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adressés paraissent admettre la légitimité de nos griefs. J'espère être très-prochainement en mesure d'éclairer la Chambre; mais aujourl'hui, je fais appel à son patriotisme et au sens politique de chacun de ses membres pour les prier de se contenter, pour le moment, de ces informations incomplètes. (Vives et nombreuses marques d'approbation.)

M. le président Schneider. L'incident est clos.

M. Emmanuel Arago. - J'avais demandé la parole. (Exclamations.)

M. le président Schneider. - L'incident est clos. (Oui, oui.) Et je vous prierai de vouloir bien ajourner ce que vous avez à dire. (Oui, oui! Très-bien, très-bien !)

M. Emmannel Arago. J'ai une question à adresser à M. le Ministre des Affaires étrangères.

M. le Ministre des Affaires étrangères. Vous ne m'avez pas pré

venu.

M. Emmanuel Arago. - Très-désireux, aussi désireux que personne d'une solution qui assurerait la paix européenne, je demande à M. le Ministre des Affaires étrangères si les questions adressées à la Prusse n'ont trait qu'à l'incident spécial (bruyantes exclamations), qu'à l'offre faite par M. le général Prim à ce prince prussien, qu'à l'acceptation éventuelle de la couronne d'Espagne par le prince Léopold de Hohenzollern.

S'il en est ainsi, je crois que l'on doit espérer une réponse satisfaisante, une assurance de paix (rumeurs); mais si les questions sont complexes et de nature à soulever d'autres discussions que l'incident Hohenzollern, nous serions malheureusement obligés de les considérer comme offrant d'autres prétextes à une déclaration de guerre. (Vives protestations sur un très-grand nombres de bancs, interruptions diverses.)

M. Belmontet.

Berlin. (Bruits.)

On voit bien que vous avez été ambassadeur à

M. Guyot Montpayroux. -Ce ne sont pas des prétextes; ce sont des causes légitimes, et trop légitimes.

M. le Ministre des Affaires étrangères se lève pour parler.

Sur un grand nombre de bancs. Non! non! ne répondez pas!

M. le président Schneider. - L'incident est clos.

M. Emmanuel Arago. On tirera du silence de M. le Ministre telle conséquence que de raison. (Vives rumeurs.)

No 74.

LE COMTE BENEDETTI AU DUC DE GRAMMONT..

(Particulière.)

Mon cher ministre,

Ems, le 11 juillet 1870, 3 h. du soir.

M. Daru est arrivé il y a à peine une heure. Je vous expédie M. de Bourqueney. Il vous apporte la copie des deux télégrammes que je vous ai expédiés aujourd'hui, et une dépêche dans laquelle je vous rends compte de mon audience de ce matin. Vous le voyez, je ne ménage ni mon temps ni mes forces, et me désole de ne point réussir. Vous voulez une réponse immédiate et nette; le Roi persiste, malgré tous mes efforts, à me déclarer qu'il ne peut ni ne veut prendre sur lui de donner au prince de Hohenzollern l'ordre de retirer la parole qu'il a envoyée au gouvernement espagnol.

S. M. me laisse deviner, et elle me fait donner à entendre par son entourage, ainsi que vous le répétera M. de Werther, que le prince doit renoncer spontanément à la couronne qui lui a été offerte, et que le Roi n'hésitera pas à approuver sa résolution. Il me dit de plus que la communication du prince ne peut tarder à lui parvenir, qu'il devrait la recevoir demain; mais il se refuse absolument à me donner l'autorisation de vous faire savoir, dès à présent, ce qui équivaudrait à une garantie ou à un engagement, que le prince retirera sa candidature.

J'espère que vous me direz par le télégramme, ce soir ou demain, ce que je dois faire. Si je ne reçois aucun avis, je retournerai demain chez le Roi, et je livrerai ma dernière bataille. Vous verrez, par le langage que je lui ai tenu ce matin, que je ne mesure plus mes observations, en mesurant toujours mes paroles et mon attitude.

Je réclame toute votre indulgence pour ma dépêche. J'ai quitté le Roi à une heure; j'ai dû chiffrer mes télégrammes, et chaque page de ma dépêche a été expédiée dès que je l'avais rédigée. J'ai dû me hâter, et employer tous mes jeunes gens à la fois, pour ne pas manquer le départ du train....

Veuillez, etc.

Signé BENEDetti.

No 75.

LE DUC DE GRAMONT AU COMTE BENEDETTI.

(Télégramme.)

Paris, 11 juillet 1870, 6 h. 50 soir.

J'ai reçu votre premier rapport du 9 et votre lettre particulière, Au point où nous en sommes, je ne dois pas vous laisser ignorer que votre langage ne répond plus, comme fermeté, à la position prise par le Gouvernement de l'Empereur. Il faut aujourd'hui l'accentuer davantage. Nous ne pouvons pas admettre la distinction entre le Roi et son Gouvernement qui vous a été exposée. Nous demandons que le Roi défende au prince de Hohenzollern de persister dans sa candidature; et si nous n'avons pas une réponse décisive demain, nous considérerons le silence ou l'ambiguité comme un refus de faire ce que nous demandons. »

N° 76.

(Télégramme.)

LE COMTE BENEDETTI AU DUC DE GRAMONT.

Ems, le 11 juillet 1870, 7 heures du soir. M. Daru est arrivé. Je vous expédie M. de Bourqueney avec la copie de mes deux télégrammes et un rapport sur mon audience de ce matin. Il arrivera avec M. de Werther.

