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écrit, et quant aux propositions dont on avait pu parler dans ces entretiens, l'Empereur Napoléon les a rejetées.

Il n'échappera à personne dans quel intérêt et dans quel but on cherche aujourd'hui à tromper l'opinion publique en Angleterre.

N° 263.

PROCLAMATION DE L'EMPEREUR A L'ARMÉE.

Soldats,

Metz, le 28 juillet 1870.

Je viens me mettre à votre tête pour défendre l'honneur et le sol de la Patrie.

Vous allez combattre une des meilleures armées de l'Europe; mais d'autres, qui valaient autant qu'elle, n'ont pu résister à votre bravoure. Il en sera de même aujourd'hui.

La guerre qui commence sera longue et pénible, car elle aura pour théâtre des lieux hérissés d'obstacles et de forteresses; mais rien n'est au-dessus des efforts persévérants des soldats d'Afrique, de Crimée, de Chine, d'Italie et du Mexique. Vous prouverez une fois de plus ce que peut une armée française animée du sentiment du devoir, maintenue par la discipline, enflammée par l'amour de la Patrie.

Quel que soit le chemin que nous prenions hors de nos frontières, nons y trouverons les traces glorieuses de nos pères. Nous nous montrerons dignes d'eux.

La France entière vous suit de ses vœux ardents, et l'univers a les yeux sur vous. De nos succès dépend le sort de la liberté et de la civilisation.

Soldats, que chacun fasse son devoir, et le Dieu des armées sera avec nous!

N° 264.

Signé NAPOLEON.

RÉPONSE DU ROI DE PRUSSE A LA VILLE D'HADERSLEBEN.

Berlin, le 28 juillet 1870.

Je ne puis m'abstenir d'exprimer mes particuliers et profonds remerciements à la municipalité et aux délégués de la ville d'Haders

leben, pour l'adresse qu'elle m'a remise à l'occasion de la guerre actuelle. Cette adresse a réjouit mon cœur. Comme vous, moi aussi, j'ai humblement confiance dans le Dieu tout-puissant qui me secondera dans la lutte qui m'a été imposée, qui accordera la victoire à la juste cause et qui, par cette victoire, assurera une paix durable à notre chère Allemagne, notre patrie.

Signé GUILLAUME.

N° 265.

LE COMTE DE BISMARCK AU COMTE DE BERNSTORFF, A LONDRES.

(Télégramme.)

Berlin, le 28 juillet 1870.

Excellence, veuillez faire la communication suivante à lord Granville, en attendant des explications ultérieures écrites.

Le projet de traité, publié par le Times, contient une des nombreuses propositions qui nous ont été faites depuis la guerre danoise par les agents officiels et non officiels français, pour amener une alliance entre la Prusse et la France, dans le but d'un agrandissement mutuel.

Je vous ferai parvenir le texte d'une autre proposition, faite en juin 1866, suivant laquelle la France nous proposait d'envoyer 300,000 hommes contre l'Autriche, et offrait un agrandissement de la Prusse de 6 à 8 millions d'âmes, moyennant la cession d'une partie de la contrée entre le Rhin et la Moselle.

L'impossibilité d'accepter ces propositions était certainement claire pour tout le monde, sauf pour la diplomatie française.

Aprés le rejet de ces propositions, le Gouvernement français commença à compter sur notre défaite, sur le profit qu'il en pourrait tirer, et à la préparer diplomatiquement.

Depuis les angoisses patriotiques de M. Rouher, la France n'a pas cessé de nous tenter aux dépens de l'Allemagne et de la Belgique.

Dans l'intérêt de la paix, je gardai le secret, et j'ai opposé à ces propositions des réponses dilatoires. Quand les desseins plus modestes de la France sur le Luxembourg eurent été arrêtés par les événements que l'on connaît, les propositions plus étendues concernant la Belgique et le sud de l'Allemagne furent renouvelées.

C'est à cette époque, 1867, que me fut communiqué le manuscrit de M. Benedetti. Que l'ambassadeur français ait écrit de sa propre main le brouillon de ce traité, et qu'à plusieurs reprises il en ait conféré

avec moi, sans le consentement de son souverain, c'est chose improbable.

Les phases difficiles que nous eûmes à traverser, par suite du mécontentement et des dispositions guerrières du Gouvernement français depuis 1866 jusqu'à la question des chemins belges, coïncident avec le plus ou moins de résistance ou de faveur que les agents français croyaient trouver chez moi pour leurs projets.

La conviction finale qu'on ne pourrait arriver avec nous à aucun agrandissement de territoire aura mûri la résolution de l'acquérir par la guerre contre nous.

J'ai toute raison de croire que si cette publication n'eût pas eu lieu, la France nous aurait offert, après l'achèvement des armements mutuels, d'exécuter en face de l'Europe non armée le programme de M. Benedetti et de faire la paix aux frais de la Belgique.

Le projet de traité qui est dans nos mains et que lord Loftus a vu, est d'un bout à l'autre, y compris les corrections, de l'écriture du comte Benedetti, bien connue de l'ambassadeur anglais.

Si le cabinet français dément aujourd'hui les efforts qu'il a faits constamment depuis 1864 pour nous gagner tour à tour par des promesses et par des demandes, cela s'explique en présence de la situation politique.

N° 266

Signé BISMARCK.

ALLOCUTION DU GRAND DUC D'OLDENBOURG AUX TROUPES.

Oldenbourg, le 28 juillet 1870.

