ANDERSON and WEBB, The colonial Office List, comprising historical and statistical information respecting the colonial dependencies of Great Britain. London, 1888.

BRÜCKNER, Jahrbuch der Deutschen Kolonial-Politik und des Export. Berlin, 1887.

WAUTERS, Le Congo au point de vue économique. Bruxelles, 1885. Le chemin de fer du Congo. Bruxelles, 1887.

SOCIÉTÉ BELGE DES INGÉNIEURS ET DES INDUSTRIELS. Conférences de janvier à mars 1886. Bruxelles, 1886.

LE PARTAGE POLITIQUE DE L'AFRIQUE

D'APRÈS LES TRANSACTIONS INTERNATIONALES LES PLUS RÉCENTES

(1885 à 1888)

"Un peuple qui colonise, c'est un peuple qui jette les assises de sa grandeur dans l'avenir... Le peuple qui colonise le plus est le premier peuple; s'il ne l'est pas aujourd'hui, il le sera demain. »

PAUL LEROY-BEAULIEU.

INTRODUCTION

COUP D'OEIL SUR LE MOUVEMENT AFRICAIN AU XIX SIÈCLE

Peu d'époques tiendront dans l'histoire une place comparable à celle du siècle qui s'achève. Malgré quelques symptômes de lassitude que trahit la génération contemporaine, en dépit des défaillances et des déceptions dont nulle période de la vie de l'humanité n'est exempte, les événements de premier ordre, les transformations essentielles s'y sont accumulés dans toutes les branches de l'activité ou de la pensée humaine, au point que l'esprit fléchit sous leur masse et leur importance. L'entrée visible de l'Afrique dans l'empire de la civilisation, la distribution de ses vastes territoires entre les nations de l'Europe, l'initiation sous leur conduite de millions de nègres à des conditions supé

rieures d'existence, apparaîtront à juste titre comme l'une des révolutions les plus considérables de notre temps, les plus fécondes en conséquences économiques et politiques.

Cet œuvre débute avec le siècle par trois entreprises d'une haute portée. En tête de la première, figure cet infatigable remueur d'hommes et d'idées, qui eut nom Bonaparte. L'expédition d'Égypte fut une révélation pour la géographie comme pour l'histoire. Depuis 1798, l'Égypte est devenue une province européenne, inséparablement associée aux vicissitudes des grands États de l'Occident. En même temps qu'elle livrait le secret de ses monuments et de ses tombeaux, que leur témoignage renouvelait la science de la haute antiquité, la vallée du Nil devenait le théâtre d'entreprises toutes modernes. Point de départ ou d'aboutissement des premiers voyages importants de découvertes dirigés vers l'Abyssinie, le Soudan occidental et méridional, l'Égypte allait devenir également, par le canal de Suez, la grand'route de la navigation maritime vers l'extrême Orient.

L'occupation définitive du Cap par l'Angleterre en 1815 produisit, sur une moindre échelle, des effets analogues à l'extrémité sud du vaste continent africain. La position du Cap, qui n'avait servi jusque-là que de point de relâche et de ravitaillement, devint l'embryon d'une colonie au développement de laquelle s'appliquèrent les ressources d'une grande puissance commerciale. Une nouvelle base d'opération s'organisa et peu à peu l'action s'en fit sentir jusqu'aux rives du fleuve Orange et du Zambèse.

La conquête de l'Algérie par les armes françaises à partir de 1830 créa un troisième centre d'attaque, une nouvelle et puissante source d'infiltration des influences civilisatrices. La tâche fut sanglante et laborieuse ce n'est pas ici aux populations nègres et fétichistes, c'était à des éléments arabes et musulmans que l'on se heurtait. Mais le succès ne fut pas longtemps douteux et l'Afrique, entamée aux trois pointes du triangle qu'elle forme, devint désormais l'objet d'une conquête régulière, ininterrompue et presque toujours pacifique.

C'est vers la fin de cette première période de trente ans que s'organisent les grands voyages d'exploration qui, inaugurés, à la fin du siècle dernier, par Bruce et Mungo-Park, se sont continués sans interruption depuis René Caillié et Clapperton jusqu'à Nachtigal et Stanley en passant, pour ne rappeler que les noms les plus illustres, par H. Barth et Schweinfurth, par Livingstone, par Burton, Speke et Grant, par Rohlfs et Cameron.

Jusque vers le milieu de ce siècle, l'Afrique intérieure presque tout entière restait à reconnaître; malgré des difficultés extrêmes et des dangers continuels, l'exploration avança avec une rapidité extraordinaire. Pour mesurer l'effort accompli en une quarantaine d'années, les contemporains n'ont qu'à se reporter en souvenir à la carte d'Afrique qu'ils ont étudiée dans leur jeunesse (').

(1) Au moment où s'impriment ces lignes, les Mittheilungen de Gotha (VI, 1888) publient sous le titre : Un siècle d'exploration africaine une savante étude de M. Al. Supan, à l'occasion du centenaire de la fondation