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l'armée russe. Il avait armé 3000 malfaiteurs qu'il avait tirés des prisons. Il avait aussi rassemblé 6000 satellites, et il leur avait distribué des armes de l'arsenal.

Notre avant-garde, arrivée au centre de la ville, fut reçue par un feu de mousquetterie qui partit du Kremlin. Le roi de Naples fit ouvrir une batterie de quelques pieces de canon, dispersa cette canaille, et prit possession du Kremlin. Nous avons trouvé dans l'arsenal 60,000 fusils neufs, et 120 pieces de canon sur leurs affûts. L'anarchie la plus complette régnait dans la ville; quelques forcenés yvres coururent dans ses différents quartiers et mirent le feu de tous côtés. Le gouverneur Rostopchin avait fait partir tous les marchands et boutiquiers qui auraient pu servir à rétablir l'ordre. Plus de 400 Français et Allemands ont été arrêtés par ses ordres; enfin il avait pris la précaution d'emmener les pompiers avec les pompes, de maniere que la plus complete anarchie a désolé cette grande et belle ville, et que les flammes la dévorent. Nous y avons trouvé des ressources considérables de toute espece.

L'Empereur est logé au Kremlin, qui est dans le centre de la ville, comme une espece de citadelle, entourée de hautes murailles. Il y a dans les hôpitaux trente mille malades ou blessés russes, abandonnés sans secours et sans nourriture.

Les Russes reconnaissent qu'ils ont perdu cinquante mille hommes dans la bataille de la Moskwa. Le prince Bagration a été blessé mortellement. Il a été fait une liste des généraux russes blessés ou tués dans la bataille, elle s'éleve de 45 à 50*.

Nous allons maintenant faire connaître des relations officielles qui nous sont parvenues de Russie sur la bataille de la Moskwa, ou de Borodino.

Voyez à la fin le 20e bulletin.

GAZETTE DE LA COUR,

DU 7 OCTOBRE,

Bureau des Affaires Etrangeres.

Une dépêche dont ce qui suit est la copie, a été reçue aujourd'hui, par le Vicomte Castlereagh, principal ministre d'état de S. M, pour les affaires étrangeres, de la part de Son Exc. le Vicomte Cathcart, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Sa Majesté à la cour de l'Empereur de toutes les Russies.

Milord,

St. Pétersbourg, le 13 Septembre, 1812.

J'ai la vive satisfaction, en commençant ma correspondance de St. Pétersbourg, d'annoncer que les armes de Sa Majesté impériale ont été victorieuses dans une action opiniâtre et genérale, livrée le 7 Septembre, au village de Borodino, entre Mojaiske et Gjate, sur la grande route de Smolensk à

Moscow.

Il paraît que Buonaparté avait concentré ses forces après l'affaire de Smolensk.

De son côte, le prince Koutousoff avait choisi une position, et placé ses forces dans les environs.

Le 4 Septembre, l'ennemi fit en force une reconnaissance, et fut repoussé avec perte.

Le 5 Septembre, les Français attaquerent la gauche, et furent repoussés avec un grand carnage et dans l'action et dans la retraite, perdant 7 ou 8 pieces d'artillerie.

Le 6 Septembre, il ne se fit rien d'important; mais le prince Koutousoff fit arriver ses réserves, compléta ses dispositions et ajouta plusieurs retranchements et des batteries à sa gauche.

Le 7 Septembre, à la faveur d'un brouillard épais, les Français attaquerent encore la gauche avec impétuosité, avec les moyens et les troupes fraîches qu'ils ont jusqu'ici einployés dans leurs coups de désespoir.

Ils furent reçus par les divisions de grenadiers appartenant à l'aile gauche, commandée par le prince Bagration; le centre de l'armée russe ayant à son tour attaqué la masse dirigée contre la gauche, l'affaire deyint génerale.

Le prince Koutousoff date sa dépêche du champ de bataille.

On dit que l'ennemi a fait couvrir sa retraite par l'infanterie du Wirtemberg et un gros corps de cavalerie,

Toutefois le général Platow les suit avec les cosaques, en tue et en prend un grand nombre.

L'ennemi s'est retiré à plus de 13 verstes.

J'ai gardé deux jours cette dépêche, attendant d'autres événements et une relation plus détaillée; mais, comme l'on a reçu des lettres qui vont jusqu'au 9 Septembre, j'ai trouvé à propos d'envoyer, dans sa forme actuelle, le rapport d'une affaire qui, à jamais, jettera du lustre sur les exploits militaires de cet empire, et qui, bien qu'elle ne soit pas décisive, sera un trait marquant dans l'histoire de cette guerre.

J'ai vu des lettres d'officiers distingués et de grande expérience; ils considerent cet engagement comme le plus terrible et le plus destructif qu'ils aient vu, et même infiniment plus que celui d'Eylau-le-Prussien.

Plusieurs officiers généraux ont été blessés outre ceux que l'on nomme. La perte des officiers d'un autre grade, a été, dit-on, en proportion de celle des hommes. Je n'ai pas entendu évaluer la perte des Russes à moins de 25,000 hommes.

La perte des Français a dû être plus grande, à cause de la poursuite, et parce que le feu de leur artillerie a cessé de bonne heure, tandis que celui des Russes continua tout le temps que les canons purent atteindre.

Les troupes de Moscow de nouvelle levée étaient à l'armée, et paraissent avoir bien fait leur devoir; celles qui ont été aux prises, se sont bien conduites. L'aile droite n'a pas en beaucoup à faire; et des bataillons des gardes, on dit qu'il n'y en a eu qu'un qui ait un peu souffert.

