Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

15.

Lettre du Pape au Roi d'Italie, en réponse à la lettre du Roi, annonçant l'occupation des Etats pontificaux; en date du Vatican, le 11 sep

tembre 1870. .

(Traduction.)

Majesté, - Le Comte Ponza di San Martino m'a remis une lettre que votre Majesté a bien voulu m'adresser; elle n'est pas digne d'un fils affectueux qui se fait gloire de professer la foi catholique. Je n'entre pas dans les détails de cette lettre, pour ne pas renouveler la douleur qu'une première lecture m'a causée. Je bénis Dieu qui a permis à votre Majesté de combler d'amertume la dernière période de ma vie.

Du reste, je ne peux admettre certaines demandes ni me conformer à certains principes contenus dans votre lettre.

J'invoque de nouveau Dieu, et je remets dans ses mains ma cause qui est entièrement la sienne. Je le prie d'accorder bien des grâces à votre Majesté, de la délivrer des dangers et de lui dispenser les miséricordes dont elle a besoin.

Du Vatican, le 11 Septembre 1870.

Pie IX.

16.

Proclamation du Commandant de l'armée italienne; en date du 11 septembre 1870.

(Traduction.).

Italiens des Provinces Romaines,

Le Roi d'Italie

m'a confié une haute mission; il vous est réservé d'en

être les plus efficaces coopérateurs.

L'armée italienne, symbole et preuve de la concorde et de l'unité nationale, vient parmi vous, animée de sentiments fraternels, pour sauve-garder la sécurité de l'Italie et vos libertés.

Vous saurez prouver à l'Europe que l'exercice de tous vos droits peut s'allier au respect, à la dignité et à l'autorité spirituelle du suprême Pontife. L'indépendance du Saint-Siége restera inviolable au milieu des libertés civiles, mieux qu'elle ne l'a jamais été sous la protection des interventions étrangères.

Nous ne venons pas porter la guerre, mais la paix et l'ordre vrai.

Je ne dois pas intervenir dans le gouvernement et dans les administrations; vous y pourvoirez vous-mêmes. Ma tâche se borne à maintenir l'ordre et à défendre l'inviolabilité du sol de notre patrie commune.

Terni, le 11 Septembre 1870.

Le Lieutenant-Général commandant le 4ème Corps de l'Armée,

Cadorna.

17.

Capitulation de Rome; signée à Villa Albani, le 20 septembre 1870.

(Traduction.)

Villa Albani, le 20 septembre 1870.

I. La ville de Rome (sauf la partie limitée au sud par les bastions de San-Spirito, comprenant le mont Vatican et le château Saint-Ange et qui constitue la Cité Léonine), son armement complet, drapeaux, armes, magasins à poudre et tout ce qui est propriété de l'Etat, seront remis aux troupes de S. M. le roi d'Italie.

II. La garnison entière sortira avec les honneurs de la guerre, emportant ses drapeaux, armes et bagages. Après avoir été reçue avec les honneurs militaires, elle déposera les drapeaux et les armes, à l'exception des

officiers, qui garderont leur épée, leurs chevaux et tout ce qui leur appartient personnellement. Les troupes étrangères sortiront les premières, les autres viendront ensuite, selon leur ordre de bataille, avec la gauche en tête. La sortie de la garnison aura lieu demain matin à sept heures.

III. Toutes les troupes étrangères seront dissoutes et les soldats renvoyés immédiatement dans leurs foyers par les soins du gouvernement italien, qui les dirigera dès demain par le chemin de fer vers la frontière de leur pays. Le gouvernement a la faculté de prendre ou non en considération les droits de pension que ces troupes pourraient avoir régulièrement stipulés avec le gouvernement pontifical.

IV. Les troupes indigènes seront constituées en dépôt sans armes, mais avec les collocations qu'elles ont actuellement. Le gouvernement du Roi se réserve de statuer sur leur position future.

V. Elles seront envoyées à Civita- Vecchia dans la journée de demain.

VI. Les deux parties nommeront une commission composée d'un officier d'artillerie, d'un officier du génie et d'un fonctionnaire d'intendance pour la remise dont il est question dans l'art. 1er.

Pour la place de Rome:

Le chef d'état-major, F. Rivalta.

Pour l'armée italienne:

Le chef d'état-major, F. D. Primerano.

Vu, ratifié et approuvé:

Le général commandant les troupes romaines:

Kanzler.

