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Du point extrême de la ligne frontière primitive, fixée les 29 avril et 7 mai de l'année dernière, point désigné sur la carte de l'amirauté anglaise par le mot « Rapides », sera menée une nouvelle ligne, laquelle, partant des Rapides du Vieux-Calabar, se dirigera diagonalement vers un point de la rive droite de la rivière Bénué, situé à l'est et dans le voisinage immédiat de la ville d'Yola, et qu'un examen ultérieur fera reconnaître comme convenant pratiquement à la fixation de cette nouvelle ligne.

Le gouvernement de S. M. la Reine donne l'assurance que le régime commercial tel qu'il est défini dans la dépêche de lord Granville du 16 mai 1885, sera étendu aux territoires situés à l'ouest de la ligne frontière prolongée, si de son côté le gouvernement impérial donne pour les contrées situées à l'est de la nouvelle ligne les mêmes assurances que celles stipulées dans la note du comte de Munster du 2 juin 1885.

Votre Seigneurie a bien voulu ajouter que le gouvernement royal de la Grande-Bretagne est disposé à reconnaître ces arrangements comme définitifs s'ils rencontraient l'assentiment du gouvernement impérial. Je suis, en conséquence, chargé et j'ai l'honneur de répondre à Votre Seigneurie que le gouvernement impérial donne son assentiment à l'arrangement proposé par Elle (1).

La ligne de démarcation, menée d'abordde la mer au Vieux - Calabar, était ainsi prolongée jusqu'au Bénué, à l'est d'Yola, la capitale de l'Adamaua.

L'Angleterre n'obtenait plus seulement la recon

(1) Il a été publié deux textes authentiques de cette correspondance dans les papiers d'État anglais, le premier dans un fascicule coté « Africa, n° 4 (1884) », le second portant la rubrique " Africa no 2 (1887) ». Ce second texte remplace le premier, qui contenait une incorrection.

naissance des traités négociés au mois de juillet 1884 par le consul Hewett avec les chefs établis à la côte entre Lagos et le Rio del Rey. Elle s'assurait désormais la libre expansion de sa puissance et de son commerce le long des seuls grands fleuves d'Afrique dont le cours inférieur soit exempt d'obstacles naturels. Déjà une compagnie anglaise (The National African Company), après avoir absorbé toutes ses rivales, régnait sans conteste sur les bouches du Niger et s'était assuré par des traités l'exploitation commerciale jusque dans les sultanats de Sokoto et de Gando sur le Niger moyen. Le 10 juillet 1886, une charte royale lui délégua, sous le titre de Royal Niger Company, des pouvoirs administratifs étendus sur une double zone de territoires s'étendant à 48 kilomètres de chaque rive des deux fleuves (). La Compagnie, fondée au capital de deux millions et demi de francs, fait un trafic considérable; elle possède cent cinquante factoreries et ses bateaux remontent le Niger

1 La charte royale que cette Compagnie a obtenue du gouvernement britannique, l'a autorisée à lever des troupes, à battre monnaie, à faire des lois, moyennant, il est vrai, l'assentiment du secrétaire d'Etat. Elle est tenue d'abolir graduellement tout système de servitude domestique existant encore parmi les indigènes, et il n'est permis à aucun étranger, européen ou autre, de posséder des esclaves d'aucune sorte dans les territoires de la Compagnie. Elle ne doit en aucune façon intervenir dans les affaires religieuses des indigènes ou des habitants, à moins que les intérêts de l'humanité ne l'exigent; la liberté religieuse est garantie à tous. Dans l'administration de la justice, elle doit avoir égard aux lois et coutumes du peuple auquel les parties appartiennent. Elle ne peut concéder aucun monopole de commerce, et doit remplir toutes les obligations et stipulations renfermées dans l'acte général de la Conférence de Berlin relativement au Niger, à ses affluents et aux territoires avoisinants. (Afrique explorée et civilisée, mai 1887.)

jusqu'aux rapides de Boussa, à 736 kilomètres de la mer, le Bénué à 720 kilomètres. C'est évidemment le point de départ d'une nouvelle et vaste colonie, enclavée entre les possessions françaises du Sénégal, qui touchent maintenant les rives du haut Niger à Bammako et les possessions allemandes qui, du golfe de Biafra, divergent au nord-est vers le lac Tsad, au sud-est vers le bassin du Congo.

