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Le Ministre de France à Belgrade, au Ministre des
Affaires étrangères.
(Télégramme.)

Belgrade, le 22 septembre 1885. Sa Majesté le Roi me prie de faire savoir officiellement à Votre Excellence qu'il ne s'opposerait par aucun acte au rétablissement du statu quo ante dans la presqu'ile des Balkans; mais, si ce statu quo est détruit, il réclamera pour la Serbie un agrandissement de territoire équivalent à celui que prendra la Bulgarie. C'est pour être prêt à toute éventualité qu'il mobilise son armée. Afin de ne pas gêner l'action des Puissances, il empêchera autant que possible toute manifestation populaire. REVERSEAUX.

Le Ministre des Affaires étrangères, aux Représentants de la République à Berlin, à Constantinople, à Londres, à Saint-Pétersbourg, à Rome et à Vienne.

(Télégramme.)

Paris, le 23 septembre 1885.

M. Marinovitch, qui m'avait fait part hier d'un télégramme annonçant la mobilisation de l'armée serbe en même temps que d'autres mesures que vous devez connaître, vient de me communiquer le télégramme ci-après, qui a pour but, m'a-t-il dit, de donner son véritable sens à la mobilisation susmentionnée.

« La mobilisation de l'armée et les autres mesures qui vous ont été communiquées par le télégramme de cette nuit ont pour but de mettre la Serbie en état, aujourd'hui qu'on déchire le Traité de Berlin, de faire tout ce qui serait nécessaire soit pour maintenir le statu quo stipulé par le traité de Berlin, soit pour obtenir que les intérêts vitaux de la Serbie soient pris en sérieuse considération pour le cas où il y aurait lieu à de nouveaux règlements des intérêts dans la presqu'ile des Balkans. La Serbie est, en premier lieu, appelée à s'en occuper. Ses intérêts lui imposent le devoir d'agir comme il a été ordonné suffisamment clairement par les décrets de Sa Majesté. »

En remerciant M. Marinovitch de sa communication, j'ai ajouté que, selon moi, la Serbie devait en ce moment, dans l'intérêt général comme dans son intérêt même, donner l'exemple du calme et du sang-froid, et que son Gouvernement ferait sagement de s'abstenir de toute manifestation susceptible de surexciter les esprits et de produire des contre-coups dans les contrées environnantes.

M. Marinovitch m'a assuré qu'il appréciait toute l'opportunité de ces conseils de prudence et qu'il les transmettrait à son Gouvernement. C. DE FREYCINET.

Assim-Pacha, Ministre des Affaires étrangères de Turquie, à l'Ambassadeur de Turquie à Paris.

Constantinople, le 23 septembre 1885.

Vous avez connaissance des évènements qui ont eu lieu dans la Roumélie orientale et dans la Principauté de Bulgarie.

Dans un télégramme adressé à Sa Majesté Impériale le Sultan, le Prince

Alexandre dit que, le Gouvernement de la Roumélie orientale ayant été renversé, la population l'a proclamé son Prince, et que, le Peuple bulgare lui ayant demandé d'accepter cette nomination, il vient d'arriver à Philippopoli et de prendre en mains le Gouvernement de l'ancienne province. Il déclare que cette réunion se fait sans aucun but hostile envers le Gouvernement de Sa Majesté Impériale et qu'il reconnaît entièrement sa suzeraineté. Il ajoute qu'il se porte garant pour la tranquillité des deux pays et pour la sécurité des habitants, sans distinction de race ni de culte, et il supplie Sa Majesté Impériale de prouver encore une fois sa bonté illimitée envers ses peuples et de sanctionner la réunion qui se fait sans porter atteinte à sa souverainté.

Quel que soit le caractère que le Prince Alexandre donne à des évènements, accomplis évidemment sur des excitations venues de la Bulgarie, ils n'en constituent pas moins une violation flagrante d'une des clauses fondamentales du Traité de Berlin.

Ils ont produit sur le Gouvernement impérial une impression d'autant plus pénible et une surprise d'autant plus grande, qu'il n'a rien épargné jusqu'à présent pour garantir le bonheur de ses sujets de la Roumélie orientale, que la Bulgarie lui a donné plus d'une fois l'assurance formelle qu'elle réprime les manoeuvres unionistes qui se trament sur son territoire et, que Son Altesse le Prince lui même a catégoriquement protesté à plusieurs reprises de son dévouement envers la Cour impériale.

