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nieur des mines à Grenoble, la lettre suivante, pour lui signaler ses découvertes relatives à la potasse à bon marché et assimilable aux plantes. Cette lettre, qui a été publiée par le Sud-Est, a une grande importance pour l'agriculture.

MON CHER M. GUEYMARD,

Tullins, le 23 avril 1869.

Vous m'avez demandé souvent un procédé pour obtenir économiquement la potasse à un état convenable d'assimilation, dans l'acte de végétation.

Je m'étais occupé déja d'extraire la potasse de la source où on la trouve aujourd'hui au plus bas prix, dans le chlorure de potassium récemment découvert au voisinage de plusieurs gisements de sel gemme. J'avais employé le procédé Leblanc, c'est-à-dire la sulfatisation du chlorure et la décomposition de ce sulfate par le charbon et la craie, obtenant ainsi un sous-carbonate de potasse convenable aux plantes, mais dont le prix, quoique réduit au-dessous de celui de la potasse de commerce, est encore trop élevé pour les ressources de notre agriculture.

Aujourd'hui, je viens vous parler d'un moyen simple, d'une dépense presque nulle, pour arriver à mettre la potasse des chlorures à l'état le plus conveuable pour l'assimilation.

Ce moyen n'est autre que l'échange de base entre le nitrate de soude et le chlorure de potassium.

Si, dans une dissolution à chaud de nitrate de soude, on projette du chlorure de potassium, dont la solubilité est proportionnée à la température, il se forme du chlorure de sodium moins soluble à cette température, qui se précipite, et, en décantant la liqueur, on a du nitrate de potasse, matière par excellence pour fournir à la plante l'azote et la potasse.

Cette opération est connue des salpétriers, qui éprouvent d'assez grandes difficultés à séparer complètement le nitrate de potasse d'une certaine quantité de chlorure de sodium restant en dissolution; mais cet inconvénient est nul pour l'agriculture, qui peut parfaitement admettre dans ses engrais une quantité quelconque de chlorure de sodium. Cette observation peut présenter un caractère de nouveauté

au point de vue agricole, laquelle serait dans le cas d'être brevetée par quelque marchand d'engrais chimiques; c'est pour cela que je vous la livre aujourd'hui, afin qu'elle tombe dans le domaine public, sans retour.

J'ai déjà eu recours à ce moyen lorsque je vous communiquai, en 1866, mes idées sur la division du marc dans les cuves, dont la propagation ne peut être entravée aujourd'hui par aucune réclamation intéréssée.

Veuillez agréer, etc.

Michel PERRET,

Président de la Société d'agriculture de St-Marcelin.

MÉTHODE DE REPRODUCTION DES GERANIUMS.

Rien n'est facile comme la reproduction des Geraniums. Voici pour les nombreux amateurs de cette gracieuse plante une manière de faire les boutures que préconise M. le vicomte F. de Buysson :

« Au lieu de couper mes boutures au-dessous du noeud foliaire, dit-il, je les casse proprement dans les entre-nœuds, en ne conservant qu'une feuille garnie d'un œil, de sorte que je peux faire autant de boutures que j'ai de feuilles.

« J'enterre mes boutures jusqu'à cet œil dans une plate-bande de sable, en plein air et au soleil. Je tiens mon sable humide par des arrosements à la pomme. Quinze jours après, mes boutures sont toutes prises ou à peu près et empotées comme à l'ordinaire. Ce seul oil conservé me donne un sujet beaucoup mieux fait qu'avec les boutures de branches; seulement il demeure un peu plus longtemps à se former. Mais dans ces boutures il ne faut rien couper avec la serpette, il faut tout

casser.

« Les horticulteurs qui emploieront ce procédé pourront faire une énorme quantité de boutures avec peu de branches, et surtout peu de soins. Il va sans dire qu'on ne peut bouturer dehors que dans les mois chauds de l'année. »

F. DE BUYSSON.

(Comité d'Horticulture de Saint-Quentin. )

L'APICULTURE ET LA RUCHE VOSGIENNE.

L'éducation des abeilles offre non-seulement un agréable passe-temps aux curieux de la nature, mais elle crée, à l'agriculteur intelligent, une source de revenus considérables, si on les compare à la modicité des premières dépenses qu'elle a exigées. A ce dernier titre, l'apiculture s'adresse au pauvre qui n'a ni prés, ni champs, pour faire surgir des récoltes, mais qui dispose de quelques mètres de terre inculte. Qu'il y place une ruche et qu'il en soigne les habitants suivant les règles tracées par les apiculteurs, et bientôt il aura un rucher dont chaque colonie livrera, sans privation pour elle-même, l'excédant de ses provisions annuelles. Le secret du succès est dans ces mots Culture intelligente.

