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les fiftêmes poffibles, la fageffe infinie doit préférer le meilleur, où tout doit être rempli, parce qu'autrement il n'y auroit point de cohérence, & où tout ce qui eft, eft dans le dégré où il doit être il eft donc évident que dans les divers dégrés de la vie & des fens, il doit y avoir quell'homque que part un être tel me. Et toute la queftion (que l'on difpute tant que l'on voudra) fe réduit à ce point; fi Dieu à fait injuftice à l'homme en le plaçant dans le dégré où il eft?

Cette même chofe que nous. appellons injustice par raport à 1 l'homme, étant confidérée comme relative au tout, non feulement peut, mais encore doit être juste. Dans les ouvrages humains, poursuivis avec un travail pénible, mille mouvemens produisent à peine une feule fin. Dans les ouvrages de Dieu, un fimple mouvement non-feuB 4 lement

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un être

lement produit fa fin, mais en core feconde une autre opération. Ainfi l'homme, qui paroît ici le principal Etre, ne joue peut-être que le rôle de fecond par raport à une fphére inconnue, eft le mobile de quelque roue, le moien de quelque fin: car nous ne voions qu'une par. tie, & non le tout.

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Quand un fier courfier connoîtra pourquoi l'homme le modére dans fa courfe orgueilleufe, ou le pouffe au travers des plaines quand le boeuf ftupide fçaura pourquoi il fillonne la L'homme terre, ou pourquoi metamorphon'eft point fé en Dieu Egyptien il eft couimparfait, ronné de guirlandes : alors la étant un fotte préfomption de l'homme être pro- pourra comprendre l'ufage & portioné la fin de fon Etre, de fes paffions à la place & de fes actions: pourquoi il & au rang agit & il fouffre, il eft retenu qu'il occupedans & il eft excité: pourquoi dans ce moment, il eft un efclave; dans tion, & un autre moment, une divinité.

la créa

Ne

lations

Ne difons donc point que à des fins P'homme eft imparfait, que le & des re Ciel a tort difons plûtôt que qui lui l'homme eft auffi parfait qu'il font indoit l'être fon être eft propor- connues. tionné à fon état, au lieu qu'il occupe; fon tems n'eft qu'un moment, un point eft fon espace.

Le Ciel cache à toutes les créatures le livre du deftin, excepté la page néceffaire, celle de leur état préfent; il cache aux bêtes ce que l'homme connoît, aux hommes ce que connoiffent les efprits: autrement qui pourroit ici-bas fupporter fon existence? Ta volupté condamne aujour- C'eft en d'hui l'Agneau à la mort; s'il avoit partie fur ta raison, bondiroit-il & fe joue l'ignoran roit-il fur la plaine? Content ce des jufqu'au dernier moment, il brou mens fute le paturage fleuri, & léche la turs & en main qui s'éléve pour l'égorger. partie fur O ignorance de l'avenir, qui nous l'efpéraneft charitablement donnée, afin ce d'un que chacun puiffe remplir le cer- à venir cle que lui a marqué le Ciel qui qu'eft B S

Voit

événe

bonheur

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voit d'un œil égal, étant le Dieu de tous, un héros périr, & un pafféreau tomber; les atômes fe confondre, ou les Cieux fe bouleverfer; une bulle d'eau, ou un monde s'éclater.

Homme fois donc humble dans tes efpérances, & ne prends d'efforts qu'avec crainte. Attens ce grand Maître, la mort : & adore Dieu. Il ne te fait point connoître quel fera ton bonheur à venir, mais il te donne l'ef pérance pour être ton bonheur préfent. Une efpérance éternelle fleurit dans le cœur de l'homme il n'eft jamais heureux, il doit toujours l'être. L'ame inquiéte & renfermée en elle-même, fe repofe & fe promène dans la vie à venir.

Voyez ce pauvre Indien dont Fame non inftruite voit fon Dieu dans les nuées, ou l'entend dan's le vent. Une fcience orgueilleu fe n'aprit point à fon ame à s'élever auffi haut que l'orbe du So

leit, & que la voye lactée. Et cependant la fimple nature lui donna l'efpérance d'un Ciel plus bas au-delà d'une montagne dont le fommet eft enveloppé dans les nuages, d'un monde moins dangereux dans l'épaiffeur des gueil qui forêts; de quelqu'Isle plus heu vife à de reufe fituée au milieu d'une plai- trop hau. ne liquide, où ce pauvre'

Un or

ces, &

fon noiffan-, ve retrouve encore une . clates conpays natal; nul démon qui l'y qui prétourmente, & point de Chrê- tenda une tiens altérés de l'or. D'exifter, perfecfatisfait fes défirs naturelsition au ne fouhaite point les ailes des deffus de Anges, ni le feu des Séraphins mais il croit que fon chien fidèle, admis dans le même Ciel lui tien

de l'hom la portée,

me, eft la caufe de

reurs &

dra compagnie. Toi donc, qui fes eres plus habile, péfe dans les ba- de fa milances de ta raifon ton opinion fére. contre la Providence: appelle imperfection ce que tu t'imagines tel: Dis, ici Dieu donne trop, là il donne trop peu Détruits toutes les créatures pour ton B 6 goût

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