tout d'abord constituée en République, parce que la République, c'est-à-dire le gouvernement de tous par tous et pour tous, peut seule unir les âmes et les préparer à de nécessaires sacrifices. Ce serait donc un crime contre le pays que de l'attaquer par des intrigues ou des violences ayant pour but le succès d'une minorité monarchique ou dictatoriale. » Et comme conclusion: « Le Gouvernement met son honneur à fonder la République. Il la défendra énergiquement, avec le ferme dessein de lui donner pour base le crédit, sans lequel la richesse publique ne peut renaître le maintien de l'ordre et l'exécution des lois, qui seuls lui permettront de préparer une ère de réparation et de paix. (( Les incidents de la crise que nous venons de traverser, et en particulier l'action dictatoriale du Gouvernement de la défense et de ses agents sur les départements, ont surexcité le vieux sentiment de jalousie de l'esprit provincial contre Paris qui provient de causes diverses: l'excès de centralisation, l'initiative et la prépondérance de Paris dans les révolutions politiques, les qualités et les défauts de la grande cité, etc. Un bon nombre de députés s'étaient donc rendus à Bordeaux avec le projet d'établir le siége définitif du nouveau gouvernement ailleurs qu'à Paris. Çà a donc été là une question à vider dès que les conditions de la paix ont éte ratifiées. Après force tiraillements, après une vive discussion, malgré les efforts de M. Thiers, qui a fait valoir cette grosse raison qu'on ne peut gouverner et administrer en chemin de fer, il a été décidé comme moyen terme, à une assez grande majorité, que l'Assemblée siégerait à Versailles. D'où il résulte que le gouvernement va s'installer à Paris, et que le jour n'est pas loin où les membres du pouvoir législatif, adversaires de Paris, mais las de courir matin et soir en wagon, demanderont eux-mêmes à venir siéger ici. On a cité, à ce sujet, l'exemple des États-Unis. Mais les ÉtatsUnis sont une fédération.-On a parlé des inconvénients de la centralisation. Eh bien! qu'on travaille à les faire disparaître, et puis On verra si on peut mettre le gouvernement ailleurs qu'au centre de l'action. On a parlé de la prépondérance des Parisiens dans les agitations politiques. Mais qu'on y regarde, et on verra que les meneurs, chefs de partis, hommes d'État, publicistes, etc., sont (tout comme les prétendus badauds de Paris) fournis par les dépar tements. -Les promoteurs de ce mouvement excentrique, qui semble avoir plu tout particulièrement à ce qu'on appelle les légitimistes et « les ruraux, » ont écrit dans les départements que Paris se barricadait et se battait, tandis qu'il était d'une tranquillité vraiment remarquable, quand on songe: qu'il est sans gouvernement et sans police effective depuis l'armistice; que les esprits y ont été surexcités par les souffrances morales et physiques du siége, dont on n'a pas l'air de se douter dans une partie de la France; qu'il a été rempli de gardes nationaux sans travail, de mobiles et de soldats désœuvrés. On a grossi à plaisir la séquestration des canons de la garde nationale sur quelques points, en particulier sur la butte Montmartre, et leur garde par quelques centaines d'hommes, les uns, braves gens, croyant coopérer au salut de la République, les autres agents soldés de ceux qui espèrent pêcher en eau trouble. En fait de mesures économiques, nous n'avons à enregistrer que la suppression de deux expédients auxquels il eût été préférable de ne pas avoir recours. Un arrêté de M. Jules Ferry, faisant fonctions de maire de Paris, daté du 26 février, a supprimé la taxe sur les sucres établie par un arrêté du 20 janvier. Un décret du chef du pouvoir exécutif, daté de Bordeaux, 2 mars, rapporte les décrets des 21 août et 12 octobre 1870, rendus en conformité de la loi du 17 décembre 1814, mais assez inutilement, par la délégation de Tours (?), portant interdiction de sortie, de réexportation, d'entrepôt et de transit des bestiaux, viandes, graisses, farines alimentaires, son et fourrages. - L'Assemblée nationale a voté d'urgence une nouvelle prorogation des effets de commerce par une loi en six articles, plus explicative que les décrets du Gouvernement de la défense, et spécifiant pour les diverses situations et pour les départements occupés par les troupes étrangères. Nous en publierons le texte complet dans notre prochaine livraison. - La question des brevets d'invention est revenue de nouveau sur le tapis, à la Chambre des communes, dans la séance du 7 mars. Sur la proposition de M. Samuelson, appuyée par M. Macfie, le promoteur d'une législation uniforme pour l'Europe, la Chambre a décidé qu'il serait formé un comité d'enquête sur la législation actuellement en vigueur (Patent Laws.). On annonce la découverte d'un nouveau district aurifère au Mexique, dans la province de Chihuahua, à Hormigos, situé à vingt lieues de Mexico: un courant d'ouvriers chercheurs s'est aussitôt dirigé vers ce nouveau dépôt. Paris, le 14 mars 1871. JOSEPH GARNIER. DES MATIÈRES DU TOME VINGT-UNIÈME TROISIÈME SERIE - Les Subsistances, le chauffage, les loyers à Paris pendant le siége, RESUME ANALYTIQUE DE L'ENQUÊTE PARLEMENTAIRE SUR LE RÉGIME Histoire de la pcPULATION : Les Hébreux, par M. J. Lefort. . . 