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rets, marchoient ensemble à l'ombre des bois. Ils avoient une même table & un même lit. Des meurtres ne fourniffoient point à l'homme fon habillement & fa nouriture. Une forêt retentiffante étoit le temple général, où tous les êtres à qui Dieu a donné les organes de la voix, chantoient les louanges de ce Pére commun. Le fanctuaire n'étoit ni revêtu. d'or, ni fouillé de fang. Le Prêtre étoit fans blâme, pur, exempt de carnage & de vénalité. Un foin univerfel étoit l'attribut des cieux: la prérogative de l'homme étoit de 'gouverner, mais fans tirahnifer. O que l'homme des tems qui devoient fuivre, eft différent ! Sourd aux gémiffemens de la nature dont il est ennemi, il est bourreau & tombeau de la moitié de ce qui a vie, meurtrier des autres êtres & traitre à lui-même. De juftes maladies naiffent de fon luxe, & les meurtres qui l'affouviffent vengent ce qu'il a immoDese

lé.

lé. Les paffions furieufes naqui-· rent de ces premiers carnages, & attirereut contre l'homme un animal plus féroce, l'homme même. Voyons comment il s'éleva peu inftruite à peu de la nature à l'art: le partage de la raifon étoit alors de dans l'in- copier l'instinct. C'est ainfi que

La raison

par l'inf

tinct

vention la voix de la nature fe fit endes arts. tendre à l'homme.,, Va, dit

elle, & puife tes inftructions ,, dans les exemples des bêtes. ,, Aprends des oifeaux les alimens ,, que les arbriffeaux produifent; & des animaux les propriétés ,, des herbes. Que l'abeille t'en- feigne à bâtir, la taupe à la,,bourer, le ver à tiffer. Ap,, prends du petit Nautilus * à

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C'eft un poiffon qu'Oppien décrit de cette manière au livre premier. Il nage fur la mer dans fa coquille qui reffemble au corps d'un navire. Il éleve en l'air deux de fes piés entre lefquels eft une membrane étendue qui lui fert de voile, & il fe fert de fes deux autres piés comme de deux rames. On voit ce poiffon dans la Méditeranée.

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5, naviguer, à manier l'aviron, & à recevoir l'impreffion du , vent. On trouve parmi les bê,, tes toutes les formes de focié,, té. Ici font des ouvrages & des villes foûterraines; là font des villes en l'air conftruites fur ,, des arbres agités. Etudie le ge. nie & la police de chaque petit peuple; la république des fourmis & le royaume des abei!,, les comment celles-là raffemblent leurs richeffes dans des ,, magafins communs, & confer ,, vent l'ordre dans l'anarchie: ,, comment celles ci, quoique foumifes à un feul maître, ont , néanmoins chacune leur cellu,, le féparée & leur bien en pro» pre. Remarque les loix invariables qui préfervent leur état ,, loix auffi fages que la nature, ,,autfi immuables que le deftin. En vain ta raifon veut tiffer des toiles plus délicates, re,, tenir la juftice dans le filet de la loy, & faire d'un droit trop D 6

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rigide une fouveraine injufti. ,, ce droit toûjours trop foible. ,, avec les gens forts, & toûjours ,, trop fort avec les gens foibles. Va, régne fur toutes les créa,,tures: que la plus habile faffe obéir les autres: pour des

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arts apris des brutes on te cou,, ronnera, on t'adorera comme un Dieu ".

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Origine Ainfi parla la nature. L'homdes focié- me docile obéit: des villes furent tés poli- bâties, des fociétés furent fortiques.

mées ici s'élève un petit état : auprès il s'en éléve un autre, &. ils s'uniffent par amour ou par crainte. Les arbres produifent-ils dans l'un, des fruits plus exquis, & les fources donnent-elles dans l'autre, des eaux plus falutaires ? ce que la guerre pourroit ravir, le commerce peut le donner; au lieu d'être ennemi, on devient ami: la communication & l'amour uniffoient fortement le genre humain, lorfque l'amour étoit encore libre & qu'il n'y avoit de loix

que

du gou

verne

que celles de la nature: C'eft ain-. fi que les états furent formés. Lea nom de Roy, fût inconnu, juf Origine qu'à ce qu'un intérêt commun plaçat le pouvoir dans un feul. A- ment lors la vertu, ou répandant le monarbonheur par les arts, ou ne fai- chique. fant la guerre que pour éloigner les maux, cette vertu de mêmes nature que celle qui fait obéir les enfans à leurs péres, rendoit le Prince le péré du peuple. Jufqu'alors chaque Patriarcher Gouvercouronné par les mains de la na- nement ture, étoit le Roy, le Prêtre & le Pére de fon état naiffant. Ses fujets fe fioient fur lui, commed for une feconde Providence. Son œil étoit leur loi, fa langue leur' oracle. Il leur aprit à faire fortir leur alimenti du fillon étonné, à commander le féu & contenir les eaux, à tirer des monftres des plus profonds abîmes de la mer, & de la terre atteindre l'aigle qui habite les airs. Enfin devenu lan-› guiffant, maladif & mourant, les

peu

des Pa

triarches.

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