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renommée & même talens fuperieurs, rien ne peut rendre heureux un homme vicieux. Il n'y a que la vertu feule qui puiffe extraire du bien de tous les objets; elle feule peut faire goûter le bien fans le mêlange du mal. La vertu confifte dans l'amour de Dieu & celui du prochain. Ce n'est que l'amour de Dieu & celui du prochain qui peut conftituer un bonheur qui s'accorde avec le fiftême général, qui s'accorde avec nôtre fiftême particulier, & qui faffe dépendre tout bonheur particulier du bonheur général; propriétés caractéristiques de la véritable vertu & du véritable bonheur. Leur liaifon & leur reffemblance prouve que LA VERTU SEULE

FAIT ICI BAS NOTRE BONHEUR.

Il

Il y a dans cet extrait, quoique long par raport aux bornes d'une Préface ordinaire, bien des liaisons de raisonnement qui font omifes, & refervées à l'attention du Lecteur. Il eut été à fouhaiter qu'on eut fait cette Traduction en vers. Les Principes, les Maximes, les Préceptes frapperoient davantage, fe retiendroient plus facilement: mais la richeffe de la langue, & la fléxibilité des régles de la Poëfie Angloife, rendent en cette langue la verfification beaucoup plus facile qu'elle n'eft en François. D'ailleurs, il n'y a peut-être en Angleterre que Mr. POPE, à qui l'affujettissement de la mesure & de la rime, loin d'être un obftacle à la briéveté & à la précifion, puiffe au contraire être un moyen

moyen de facilité. Par cette raifon, quelqu'extraordinaire qu'elle paroiffe, & par celle qui la précede, Mr. Po PE a préféré la Poëfie à la Profe. Sa précifion eft l'effet d'un art fuperieur : elle donne beaucoup de force & de grace à des inftructions qu'il étoit autrement difficile de produire fans être fec ou devenir ennuyeux. Ces raifons doivent faire connoitrre que l'ouvrage étoit très-difficile à traduire; la plupart des Anglois ne balancent point à le croire intraduifible; & je pense qu'en effet toutes les Traductions que l'on en pourroit faire, ne fauroient être qu'inferieures à l'original. Si l'on trouve donc dans le ftile de celle-ci quelque dureté, quelque mòt hazardé, que ces raisons en foient l'excufe. D'ailleurs on a crû de

voir facrifier la délicateffe à l'exactitude & à l'énergie. Le Traducteur n'a eu d'autre objet que de faire connoitre autant qu'il a pû, l'Ouvrage tel qu'il eft, & ces fortes de traductions ont leur utilité particuliére, en ce qu'elles ne déguifent point le goût & le caractère des Ouvrages d'une Nation car chaque Nation a fes mœurs, obfervation qu'un lecteur judicieux ne perd jamais de vuë.

On a prétendu qu'il y avoit du Spinofifme dans cet Effai fur l'Homme. La fagesse, la bonté, & la providence de Dieu, la dépendance de l'homme à l'égard d'un Esprit Suprême & Créateur, y. font évidemment fuppofées & prouvées, ce qui eft directement contraire au fiftême de SPINOSA. On n'a donc pû critiquer que quel

quelques expreffions; en ce cas, ces expreffions pour être trouvées vicieuses, ont dû être féparées du corps de l'Ouvrage, dont l'efprit en corrige l'abus. Epiloguer de la forte, c'est agir contre les régles d'une faine critique; & même d'ailleurs on eut dû confidérer qu'on ne doit pas interpréter rigoureufement & théologiquement des faillies & des efforts poétiques. Le P. Tournemine Jéfuite, un des premiers hommes de lettres qu'il y aît en France, & reconnu pour juge compétent, foit comme théologien ou comme philofophe, écrivit au traducteur après avoir lû cet ouvrage, il ne nuira qu'aux efprits corrompus qui tournent tout en venin; un efprit droit en tirera un bon fuc, de grandes vues B

&

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