un Dieu ou une brute; donner la préférence ou au corps ou à l'efprit. Il n'eft né que pour mourir; il ne raisonne que pour s'égarer; & telle eft fa raifon, qu'il s'égare également pour penfer trop ou trop peu: cahos de raisonnement & de paffions, où tout eft confus; continuellement abufé ou défabufé par lui-même; créé en partie pour s'élever, & en partie pour tomber; maître de toutes choses, & lui-même cependant la proye de toutes; feul Juge de la vérité, & fe précipitant fans fin dans l'erreur; la gloire, le jouët, l'énigme du monde. VA, créature merveilleuse, monte où les Sciences te guident; mefure la terre, pefe l'air, regle les marées; fais voir par quelles loix les planetes errantes doivent diriger leur route, corrige le tems, & aprens au Soleil quel doit être fon cours. Prens l'effor avec PLATON vers l'Empyrée, jusqu'au premier bien, au premier parfait, au premier beau: ou entre dans les labirinthes qu'ont frayé fes fucceffeurs, & prétens que de fe dépouiller des fens, c'est imiter Dieu; tel que ces Prêtres de l'Orient qui s'étourdiffent en tournant, & dans leurs vertiges s'imaginent imiter le Soleil. Va, & aprens à la Sageffe éternelle comment elle doit gouverner. Enfuite rentre en toi-même, & fens ton imbécillité. LORSQUE dans ces derniers tems, les êtres fupérieurs virent un Homme mortel développer toutes les loix de la nature ils admirerent une telle habileté dans une figure terreftre; Un NEWTON leur parut ce que nous paroit un finge adroit. MAIS ce Philofophe qui pouvoit affujettir à des regles Deux principes des actions; l'a fixes les tourbillons des Cometes, pouvoit-il décrire ou fixer un feul mouvement de l'ame? lui qui pouvoit marquer aux étoiles, ici leur point d'élévation, & là celui de leur déclin; pouvoit-il expliquer fon commencement ou sa fin? Quel prodige, hélas! La partie fupérieure de l'Homme peut s'élever fans obftacle, & empiéter d'art en art; mais quand l'Homme travaille à fon grand ouvrage, qu'il s'occupe de lui-même; à peine a-t-il commencé, que ce que la raison a tiffu, la paffion le défait. DEUX principes regnent dans l'Homme; l'AMOUR PROPRE & la RAISON, l'un pour exciter, l'autre pour retemour pro- nir: n'appellons point celui-ci un bien, celui-là un mal; chacun produit fa fin; l'un meut, l'autre gouverne: & il ne faut leur attribuer le bien ou le mal, que fuivant qu'ils agiffent d'une maniere propre ou impropre à leur nature. pre & la raifon. L'amour plus fort L'AMOUR propre, fource du mouvement, fait agir l'ame. La raison compare, balance & gouverne le tout. Sans l'un de ces principes, l'Homme feroit dans l'inaction, & fans l'autre il feroit dans une action qui n'auroit point de fin ni d'objet. Il feroit, ou comme une plante, fixée sur sa tige, pour végéter, multiplier & pourrir; ou comme un météore enflammé traverfant le vuide fans aucune regle, détruisant les autres, détruit enfin par lui-même. DE ces deux principes d'impulfion & de comparaison, propre eft le premier doit avoir plus de force; fon opération eft acque la rai- tive; il infpire, il excite, il preffe. Le fecond eft calme & pourquoi? paifible; il eft deftiné à délibérer, avifer, retenir. La force fon : & Defcribe, or fix, one movement of the mind? 40 Two principles in human Nature reign; 45 Afcribe all good; to their improper, ill. SELF-Love, the Spring of motion, acts the foul; Reafon's comparing balance rules the whole. 50 Man, but for that, no action could attend, And but for this, were active to no end; MOST ftrength the moving principle requires; Form'd but to check, delib'rate, and advife. 55 бо E Self-love ftill ftronger, as its objects nigh; 65 Reafon ftill use, to reason still attend : Attention, habit and experience gains, Each ftrengthens reafon, and felf-love reftrains. 70 LET fubtile Schoolmen teach thefe friends to fight, More ftudious to divide, than to unite, And grace and virtue, fenfe and reafon Split, With all the rafh dexterity of wit. Wits, juft like fools, at war about a name; 75 Have full as oft, no meaning, or the fame. Pain their averfion, pleasure their defire; This tafte the boney, and not wound the flower: 80 Pleafure, or wrong or rightly understood, Our greatest evil, or our greatest good. MODES of Self-love the PASSIONS we may call; Tis real good, or feeming, moves them all: But fince not every good we can divide, 85 And reafon bids us for our own provide ; de l'amour propre eft plus puissante, à proportion de la proximité de fon objet; le bien lui eft immédiat par le fentiment préfent. La raison ne l'envifage que dans un certain tems, une certaine diftance; elle le préfage dans l'avenir, le confidere dans les conféquences. Les tentations viennent avec impétuofité, en plus grand nombre que les raifonnemens; fi la raison a l'avantage d'être mieux fur fes gardes, l'amour propre au moins a celui de la force. Pour fufpendre l'action de celui-ci, toujours attentif aux préceptes de l'autre, fervez-vous de fon fecours. Par l'attention, on gagne l'habitude & l'expérience: chacune d'elles fortifie la raifon, reftreint l'amour propre. QUE les fubtils Scholaftiques plus attachés à divifer qu'à réunir, aprennent à ces deux puiffances amies, à fe battre; eux, qui du trenchant le plus téméraire, féparent adroitement la grace de la vertu, & le fentiment de la raison: prétendus beaux efprits, ainfi que des foux, ils fe font la guerre fur un mot, fans fçavoir souvent ce qu'ils pensent, ou penfans de même. L'amour propre & la raison tendent vers une feule fin: la peine eft l'objet de leur averfion, le plaifir eft celui de leur défir; mais l'un avide voudroit dévorer fon objet, l'autre voudroit extraire le miel fans blesser la fleur; c'eft le plaifir, qui, bien ou mal entendu, fait nôtre plus grand bien ou nôtre plus grand mal. Nous pouvons appeller les paffions, les modifications de l'amour propre. Le bien réel ou aparent les met en mouvement; mais comme tout bien n'eft pas de nature à être partagé, & que la raison nous ordonne de pourvoir d'abord à |