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bliffent leur efpéce, & prennent le nom de vertus.

Que le Stoïque fier d'une infenfibilité oifive fe vante d'une vertu inébranlable; fa fermeté > femblable à celle de la glace, est une fermeté de contraction, & qui fait retirer les efprits vers le cœur. La force de l'efprit ne confifte point dans le repos, mais dans l'action. Une tempê te qui s'élève dans l'ame peut en ravager une partie, mais par fon action même en maintient la totalité Nous navigeons diverfement fur le vafte océan de la vie la raifon en eft la bouffole, mais la paffion en eft le vent. Ce n'eft pas dans le calme feul que l'on trouve la divinité: Dieu marche fur les flots, & monte fur les vents.

Les paffions, ainsi que les élémens, quoique nées pour combattre, cependant mêlées & adoucies s'uniffent dans l'ouvrage de Dieu: il n'a point renversé les paffions;

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paffions; il n'a fait que les modérer, & ils les a employées. Ce qui compofe l'homme, l'homme pourroit-il le détruire? Il fuffit que la raifon maintienne les paffions dans la voye de la nature, qu'elle les affujetiffe & les gouverne, qu'elle foit elle même docile à la nature & à Dieu.

L'amour, l'efpérance, la joye, la bande riante du plaifir; & la haine, la crainte, le chagrin trifte cortége de la douleur, les uns mêlés aux autres avec art, & renfermés dans leurs juftes bor-> nes, font & maintiennent la balance de l'efprit, compofent les lumiéres & les ombres dont le contrafte afforti fait la force & le coloris de la vie en Nous avons toujours des plaifirs, ou entre nos mains, ou devant nos yeux; & quand nous n'en poffedons plus, nous en envifageons. Toute l'occupation du corps & de l'efprit eft de faifir les prélens, & de préparer les fuC S turs.

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Paffion domi. nante &

tu s. Tous répandent leurs char-
mes, mais leur effet n'elt pas
égal. Nos différens fens font
frappés par différens objets. De
là, différentes paffions enflam-
ment les organes de la machine,
plus ou moins, fuivant que ces
paffions ont plus ou moins de
force; & de-là, la paffion qui
domine dans le coeur, femblable
au ferpent d'Aaron, engloutit
les autres..
sui d

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Comme l'homme peut être en recevant la vie, reçoit le principe caché de la mort, la maladie naiffa force. fante qui enfin doit l'emporter, croit & fe fortifie en même tems que le corps acquiert des forces & qu'il croît. De même la maladie de l'efprit infufée, pour ainfi di-ire, & mêlée avec notre conftitution, devient la paffion qui le gouverne. Toute humeur vitale deftinée à la nourriture du tout, fe jette fur cette partie foible tant du corps que de l'ame: à mesure que l'efprit s'ouvre & fe dévoile,

tout

tout ce qui échauffe le coeur ou remplit la tête, eft, par l'imagination qui y employe fes arts dangereux, détourné fur la partie malade.

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C'eft la nature qui donne la naiffance à cette paffion c'est Phabitude qui la nourrit. L'efprit, la vivacité, les talens, en augmentent la malignité. La raifon même en éguife le tranchant, en redouble la force; ainfi que les rayons benins du foleil augmentent P'acidité du vinaigre. La paf fion dominante, telle qu'elle foit, foûmet la raifon. Sujets malheureux d'une Reine légitime, en obéiffant à cette foible Reine, c'est à une de fes favorites que nous obéiffons. Hélas! puifqu'elle ne nous donne pas des armes auf. fi bien que des règles, que peutelle faire de plus que de nous fairé connoître nôtre foibleffe? Accufatrice févére, mais impuiffante amie, elle nous aprend à plaindre notre nature, mais non point C 6

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à la corriger: ou de juge, deve nant avocate, elle nous perfuade le choix que nous faifons; s'il eft fait, elle le juftifie. Cependant fiére de victoires imaginaires, elle enchaîne de petites paffions pour en faire triompher une plus puffante. C'est ainsi qu'un Médecin s'imagine avoir diffipé les humeurs, lorfque ces humeurs raffemblées produifent la goûte.

Oui, le chemin de la nature doit être préféré. En ce chemin la raifon n'est point guide, elle escorte; elle eft pour rectifier, & non pour renverfer: elle doit traiter la paffion dominante plus en amie, qu'en ennemie. Cette paffion eft une impulfion, forte qui dirige les hommes vers des fins différentes. Agi és par leurs autres paffions, comme par des vents changeans, les hommes font par la paffion dominante, conftamment jettés à une certaine côte. Qu'on foit épris d'amour

pour

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