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dans la ville. Les nobles, les commerçants et la plus grande partie des habitants l'avaient quittée avant l'arrivée des Français, si l'on en croit leur propre bulletin. Il paraît qu'on y avait laissé quelques braves qui l'ont héroïquement défendue. Il est difficile de décider si ce sont eux ou les Français qui les premiers y ont mis le feu. Il y a eu une canonade des deux côtés, et nous soupçonnons même que la lutte dura trois jours, car le bulletin, après avoir annoncé que, le 14, les Russes mirent le feu à la Bourse, ajoute que, le 16, un vent impétueux s'éleva, et que trois ou quatre cents misérables mirent le feu à la ville dans 500 endroits différents. Si un tel rassemblement a pu traverser la ville pour exécuter un tel projet,, il est évident que l'ennemî n'en était pas alors complettement le maître. Cette partie du bulletin contient l'aveu effronté d'un mépris profond pour tous les principes de la loi des nations, qu'on ne doit jamais mentionner sans le couvrir de l'horreur qu'il doit inspirer. Les Russes avaient le droit incontestable de détruire leurs propriétés pour les empêcher de tomber dans les mains de leurs ennemis; et cependant parce qu'un ordre donné à cet effet par les autorités compétentes, a été exécuté, le bulletin annonce avec emphase que cent personnes furent prises sur le fait et fusillées !

Il reste à examiner jusqu'à quel point le perturbateur de la paix et du bonheur des hommes est avancé dans son plan de subjugation de son adver-saire actuel, par les catastrophes que nous avons mentionnées. Tout bien considéré, nous sommes fermement convaincus qu'il ne faut que de la persévérance de la part de l'Empereur Alexandre pour se relever du coup qui vient de lui être porté. Les armées russes sont encore entieres et formidables, et tandis quelles continuent à être de même, Buonaparté ne pourra pas être un seul moment en sû

reté dans ce pays-là. Kutusoff, renforcé par Rop toschin, est dans le voisinage immédiat de Moscou. Le victorieux Wittgenstein a maintenant été joint à Polotzk par 20,000 hommes de Finlande; et le corps de Tormazoff réuni à l'armée de Moldavie, formera un corps de 80,000 hommes à Bialistock, à environ moitié chemin entre Varsovie et Wilna sur les derrieres de Buonaparté. Il semble done à peu près impossible, si les armées françaises peuvent avancer, ce que très-assurément nous ne les croyons pas en état de faire, qu'elles puissent marcher sur St. Pétersbourg. Bien loin de là, entourées pour ainsi dire comme elles le sont par trois armées aussi formidables, il paraît extrémement problématique qu'elles puissent même se maintenir à Moscou, et conserver leurs communications ouvertes sur leurs derrieres pendant l'hyver.

Cependant nos spéculations ne reposent pas uniquement sur des données militaires. Nous avons des sujets d'espérance encore plus solides. Ils sont fondés sur cet attachement inébranlable à son pays natal, et sur ce respect inné pour les institutions de ses peres, qui caractérisent le peuple Russe. Buonaparté est un habile général et un artificieux diplomate, mais il est dans une ignorance honteuse des facultés du cœur humain. Il n'a jamais pu calculer les résultats de la guerre d'Espagne; et les mêmes causes le tromperont également dans son attente de ceux de la guerre de Russie. Toute la population véritable d'une grande métropole abandonuant le siége de sa richesse et de son luxe ainsi que de ses aisances, était un événement dont il ne s'était pas formé une idée auparavant. Cette résolution si magnanime doit l'avoir étonné encore plus que ses propres succès. Si la nation russe agit d'après cet exemple, elle sera invincible. Que son esprit public, son courage et son dévoûment soient abandonnés, sans entraves à leur essor généreux; et ce grand réformateur du continent recevra d'elle

une leçon qui le guérira en partie de sa vanité. II éprouvera alors aux deux extrémités de l'Europe, que l'élasticité de l'opinion publique est supérieure à cette puissance formidable sous laquelle il prétendait l'étouffer. Une telle épreuve ne sera pas même sáns effet sur les peuples qui lui sont le plus soumis. Peut-être qu'enfin les Allemands, les Italiens se rappeleront qu'ils ont une patrie, qu'ils répandent leur sang pour l'esservir irrévocablement à un despote étranger, et refuseront à celui-ci l'assistance qu'ils lui prêtent pour river les fers sous le poids desquels ils gémissedt.

En même temps que nous trouvons dans la situation actuelle du Nord, des aperçus qui sont loin d'être défavorables à la cause de la liberté dans la péninsule méridionale, nous apprenons avec plaisir que les ministres sont décidés à envoyer en Espagne, toutes nos forces disponibles. On dit que plus de 16,000 hommes sont en marche pour s'embarquer dans les différents ports d'Angleterre, d'Irlande, de Jersey et de Guernsey. Nous devons en effet maintenant que Lord Wellington est nommé généralissime des forces espagnoles, lui donner les moyens de réaliser les vastes plans qu'il a conçus pour chasser entierement les Français de la Péninsule.