Le lieutenant-général commandant le 4o corps d'armée: Cadorna.

18.

Protestation contre l'occupation des États pontificaux par le gouvernement italien, adressée par le Cardinal - Secrétaire d'État aux agents diplomatiques près le Saint-Siége; en date du Vatican, le 20 septembre 1870.

Du Vatican, le 20 septembre 1870.

Votre Excellence connaît parfaitement, les usurpations violentes de la plus grande partie des États de l'Église accomplies en juin 1859 et en septembre de l'année suivante par le gouvernement qui s'est installé à Florence. On connaît également les solennelles réclamations et protestations faites par Sa Sainteté contre cette sacrilège spoliation, soit par les allocutions prononcées en consistoire et publiées dans la suite, soit par les notes adressées en son nom souverain par le soussigné cardinal secrétaire d'État au corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siége.

Le gouvernement envahissant n'aurait certainement pas manqué de consommer la spoliation sacrilège, si le gouvernement français, instruit de ses ambitieux projets, ne l'avait arrêté en prenant sous sa protection la ville de Rome et son territoire déjà restreint, et en y maintenant une garnison.

Mais, à la suite d'accords conclus entre le gouvernement français et celui de Florence, accords par lesquels on croyait assurer la conservation et la tranquillité des Etats restés au Saint-Siége, les troupes françaises se retirèrent. Les conventions toutefois ne furent point respectées; et en septembre 1867 quelques hordes poussées par des impulsions occultes se jetèrent sur le territoire pontifical avec le dessein pervers de surprendre et d'occuper Rome. C'est alors que revinrent les troupes françaises, et prêtant main-forte à nos fidèles soldats qui luttaient déjà victorieusement contre l'invasion, elles achevèrent dans les plaines de Mentana de réprimer l'audace des envahisseurs, et firent complètement échouer leurs iniques desseins.

Cependant, le gouvernement français, ayant retiré ses troupes à l'occasion de la guerre déclarée à la Prusse,

ne négligea point de rappeler au gouvernement de Florence les engagements qu'il avait contractés par les conventions signalées ci-dessus, et de se faire donner les assurances les plus formelles au sujet de leur observation. Mais le sort des armes ayant été défavorable à la France, le gouvernement de Florence, profitant de ces revers au mépris des accords conclus, prit la déloyale résolution d'envoyer une forte armée pour consommer la spoliation des domaines du Saint-Siége, tandis que, malgré les plus puissantes instigations venues du dehors, la plus parfaite tranquillité régnait partout, et qu'il se produisait de toutes parts, et particulièrement ici à Rome, des démonstrations spontanées et incessantes de fidélité, d'attachement et de filial amour envers la personne auguste du Saint-Père.

Avant de perpétrer ce dernier acte de la plus affreuse injustice, on envoya à Rome le comte Ponza di San-Martino, porteur d'une lettre écrite au Saint-Père par le roi Victor-Emmanuel; cette lettre portait que le gouvernement de Florence, ne pouvant contenir l'ardeur des aspirations nationales ni l'agitation du parti de l'action, comme on l'appelle, se voyait forcé d'occuper Rome et le territoire qui lui reste. Votre Excellence peut aisément s'imaginer la profonde douleur et la vive indignation dont fut saisi le coeur du Saint-Père par suite d'une déclaration aussi étrange. Toutefois, inébranlable dans l'accomplissement de ses devoirs sacrés, et se confiant pleinement en la divine Providence, il repoussa résolument toute proposition, attendu qu'il doit conserver intacte sa souveraineté, telle qu'elle lui a été transmise par ses prédécesseurs.

En présence de ce fait, qui s'est accompli sous les yeux de toute l'Europe et par lequel sont foulés aux pieds les principes sacrés de tout droit, et spécialement du droit des gens, Sa, Sainteté a ordonné au soussigné, cardinal secrétaire d'État, de réclamer et de protester hautement, comme en effet il réclame et proteste en son auguste nom, contre l'indigne et sacrilège spoliation des domaines du Saint-Siége qui vient d'être accomplie, déclarant en même temps le roi et son gouvernement responsables de tous les dommages qui résultent, pour le Saint-Siége et pour les sujets pontificaux, de cette violente et sacrilège usurpation. Sa Sainteté a ordonné en outre de déclarer, comme en effet le soussigné déclare

« ZurückWeiter »