Il devenait, pour moi, de plus en plus évident que le Roi désirait combiner les choses de manière à dégager, aussi bien devant l'opinion publique en Allemagne que vis-à-vis de la France et des autres Puissances, sa responsabilité personnelle; qu'il voulait, dans ce but, laisser au prince de Hohenzollern l'initiative de son désistement, comme il prétendait lui avoir laissé l'initiative de son acceptation. Je l'ai dit dans ma dépêche et dans mes télégrammes. Par mes pressantes instances, j'avais obtenu d'ailleurs des explications qui me plaçaient dans l'alternative de déférer au vou du Roi et d'attendre le court délai qu'il demandait pour me donner une réponse définitive, ou de rompre la négociation et de ne plus laisser aucune chance ouverte au maintien de la paix. J'ai pris le premier de ces deux partis, et j'ai demandé des ordres. Le gouvernement de l'Empereur a approuvé ma résolution et mon langage.

Signé BENEDETTI.

N° 77.

LE COMTE DE BEUST AU PRINCE DE METTERNICH, A PARIS.

Vienne, le 14 juillet 1870.

Votre expédition du 8 de ce mois nous dépeint la situation sous des couleurs assez alarmantes. Nous ne pouvons pas prétendre à nous ériger en juges des intérêts qui se trouvent engagés dans la question de la candidature du prince de Hohenzollern au trône d'Espagne. Le seul sentiment qui nous anime en cette occasion, c'est le désir de contribuer au maintien de la paix. Nul autre intérêt ne peut guider notre politique, mais celui-ci est assez fort pour nous induire à prendre une part active dans les efforts qui vont être tentés de divers côtés pour empêcher la complication actuelle de prendre des proportions déplorables.

Dès que Votre Altesse nous a fait connaitre le désir du duc de Gramont de nous voir agir à Berlin dans le sens de la conciliation; nous nous sommes empressés d'envoyer au baron de Münch les instructions que j'ai communiquées à Votre Altesse par ma dépêche du 9 de ce mois.

Mon télégramme du 7 au comte de Dubsky, dont Votre Altesse connaît également le texte, le charge de signaler de son côté au Gouvernement espagnol les conséquences dangereuses d'un choix capable de froisser les susceptibilités nationales en France, et de faire une question européenne d'une affaire qui devrait être menée de manière à ne concerner que l'Espagne seule.

Nous n'avons pas hésité ainsi à plaider la cause de la paix en cherchant à écarter un incident dont le Gouvernement français s'émeut non sans raison. Aussi, quand M. le marquis de Cazaux est venu avant-hier me donner lecture d'une dépêche dans laquelle M. le duc de Gramont exprime le vœu de voir notre action diplomatique seconder les vues du Gouvernement français, j'ai pu répondre au Chargé d'affaires de France que j'avais déjà agi dans le sens indiqué.

Nous savons que le Gouvernement anglais a tenu à Berlin un language à peu près semblable au nôtre, et nous sommes persuadés que les autres Cabinets ne tarderont pas à suivre cet exemple, s'ils ne l'ont pas déjà imité.

Nous ne doutons pas que la voix unanime de l'Europe ne se fasse entendre en faveur du maintien de la paix, et il nous paraît évident que le retrait de la candidature du prince de Hohenzollern, qui n'a

point été encore l'objet d'une manifestation imposante de la nation espagnole et qui ne répond à aucune exigence sérieuse de la situation, serait la solution la plus simple de la difficulté qui préoccupe aujourd'hui à juste titre toute l'Europe. Cette solution ne compromet aucun intérêt et n'implique aucun sacrifice, pas même celui de la dignité personnelle du Prince qui, en renonçant à sa candidature à peine proclamée, donnerait un noble exemple d'abnégation dont la valeur serait partout appréciée.

Il me semble impossible que ces considérations ne pèsent pas d'un grand poids dans les déterminations décisives qui vont être prises tant à Berlin qu'à Madrid. Nous avons surtout assez de confiance dans la sagesse du Gouvernement prussien pour croire qu'il n'hésitera pas à donner à l'Europe, dans une aussi grave circonstance, un gage éclatant de ses sentiments de conciliation, non-seulement en déclarant qu'il est étranger à ce qui se passe en Espagne, mais en usant de toute son influence pour faire retirer la candidature posée à Madrid d'une manière aussi inopinée qu'inopportune.

D'un autre côté, nous aimons à croire que la France, tout en se montrant jalouse de veiller à sa dignité, s'abstiendra d'augmenter par son attitude les dangers de la situation. Nous comprenons que le Gouvernement français insiste pour qu'il soit tenu compte des intérêts évidents qu'il doit défendre dans cette occasion, mais la modération ne nuira pas à la fermeté de son langage et ne fera que lui acquérir de nouveaux titres aux sympathies des Puissances qui tiennent à ce que le repos public ne soit pas troublé par des combinaisons impré

vues.

Veuillez régler votre langage sur ces indications et recevez, etc.

N° 78.

Signé BEUST.

EXTRAIT DU MONITEUR BELGE.

Bruxelles, le 11 juillet 1870.

Une Agence télégraphique étrangère annonce que le Gouvernement belge a répondu favorablement à la notification que l'Espagne lui a faite de la candidature du prince de Hohenzollern.

Cette allégation est de tout point inexacte. Le Gouvernement belge n'avait à faire et n'a fait aucune réponse à la communication qu'il a reçue, comme les autres Gouvernements, du cabinet de Madrid.

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