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la fin du VIe siècle par Maroun. Ils habitent, presque indépendants et se gouvernant eux-mêmes, les montagnes du Liban; ils payent un tribut annuel de vasselage au pacha de Tripoli. Ils relèvent de Rome au spirituel ; ils reconnaissent l'autorité du pape, mais ils nommcnt leur patriarche par voie d'élection. Les prêtres se marient; le mariage ne leur est permis qu'avec une fille; il leur est défendu d'épouser une veuve et de se remarier lorsqu'ils deviennent veufs. Il existe chez eux des couvents d'hommes et des couvents de femmes très nombreux. Les maronites sont surtout connus en Europe à cause de leurs dissensions avec les druses.

Les druses sont à la religion mahométane ce que les maronites sont à la religion catholique. Ces deux peuples, divisés par des haines profondes, ayant cependant entre eux de très grandes affinités, ne sont que des sectaires. La religion des druses est un composé de mahométisme et de préjugés locaux.

Au commencement du XVIIe siècle, alors que Fackred-Dyn, chef des druses, eut conquis une partie de la Syrie, que la Turquie prit ombrage de sa force, on voulut retrouver chez les druses les descendants d'une colonie de Francs fondée par des croisés venus avec le comte de Dreux, qui aurait donné son nom aux Druses. Fackred-Dyn, qui était allé à Florence solliciter l'appui des Médicis, se garda bien de dissiper cette erreur. L'illusion européenne ne dura pas longtemps. Le chef druse revenu en Syrie fut vaincu, livré par trahison, conduit à Constantinople et étranglé en 1635 par ordre d'Amurath IV. Avec lui s'est évanouie la puissance des druses.

Ce ne sont plus que des bandes indisciplinées, qui ensanglantent souvent le Liban. Les massacres de Syrie et l'occupation de cette province par l'armée française, qui en a été la conséquence, viennent d'appeler de nouveau l'attention de l'Europe sur les deux races turbulentes du Liban. La différence des croyances est le prétexte bien plus que la cause véritable de leurs luttes séculaires.

C'est chez les druses qu'habita pendant plus de trente ans la nièce de Pitt, lady Esther Stanhope, fille de lord Chatham. Elle quitta l'Angleterre sans motif connu, et fixa sa retraite sur le sommet du Liban, à Dgioun, dans un château solitaire presque inaccessible. L'étude de l'astrologie arabe, de la chiromancie, de l'art de la divination, jointe à la solitude et à la contemplation, surexcita au plus haut degré son esprit exalté, déjà rempli de l'illuminisme européen. Cette femme exerça une influence énorme sur les Arabes, qu'elle dominait autant par sa dignité personnelle, son regard imposant, son courage, que par ses facultés intellectuelles, si propres à frapper les imaginations orientales. Lady Esther Stanhope pratiquait un culte tenant à toutes les religions, emprunté à toutes les croyances. C'est peut-être la seule personne européenne qui ait connu le secret mystique des druses, qui, quoique considérés comme mahométans, ne pratiquent aucune des coutumes indiquées par le Koran et adorent un veau.

Les juifs ne peuvent donner lieu à aucune explication. Leur croyance et leur culte sont ce qu'ils sont partout.

D'après un document fourni à M. Ubicini par S. E. Ahmed Vefik Effendi, ancien ambassadeur de la Sublime

Porte à Paris, la population sujette ottomane se répartit en Europe et dans les îles comme suit (1):

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M. Ubicini, en classant la population totale de l'empire par religion, l'évalue comme suit :

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Nous examinerons plus loin quelle est l'organisation religieuse de la Turquie et l'action qu'elle exerce sur le gouvernement et les institutions civiles; mais il convient de justifier ici ce que nous avons avancé plus haut (2): << Quoi qu'on ait dit du fanatisme des musulmans, les faits

(1) Ubicini, Lettres sur la Turquie, t. I, p. 25.

(2) Page 1 7.

<< prouvent que leur tolérance religieuse a été au contraire « le moyen qui a le plus contribué à consolider leur puis

«sance. >>

Citons d'abord le Koran :

« Certes ceux qui croient et qui Suivent la religion « juive, et les chrétiens et les sabéens, en un mot qui<«< conque croit en Dieu et au jour dernier et qui aura pra<< tiqué les bonnes œuvres, tous ceux-là recevront une « récompense de leur Seigneur; la crainte 'ne descendra. point sur eux et ils ne seront point affligés (1).

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« On vous dit : Soyez juifs ou chrétiens, et vous serez «< sur le bon chemin. Répondez-leur : Nous sommes plu« tôt de la religion d'Abraham, vrai croyant, et qui n'é<< tait point du nombre des idolâtres (2).

<«< Dites : Nous croyons en Dieu et à ce qui a été en« voyé d'en haut à nous, à Abraham et à Ismael, à Jacob, <«< aux douze tribus. Nous croyons aux livres qui ont été « donnés à Moïse et à Jésus, aux livres accordés aux pro<< phètes du Seigneur; nous ne mettons point de diffé<«<rence entre eux et nous nous abandonnons à Dieu (3).

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<< Point de contrainte en religion. La vraie route se

distingue assez de l'égarement. Celui qui ne croira pas « au Thagout (4) et croira en Dieu aura saisi une anse « solide et à l'abri de toute brisure. Dieu entend et con<< naît tout (5).

« Si quelque idolâtre te demande un asile, accorde-le

(1) Koran, traduction de M. Kasimirski, chap. II, La Vache, v. 59 (2) Idem, v. 129.

(3) Idem, v. 130.

(4) Thagout est le nom d'une idole.

(5) Koran, chap. II, La Vache, v. 257.

« lui, afin qu'il puisse entendre la parole de Dieu, puis «< fais-le reconduire en un lieu sûr. Ceci t'est prescrit «< parce que ce sont des gens qui ne savent rien (1).

« Dis : Chacun agit à sa manière; mais Dieu sait qui «< est celui qui suit le chemin le plus droit (2). »

Ces sages préceptes ont été religieusement observés par les fondateurs de l'empire ottoman; plus tard l'ignorance, les passions, les haines engendrées par les luttes avec l'Europe, le mépris des nations chrétiennes, les ont altérés et transformés en fanatisme aveugle. L'histoire le prouve.

Mahomet II s'empare de Constantinople: les premiers actes du conquérant constatent sa tolérance religieuse. Il efface les traces de la dévastation, il fait rebâtir les édifices; il laisse aux chrétiens la liberté de leur culte public, leurs plus belles églises, SainteSophie exceptée, et leurs coutumes; il nommé un patriarche apostolique, le fait sacrer selon le cérémonial en usage sous les empereurs grecs; il lui remet lui-même le bâton pastoral, insigne de sa puissance; il repeuple Constantinople en rappelant les chrétiens avec promesse de sécurité complète, et, pour achever de combler les vides, il fait venir une foule de familles grecques établies à Trébizonde, à Sinope et dans d'autres villes de la mer Noire et de la mer de Marmara. Brousse était au pouvoir des musulmans depuis le règne d'Othman, et les Arméniens y vivaient respectés. Mahomet II appelle à Constantinople l'archevêque Joachim, qui s'y rend, suivi d'une colonie nombreuse, composée

(1) Koran, chap. IX, L'Immunité ou Le Repentir, v. 6. (2) Idem, chap. XVII, Le Voyage nocturne, v. 86.

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