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l'hospodar pour en faire laver les sables, et ils ne l'obtiennent qu'à la condition de remettre à la caisse de la vestiairie une quote part du précieux métal. Le concessionnaire loue à des ouvriers le droit d'exploiter une étendue déterminée de la rivière, moyennant une redevance annuelle. Ces ouvriers, presque tous Tzigans, emploient les procédés grossiers usités sur les placers primitifs de la Californie. Peu d'entre eux s'enrichissent à tamiser les sables déposés par les eaux dans les anfractuosités des rivières; mais tous y trouvent de quoi vivre, élever leur famille et s'enivrer.

I. Exportation.

La liste qui précède des objets que la Valachie ne livre pas, mais qu'elle pourrait fournir, montre combien l'exportation de ce pays est susceptible de développements. Les articles demandés aujourd'hui sont les bois, en pièces ou en douves, les cantharides en petite quantité, les céréales, la cire et le miel qui vont à Vienne et à Trieste, fort peu d'eau-devie, des fromages de brebis pour la Turquie, des graines de lin et de colza de bonne qualité, une grande quantité de graisse de bœuf et de mouton, des haricots, des laines, quelque peu de lin et de

chanvre, des peaux exportées en Hongrie, des sangsues, du sel pour la Serbie, la mer Noire et la mer d'Azof, des soies grèges choisies, des soies de sanglier et de porc, du tabac, des viandes salées

et conservées.

Parmi ces objets, les bois en pièces, destinés aux chantiers de construction de Constantinople, les graisses, les laines, et, par-dessus tout, les céréales, sont les principaux articles de l'exportation valaque. Nous avons recueilli sur chacun d'eux des documents que nous allons soumettre au lecteur en traitant de chaque matière par ordre alphabétique.

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§ I. Bois. Plusieurs forêts de la Valachie sont fort belles et d'une étendue considérable. Les plus proches du Danube appartiennent aux monastères, depuis que les propriétaires ont abattu les futaies de celles qu'ils possédaient. Les taillis d'une faible importance sont indignement gaspillés; les animaux en rougent annuellement les pousses, les propriétaires n'y réservent point de baliveaux et les passants n'en prennent nul souci. Rien n'est plus commun que les incendies. Qu'un pâtre valaque soit surpris par le froid dans une forêt, il mettra pour se chauffer le feu à un pin ou à un chêne colossal; tant pis si en brûlant, l'arbre, agité par

le vent, incendie la forêt. Qu'un cultivateur veuille défricher un champ voisin d'un bois, il jette un brandon enflammé dans les grandes herbes séchées vers l'automne. Si le vent souffle à ce moment sur la forêt, et que la flamme courant d'herbe en herbe la gagne et la consume, il n'en a pas plus de souci que des mouches de l'an passé.

On comprit qu'un tel gaspillage amènerait l'anéantissement de l'une des grandes richesses nationales. On nomma pour y remédier une commission forestière chargée de préparer des règlements sur la matière, de surveiller l'exploitation et la conservation des bois. La plupart des membres de cette commission, d'origine française, étaient honorables et distingués ; ils étaient présidés par un homine instruit et capable, chargé d'inspecter les forêts. La guerre les a dispersés comme l'orage disperse les oiseaux. Fuyant ce pauvre pays envahi, ils ont laissé leur œuvre à peine ébauchée, et la Valachie est restée, sous ce rapport, comme sous tant d'autres, déchue de ses espérances, dans les errements du passé.

L'insouciance des propriétaires, les dévastations anciennes, les ventes récentes ont diminué les forêts dans la grande Valachie. Mais il en subsiste encore de belles dans la petite Valachie, et il y en a de

magnifiques dans les Krapacks. Les chênes, les sapins, les pins, les ormes et les hêtres sont les essences dominantes. Le chêne peuple exclusivement les forêts de la petite et de la grande Valachie, le hêtre, l'orme et le pin ne se trouvent en notable quantité que dans les régions montagneuses. Le hêtre est d'une qualité incontestée et d'une beauté supérieure; le sapin et le pin atteignent de fort belles proportions et sont acceptés avec empressement par la marine française. Quoique l'orme ne soit abondant que vers les Krapacks, on en rencontre cependant des lots importants dans la petite Valachie, et surtout dans le district de Craiova ; mais, ne croissant guère que dans les endroits bas et marécageux, il est poreux, de conservation difficile et manque de la solidité, de la fermeté et du liant qui rendent l'orme français si recommandable.

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On compte trois espèces de chêne, désignées dans

pays sous les noms de styrgar, de kers et de godarou. Le premier est réputé le seul propre à la confection du merrain, les deux autres servent à fabriquer des poutres ou des pièces de marine, et à défaut au chauffage. Cependant les kers sains et de bonne venue pourraient très-bien être utilisés en tonneaux, parce qu'ils ne déteignent pas. Cette espèce de chêne

est connue en France sous le nom de chêne lombard et chêne de Calabre, à cause de la grande quantité qu'on en trouve en Lombardie et surtout dans la Calabre. Cette espèce et celle dite godarou ont souvent d'aussi belles apparences que les styrgars, mais ils sont généralement gelifs, roulés, piqués et couronnés de bonne heure. On rencontre fréquemment dans les forêts valaques, des massifs composés de ces deux espèces de la meilleure venue, droits, et hauts de 25 mètres, sans branches, qui semblent promettre un excellent débit. L'ignorant les achèterait avec confiance, mais à l'exploita tion il reconnaîtrait, hélas! trop tard, que ces arbres, si beaux sur pied, sont ceux-ci impropres à la fente parce qu'ils sont lardés de tortillards, comme disent les gens du métier ; ceux-là incapables de faire des pièces, parce qu'ils sont gelifs ou

cassants. Ces vices sont si communs dans les bois valaques, que la marine française rebute les pièces de cette provenance et ne les admet pas dans nos arsenaux, à l'exception des pins et des sapins. Il y aurait pourtant une distinction judicieuse à faire, car à côté de ces kers ou godarou défectueux, il y a des styrgars de qualité supérieure, et de dimensions si colossales qu'il n'est pas rare de trouver des massifs

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