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Elle n'a rien de transcendental, rien qui dépasse la portée des intelligences ordinaires; elle n'exige, pour être comprise, que du bon sens et un esprit dégagé de préventions. L'important ici n'est pas de savoir beaucoup, mais de savoir bien ce qu'on sait; ce n'est pas d'embrasser la science dans toute son étendue et de l'approfondir dans tous ses détails, mais d'en retenir les principes fondamentaux, afin d'y pouvoir trouver, dans les questions douteuses, un sûr moyen de discerner le vrai du faux. la fiction de la réalité.

La science sociale est une des plus jeunes entre les sciences; elle ne date guère que de la fin du siècle dernier; c'est alors seulement qu'elle a commencé à se dégager des vieux systèmes mystiques ou soi-disant philosophiques, de même que la chimie se dégageait, vers le même temps, des doctrines hermétiques et des chimères de l'alchimie. Ne nous étonnons donc pas si elle ne compte encore qu'un petit nombre d'adeptes. Son heure ne saurait tarder à venir, et il nous a paru que le moment était venu de joindre nos efforts à ceux des hommes de bonne volonté qui ont déjà entrepris de la propager, de la vulgariser. C'est dans ce but que nous inaugurons aujourdhui le présent Bulletin, destiné à suivre le mouvement de la science, à en exposer les principes et à montrer comment elle permet de résoudre simplement et sûrement les graves problèmes qui s'imposent à ce moment à tous les esprits.

(La Cloche.)

ARTHUR MANGIN.

BIBLIOGRAPHIE

PRECIS HISTORIQUE ET ÉCONOMIQUE DU TRAITÉ DE COMMERCE ENTRE LA FRANCE ET LA GRANDE-BRETAGNE, signé à Versailles le 26 septembre 1786, par le comte His DE BUTENVAL, ancien ministre plénipotentiaire, Paris, 1869; 143 pages gr. in-8.

L'ouvrage de M. le comte de Butenval est venu fort à propos pour porter la lumière sur le traité de commerce conclu en 1786 entre la France et l'Angleterre. Les circonstances qui en ont précédé, accompagné et suivi la signature ont été tellement dénaturées que c'était un véritable service à rendre à l'histoire et à la France que de rétablir la vérité des faits. M. de Butenval a rendu ce service par la publication qui nous occupe et qui est bien le précis le plus net, le plus clair et le plus décisif qu'il soit possible d'écrire sur ce sujet.

Après un résumé rapide de la politique commerciale suivie par la France vis-à-vis de l'Angleterre depuis la Ligue de Henri IV, M. de Butenval arrive au traité de 1786.

Une certaine opinion s'obstine à présenter ce traité comme ayant été imposé à la France par l'Angleterre. M. de Butenval démontre que c'est le contraire qui est vrai. L'Angleterre avait, d'assez mauvaise grâce, consenti, par le traité de 1783, à reconnaître l'indépendance des États-Unis, à nous rendre à peu près toutes nos colonies et celles de nos alliés, enfin à contracter de nouveaux arrangements de commerce, lesquels arrangements devaient être terminés et conclus dans l'espace de deux

ans. »

« L'année 1784, dit M. de Butenval, se passa presque tout entière en instances réitérées du côté de la France..... en délais, en atermoiements et en remises de toute sorte de la part de la Grande-Bretagne. » M. Pitt, premier ministre, avait envoyé un commissaire qui n'avait pas reçu d'instructions et qui ne disait rien. « M. de Vergennes comprit que ce n'était décidément pas à Londres qu'il fallait agir pour déterminer l'Angleterre à changer de politique sur ces matières, et il se décida à entrer dans la voie des rigueurs douaniales. En conséquence, deux arrêts du Conseil d'État interdirent l'entrée en France des étoffes anglaises. Grand émoi en Angleterre. L'envoyé anglais demande le retrait des arrêts «< comme preuve de bon vouloir. » M. de Rayneval répond officiellement « qu'il est impossible dès à présent d'en ordonner la suppression. » Enfin, M. de Vergennes fait rendre un nouvel arrêt « qui prohibait à toutes les entrées du royaume les fers, les aciers polis, les armes et la quincaillerie. »

« Cette fois, dit M. de Butenval, c'était au cœur mème de l'Angleterre industrielle que le coup était porté, et porté à fond.

