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ne deviendrait pas moins un drapeau pour la Prusse à un moment

donné.

Aussi le Czar me charge-t-il de faire savoir à l'Empereur qu'il a de fortes raison de croire que cette trame ourdie par le maréchal Prim n'aboutira pas.

D'un autre côté, le ministre d'Autriche, le comte Chotek, a reçu du prince Gortschakoff l'information que le cabinet russe avait fait entendre au cabinet de Berlin le langage de la plus grande modération. L'accueil si ouvert, si libre d'arrière-pensée que l'Empereur m'a fait aujourd'hui, me donne le droit de penser que le commentaire de ses paroles sobres est qu'il a écrit au roi de Prusse pour lui donner des conseils de sagesse et d'abstention.

Je n'ai pas encore de réponse à la dépêche de Chine.

N° 50.

LE COMTE DE GRANVILLE A LORD LYONS.

Foreign-Office, le 9 juillet 1870.

Mylord, j'ai reçu et mis sous les yeux de Sa Majesté les dépêches du 7 courant de Votre Excellence relatives à la crise occasionnée en Europe par l'offre du trône d'Espagne au prince Léopold de Hohenzollern.

Vous remercierez le duc de Gramont pour la franchise avec laquelle il vous a fait sa communication et pour la confiance amicale et certainement non mal placée qu'il a montrée en faisant appel au gouvernement de Sa Majesté pour user de son influence dans le but d'écarter le danger présent.

Le gouvernement de la Reine ne saisit pas complétement que la nomination du prince de Hohenzollern au trône d'Espagne puisse être d'une telle importance pour une nation aussi grande et aussi puissante que la France, qu'elle puisse pousser à l'extrême un sentiment national de ressentiment. Mais il parait certain que ce sentiment existe, et il est probable que c'est par déférence pour cette opinion publique qu'a été tenu par les ministres de l'Empereur un langage qui tout d'abord augmente indubitablement les diflicultés pour arriver à un réglement amiable de cette question.

Le gouvernement de Sa Majesté est assuré que le gouvernement impérial agira avec modération et ménagement dans la conduite de cette affaire, il espère qu'un arrangement de la question pourra être

effectué sans que la paix de l'Europe soit compromise, et sans que les rapports amicaux entre les différentes puissances plus immédiatement intéressées dans ce conflit soient interrompus.

Le duc de Gramont peut être certain qu'aucun effort ne sera négligé de notre part pour arriver à un résultat aussi désirable et d'une importance aussi capitale.

Je suis, etc.

No 51.

Signé GRANVILLE.

LE COMTE DE GRANVILLE A LORD LYONS.

Foreign-Office, le 9 juillet 1870.

Mylord, j'ai reçu ce matin la dépêche de Votre Excellence en date d'hier, contenant le récit d'une nouvelle conversation que vous avez eue avec le duc de Gramont au sujet de l'offre de la couronne d'Espagne au prince Léopold de Hohenzollern.

J'ai informé Votre Excellence, par ma dépêche du 6 courant, que lors de ma première entrevue avec l'ambassadeur de France, après réception des nouvelles, je lui avais manifesté mon regret que des termes aussi forts que ceux que vous m'avez rapportés, aient été employés à ce sujet par le duc de Gramont dans sa conversation avec l'Ambassadeur de Prusse à Paris.

Le gouvernement de Sa Majesté n'a pas cessé de regretter la teneur des déclarations successives faites dans les Chambres françaises et dans la presse, déclarations qui tendent à exciter plutôt qu'à calmer les sentiments d'irritation qui se sont manifestés en France, et ne sont que trop de nature à en provoquer de semblables en Espagne et en Allemagne. Les regrets du gouvernement de la Reine ont encore été augmentés par suite de la déclaration que vous a faite le duc de Gramont au sujets des préparatifs militaires qui vont être poussés.

Une telle attitude est calculée, nous le craignons, pour faire avorter les efforts du gouvernement de Sa Majesté en vue d'un réglement amical de la question. Elle est calculée de façon à nous faire douter sérieusement s'il convient de poursuivre ces efforts en ce moment, alors que la précipitation de la France ne peut guère manquer de les rendre vains et illusoires. Peut-être serait-il mieux de réserver notre action pour l'avenir, alors que les deux parties seront disposées à la seconder par leur modération. »

Je suis, etc.,

Signé: GRANVILLE,

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No 52.

LE COMTE DE GRANVILLE A LORD LYONS.

Foreign-Office, le 9 juillet 1870

Mylord, le Ministre d'Italie m'a fait part ce matin d'une communication de son gouvernement sur le conflit entre la France, la Prusse et l'Espagne. Il m'a dit que le gouvernement français s'était adressé au cabinet de Florence pour lui demander d'user de son influence en vue de la conservation de la paix et que le gouvernement italien, étant très-soucieux du maintien de la paix générale, était tout prêt à agir, suivant le désir du gouvernement français et tenait à faire savoir au gouvernement de la Reine qu'il était tout prêt à joindre dans ce but ses efforts aux siens.

A ce sujet, M. de Cadorna avait été chargé de s'assurer des vues du gouvernement de Sa Majesté sur l'état critique actuel des affaires, et si et jusqu'à quel point une action commune pourrait avoir lieu entre les deux gouvernements.