Le Gouvernement ottoman ne saurait rester indifférent en présence d'une situation si grave. Aussi, fort de ses droits naturels et pénétré de ses devoirs, se voit-il dans l'obligation d'user en fait de la faculté que lui confère l'article 16 du Traité de Berlin pour faire cesser le désordre et rétablir la province dans la position qui lui a été faite par cet acte international. Cependant, comme le Prince, s'écartant des devoirs qui ont été tracés par les Puissances signataires, a mis le pays dans une situation périlleuse en se rendant à Philippopoli, le Gouvernement impérial croit nécessaire de recourir aux Cabinets pour demander leur intervention bienveillante en vue de rappeler et de ramener Son Altesse au respect de ses véritables devoirs. Le Traité de Berlin étant un acte solennel résultant d'un accord des Puissances amies et alliées de l'Empire, nous ne doutons pas que les Cabinets ne soient aussi péniblement impressionnés que le Gouvernement ottoman de ces agissements contraires aux stipulations du Traité et qu'ils n'unissent leurs efforts pour sauvegarder le maintien de ces stipulations.

Nous avons donc le ferme espoir que notre demande rencontrera auprès d'eux un accueil favorable. C'est dans cette conviction que nous faisons appel au Gouvernement près duquel vous êtes accrédité et aux autres Cabinets signataires.

Vous êtes autorisé à laisser à Son Excellence le Ministre des Affaires étrangères, copie de la présente dépêche.

Signé : ASSIM.

Le Ministre des Affaires étrangères, aux Représentants de la République à Berlin, à Constantinople, à Londres, à Saint-Pétersbourg, à Rome et à Vienne.

(Télégramme.)

Paris, le 23 septembre 1885.

Le Gouvernement austro-hongrois vient de me faire demander, par

l'entremise de son Ambassadeur à Paris, si nous serions disposés à envoyer des recommandations instantes à Sofia en vue de détourner le Gouvernement bulgare d'engendrer des excitations au-delà de la Bulgarie et de la Roumélie. L'Autriche, m'a dit le Comte Hoyos, attache beaucoup de prix à circonscrire le mouvement. Je lui ai répondu que nous étions tout disposés à nous joindre, dans ce but, au Gouvernement de Sa Majesté. Aussitôt que les autres Cabinets, également consultés, auront donné leur réponse, le Comte Hoyos m'avisera pour que les Puissances agissent simulC. DE FREYCINET.

tanément.

L'Agent et Consul général de France à Sofia, au Ministre des Affaires étrangères. (Télégramme.)

Sofia, le 23 septembre 1885.

Dans un télégramme à son Agent à Sofia, l'Empereur de Russie désapprouve de nouveau le mouvement rouméliote et autorise les officiers russes à retourner immédiatement en Russie, s'ils le désirent.

L'ouverture de la session extraordinaire de la Chambre bulgare a eu lieu aujourd'hui. Aucun Agent des Puissances signataires n'y assistait. La Chambre a ratifié l'Union, approuvé tous les actes du Prince de Bulgarie, envoyé à l'Empereur de Russie une adresse pour le prier de permettre aux officiers russes de s'engager dans les troupes bulgares et voté une somme de cinq millions.

FLESCH.

Le Chargé d'Affaires de France à Athènes, au Ministre des Affaires étrangères.

Monsieur le Ministre,

Athènes, le 23 septembre 1885.

J'ai eu l'honneur de faire savoir à Votre Excellence, par mon télégramme d'hier, que la nouvelle des évènements dont la Roumélie orientale vient d'être le théâtre, avait provoqué en Grèce une certaine agitation qui s'est accrue depuis et dont plusieurs manifestations populaires n'ont été que l'écho bien affaibli.

La surprise du premier moment a fait place à un tressaillement douloureux; on appréhende que la prépondérance de l'élément bulgare dans les Balkans porte un coup très grave aux aspirations de l'hellénisme. Comme il était facile de le prévoir, cette idée inspire toutes les protestations de la presse athénienne, et je l'entends unanimement exprimer autour de moi. Sous l'impulsion des mêmes pensées, le Gouvernement hellénique a immédiatement envoyé un télégramme-circulaire à ses Agents diplomatiques à l'étranger, en les invitant à le renseigner sans retard sur l'impression produite auprès des différents Cabinets par le soulèvement des Bulgares, sur le degré de spontanéité qu'on attribue à ce mouvement et sur les intentions des Puissances signataires du Traité de Berlin en vue du rétablissement de l'ordre de choses qui vient d'être rompu.

Dans ces circonstances, le Roi Georges qui, devançant l'époque primitivement fixée pour son retour, doit arriver dimanche prochain, 27 septembre, à Athènes, est attendu avec une vive impatience. Sans sortir de son rôle

constitutionnel, il pourra, grâce à sa modération et à sa sagesse accoutumées, tempérer au besoin des ardeurs qui seraient de nature à tout compromettre. Sa signature est, d'ailleurs, indispensable pour la réunion de la Chambre qui ne peut manquer d'être convoquée à bref délai.

Veuillez agréer, etc.

LAVAUR.

Le Ministre des Affaires étrangères, aux Représentants de la République à Berlin, à Constantinople, à Londres, à Rome et à Vienne.

(Télégramme.)