On a reçu nouvelle de la jonction de la tête de l'armée venant de la Moldavie, avec le corps du général Tormazoff, laquelle, avec un autre corps de plusieurs divisions, qui sont réunies à cet officier, fera une armée de 80,000 hommes de la meilleure espece.

Le corps des 18,000 hommes embarqués à Helsinfors, a débarqué à Revel, et doit être à présent près de Riga; ce qui fera sur-le-champ un renfort au corps du général Wittgenstein. On ne peut trop donner d'éloges à l'esprit national qui anime toutes les classes en Russie, surtout ceux qui sont proprement appelés Russes; ils ont surpassé tout ce qu'on pouvait en attendre.

Il paraît que Buonaparté comptait beaucoup sur l'effet de ses tentatives pour introduire en Russie les principes français, et sur le cri populaire d'émancipation et de liberté Mais tout cela a été reçu comme un artifice pour détruire la liberté et la religion. On se dit confidentiellement qu'il a donné de grande

marques de déplaisir à ceux sur le rapport desquels il comptait sur les dispositious du peuple.

Je joins ici la traduction des bulletins des affaires du 5 et 7 Septembre.

La nouvelle de la bataille du 7 parvint à l'Empereur de bonne heure dans la matinée de sa fête patronale, que l'on célebre toujours avec des cérémonies religieuses et autres et par des illuminations. Sa Majesté Impériale m'envoya aussitôt un de ses aides-de-camp pour m'en faire part. Après l'office divin dans la cathédrale, et en présence de Leurs Majestés Impé riales, un officier eut ordre de lire à haute voix le bulletin qui fournit ainsi au peuple une occasion de faire éclater ses transports de joie.

Un corps de milices de 10,000 hommes a reçu ce matin ses drapeaux, et partira d'ici dans deux jours.

J'ai l'honneur, etc.

(Signé)

CATHCART.

INCLUSES.

Bulletin Russe.-No. I,

Le prince Kutusow, général d'infanterie, commandant en chef de toutes les armées, a transmis à Sa Majesté Impériale un rapport daté du village de Borodino, le 6 de Septembre, 1812.

Depuis mon humble rapport à Votre Majesté Impé riale, dans lequel j'annonçais que je m'attendais à être atta qué dans la position de Borodino, le 5 de Septembre, l'en nemi a envoyé des forces considérables contre notre gauche commandée par le prince Bagration. Observant l'impétuo sité avec laquelle la principale force de l'ennemi se jetait sur ce point, je jugeai nécessaire, pour fixer son attaque, de la diriger contre les hauteurs qui avaient été fortifiées, L'action a été opiniâtre et a duré depuis deux heures jusqu'à une heure très-avancée. Les troupes de Votre Majesté out déployé le même courage que j'ai observé depuis que j'ai joint l'armée. La seconde division de cuirassiers, qui a attaqué une seconde fois quand la nuit était déjà venue, s'est surtout distinguée En général toutes les troupes, loin de perdre un pouce de terrein, ont partout repoussé l'ennemi,

* C'est le rapport, en date da 4 Septembre, qui se trouve çi-après, page 59.

VOL. XXXIX.

H

et lui ont fait éprouver une perte bien plus considérable que la nôtre. Nous avons pris huit canons; nous en avons laissé sur le champ de bataille trois qui ne pouvaient plus servir.

Bulletin. No. II.

Le général prince Kutusow, etc. a adressé à Sa Majesté Impériale le rapport suivant, daté du champ de bataille au village de Borodino, le 8 de Septembre, 1812.

Depuis mon rapport de l'attaque que l'ennemi a faite le 5 de Septembre, sur le flanc gauche de notre armée, rien d'important n'a eu lieu jusqu'à la pointe du jour, hier matin. A quatre heures du matin, l'ennemi, à la faveur d'un brouil lard très-épais, dirigea encore la plus grande partie de ses forces contre notre gauche

La bataille devint générale et dura jusqu'à la nuit. La perte des deux côtés est considérable; celle de l'ennemi, à en juger par ses terribles attaques sur nos positions fortifiées, a dû l'être beaucoup plus que la nôtre. Les troupes de Votre Majesté Impériale se sont battues avec un courage incroyable. Les batterries out successivement passé entre les mains des deux parties, et le résultat a été que l'ennemi, malgré la supériorité de ses forces, n'a pas gagné un seul pouce de terrein. Je suis resté maître du champ de bataille. Aussitôt que j'aurai recruté mes troupes, approvisionné mon artillerie et augmenté mes forces des renforts de Moscou, je verrai ce que je pourrai, me reposant sur l'assistance du Tout-Puissant et sur la valeur incroyable de l'armée, entreprendre contre l'ennemi.

le prince Bagration, à notre grand regret, a été blessé au pied. Les lieutenant-généraux Toutchkoff, prince Gortschakoff, les majors-généraux Bachmstieff, comtes Woronzoff et Kietoff ont été blessés. Nous avons fait quelques prisonniers, nous avons pris quelques cauons et un général de brigade. Il est encore nuit, et je n'ai pu me procurer d'autres détails,

Sa Majesté Impériale, voulant reconnaître les services distingués du général d'infanterie Kutusow, l'a nommé Maréchal général, et lui a accordé cent mille roubles; elle a aussi accordé cinq roubles à chaque soldat qui a eu part à cette mémorable bataille.

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