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rentes vers le même but. C'eft même l'instinct qui forme entre les hommes les premiers liens, la raifon les refferre: ainfi la raison eft guidée par l'instinct; ainfi la paffion & la vertu marchent par tout. Ce n'eft pas que le prémier état de la nature fût un état d'aveuglement, c'étoit au contraire le règne de Dieu; & fi depuis, l'homme eft parvenu aux arts, ce n'est qu'en suivant la nature & qu'en copiant l'instinct. Il a trouvé parmi les bêtes des modéles de fociétés & de gouvernemens. L'amour, les craintes & les befoins, furent les motifs qui engagérent les hommes à les établir. Le premier des gouvernemens fut celui des Patriarches qui étoient les Rois, les Prêtres & les Pérés de leur é

tat:

tat: leur fin aprit à leurs fujets à remonter à un premier Pére, à un premier Etre; ils l'aimérent, ils s'aimoient entr'eux : tout alors n'étoit qu'amour. C'eft la crainte qui a établi la tirannie; la force aidée par la fuperftition produifit la crainte; les hommes devenus tirans & vicieux crurent à des Dieux tirans & vicieux. L'amour propre aveugle fut le principe de ces maux, & le même amour propre éclairé les rectifia & aprit qu'un gouvernement fondé fur la violence ne peut fubfifter long-tems. De là l'établiffement des Loix qui font fondées fur les befoins mutuels; & de là l'établissement de cette vérité fondamentale, que pour l'amour de foi même, il faut aimer les autres & que par conféquent

LE

LE VERITABLE AMOUR PROPRE & L'AMOUR SOCIAL NE SONT QU'U N.

La quatriéme Epitre traite de la nature & de l'état de l'homme par raport au bonheur. M. POPE y prouve que la vertu feule peut faire, & fait ici bas nôtre bonheur. Il commence cette Epitre en s'adreflant au bonheur d'une maniére tout à fait poëtique; il fait voir enfuite qu'il a été mal défini par les Philofophes. C'eft un but auquel tous les hommes tendent par l'impulfion de la nature, & qu'ils doivent par conféquent pouvoir atteindre : & comme Dieu n'agit point par des loix particuliéres mais par des loix générales, & que toute la nature n'est qu'un feul fistême le bonheur doit confifter, non dans

dans le bien d'un feul, mais dans le bien de tous: le bonheur - de l'un doit dépendre de celui de l'autre, & tout bonheur particulier du bonheur général. II ne peut confifter dans la poffeffion des biens de la fortune, qui pour l'ordre, la paix, & le bien être de la fociété doivent être inégalement diftribués; la Providence néanmoins balance cette inégalité par la crainte & l'efpérance. On fe fait une fauffe idée de la nature des biens: ils ne confiftent qu'en trois chofes; la fanté, la paix & le néceffaire. La vertu feule donne la paix & joint à la jouiffance des deux autres, un plaifir que le fcélérat ne peut avoir; elle maintient même la fanté par la tempérance; un honnête travail peut lui donner le néceffaire tous les avantages du

vice, elle les fuit & les dédaigne. Les maux que l'homme vertueux peut effuyer font des maux & des accidens que le hazard donne à tous, & que l'erreur feule peut accufer d'être des effets particuliers de la vertu. Ils font dans P'ordre du grand fiftême, & ce n'eft que la folie qui puiffe défirer que Dieu altére l'ordre général en faveur d'un particulier. Qui perd de vue ce grand objet, fe fait une idée fauffe, également & de l'homme jufte & du prix qui lui est dû. La vertu & le vice ont leur recompenfe & leur punition propre, le repos ou l'agitation de l'ame, l'aprobation ou le reproche de la confcience. Le vice entraine avec lui un levain qui empoisonne tout: richeffes, dignités, naiffance, grandeurs,

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