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nature & de Pétat de l'homme par raport à lui-même confidéré comme individu. M. POPE qui vers la fin de la premiere Epitre a tracé un portrait poëtique de la divinité, commence celle-ci par le portrait de l'homme. C'eft un être d'une nature mixte, borné dans fes facultés, fujet à beaucoup de foibleffes: il eft un mêlange de paffion & de raison, de vices & de vertus. C'est ce que l'auteur explique & développe dans tout le cours de cette Epitre. En voici une courte déduction. Il y a deux principes de nos actions l'amour propre & la raifon; l'un & l'autre font également néceffaires. L'un fait agir & l'autre retient, & ces principes ont plus ou moins de force à proportion de la proximité de A 6 leur

leur objet. Ils s'uniffent en ce point final, de rechercher le plaifir & de fuir la peine. Les paffions font les modifications de l'amour propre elles font les élémens qui compofent l'homme & qui par conféquent ne peuvent être détruites, mais qu'on doit modérer. Des paffions mêmes naiffent les principes de nos vertus; vertus diftinguées des vices, quoiqu'elles en foient fort voifines, & qu'elles leur foient, pour ainfi dire, aparentées. L'homme eft un cahos d'ombre & de lumiére, qui ne peut être féparé, dit Mr. POPE, que par le Dieu qui -eft en nous; c'eft auffi l'expreffion d'OVIDE eft Deus in nobis. Toutes nos paffions, même nos vices, font des inftrumens de la Providence, des moyens du bien géné

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général. L'auteur infifte beaucoup for ce principe qui refulte * naturellement de ce qu'il a établi dans la premiere Epitre, où il a fait voir qu'on doit tout raporter à la totalité de l'univers, & à l'Etre Suprême n'agiffant que pour une feule grande fin. En effet, des foibleffes que la fageffe de la providence a diftribuées aux différens ordres, il en résulte leur dépendance, leur union', leur force. Des paffions fortables accompagnent chaque état, & ce que la connoiffance peut renverfer, ces paffions le relévent. De cette fage diftribution de foibleffes & de paffions fuit cette confequence, que QUOIQUE L'HOMME SOIT FOLIE, DIEU EST TOUTE SAGESSE. Toute la feconde Epitre tend à prouver la vérité de cette maxime.

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La troifiéme Epitre traite de la nature & de l'état de l'homme, confidéré par raport à la focieté. L'auteur y envisage d'abord l'union & la relation générale de tous les êtres, les dépendances mutuelles de l'homme & de la bête, & leurs fervices re'ciproques: il traite enfuite des divers liens de fociété qui uniffent les hommes entr'eux, & qui proviennent de nôtre nature, de nos befoins, de la Religion & du Gouvernement. Grands objets qui font le fujet de cette troifiéme Epitre. Il faut donner un peu plus d'étendue à ces idées. Le monde eft un fistême de focieté rien n'existe à part, rien n'eft fait entiérement pour lui-même, ni entiérement pour les autres. L'homme engraiffe

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Poifon fa luxure, fon plaifir, fa vanité l'engagent à prendre foin d'un grand nombre d'animaux; & ces animaux relativement à leur dégré de connoiffance font au moins autant fondés à croire l'homme fait pour eux, que l'homme l'eft à croire la création faite pour lui. S'ils contribuent au bonheur de l'homme, l'homme ne contribue pas moins au leur.

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ya pour tous un bonheur mutuel. Chacun a un dégré de connoiffance qui lui eft propre, & qui eft proportionnel à son état. Si l'homme eft pourvû de la raifon, la bête eft pourvue de l'inf tinct; l'un & l'autre prodeifent également le bonheur de chaque individu: ils produisent les mêmes effets par raport à la focieté. Ils marchent par des routes diffé

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