rieurs. hommes. Toute réputation qui ne provient pas d'un vrai mérite nous eft étrangère & pernicieufe: fon encens porte à la tê, te, mais ne pénétre pas au coeur. Une heure d'une aprobation inté rieure, l'emporte fur des années d'acclamations d'une populace fottement éprife. Marcellus exilé reffentoit de plus, véritables joyes, que Céfar fuivi de tout le Sénat. Quels avantages refultent des Talens talens fupérieurs? Dites-nous, Mifupélord, car vous le pouvez, ce que c'eft que d'être habile & fçavant C'eft de favoir combien peu nous pouvons favoir, d'apercevoir toutes les fautes des autres, & de fentir les fiennes propres. Condam né, à débrouiller les affaires, ou à reftaurer les arts, fans fecond ou fans Juge, voulez vous montrer des vérités, ou fauver un pays qui s'abîme? Tout le monde craint, perfonne ne vous aide, & peu vous comprennent. O trifte prééminence de fe fentir au deffus des Les hommes font malheu reux des foibleffes de la vie, & des con: folations qu'elle offre ! Qu'on examine donc à fond tous ces différens avantages: toute compenfation faite, qu'on voye quel en eft le refultat: combien fûrement pour acquerir l'un on doit perdre de l'autre, s'il n'est totous ces talement perdu: combien ils font avec la poffeffion de biens. peu compatibles: combien fouvent on rifque pour eux la vie, & toûjours le repos. Examinons donc; & fi toute-fois ils peuvent encore exciter nôtre envie, voyons à qui le hazard les donne, & voudrions nous nous changer pour eux? Si nous fommes affez fimples que de foupirer pour un cordon, remarquons quelle grace il donne au Lord Umbra & au Chevalier Billy. Si le métal jaune eft l'objet de nôtre paffion, jettons les yeux fur Gripus où fur fa femme. Si les talens nous flatent, réfléchiffons combien a brillé Bacon, le plus éclairé & le plus foible des hommes. Si nous fom mes mes ravis d'un nom fameux, voyons Cromwel condamné à une renommée éternelle. Si l'union de tous ces prétendus biens excite nôtre ambition, lifons les anciennes hiftoires: elles nous aprendront à les méprifer tous. On y découvre la fauffeté du bonheur dans les richeffes, les dignités, la réputation & la grandeur; biens fur lefquels on fonde les divers dégrés de bonheur, à l'union desquels on attache l'idée d'un bonheur complet. Que paroiffent heureux ceux qui poffedent le cœur des Rois & la confiance des Reines! Ce n'eft que pour ruiner ceux-ci & trahir celles là. Obfervons par quelles démarches indignes ils parviennent à la gloire. Ainfi que la fiére Venife, ils s'élèvent d'un marais fangeux. Leur crime & leur grandeur avance d'un pas égal & ce qui produit leur héroïfme détruit P'humanité. On voit fur leur front les lauriers de l'Europe, mais ou teints La vertu teints de fang, ou fruits de la venalité vous les voyez enfin vivre deshonorés par le pillage des provinces, caffés de travaux, ou perdus par la moleffe. O malheureufes richeffes, à qui la re. nommée n'a pû donner de l'éclat, ou qu'elle n'a pû préferver de la honte? Quel eft le bonheur qui termine leur carrière? Des mignons avides, ou une femme im perieuse, embaraffent leur magnifique chambre, leur fuperbe alco ve, & troublent leur fommeil par un trop pompeux cortége. Hélas! qu'on ne fe laiffe pas éblouir par l'éclat de leur midi; qu'on le compare à l'obscurité de leur matin & de leur foir. Tout le refultat de leur grande renommée n'eft qu'un fonge, où leur gloire est confondue avec leur honte. Connoiffons donc cette vérifeule té & la connoiffance en fuffit à conftitue l'homme, qu'IL N'Y A D'AUun bon- TRE BONHEUR ICI-BAS heur QUELA VERT U; le feul point où l'objet où la félicité humaine foit fixée, dont & qui faffe goûter le bien fans le mélange du mal: le feul qui don eft univerfel & ne au mérite de conftans retours, éternel & qui lui donne également du plaifir des bienfaits reçûs & des bienfaits donnés; où la joye eft fans égale, lorfque le fuccès nous feconde, & où le défaut de fuccès ne produit aucun chagrin; qui fait jouir de l'abondance fans fatiété, & qui dans l'épreuve des revers fe fait favourer avec le plus de complaifance. Les ris que la folie infenfible fait éclater dans fes fauffes joyes, font beaucoup moins agréables que les pleurs mêmes de la vertu elle extrait du bien de tous les objets, en acquiert de tous les endroits: elle s'exerce toûjours, jamais n'eft fatiguée; elle n'eft point enflée de la chúte d'un autre homme, ni abatue de fon élévation: fans befoins, elle ne peut former aucun fouhait, puifque par raport à la vertu en fou haiter d'avantage c'eft l'obtenir. C'eft |