« L'effet fut immédiat et décisif. >>

Un mois après, un plénipotentiaire, sir William Eden, était désigné par l'Angleterre.

Toutes ces péripéties sont fort bien racontées par M. de Butenval, et son récit prouve surabondamment que les négociations ne furent pas imposées par l'Angleterre à la France, mais bien par la France à l'Angleterre.

M. de Butenval démontre ensuite, avec le même succès, que l'industrie française, bien loin d'être opposée à l'idée d'un traité de commerce avec l'Angleterre, lui était au contraire favorable. Il en trouve la preuve dans les nombreux mémoires réunis dans les cartons des Affaires étrangères; il donne des extraits de plusieurs d'entre eux qui prouvent la confiance que leurs rédacteurs avaient dans la puissance de la liberté.

S'inspirant des doctrines exposées dans ces documents, M. de Rayneval, négociateur français, développa, le 21 mai 1786, devant le Conseil d'État, les vues du cabinet français et les principes qui devaient servir de base aux négociations. Ici encore, M. de Butenval se borne à donner des extraits bien choisis du rapport de M. de Rayneval, extraits qui mon

trent clairement l'esprit dans lequel la France entamait les négociations et auxquels il n'y avait à ajouter ni explications ni commentaires.

Enfin la négociation commença. Dans un chapitre intéressant, M. de Butenval la suit, pour ainsi dire, pas à pas, et fait assister le lecteur à toutes ses péripéties.

Le traité fut signé à Versailles le 26 septembre 1786. Comme nous n'avons pas la prétention de remplacer ici le très-intéressant ouvrage de M. de Butenval, nous ne reproduirons pas l'analyse exacte qu'il donne de ce traité. Nous nous bornerons à en signaler les dispositions principales, celles qui lui donnent, pour ainsi dire, sa véritable physionomie. D'après le traité, les vins français payaient les mêmes droits que les vins du Portugal. Les droits sur les vinaigres, les eaux-de-vie et les huiles de France étaient réduits. Tous les tissus, excepté ceux de soie, la verrerie, la faïence et la sellerie, les porcelaines et les glaces, etc., payaient les mêmes droits en France qu'en Angleterre. Enfin, la liberté de la navigation était accordée pour tous les ports de la France et de l'Angleterre.

Le traité, à peine conclu, souleva de bruyantes clameurs des deux côtés du détroit, et ce fut l'Angleterre qui cria la première et qui cria le plus fort.

Cette période est aussi curieuse à étudier que la première, et elle est racontée par M. de Butenval avec la même exactitude des détails. Il cite des passages des journaux et des discours des principaux orateurs de l'opposition dans la Chambre des communes, journaux et discours extrêmement violents contre la France. Passant à la France, il explique comment le mécontement ne pouvait se faire jour que dans les chambres de commerce, et il cite le mémoire de la chambre de Picardie et surtout celui de la chambre de commerce de Normandie. Il analyse ce dernier avec une grande impartialité et donne ensuite l'analyse de la fameuse réponse que lui fit Dupont de Nemours.

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Après un résumé si substantiel que nous ne pouvons parvenir à l'analyser nous-même, M. de Butenval termine par ces mots : Dupont de Nemours, en concluant, faisait remarquer que les plaintes, même légitimes, contre l'effet du traité, ne se rapportaient en réalité qu'à quelques fabriques de trois provinces du royaume, tandis que les vignerons de la Guyenne, du Roussillon, du Languedoc, du Quercy, de la Champagne, de la Charente, les propriétaires d'oliviers et les fabricants de savons de Provence, les possesseurs de salines de Bretagne et du Poitou, les fabricants de linons et de batiste de Picardie, n'avaient qu'à se louer des effets de ce même traité. »

M. de Butenval a eu l'heureuse idée de rapprocher du mémoire de la chambre de commerce de Rouen un mémoire présenté quinze ans après par la chambre de commerce de Bordeaux, et qui émet sur le traité de

commerce un avis diamétralement opposé. Ici encore, M. de Butenval se borne à citer des passages auxquels l'économiste n'a rien à ajouter et le protectionniste n'a, à notre avis, rien à dire. La chambre de commerce ne veut point admettre que le traité ait été aussi défavorable à la France qu'on l'a dit, et elle termine en disant « qu'il est permis de conclure qu'un nouveau traité, fait avec plus de soin et de prévoyance, et après l'expépérience du premier, pourrait être utile sous tous les rapports commer ciaux et politiques. »

M. de Vergennes ne vit pas l'application du traité; il mourut avant qu'il fût volé par la Chambre des lords. Les ministres qui lui succédèrent, portant ailleurs leur sollicitude, négligèrent de négocier avec l'Angleterre quelques modifications de détail que l'expérience avait fait reconnaître comme indispensables. Aucune des réformes intérieures sollicitées avec tant d'instances par Dupont de Nemours n'avait accompagné son exécution.