J'ai répondu que nous étions très-sensibles à la confiance amicale qui avait dicté cette communication et je lui expliquai en résumé ce que nous avions déjà fait et écrit à cet égard dans les dépêches adressées à Votre Excellence, à lord Loftus et à M. Layard.

Je lui exprimai ma vive satisfaction de la décision sage à laquelle le gouvernement italien était arrivé, de contribuer autant qu'il serait en son pouvoir au maintien de la paix générale. Quoiqu'une action combinée des autres puissances pour concilier le différend qui avait amené tant de crainte, ne parût pas, en tout cas pour le présent, désirable, le gouvernement italien pouvait être certain, que tout en agissant isolément, le gouvernement de la Reine, en toute occasion, agirait avec le cabinet italien cordialement dans le même esprit, dont j'étais heureux de le constater, il était animé.

Je promis que je tiendrais le gouvernement italien au courant des démarches que nous ferions et j'ajoutai que je ne doutais pas un seul instant qu'il agirait de même à notre égard.

Je suis, etc.,

Signé GRANVILLE.

No 53.

M. BONAR AU COMTE DE GRANVILLE.

Berne, le 9 juillet 1870.

Mylord, dans une entrevue que j'ai eue ce matin avec le Président de la Confédération, la conversation s'est naturellement tournée sur l'extrême agitation qui s'est manifestée à Paris au sujet de la candidature du prince de Hohenzollern au trône d'Espagne et sur les dernières déclarations du duc de Gramont et de M. Ollivier aux Chambres.

Le langage de M. Dubs m'a clairement démontré qu'il comprenait complétement la gravité de l'état actuel des affaires, mais Son Excellence a reconnu qu'elle n'avait encore reçu du ministre de Suisse à Paris aucune nouvelle, en dehors de ce qu'on trouvait dans les journaux, sur les intentions du gouvernement ou sur l'opinion générale en France.

J'ai etc.,

No 54.

Signé: A.-G.-G. BONAR.

(Extrait.)

SIR A PAGET AU COMTE DE GRANVILLE.

Florence, le 9 juillet 1870.

Milord, j'ai vu ce matin M. Visconti Venosta, et la conversation s'est immédiatement tournée vers l'aspect grave des affaires entre la France et la Prusse, par suite de l'acceptation par le prince de Hohenzollern de la couronne d'Espagne.

M. de Visconti Venosta ne doute pas que si le choix du ministère espagnol était ratifié par les Cortès, la France déclarerait la guerre à la Prusse, le noeud de la question était donc à Madrid.

Il a ajouté qu'il avait donné pour instruction à M. Cerruti de profiter du délai jusqu'à la réunion des Cortès pour faire remarquer aux membres du Gouvernement et aux personnages influents combien il était à désirer, dans les intérêts de l'Espagne, que l' avénement d'un nouveau souverain ne devienne pas la cause d'une guerre en Europe;

le gouvernement italien serait toujours prêt à se joindre aux autres gouvernement pour aider le gouvernement espagnol à résoudre la difficulté dans laquelle il se trouverait placé en ce qui concerne l'organisation constitutionnelle du pays, s'il ne renonçait pas à la candidature du prince de Hohenzollern.

No 55.

SIR A. BUCHANAN AU COMTE DE GRANVILLE.

Saint-Pétersbourg, le 9 juillet 1870.

Mylord, je n'ai pas vu le prince Gortschakoff depuis l'arrivée ici du compte rendu télégraphique de ce qui s'est passé le 6 au Corps législatif, Son Excellence étant allée, le 7, à Peterhoff, où elle est restée jusqu'à hier soir.

J'ai cependant lieu de croire que la Russie a reçu simultanément une note de l'ambassadeur de France, déclarant que la guerre avec la Prusse était inévitable pour le cas où le prince Léopold de Hohenzollern monterait sur le trône d'Espagne, et une autre note du ministre de Prusse que son Gouvernement avait déclaré à celui de France qu'il était resté entièrement étranger à l'arrangement proposé et qu'il n'y avait aucun intérêt.

J'ai entendu dire que le général Fleury a représenté au prince Gortschakoff que l'agrandissement de la Prusse et l'extension de son influence en Europe serait pour la Russie aussi bien que pour la France une cause de danger. Le prince aurait répondu qu'en ce qui concerne les relations de la Prusse avec la France, il regarde toute intervention de la Prusse en Espagne comme devant l'affaiblir infailliblement, et quant à ce qui regarde la Russie, elle ne saurait éprouver aucune alarme de la puissance de la Prusse.

On m'a dit aussi que le prince Gortschakoff aurait ajouté que, lorsque le prince Charles de Hohenzollern devint souverain de Roumanie, avec l'appui de la France, et, malgré la Russie, cette dernière s'était bornée à des remontrances, et avait ensuite accepté le fait accompli. Le prince Gortschakoff ne voyait pas pourquoi, aujourd'hui, la Prusse pourrait être davantage responsable de l'élection d'un autre membre de la famille royale au trône d'Espagne, éventualité dans laquelle elle a déclaré n'avoir aucun intérêt.

Le prince Gortschakoff a l'intention de partir demain pour Wilbad,

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