Bien que les mœurs des abeilles aient été, de la part des Swammeream, des Maraldini, des Reim, des Schirach, des Réaumur et des Hubert, etc., le sujet des études les plus intéressantes, et les plus propres à guider les éducateurs, l'apiculture pratique a jusqu'à ce jour fait peu de progrès; c'est à peine si l'on est débarrassé, dans nos départements les plus avancés sous le rapport de l'agriculture, des méthodes routinières et barbares que nous ont léguées l'ignorance je fais allusion à l'asphyxie des abeilles que l'on pratique encore dans certaines contrées pour recueillir quelques rayons de miel.

Comme dans toute industrie, l'appareil instrumental est l'un des premiers éléments de réussite; je ferai connaître une ruche qui m'est familière depuis plusieurs années déjà, et qui me paraît faciliter singulièrement toutes les opérations de l'apiculture. Elle est due au sieur Vançon, dont nous avons déjà pu apprécier l'esprit ingénieux et patient par les heureux résultats qu'il a obtenus dans le transport des truites vivantes à grandes distances, au moyen des appareils à soufflerie. En souvenir de son pays, M. Vançon a donné à sa ruche le nom de Vosgienne; c'est celui que nous lui conserverons.

Cette ruche, dans son ensemble, représente un demi-cylindre couché sur son plan de section. Ce demi-cylindre est constitué par la réunion de huit, dix ou douze demi-gros cerceaux ou cordons de paille tressée, appliqués les uns contre les autres, et maintenus immobiles par les liens qui fixent deux demi-cercles de bois fermant les extrémités du cylindre. L'un de ces demi-cercles est muni d'un orifice pour l'entrée des abeilles, et tous deux présentent une fenêtre vitrée fermée par un volet que l'on ouvre pour surveiller le travail de la colonie.

Cette ruche constitue donc un tout solide ou mobile à volonté, à condition toutefois que les abeilles, en construisant leurs gâteaux, ne viennent pas les fixer à la fois sur plusieurs cordons, ce que l'on évitera en guidant le travail des insectes. par un petit fragment de rayon collé au sommet de chaque cordon. Lorsque l'édification des cellules sera terminée, la ruche contiendra autant de gâteaux verticaux et disposés parallèlement les uns aux autres qu'elle présente de demicerceaux ou cordons.

Supposons donc une ruche bien préparée et munie de son essaim, nous allons lui faire subir toutes les opérations qui se rencontrent dans la pratique de l'apiculture, et que cette ruche, à la fois de produit et d'étude, simplifie notamment.

C'est ici qu'il conviendrait de redire les mœurs des abeilles, car il n'est point de bonne éducation sans la connaissance complète de l'instinct de ce précieux insecte, mais cela nous entraînerait trop loin; j'en rappellerai seulement les traits principaux, laissant aux amateurs le soin d'étudier les monographies ou traités spéciaux,

Trois sortes d'individus habitent la ruche une femelle développée et féconde, un grand nombre de femelles atrophiées ou infécondes (ce sont les ouvrières), et des mâles développés ou fécondants (ce sont les faux bourdons).

Entre ces êtres si différents en réalité les uns des autres, il règne une parfaite harmonie, une entente complète. On a

voulu, tant nous avons l'habitude de rapporter tout dans la nature aux choses humaines, comparer une ruche à un empire monarchique, à une république : rien de tout cela n'est exact; ce gouvernement, bien supérieur à tous ceux que notre imagination pourrait rêver, est l'œuvre du Créateur. Là, chaque insecte pénétré du devoir qu'il a à remplir, sans jalousie, sans envie, sans passion, travaille à l'oeuvre commune, prêt à mourir plutôt que de faillir aux intérêts généraux.

L'abeille-mère est d'un naturel craintif et timide; privée des instruments nécessaires à la récolte du butin, à l'édification des cellules, elle demeure dans la ruche, inactive, juste le temps qui lui est nécessaire pour atteindre son complet développement, alors elle s'envole au-devant d'un époux et rentre mère. Sa seule occupation devient la ponte, jusqu'au jour où, ayant vu grandir sa progéniture, elle quitte la ruche avec un essaim d'ouvrières pour laisser place aux jeunes femelles qui vont naître.

Les ouvrières sont tout au travail, les unes vont au butin, recueillant le nectar des fleurs pour le transformer dans leur estomac en cire ou en miel, rassemblant le pollen des étamines en manière de gros pelotons qui seront entassés avec soin dans des alvéoles à provisions pour servir un jour à la nourriture du couvain, ou arrachant aux bourgeons des arbres la propolis qui sert à enduire la ruche, à boucher les orifices, à ensevelir, pour les rendre imputrescibles, les corps morts qu'elles ne peuvent transporter. A l'intérieur, l'ouvrière garde l'entrée de la ruche pour repousser les ennemis ou les étrangères, préside à la salubrité en enlevant même les déjections de la mère, à la ventilation générale par des battement d'ailes méthodiquement précipités, s'assure de la présence des œufs dans les cellules, en détruit un lorsqu'elle en rencontre deux, nourrit le couvain et sait si bien s'acquitter du choix des aliments, qu'elle fait à sa guise, ou mieux, suivant les besoins, naître une mère ou une ouvrière inféconde.

Dans une ruche, il n'y a point d'indifférents à l'œuvre com

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