Au moment où vous sortez des garnisons, mes camarades, je vous adresse encore un vivat cordial. La guerre qui va s'engager décidera de l'avenir de l'Allemagne, notre chère patrie. Nous avons à soutenir une lutte difficile contre un ennemi aguerri. Cependant nous marchons avec joie contre lui, pleins d'une humble et inébranlable confiance en Dieu qui dirige les batailles, appuyés sur notre juste cause, animés de la conscience que toute l'Allemagne s'est soulevée comme un seul homme en se sacrifiant pour repousser l'attaque violente. Vous êtes appelés à combattre aux premiers rangs. Je sais que vous êtes dignes de cet honneur. N'oubliez pas que le soldat chrétien doit se distinguer par sa bravoure, supporter toutes les fangues d'une campagne, se soumettre avant tout à une sévère discipline, et qu'il

doit aussi épargner son ennemi désarmé et les habitants paisibles du pays ennemi. Les troupes d'Oldenbourg ont toujours conservé ces vertus militaires. Vive le glorieux capitaine royal qui conduit à la lutte toutes les troupes réunies de l'Allemagne ! Vive notre chère patrie!

No 267

LE DUC DE GRAMONT AU MARQUIS DE LA VALETTE, A LONDRES.

Paris, le 29 juillet 1870.

Monsieur le marquis, la dépêche que je vous ai adressée le 27, aussi bien que celle que je vous ai écrite hier, au sujet de publications provoquées en Angleterre par le cabinet de Berlin, ont déjà éclairé sur la valeur des assertions contenues dans ces documents.

La discussion à cet égard continuant toujours dans les journaux, sous l'influence des mêmes inspirations qui l'ont fait surgir, je crois utile de vous communiquer une lettre que je viens de recevoir de M. Benedetti, et dans laquelle il rétablit, d'après la connaissance personnelle qu'il a de la négociation dont il s'agit, la vérité des faits.

Vous trouverez ce document sous ce même pli, et vous pouvez le communiquer à lord Granville. Je suis convaincu qu'après ces franches explications, le Gouvernement de la Reine et l'opinion publique, en Angleterre, verront qu'il n'y a pas lieu de s'arrêter plus longtemps aux prétendues révélations de M. de Bismarck.

A court d'arguments pour défendre la politique suivie par lui dans la question qui a été cause de la guerre, le Chancelier fédéral espérait tromper l'opinion publique sur la nature de notre politique. Il n'y a pas réussi jusqu'ici, et quelles que soient les nouvelles assertions qu'il met en avant dans sa dépêche au comte Bernstorff, dont vous m'avez communiqué la substance par le télégraphe, il ne réussira pas à se débarrasser de la responsabilité de cette dépêche, jusqu'à tant que je la connaisse in extenso, et sois à même d'y donner le plus absolu démenti.

Vous pouvez, si vous le jugez utile, laisser cette lettre dans les mains de lord Granville, en même temps que vous lui donnerez copie de celle de M. Benedetti.

Signé: GRAMONT.

ARCH, DIPL. 1871-1872. - I.

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N° 268

LE COMTE BENEDETTI AU DUC DE GRAMONT.

Paris, le 29 juillet 1870.

Monsieur le duc, si injuste qu'elles fussent, je n'ai pas cru convenable de relever les appréciations dont j'ai été personnellement l'objet quand on a appris en France que le prince de Hohenzollern avait accepté la couronne d'Espagne. Ainsi que mon devoir me le commandait, j'ai laissé au Gouvernement de l'Empereur le soin de les redresser. Je ne puis garder le même silence devant l'usage que M. le comte de Bismarck a fait d'un document auquel il cherche à donner une valeur qu'il n'a jamais eue, et je demande à Votre Excellence de rétablir les faits dans toute leur exactitude.

Il est de notoriété publique que M. le comte de Bismarck nous a offert, avant et pendant la dernière guerre, de contribuer à réunir la Belgique à la France en compensation des agrandissements qu'il ambitionnait et qu'il a obtenus pour la Prusse. Je pourrais à cet égard invoquer le témoignage de toute la diplomatie européenne, qui n'a rien ignoré. Le Gouvernement de l'Empereur a constamment décliné ces ouvertures, et l'un de vos prédécesseurs, M. Drouyn de Lhuys, est en mesure de donner à cet égard des explications qui ne laisseraient subsister aucun doute.

Au moment de la conclusion de la paix de Prague, et en présence de l'émotion que soulevait en France l'annexion du Hanovre, de la Hesse électorale et de la ville de Francfort à la Prusse, M. de Bismarck témoigna de nouveau le plus vif désir de rétablir l'équilibre rompu par ces acquisitions. Diverses combinaisons, respectant l'intégrité des États voisins de la France et de l'Allemagne, furent mises en avant; elles devinrent l'objet de plusieurs entretiens, pendant lesquels M. de Bismarck inclinait toujours à faire prévaloir ses idées personnelles.

Dans une de ces conversations, et afin de me rendre un compte exact de ses combinaisons, j'ai consenti à les transcrire en quelque sorte sous sa dictée. La forme, non moins que le fond, démontre clairement que je me suis borné à reproduire un projet conçu et développé par lui. M. de Bismarck garda cette rédaction, voulant la soumettre au roi. De mon côté, je rendis compte, en substance, au Gouvernement impérial des communications qui m'avaient été faites. L'Empereur les repoussa dès qu'elles parvinrent à sa connaissance. Je dois dire que le roi de Prusse lui-même ne parut pas vouloir en

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