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sion comte Caulaincourt, gouverneur des pages de l'Empe reur, se porte à la tête du 5e cuirassiers, culbute tout, entre dans la redoute de gauche par la gorge. Dès ce moment plus d'incertitude, la bataille est gagnée: il tourne contre les Russes les 24 pieces de canon qui se trouvent dans la redoute. Le comte Caulaincourt, qui venait de se distinguer par cette belle charge, avait terminé ses destinées; il tombe mort frappé par un boulet: mort glorieuse et digne d'envie!

Il est deux heures après midi, toute espérance aban donne l'ennemi : la bataille est finie, la canonade continue encore; il se bat pour sa retraite et son salut, mais non plus pour la victoire.

La perte de l'ennemi est énorme; 12 à 13 mille hommes et 8 à 9 mille chevaux russes ont été comptés sur le champ de bataille; 60 pieces de canon et cinq mille prisonniers sont restés en notre pouvoir.

Nous avons eu 2500 hommes tués et le triple de blessés. Notre perte totale peut être évaluée à 10 mille hommes; celle de l'ennemi à 40 ou 50 mille Jamais on n'a vu pareil champ de bataille. Sur six cadâvres, il y en avait un Français et cinq russes. Quarante généraux russes ont été tués, blessés ou pris; le général Bagration a été blessé.

Nous avons perdu le général de division comte Montbrun, tué d'un coup de canon; le général comte Caulain court, qui avait été envoyé pour le remplacer, tué d'un même coup une heure après.

Les généraux de brigade Compere, Plauzonne, Marion, Huart, ont été tués; sept ou huit généraux ont été blessés, la plupart légerement. Le prince d'Eckmühl n'a eu aucun mal. Les troupes françaises se sont couvertes de gloire et ont montré leur grande supériorité sur les troupes russes.

Telle est en peu de mots l'esquisse de la bataille de la Moskwa, donnée à deux lieues en arriere de Mojaïsk et à vingt-cinq lieues de Moscou, près de la petite riviere de la Moskwa. Nous avons tiré soixante mille coups de canon, qui sont déjà remplacés par l'arrivée de huit cents voitures d'artillerie qui avaient dépassé Smolensk avant la bataille. Tous les bois et les villages, depuis le champ de bataille jusqu'ici, sont couverts de morts et de blessés. On a trouvé ici deux mille morts ou amputés Russes. Plusieurs généraux et colonels sont prisonniers.

L'Empereur n'a jamais été exposé; la garde, ni à pied ni à cheval, n'a pas donné et n'a pas perdu un seul homme. La victoire n'a jamais été incertaine. Si l'ennemi, forcé VOL. XXXIX.

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dans ses positions, n'avait pas voulu les reprendre, notre perte aurait été plus forte que la sienne; mais il a détruit son armée, en la tenant depuis huit heures jusqu'à deux sous le feu de nos batteries, et en s'opiniâtrant à reprendre ce qu'il avait perdu. C'est la cause de son immense perte. Tout le monde s'est distingué: le roi de Naples et le duc d'Elchingen se sont fait remarquer.

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L'artillerie, et surtout celle de la garde, s'est surpassée. Des rapports détaillés feront connaître les actions qui ont illustré cette journée.

"Monsieur l'évêque de .

le passage.

du Niemen, de la Dwina, du Boristhene, les combats de Mohilow, de la Drissa, de Polotsk, d'Ostrowno, de Smolensk, enfin la bataille de la Moskwa, sont autant de motifs pour adresser des actions de grâces au Dieu des armées: Notre intention est donc qu'à la réception de la présente, Vous vous concertiez avec qui de droit. Réunissez mon peuple dans les églises, pour chanter des prieres, conformément à l'usage et aux regles de l'église en pareille circonstance. Cette lettre n'étant à autre fin, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.

"De notre quartier impérial de Mojaïsk, le 10 Septembre, 1812."

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Le résultat de l'examen des prisonniers, dont la majeure partie sont des recrues ignorants ou des hommes pris avant la fin et hors du champ de bataille, ainsi que des blessés presque tous du boulet, et la plupart mourants, m'a donné sur quelques divisions de l'armée ennemie les notions sui

vantes :

1o. La 12e division, faisant partie du 7e corps, compo

sée des régiments d'infanterie de Smolensk, de Narwa, d'Alexopol et de Nouvelle-Ingrie, ainsi que des 6e et 41e de chasseurs à pied, et commandés par le général-major Palitsin, lequel avait remplacé le général Kulbakin, blessé à Mohilow, a reçu ses recrues tirées des dépôts et amenées par Miloradowitz le 3 du courant, au moyen desquels les régiments d'infanterie ont été portés à 800 hommes, et ceux de chasseurs à 1200, ce qui porterait la force de cette division avant la bataille, à 4800 hommes, non compris deux compagnies d'artillerie avec 24 pieces de 6 à 12.

Le jour de la bataille du 7 Septembre, cette division se trouvait au centre de la premiere ligne. Vers les deux heures après-midi, elle avait déjà essuyé de grandes pertes, et manquait de munitions. Le lieutenant-adjoint du régiment d'Alexopol, nommé Pierre Voronin, lequel ayant été envoyé pour en chercher à la réserve, s'est égaré dans les broussailles, et fut pris après la retraite de l'armée, déclare que le général Rajewski, commandant le corps d'armée, a reçu une forte contusion qui l'a obligé de quitter le champ de bataille, et que le général en chef prince Bagration a été blessé. Tous les prisonniers de cette division s'accordent à dire qu'elle a perdu plus de la moitié de ses troupes; que sa confusion était complette lors de sa retraite, et qu'elle ne -doit son salut qu'à Platow et Uvaroff, qui la couvraient. Ceux du 41e de chasseurs disent qu'il leur restait à peine 50 hommes par compagnie.