L'hésitation qui semble caractériser les mesures de la Suéde a donné lien à diverses conjectures sur la politique adoptée par le Prince Héréditaire. Il est naturel de croire que celui-ci n'a pas un attachement bien sincere pour son ancien maître Buonaparté; et que son but principal doit-être d'aggrandir le pays sur lequel il est destiné à regner. C'est pour réaliser ces vues qu'il a, dit-on, demandé la restitution de la Finlande pour prix des secours qu'il s'est engagé de fournir à la Russie; et qu'il ne s'est décidé à renoncer à cette prétension qu'en obtenant de l'empereur Alexandre qu'il consentit à l'invasion de la Norvége. Nous croyons que le

premier de ces deux projets est infiniment préférable à l'autre. La Finlande faisait partie de la Suéde, à laquelle est liée par des habitudes depuis long-temps établies, par l'identité des manieres et des intérêts; elle a été injustement séparée de ce royaume, et sans antre prétexte que la fidélité de son souverain à des engagements pris par lui avec l'Angleterre. La Norvége d'un autre côté est habitée par une nation libre et belliqueuse, qui depuis des siecles nourrit l'amour de l'indépendance et une forte antipathie pour ses voisins les Suédois. Nos relations commerciales sont presqu'aussi bien établies et conservées avec ce pays que s'il appartenait à ces derniers. Enfin cet événement serait très peu avantageux soit à la cause commune, soit aux intérêts de la Grande Bretagne, et n'aurait d'autre effet que de diminuer faiblement les moyens du Dannemarc.

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Les lettres d'Espagne du 3 de ce mois annoncent que Lord Wellington ayant laissé devant Burgos une force suffisante pour réduire cette place, poursuivait les débris de l'armée de Marmont; elles ajoutent même (ce qui nous parait incroyable) qu'en très peu de jours, Sa Seigneurie avait parcouru cent milles à la poursuite de l'ennemi, et qu'elle était entrée à Vittoria qui est à trente milles au delà de la ligne de l'Ebre. Le bruit circulait aussi que Burgos avait capitulé le 28, ce qui nous semble assigner une date trop récente à un événement qui doit nécessairement avoir lieu. La retraite précipitée des Français a donné une nouvelle ardeur aux espagnols, et nous sommes heureux d'apprendre que de nombreux partis de Guérillas s'empressent de venir renforcer le brave Don Julian Sanchez qui s'est rendu si recommandable par ses tentatives contre l'ennemi. Un nouveau gouverneur nommé par la Régence est arrivé à Madrid. Le général

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Hill avait passé le Tage à Almaraz, et l'on disait que la garnison française de Soria avait évacué cette place, laissant dans les hôpitaux ses malades et ses blessés. On ne trouve dans tous ces détails rien qui fasse supposer que les français ont concentré leurs forces dans le Midi; du moins si cette concentration a eu lieu dans le voisinage du royaume de Valence, elle n'a encore produit aucun mouvement qui

ait attiré l'attention.

Nous sommes accablés de matériaux de toute espece. Il nous est impossible de leur donner aucun arrangement satisfaisant. Nous sommes en possession d'une multitude de rapports officiels, de lettres privées, de proclamations, enfin de pieces de tout genre sur les affaires d'Amérique, d'Espagne, de Russte, de Suede, de Sicile, &c. &c. Nous nous efforcerons de nous mettre au courant et de continuer de mériter le bon vouloir de nos abonnés en leur fournissant des feuilles extraordinaires. Nous les prions de considérer que ces traductions extrémement étendues, absorbent tout notre temps et toutes nos forces.

Nous nous contentons aujourd'hui de dire en finissant ce Numéro, que le patriotisme et le bon sens des régents de l'Espagne ont remporté un grand triomphe sur l'orgueil national en proclamant enfin Lord Wellington généralissime de toutes les armées d'Espagne; que Son Altesse le Prince Régent d'Angleterre a reconnu les longs et éminents services de M. Stuart, ministre Britannique à Lisbonne, en le créant chevalier de Fordre du Bain; que la même récompense a été accordée au major-général Brock vainqueur de l'armée américaine; que toutes les villes Espa gnoles de la Côte Ferme d'Amérique ont mis un terme à leur insurrection coutre la métropole en se soumettant au Comte de Monteverde; et que le fameux Miranda est aujourd'hui prisonnier dans le pays où il était allé Souffler la révolte contre l'autorité légitime; que le parlement Britannique venant d'être dissous, les élections pour le nouveau parlement se sont faites de tous côtés et continuent encore de se faire avec la plus grande tranquillité et généralement d'une maniere agréable aux desirs du gouvernement; que la frégate anglaise la Guerriere a été prise par une frégate Américaine du double de sa force, la Constitution, mais que le vainqueur n'a pas tiré un grand avantage de sa conquête, la frégate Britannique n'ayant amené que lorsqu'elle était démâtée, qu'elle coulait bas d'eau; et qu'elle était réduite à un tel état qu'il a fallu la brûler après en avoir retiré les prisonniers; que le gouvernement Britannique, voulant reconnaître la confiance de la Régence d'Espagne, envoie dans la Péninsule 16000 hommes d'infauterie, c'est-à-dire à-peu-près tout ce qui reste de troupes de cette arme dans les trois royaumes. C'est ainsi que ce pays si glorieux et si invulnérable maintient sa foi envers ses alliés, et répond sux accusations de Buonaparté de n'avoir qu'une foi punique. Teucrum comitantibus armis,

Punica se quantis attollet gloria rebus!

De l'Imprimerie de Schulze et Dean, 13, Poland St. Oxford St. Onsouscrit chez M. PELTIER,7,Duke-Str, Portland Place. 1. :

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