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Sur bien des points, ces frontières étaient incertaines ou contestées. Afin de prévenir toute difficulté future et de circonscrire nettement les domaines réciproques; il restait au gouvernement allemand à s'entendre avec le cabinet de Lisbonne. Une première ouverture eut lieu en ce sens par la diplomatie impériale, le 1er décembre 1885; elle fournit au gouvernement portugais l'occasion de réclamer le parallèle du cap Frio (18° 24' de latitude sud) comme limite méridionale de la colonie d'Angola. Cette limite ne convenait pas à l'Allemagne, qui voulait incorporer le territoire des Ovambo à ses possessions du Sud-Ouest; mais la mais la question demeura six mois en suspens, pendant que la Conférence franco-portugaise poursuivait ses travaux à Paris. Le 27 juillet 1886, le baron de Schmidthals reprend la négociation en proposant pour frontière au Portugal la rivière de Cunène, prolongée vers l'intérieur jusqu'au Zambèse par le parallèle de Humbe. Sans abandonner sa prétention antérieure, le gouvernement portugais, invoquant l'article 4 du traité qu'il venait de signer avec la France, demanda que la frontière fût également fixée à l'est, et que l'Allemagne se prêtât, comme la République française, à laisser le champ libre à son action souveraine dans les contrées situées entre les colonies d'Angola et de Mozambique, afin de les relier par des possessions non interrompues.

Ce vœu fut accueilli; l'Allemagne déclara que les territoires placés sous son protectorat dans l'Afrique orientale, entre l'Océan et le lac Nyassa, avaient pour limite méridionale la Rovuma. « Il ne s'agit pas tant,

disait-elle, de fixer les frontières d'après l'état de possession actuel que de s'entendre pour délimiter les sphères d'intérêts réciproques pour l'avenir. » Bien que le gouvernement impérial maintînt ses exigences quant à la limite de la Cunène, le cabinet de Lisbonne les accueillit moyennant cette concession, d'une importance capitale à ses yeux. Il céda en conséquence le cap Frio, mais en modifiant légèrement le tracé de la Cunène, continuée par le Cubango, et le parallèle de Catima jusqu'au Zambèse, en laissant au sud le territoire d'Andara, réclamé par l'Allemagne. Al'est, il offrit en même temps de délimiter les possessions respectives par la Rovuma jusqu'à sa source, puis par le parallèle correspondant à ce point et prolongé à travers le Nyassa jusqu'aux confins de l'Angola. Mais le gouvernement impérial ne souscrivit pas à cette dernière démarcation; il voulait que la ligne de partage s'arrêtât au Nyassa. C'était la même pensée qui avait fait repousser par la France un tracé précis ou l'annexion d'une carte au traité du 12 mai.

D'accord sur ces bases, les représentants des deux pays signèrent le 30 décembre 1886, à Lisbonne, la déclaration suivante :

Le gouvernement de S. M. le Roi de Portugal et des Algarves et le gouvernement de S. M. l'Empereur d'Allemagne, animés d'un égal désir de resserrer encore les relations amicales existantes entre le Portugal et l'Allemagne et d'asseoir sur une base ferme et assurée la coopération pacifique des deux puissances dans le but de développer en Afrique la civilisation et le commerce, ont résolu d'établir dans l'Afrique méridionale des limites définies dans lesquelles

chacune des deux puissances aura pleine liberté d'action pour le progrès constant de son activité colonisatrice.

A ces fins, les soussignés, Henri de Barros Gomes, du conseil de Sa Majesté Très Fidèle et son ministre et secrétaire d'État des affaires étrangères, et le conseiller de légation Richard de Schmidthals, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. l'Empereur d'Allemagne, dûment autorisés, sont convenus, au nom de leurs gouvernements, des articles suivants :

ARTICLE PREMIER. La frontière entre les possessions portugaises et allemandes dans le sud-ouest de l'Afrique suivra le cours du fleuve Cunène depuis son embouchure jusqu'aux cataractes que ce fleuve forme au sud de Humbe, en traversant les montagnes de Canna. A partir de ce point, elle suivra le parallèle jusqu'au fleuve Cubango, puis le cours de ce fleuve jusqu'à la localité d'Andara, qui restera dans la sphère des intérêts allemands, et de cet endroit, la frontière se dirigera en ligne droite dans la direction de l'orient jusqu'aux rapides de Catima sur le Zambèse.