2o. La lere division de grenadiers, composée des gre◄ nadiers du corps de St. Pétersbourg, Ekaterinoslaw, Tauride, Paulowski et Arackschezell, commandée par le comte Strogonoff, et faisant partie du 3e corps d'armée, se trouvait à l'extrême gauche en arriere de la batterie, où elle a souf, fert considérablement par le feu de l'artillerie; elle était flanquée par deux escadrons de cuirassiers, qui ont égale, ment souffert sans avoir agi, La force de ces régiments de grenadiers était portée de 8 à 900 hommes avant la bataille.

On estime leur perte à un tiers, qu'on attribue à la pusillanimité des officiers, lesquels se cachaient dans les broussailles et abandonnaient les rangs.

Deux régiments de chasseurs attachés à cette division, lesquels se trouvaient en avant, se sont débandés: on ignore Ja perte.

Le nommé Grégoriot de Pskew, sergent depuis dixneuf ans dans le régiment de St. Pétersbourg, déclare qu'il n'a jamais vu son régiment plier comme dans cette occasion.

Il dit qu'avant l'affaire, le général Koutousoff à parcouru leur ligne, et qu'il a harangué sa troupe, ce qui n'a pas produit un grand effet. Cet homme ajoute qu'il a entendu dire au ujor Dalin, commandant le régiment, que vers le milieu du jour, Beningsen était allé à quarante verstes audelà de Mojaisk pour y préparer des moyens de défense : il croit que c'était au petit Viasma.

On ignore ce qu'est devenu Tutschkow, commandant en chef le 3e corps, ainsi que la 3e division de Kanowitzin qui en faisait partie.

3. La 2e division de grenadiers composée des régiments d'Astracan, Fanagoria, Kioff, Moscou, Petite-Russie, Sibérie, commandée par le prince Charles de Mecklembourg, et faisant partie du 8e corps de Borosdin, se trouvait le 5 Septembre à la grande redoute qui fut enlevée le même jour, et où elle a perdu ses pieces, un colonel et plus de la moitié de ses soldats. Les régiments de cette division avaient été au grand complet en arrivant à Smolensk, mais ils n'é taient que de 1000 hommes le 5, avant le combat, et ne comptaient que 7 à 800 hommes au plus par régiment, le 7, au matin, lorsqu'ils étaient dans le village qu'ils étaient chargés de défendre, en avant de la batterie du flanc gauche où ils sont venus s'établir. C'est dans cet intervalle que le prince de Mecklembourg fut blessé.

4°. Le 3e corps de Bagavouth avait manœuvré le 6 et le 7 pour se porter à la gauche de la ligne pour soutenir le 3e corps. Tous les prisonniers assurent qu'il n'en est pas rentré la moitié à Mojaïsk.

Les régiments des mousquetaires de Minsk, Tobolsk, Volhynie et Krementschug, ainsi que le 4e et le 34e de chasseurs de la 4e division, commandés par le prince de Wurtemberg, avaient été portés à 800 hommes, et aucun d'eux n'en comptait 400 après la bataille; il en est de même des régiments de Raizan, Belosersky, Bresc et Wilmanstrand, ainsi que des 30e et 48e des chasseurs de la division d'Alsoufieff.

Le nommé Prohoroff, sous-officier du régiment de Raizan, déclare que son colonel Avens a été tué, et que, pendant la retraite, il a vu, sur le bord de la riviere, le général en chef Tutschkoff, blessé, ainsi que le colonel des grenadiers de Moscou. Ce corps a eu peu d'officiers tués, mais beaucoup de blessés.

5. La 24e division du 6e corps qui se trouvait dans la grande batterie du centre, ne comptait, après la bataille du

7, que 30 hommes par compagnie, quoique deux jours auparavant elles aient été portées à 100 hommes dans les ré giments de Schirwansk, Butinkas, Ufa et Tomsk, 19e et 40e de chasseurs, dont les compagnies étaient de 115 hommes, moyennant des recrues amenées de Nowogorod Sewkrski.

6°. La 2e division de la garde, composée des régiments de grenadiers Ismailoff et Lithuanie, et des deux régiments de chasseurs de la garde et de Finlande, sous les ordres du général Lawroff, se trouvait en ligne en arriere des trois batteries à la gauche du centre. Ces régiments ont considérablement souffert de l'artillerie; mais celui d'Ismailoff s'étant porté en avant à la baïonnette, fut si vivement chargé par la cavalerie, qu'il ne lui est resté que 40 hommes par compagnie. Le général Krapowitski, commandant une brigade, et le colonel du régiment Ismaloff y furent blessés. Mojaisk, le 10 Septembre, 1812

Le général de division chargé du service spécial,

(Signé)

SOKOLNICKI.

DIX-NEUVIEME BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.

(Paris, 3 Octobre.)

Moscou, 16 Septembre, 1812.

Après la bataille de la Moskwa, l'armée française poursuivit l'ennemi sur Moscou par les trois routes de Mojaisk, de Svenigorod et de Kalouga.

Le roi de Naples était, le 9, à Koubinskoe, le vice-roi à Rouza, et le prince Poniatowski à Feminskoe, le quartiergénéral fut transféré le 12 de Mojaisk à Pesclina; le 13, il fut au château de Berwska; le 14, à midi, nous entrâmes à Moscou. L'ennemi avait élevé sur la montagne du Moineau, à deux verstes de la ville, quelques redoutes qu'il abandonna.

La ville de Moscou est aussi grande que Paris; c'est une ville extrêmement riche, remplie des palais de tous les nobles de l'empire. Le gouverneur russe, Rostopchin, a voulu ruiner cette belle ville quand il l'a vu abandonner par

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