L'Allemagne n'avait encore que partiellement délimité sa sphère d'action du côté du nord en traitant avec la Grande-Bretagne qu'elle réglait également sa situation au sud vis-à-vis de la France. Les prises de possession du commissaire impérial, le Dr Nachtigal, sur la côte de Guinée s'étaient étendues au midi jusque dans le voisinage de l'équateur; la France avait agi en sens inverse sur la même côte. Un conflit aurait donc pu se produire; mais dès le 13 septembre 1884, le prince de Bismarck, en proposant à la France une entente pour la convocation d'une conférence africaine à Berlin, avait écrit ces lignes : « Les actes d'occupation récemment accomplis sur la côte occidentale d'Afrique nous y ayant mis en rapport de voisinage avec des colonies et des établissements français, nous désirons régler d'accord avec le gouvernement français la situation qui résulte des prises de possession effectuées dans ces parages par des commissaires allemands. Si, parmi celles-ci, il s'en trouvait qui pourraient ne pas s'accorder avec les droits et la politique de la France, nous n'avons pas l'intention de les maintenir. »

Le baron de Courcel avait répondu le 29 septembre :

« Le gouvernement de la République française n'est pas moins désireux que le gouvernement impérial d'Allemagne de régler dans un esprit de bonne entente mutuelle les rapports de voisinage qui peuvent résulter de la prise de possession, au nom de l'Empire allemand, de plusieurs points de la côte occidentale d'Afrique à proximité des établissements français. M. Jules Ferry a reçu avec satisfaction l'assurance que si certains actes des commissaires allemands se trouvaient n'être point en harmonie avec les droits et la politique de la France dans ces parages, le gouvernement impérial d'Allemagne ne se proposait pas de lés maintenir. En me chargeant de remercier Votre Altesse Sérénissime de ce témoignage de son bon vouloir et de la parfaite loyauté de ses intentions, le président du conseil exprime la confiance qu'aussitôt que des informations prises sur l'état des choses à la côte africaine seront parvenues en Europe, les deux gouvernements n'auront pas de peine à s'entendre sur les délimitations réciproques.:

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Dans ces conditions, la possibilité même d'un conflit disparaissait; l'accord, acquis en principe avant l'ouverture de la Conférence, s'établit à la fin de l'année suivante.

Le 24 décembre 1885, le baron de Courcel, ambassadeur de la République française à Berlin, et le comte Herbert de Bismarck signaient le protocole suivant :

Le gouvernement de la République française et le gouvernement de S. M. l'Empereur d'Allemagne ayant résolu de régler, dans un esprit de bonne entente mutuelle, les rapports qui peuvent résulter entre eux de l'extension de leurs droits

respectifs de souveraineté ou de protectorat sur la côte occidentale d'Afrique et en Océanie, les soussignés :

Le baron de Courcel, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de S. M. l'Empereur d'Allemagne, et le comte de Bismarck-Schoenhausen, sous-secrétaire d'État au département des affaires étrangères, dûment autorisés à cet effet, sont convenus des stipulations suivantes :

I

Golfe de Biafra.

Le gouvernement de S. M. l'Empereur d'Allemagne renonce, en faveur de la France, à tous droits de souveraineté ou de protectorat sur les territoires qui ont été acquis au sud de la rivière Campo par des sujets de l'Empire allemand et qui ont été placés sous le protectorat de S. M. l'Empereur d'Allemagne. Il s'engage à s'abstenir de toute action politique au sud d'une ligne suivant ladite rivière, depuis son embouchure jusqu'au point où elle rencontre le méridien situé par 7° 40' de longitude est de Paris (10° de longitude est de Greenwich) et, à partir de ce point, le parallèle prolongé jusqu'à sa rencontre avec le méridien situé par 12° 40' de longitude est de Paris (15° de longitude est de Greenwich).

Le gouvernement de la République française renonce à tous droits et à toutes prétentions qu'il pourrait faire valoir sur des territoires situés au nord de la même ligne, et il s'engage à s'abstenir de toute action politique au nord de cette ligne.

Aucun des deux gouvernements ne devra prendre de mesures qui puissent porter atteinte à la liberté de la navigation et du commerce des ressortissants de l'autre gouvernement sur les eaux de la rivière Campo, dans la portion qui restera mitoyenne et dont l'usage sera commun aux ressortissants des deux pays.

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