82 REVUE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS ÉCONOMIQUES DE L'ÉTRANGER, REVUE FINANCIÈRE. La Bourse de Paris durant l'année 1870; com- paraison avec 1868 et 1869, par M. ALPHONSE COURTOIS. II. Chronologie des batailles en France, par M. LEON PLEE. VI Opération de la Caisse d'épargne de Paris en 1870. - Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, par M. PIERRE LAROUSSE, 6 vol. grand in-4°; compte-rendu par siens. La gloire de l'Allemagne. La proclamation du roi - Pages de la mer Noire et à la question d'Orient. le gouvernement prussien, du traité relatif au Luxembourg. - Les curiosités de l'alimentation à Paris. Mesures relatives aux subsistances suppression de la réquisition des os de boucherie et de la réquisition des pommes de terre. Confiscation de tout cheval, âne ou mulet non déclaré. Amende contre tout individu ne déclarant pas les blés de semence; - maximum des chevaux réservés pour le transport; interdiction du pain de luxe et de tout triage des farines; réquisition des grains appliquée à tout le département de la Seine et aux parties des dépar- tements voisins en communication avec Paris; réquisi- tion des blés de semence et récompense pour la découverte des grains non déclarés; — panique du pain par l'émigration des arrondissements bombardés et rationnement du pain. - Com- bustibles la panique du bois ; abattage des bois verts; réquisition des bitumes, goudron et huiles lourdes ; défense de la carbonisation du bois. Mesures financires : le billet de banque de 20 fr. à la place de celui de 25; — nouveaux rembour- sements aux déposants des Caisses d'épargne, et situation de la Caisse d'épargne de Paris à la fin de 1870. - Suppression du droit fixe sur les blés. - Nouveau délai pour les loyers et les échéances commerciales. — Crédit pour les dépenses de la garde nationale et l'approvisionnement de Paris. Rome capitale de l'Italie. - Institution d'une nouvelle dynastie à Madrid. cement du Mont-Cenis. Création d'une Faculté de droit à Bordeaux. - Mort de M. Pierre Clément, historien économiste, et de M. Georges Wilson, président de la Ligue de Manchester. LA GUERE ET LA REVOLUTION, par M. E. LAME FLEURY, ingénieur LES FINANCES DE LA FRANCE, de 1814 à 1870, par M. ALPHONSE RÉSUMÉ ANALYTIQUE DE L'ENQUÊTE PARLEMENTAIRE SUR LE RÉGIME BIBLIOGRAPHIE. Considérations sur le prix du pain, soumises au au Comice agricole de Lons-le-Saunier, par ANT. NUSBAUMER; compte-rendu par M. T.-N. BENARD CHRONIQUE ÉCONOMIQUE. Fin du blocus de Paris; la journée du 19 janvier; les désastres des armées libératrices; l'attaque des « communeux » à main armee; négociations pour l'armistice; consternation et douleur de la population parisienne, et son in- justice contre le Gouvernement de la défense. Continuation du bombardement et des dévastations par les Prussiens. — Convo- cation d'une Assemblée nationale à Bordeaux. - Ravitaillement de Paris. - Translation du Gouvernement à Bordeaux. -- Les élections et les élus à première vue; le protectionnisme à l'hori- zon. Suite et fin des mesures économiques prises par le Gou- vernement en vue de la crise: maximum du sucre; réquisition des graines de semence; renoncement à l'expédient de la déla- tion; les perquisitions chez les absents.-Le ravitaillement après Farmistice. Suppression du rationnement du pain et des di- verses réquisitions. - Constatations relatives à ce dernier expé- dient.-Secours envoyé par les villes de Londres et de New-York. -Accroissement de l'impôt personnel et mobilier à Paris. Première extorsion du vainqueur. Nouvelle prorogation des échéances commerciales. - Régularisation des secours payés aux Pages LA QUESTION DU LUXE PENDANT LA REVOLUTION FRANÇAISE, par 324 LES RESSOURCES DE LA FRANCE, traduit de The Economist. 346 LA DÉCENTRALISATION ADMINISTRATIVE ET LES RESSOURCES FINANCIÈRES 358 RESUME ANALYTIQUE DE L'ENQUÊTE PARLEMENTAIRE SUR LE RÉGIME ÉCONOMIQUE: Industrie du coton (suite), par M. PAUL Coq. . . . . 398 II. Traité relatif à la réunion de la Savoie et de Nice à la France. 453 III. Nécessité d'une réforme dans l'instruction publique en France Discussion à l'Académie des sciences. Compte- rendu par M. HENRI DE PARVILLE. . . IV. Dépréciation des valeurs à la Bourse de Paris pendant la |