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patrie; et le nom de Sévastopol, qui s'est acquis une gloire immortelle par tant de souffrances, et les noms de ses défenseurs vivront éternellement dans le cœur de tous les russes, avec les noms des héros qui se sont immortalisés sur les champs de bataille de Pultawa et de Borodino.

» Saint-Pétersbourg, le 11 septembre 1855.

» ALEXANDRE. »

Dans son ordre du jour à l'armée, le prince Gortschakoff a dit :

Sévastopol nous tenait enchaînés à ses murs; avec sa chute nous acquérons la mobilité, et une nouvelle guerre commence, la guerre de campagne, celle qui va à l'esprit du soldat russe. Montrons à l'Empereur, montrons à la Russie que cet esprit est toujours le même qui inspira nos ancêtres dans notre lutte mémorable et patriotique. Quel que soit le lieu où l'ennemi se montre, nous lui présenterons nos poitrines, et nous défendrons notre terre natale comme elle a été défendue en 1812. »

Ces paroles semblent indiquer l'intention de marcher en avant, et, pourtant, après l'évacuation de la partie sud de la ville, le généralissime russe se fortifie dans la partie nord que défendent la batterie Constantin et les forts Catherine, Soukaïa, Sévernaïa et de l'Étoile. L'ennemi, établi dans ces ouvrages, a à sa gauche deux divisions campées dans les ruines d'Inkermann; dix autres divisions sont espacées sur les crêtes de Mackensie, de Baïdar et du Belbeck, gardant les routes de Simphéropol et de Batchi-Séraï. Des détachements spéciaux assurent les communications de la garnison avec les trois corps stationnés en Crimée. Le général Schabelski occupe Simphéropol avec quatre régiments de dragons et deux régiments de cavalerie de la garde. Autour d'Eupatoria, bivouaquent la brigade de uhlans Raischoff, la division des uhlans de réserve, commandée par le baron Korff, et la brigade de hussards du 6 corps, formant un effectif total de quatre régiments de huit cents chevaux chacun. Entre Kaffa et Arabat, se trouvent huit régiments de dragons des divisions Wrangel et Montrésor, de douze cents chevaux chacun. Pérécop est défendu par quarante mille hommes. Ces forces sont imposantes, mais nos soldats, électrisés par la

victoire, ne demandent qu'à marcher à de nouveaux combats, et, profitant de ces belliqueuses dispositions, le conseil de guerre des armées alliées décide que, pour amener les russes à une complète évacuation de la Crimée, un corps s'efforcera de tourner l'aile gauche ennemie, tandis qu'un autre, aux environs d'Eupatoria, empêchera les communications de Simphéropol à Pérécop.

En conséquence de cette décision, le premier corps, commandé par le général de Salles, le deuxième corps sous les ordres du général de Mac-Mahon, les highlanders, la garde royale et deux divisions anglaises, la brigade noire et la brigade jaune piémontaises, douze bataillons ottomans, commandés par Osman-Pacha, et les chasseurs d'Afrique descendent sur les bords de la Tchernaïa et poussent de fortes reconnaissances dans la direction du haut Belbeck. Les divisions d'Autemarre, Paté, d'Aurelle et Morris rencontrent les russes, mais campés sur des hauteurs inaccessibles dont les étroits passages, suivant l'expression d'un témoin, seraient défendus par quatre hommes et un caporal contre une armée tout entière; aussi, après des marches et des contremarches sans résultats, l'expédition est rappelée par le maréchal Pélissier à ses quartiers de la Tchernaïa, vers la fin d'octobre.

Le 22 septembre, le général d'Allonville débarque à Eupatoria avec les 6 et 7° régiments de dragons, le 4 de hussards et une batterie à cheval. Le 26, il pousse une reconnaissance entre la mer et le lac Sasik, avec deux régiments, quatre bataillons et une batterie de l'armée française, trois régiments de cavalerie égyptienne sous les ordres de Sefer-Pacha, une batterie et un bataillon de tirailleurs commandés par Rustan-Pacha, et des bachi-bouzoucks que dirige Sibley-Bey. Une division russe d'environ deux mille hommes, fait mine de disputer le village de Sasik à la colonne, mais après un échange de quelques volées d'artillerie, elle se retire sur les montagnes de la gauche, et laisse les alliés regagner Eupatoria, après avoir incendié un dépôt de fourrages russes.

Ayant appris qu'une forte division de cavalerie, appuyée de plusieurs batteries d'artillerie stationne près de Djoltchack, à vingt-huit kilomètres d'Eupatoria, le général d'Allonville dirige sur ce point une

T. II.

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nouvelle reconnaissance divisée en trois colonnes. Celle de droite, composée de deux bataillons ottomans, de quatre bataillons égyptiens et de plusieurs escadrons de carabiniers, est commandée par Ahmed-Meneckli-Pacha; elle longe le littoral, appuyée par deux chaloupes canonnières et se porte entre le lac Sasik et la mer, à l'extrémité de l'isthme. Celle du centre comprend douze escadrons de la division d'Allonville, la batterie Armand, de l'artillerie à cheval, deux cents cavaliers irréguliers et six bataillons égyptiens; elle traverse un des bras du lac Sasik et se dirige sur Djoltchack par Chiban. Celle de gauche, formée de douze bataillons ottomans, de deux batteries et de trois régiments de cavalerie, sous les ordres du muchir Ahmed-Pacha, marche sur Djoltchack par Oraz, Atchir et Arsech. Le 29 septembre, Ahmed-Pacha arrive au rendez-vous vers dix heures du matin; le lieutenant général Korff, avec les lanciers de Son Altesse Impériale la grande duchesse Catherine Mikhailovna et la batterie légère d'artillerie à cheval no 19, se porte rapidement à sa rencontre; mais le général d'Allonville arrive au galop et lui barre le chemin près du village de Koughill. Le général Walsin-Esterhazy, avec le 4° hussards, le général Champéron, avec les 6° et 7° dragons, chargent l'ennemi à l'arme blanche en première, seconde et troisième lignes. Les deux régiments de cavalerie ottomane et les six bataillons égyptiens secondent le mouvement, à l'arrière. Après une volée de leurs pièces qu'ils n'ont pas le temps de recharger, les russes se débandent, laissant sur le terrain cinquante morts, parmi lesquels le colonel Andréosky du 18 de uhlans, cent soixante-neuf prisonniers, dont un officier, le lieutenant Prokowitch, deux cent cinquante chevaux, trois canons, trois obusiers, cinquante lances, douze caissons et une forge de campagne, avec les attelages. Notre perte se réduit à trente-cinq hommes hors de combat; celle des ottomans à trente. Le 4 hussards s'est particu lièrement distingué dans cette affaire, et l'un de ses maréchaux-de-logis, M. Eugène Bourseul, à peine âgé de vingt et un ans, revient avec dix-huit blessures dont heureusement aucune n'est mortelle. Voici l'ordre du jour publié par le maréchal Pélissier sur le combat de Koughil:

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