuses; mais aussi quelle grâce dans le port, quelle élégance dans la forme des feuilles, dans la finesse et la bizarrerie des découpures! Véritables dentelles végétales, ne sont-elles pas aussi indispensables, pour complẻter l'ornementation de nos serres et de nos jardins, que les guipures et les malines pour compléter la toilette d'une femme élégante?

Je ne pourrais, sans m'écarter de mon sujet, vous parler ici des fougères exotiques, vous décrire le Pinonia splendens ou le Polypodium giganteum, véritables rivaux des palmiers et cocotiers, vous vanter ces merveilles apportées du Brésil ou de

l'Australie, si soigneusement conservées dans les serres chaudes de quelques amateurs distingués. Non, je me bornerai à la description de quelques fougères indigènes, et je vous citerai, n'en doutez pas, bon nombre de ces délicieuses plantes croissant sur les rochers, sur les vieilles murailles, dans les bois, dans les vallons humides, bravant en pleine terre nos hivers rigoureux, s'accommodant de la serre tempérée, de la serre chaude, ou du jardin d'hiver, pourvu qu'on leur donne une petite place dans les fentes de la rocaille, sur le bord de l'aquarium ou dans le creux d'un vieux tronc d'arbre pourri.

Les Filicinées qui croissent spontanément dans l'ouest de la France sont presque toutes des herbes à souche vivace, à rhizome quelquefois court, quelquefois traçant, à feuilles éparses sur ce rhizome ou groupées sur son sommet, enroulées en crosse dans leur jeunesse et recevant en botanique le nom de fronde; elles n'ont point de corolles, point d'étamines, point d'ovules; les organes reproducteurs de structure variée se trouvent ordinairement réunis sur les bords ou sur les nervures de la face inférieure des feuilles; on les appelle sporanges. Quelquefois, on les voit disposées en épis ou en panicules à la partie supérieure d'une feuille modifiée que l'on pourrait prendre pour une tige florale.

Les souches de nos fougères sont rustiques; on peut les transporter à de grandes distances et les replanter dans une serre ou dans un jardin sans qu'elles paraissent en souffrir; un peu de terreau de bruyère, de l'ombre et de l'humidité, suffisent pour les posséder en belle végétation. Dans quelques espèces, les frondes s'annulent à la fin de l'été et ne reparaissent qu'au printemps suivant; le plus ordinairement elles persistent et se succèdent pendant toute l'année.

A chaque plante que je décrirai j'aurai soin d'indiquer l'époque la plus favorable pour sa transplantation, la place la plus convenable pour qu'elle produise tout son effet, et, comme toujours, les lieux où vous pourrez la chercher et la trouver. Quant à la multiplication, c'est autre chose.

Quelques espèces à rhizomes traçants peuvent se reproduire par la séparation des souches; mais la plupart sont rebelles à ce mode de multiplication. Il faut semer; or, les personnes qui ont usé de ce moyen ont pu remarquer que la fine poussière provenant des sporanges, semée tout exprès dans des terrines ou dans des pots remplis de terre de bruyère bien tamisée, ne lève pas, tandis qu'au moment où on s'y attend le moins, on voit naître les fougères dans les pots des plantes voisines, sur le sol de la serre, sur les pierres humides ou sur du bois pourri; dans ce cas il faut se hâter de les arracher et de les repiquer dans de petits pots qu'on met à l'ombre et qu'on bassine fréquemment; on les verra bientôt se développer et grandir rapidement. Quelques horticulteurs répandent la graine sur la terre du pot sans la couvrir et placent sur les bords de ce pot un carreau de vitre. D'autres, au lieu de recueillir la poussière des sporanges, coupent les frondes et les mettent à plat sur la terre; le carreau de verre est alors indispensable pour que la semence impalpable qui s'échappe de dessous les feuilles ne soit pas enlevée par l'air et retombe sûrement sur le terreau destiné à la recevoir. Ces deux dernières méthodes sont bonnes, mais en voici une troisième qui m'a donné de bons résultats.

Prenez une motte de terre de bruyère un peu tourbeuse, telle qu'on vous l'apporte ordinairement de la forêt, elle aura de 20 à 25 centimètres carrés; laissez-la quelque temps à l'air, puis arrondissez-la de manière à la faire entrer dans une terrine non trouée dont le fond sera préalablement rempli de 2 à 3 centimètres d'eau, la motte absorbera cette petite quantité de liquide, et quand elle en sera bien uniformément imprégnée, semez la graine que vous aurez recueillie ou mettez à plat les frondes que vous aurez coupées; placez la terrine dans une serre chaude en pleine lumière et couvrez d'une cloche.

Le plant ne doit pas rester longtemps sur le semis; dès qu'il aura poussé deux ou trois petites feuilles vous le repiquerez dans des godets que vous mouillerez et que vous réu

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