Paris, le 24 septembre 1885. Nous nous sommes associés avec empressement à la proposition du Gouvernement autrichien tendant à faire des recommandations au Prince Alexandre en vue de circonscrire le mouvement à la Roumélie et à la Bulgarie. Dans la même pensée d'apaisement et de prévoyance, le Gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité ne serait-il pas disposé à faire une démarche analogue en Serbie, en Grèce et même en Roumanie, pour prévenir toute manifestation ou excitation qui serait de nature à avoir des contre-coups sur d'autres parties de l'empire ottoman? Il importe extrêmement, selon nous, que les Gouvernements de ces trois royaumes montrent dans les circonstances actuelles le plus grand calme. Ces démarches devraient, à notre avis, être faites sans pertes de temps si l'on veut qu'elles soient efficaces. C. DE FREYCInet.

L'Agent et Consul général de France à Sofia, Ministre des

Affaires étrangères.
(Télégramme.)

Sofia, le 24 septembre 1885. Avant-hier cinq Délégués rouméliotes ont quitté Philippopoli pour SaintPétersbourg. L'Agent de Russie à Sofia ayant refusé hier de transmettre à l'Empereur la demande de la Chambre afin d'obtenir que les officiers russes soient autorisés à servir dans l'armée bulgare, la Chambre, dans sa séance d'aujourd'hui, a désigné l'Evêque Clément, de Sofia, et M. Guechof, directeur de la Banque, pour présenter directement à l'Empereur la requête des Représentants de la Nation bulgare. La Chambre a également voté aujourd'hui un crédit extraordinaire de 10 millions et a décidé que le Gouvernement demanderait aux Puissances de reconnaitre l'Union de la Bulgarie à la Roumélie.

La question du rachat de la ligne de Roustchouk-Varna est consentie moyennant 44 millions et demi. Bien que les Bulgares soient vivement affectés par le refus de la Russie de les assister, ils paraissent décidés à soutenir pour le moment la cause de l'Union avec le Prince de Bulgarie. Cinq bataillons, quatre batteries et quatre escadrons sont partis de Sofia aujourd'hui pour Philippopoli. On envoie aussi des forces vers Kustendil. Des officiers bulgares commandent toutes ces troupes.

FLESCH.

Le Comte Foucher de Careil, Ambassadeur de France à Vienne, au Ministre des Affaires étrangères.

(Télégramme.)

Vienne, le 24 septembre 1885.

J'ai porté à la connaissance du comte Kalnoky le contenu de votre télégramme du 23 septembre, relatif à la demande que vous avait adressée le Comte Hoyos de la part de son Gouvernement, et à la réponse que vous lui

aviez faite.

Le Ministre, en vous remerciant des sentiments qu'elle exprime, m'a fait observer, quant à la simultanéité des démarches, que déjà plusieurs Puissances, et notamment l'Autriche, avaient envoyé leurs instructions à leur Ministres à Sofia, afin d'éviter un plus long retard.

Le Comte Kalnoky m'a ensuite entretenu de lui-même de la circulaire turque. Il m'a dit qu'il se joignait au Gouvernement ottoman pour rappeler le Prince de Bulgarie au respect du droit et protestait contre des actes contraires aux stipulations du Traité de Berlin: il espérait que toutes les Puissances signataires protesteraient contre une telle violation d'un pacte international. FOUCHER.

Le Ministre des Affaires étrangères, aux Ministres de France à Belgrade, à Bucharest et à Athènes. (Télégramme.)

Paris, le 23 septembre 1885.

Il est d'une extrême importance dans la crise actuelle, que le mouvement soit circonscrit à la Roumélie et à la Bulgarie. Nous croyons qu'il est de l'intérêt même de la Serbie, de la Roumanie, de la Grèce, qu'aucune agitation ne se produise dans les autres parties de l'Empire ottoman. Nous ne doutons pas que les hommes d'Etat du Royaume n'aient la même conviction. Je vous engage néanmoins à ne négliger aucune occasion d'insister pour faire prévaloir dans la pratique des faits une ligne de conduite prudente et circonspecte. Vous vous exprimerez dans le même sens auprès de vos collègues. C. DE FREYCINET.

Le Ministre des Affaires étrangères aux représentants de la République à Berlin, à Constantinople, à Londres, à Saint-Pétersbourg, à Rome et à Vienne.

(Télégramme)

Paris, le 23 septembre 1885. Nous n'avons pas laissé, malgré la réserve que nous avons gardée jusqu'ici dans l'appréciation des événements de Bulgarie, de les suivre avec une grande attention. D'après les derniers renseignements parvenus nous n'envisageons pas, sans quelque appréhension, les effets d'une prolongation de la crise. Chaque jour augmente, selon nous, les difficultés de la situation et peut faire naitre de nouvelles occasions de conflit. Il serait désirable, à notre sens, que les puissances se concertassent sans retard pour rechercher les moyens d'écarter les périls de l'heure actuelle et de préparer les éléments d'une solution satisfaisante. En ce qui nous concerne,

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