ART. 2. La frontière, qui au sud-est de l'Afrique sépare les possessions portugaises des possessions allemandes, suivra le cours du fleuve Rovuma depuis son embouchure jusqu'au confluent de la rivière M'Sinje et de là, vers l'ouest, le parallèle jusqu'au bord du lac Nyassa (1).

(') Cette disposition, qui prend la Rovuma pour limite entre les protectorats allemand et portugais, n'est pas strictement d'accord avec l'arrangement anglo-allemand du 29 octobre/ler novembre 1886, qui porte la souveraineté du sultan de Zanzibar jusqu'à la rivière Miningani, au sud de la Rovuma, lui laissant ainsi la possession de la baie de Tunghi. Le Portugal s'autorisa du traité du 30 décembre pour réclamer du Sultan de Zanzibar une rectification conforme des limites. Ce prince s'y étant refusé, le cabinet de Lisbonne rompit les rapports diplomatiques, fit saisir un navire du Sultan et occupa de force la baie de Tunghi. L'Angleterre et l'Allemagne sont intervenues pour amener un compromis. La négociation, qui s'est prolongée toute l'année 1887, n'a pas encore abouti. A Lisbonne,

ART. 3. S. M. l'Empereur d'Allemagne reconnaît à Sa Majesté Très Fidèle le droit d'exercer son influence souveraine et civilisatrice dans les territoires qui séparent les possessions portugaises d'Angola et de Mozambique, sans préjudice des droits que peuvent avoir acquis jusqu'à présent d'autres puissances sur ces pays, et s'oblige, conformément à cette reconnaissance, à ne faire dans ces territoires aucune acquisition de domaine, à n'y pas accepter de protectorat et enfin à ne mettre, dans ces régions, aucun obstacle à l'extension de l'influence portugaise.

S. M. le Roi de Portugal et des Algarves assume les mêmes obligations pour ce qui regarde les territoires qui, suivant les articles 1er et 2 de cette convention, demeurent réservés à la sphère d'action de l'Allemagne.

ART. 4. Les sujets portugais dans les possessions allemandes de l'Afrique et les sujets allemands dans les possessions portugaises de l'Afrique jouiront, pour ce qui concerne la protection de leurs personnes et de leurs biens, l'acquisition et la transmission de leurs propriétés mobilières et immobilières et l'exercice de leur industrie, du même traitement, sans différence aucune, et des mêmes droits que ceux des sujets de la nation qui exerce la souveraineté ou le protec

torat.

ART. 5. Le gouvernement portugais et le gouvernement allemand se réservent de négocier ultérieurement des accords pour faciliter le commerce et la navigation et pour régler le trafic sur les frontières de leurs possessions africaines respectives.

(L. S.) BARROS GOMES,
(L. S.) SCHMIDTHALS.

on maintient, comme un minimum, la limite du cap Delgado; les puissances médiatrices proposent de donner au Portugal le district de Miningani en laissant la baie de Tunghi au Sultan.

ARTICLE ADDITIONNEL. Cette convention entrera en vigueur et sera obligatoire pour les deux gouvernements après avoir été approuvée par les Cortès portugaises et sera officiellement publiée dans les deux pays.

Fait et signé en double à Lisbonne, le 30 décembre 1886. (L. S.) BARROS GOMES. (L. S.) SCHMIDTHALS.

La ligne de frontière tracée par cette convention correspond approximativement, à l'occident entre l'Atlantique et les chutes de Catima, au 17° degré de latitude sud. A l'est, elle atteint la rive orientale du lac Nyassa vers 11° de latitude sud.

Entre les deux points d'aboutissement, il demeure une brèche ouverte de deux cents lieues environ, allant de 25° à 35° à peu près de longitude est (Greenwich), où l'Allemagne, à l'exemple de la France, ne s'engage que sous la réserve des droits acquis des tiers. Cette restriction sauvegarde la position de l'Angleterre, qui occupe à Blantyre les bords du haut Chiré et n'a pas renoncé à ses prétentions sur la rive occidentale du lac Nyassa. Depuis de longues années, les missionnaires de Livingstonia, de Bandawé et de Karonga y associent leurs efforts aux entreprises commerciales de l'African Lakes Company. D'autres influences sont à l'œuvre au sud du Zambèse. Il y a quelques jours à peine, le 5 juin 1888, le secrétaire d'État des colonies annonçait à la Chambre des lords la conclusion d'un traité qui place le roi des Matebeles, avec les territoires qui relèvent de son autorité, sous la dépendance de l'Angleterre, et lui enlève la liberté de disposer de

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