M. de Butenval n'abandonne pas ce malheureux traité; il le conduit jusqu'au jour de sa dénonciation (en 1793), et démontre surtout admirablement l'habileté avec laquelle M. William Eden s'appliqua, jusqu'à la fin, à en atténuer les dispositions favorables à la France.

Enfin, appréciant dans ces derniers chapitres les résultats du traitė. M. de Butenval présente, avec la plus grande sobriété, des chiffres qui nous paraissent péremptoires. Ainsi, il établit que le commerce général de la France, qui ne s'élevait, en 1787, qu'à 991 millions, dépassait, en 1792, le chiffre de 1,700 millions.

Nous l'avons dit en commençant, nous le répéterons encore, M. le comte de Butenval a rendu un véritable service à notre pays en publiant ce Précis du traité de 1786, dont l'histoire est peu connue. Les esprits curieux pourront maintenant, en lisant cet excellent travail, se faire une idée exacte de ce grand fait économique de la fin du siècle dernier et se convaincront que la France était, dès cette époque, en mesure de lutter à armes égales avec l'Angleterre. JULES DE VROIL.

EXPOSÉ DE LA SITUATION DE L'EMPIRE. 10 vol. in-fo, imprimerie impériale.

Depuis l'année 1861, le gouvernement impérial publiait tous les ans, sous le titre donné ci-dessus, des documents de toute espèce sur lesquels nous croyons devoir rappeler ici des indications utiles à nos lecteurs. Le premier volume de ce recueil, Exposé de 1861, contenait seulement 72 pages et le dernier 277. Voici quelle en était la division:

1o Situation générale.-Situation intérieure; élections départementales et législatives; municipalités; sûreté publique; imprimerie et librairie: presse périodique et colportage; dénombrement de la population.

-

20 Administration générale, départementale et communale. Etablissements généraux de bienfaisance; mutualités; sociétés de charité matérielle; médecine gratuite; aliénés; enfants assistés; mendicité; institutions relatives à l'amélioration du sort des classes laborieuses; hôpitaux et hospices; prisons et établissements pénitentiaires; situation financière des départements; conseils de préfecture, archives départementales; chemins vicinaux ; emprunts des communes; télégraphie.

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3o Finances. Exercices 1865, 1866 et 1867; dette publique et découverts du Trésor; amortissement des rentes; contributions directes et indirectes; enregistrement, timbre et domaines; forêts; douanes; manufactures de l'Etat ; postes ; monnaies et médailles.

Agriculture. Mise en valeur des communaux; assainissement, dessèchement, curages.

5o Commerce et industrie.

Commerce extérieure avec les principales puissances; caisse d'épargne; conservatoire des arts et métiers; législation commerciale et industrielle.

-

60 Travaux publics. Routes impériales; navigation intérieure ; ports maritimes; service hydraulique; drainage; irrigation; chemins de fer; industrie minérale.

Monuments historiques, bâtiments civils; archives de

Beaux-arts. l'Empire; théâtre.

8° Justice civile et justice criminelle.

9o Cultes.

10° Ministère de la guerre dans toutes ses attributions et tous ses services, y compris l'Algérie, la marine et les colonies.

11o Instruction publique à tous les degrés.-Sciences et lettres; missions scientifiques et littéraires.

12o Affaires étrangères, politiques et commerciales.

Voici la date de la publication de ces documents et celle de leur insertion au Moniteur ou dans le Journal officiel de l'Empire, à l'exception de l'année 1861, qui a été publiée en février et qui n'est pas donnée par un de ces journaux : Février Janvier

1861.

1862, inséré dans le no du 29 janv. pour la session de 1862. Janvier 1863 14 janvier.

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Ces documents étaient distibués à chaque session aux membres du Corps législatif et du Sénat.

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A. B.

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