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locaux à réprimer. L'attaque des Falls par les Arabes est le seul événement militaire survenu depuis la fondation de l'État du Congo; le résultat s'en explique aisément par l'isolement de ce poste et son extrême éloignement.

Ces créations multiples, où apparaissent en germes tous les organes essentiels d'un État civilisé, n'ont pu être réalisées qu'à l'aide des ressources mises à la disposition de l'oeuvre par la munificence du Souverain. Chez presque toutes les nations, c'est la douane qui a toujours alimenté en première ligne le budget des établissements coloniaux, surtout dans la période d'enfance; l'acte général de la Conférence de Berlin et les arrangements internationaux qui l'avaient précédé, ont interdit cette source de recettes au Congo; quelques légers droits de sortie et d'enregistrement forment tout le revenu propre de l'État : c'est l'expansion même du commerce extérieur, de l'industrie, du travail indigène, qui doit créer les bases des impôts futurs.

Les dépenses en 1887 se sont élevées à la somme de 1,891,190 francs ; en voici la répartition :

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12o Dépenses diverses (transports et voyages entre l'Europe et l'Afrique; dépenses

imprévues).

180,240

Total

1,891,190

Un emprunt de 10 millions, premier terme d'une opération totale de 150 millions de francs, a été émis par décret du 14 février 1888. La loi du 29 avril 1887 avait autorisé spécialement cette émission en Belgique. Cet appel au public a réussi; l'emprunt a été couvert au delà de son montant: c'est le fondement du crédit futur de l'État. Aucune charge nouvelle ne doit figurer de ce chef au budget; le fonds d'amortissement est prélevé sur l'emprunt lui-même : le reliquat servira au développement des ressources naturelles du pays et des voies de communication.

La Compagnie du Congo pour le commerce et l'industrie, dont toute une brigade d'ingénieurs et d'agents techniques se trouve en ce moment sur les lieux, est appelée à seconder efficacement l'État dans cette double tâche.

Cet aperçu statistique suffit, dans ses traits généraux, à démontrer que l'État du Congo est un organisme actif et vivant, que son gouvernement, représenté aujourd'hui en Afrique par 156 Européens, s'est consacré avec conscience, constance et vigueur, à l'im

portante mission qui lui incombe. Il serait injuste de mesurer les résultats acquis à l'énormité du champ qui reste à défricher; il faut plutôt tenir compte des extrêmes difficultés du début et de la courte durée de l'existence de l'entreprise belge. Sur nul point de l'Afrique, on peut l'affirmer sans crainte, dans aucune fondation coloniale analogue ou concurrente, il n'a été fait autant en si peu de temps. Tout le terrain que la civilisation a perdu sur le haut Nil par l'insurrection soudanienne et la chute de Khartoum, elle l'a regagné au Congo.

Nulle part, l'action d'un gouvernement européen ne se fait sentir de nos jours avec cette intensité à une pareille profondeur du continent. C'est au prix d'un travail opiniâtre et prolongé, d'une volonté qui ne se lasse jamais, de sacrifices pécuniaires considérables, de bien des vies précieuses surtout, que la situation présente a été obtenue et se maintient. L'amoindrir serait manquer de générosité; la nier serait blesser la vérité et la justice.

Certes, il reste de lourds obstacles à vaincre, de laborieuses conquêtes à réaliser; mais la tâche la plus ardue est accomplie le terrain est déblayé, la voie tracée, le passé répond désormais de l'avenir. Si le Roi des Belges et le groupe de plus en plus nombreux des hommes éclairés et énergiques qui le secondent, obtiennent et conservent les sympathies et l'appui des esprits qui pensent, des volontés qu'une haute initiative n'effraye pas, l'empire africain du centre reposera avant peu d'années sur des bases inébranlables.

Un novateur qui a marqué dans ce siècle, M. Fer

dinand de Lesseps, disait naguère à l'occasion d'une entreprise également hardie : « Les grandes œuvres sont d'un enfantement difficile; pour naître et pour vivre, il leur faut s'appuyer sur de solides assises et par conséquent avoir le concours du plus grand nombre. Le bien et le progrès ne s'obtiennent jamais sans efforts; ils trouvent presque toujours une résistance plus ou moins obstinée, plus ou moins efficace, dans les préjugés et dans le vieux système ('). »

En Afrique, le vieux système a fait visiblement son temps; les préjugés, qui ne sont qu'une des formes de l'ignorance, devront bien finir par capituler.

(1) Que n'a-t-on pas dit et écrit au sujet du canal de Suez, de l'impossibilité matérielle de son établissement ou dé son exploitation, des ruines financières qu'il devait entraîner, des victimes que ferait le climat de l'isthme, etc.? Et les chemins de fer? On ferait un livre de l'énumération de toutes les catastrophes qu'ils allaient provoquer. Des hommes qui se croyaient clairvoyants et traitaient leurs adversaires de rêveurs, prophétisaient ainsi vers 1840 dans les pays les plus avancés de l'Europe.

CHAPITRE III

CONCLUSION

Dans une étude digne d'attention, lue à l'Académie des sciences morales et politiques de Paris par l'un de ses correspondants, M. G. Moynier, sur « la fondation de l'État indépendant du Congo au point de vue juridique », l'auteur disait dans ses considérations finales « L'Afrique équatoriale est en train de se métamorphoser..., elle est appelée à participer prochainement au mouvement de la civilisation européenne. Les conséquences d'une semblable nouveauté peuvent être considérables et aller jusqu'à un déplacement du centre de gravité des intérêts généraux de l'humanité. Il n'y aurait rien de surprenant à ce que cette partie du monde jouât un rôle important dans la politique de l'avenir. J'ai le sentiment que nous assistons aux petits commencements d'une évolution remarquable, qui amènera tôt ou tard de grands changements dans les relations des hommes entre eux. Aussi les observateurs sagaces en suivront-ils, dès aujourd'hui, les phases avec sollicitude ('). »

(') Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques,

octobre-novembre 1887.

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