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demi, routier par roi sans bornes, pendard par roi à pendre, d'où il suit qu'un peuple de rois serait pour eux un peuple sans cœur, sans conscience, sans foi ni loi, sans feu ni lieu, un peuple de déguenillés et de sans-culottes, un peuple de Bohémiens. Aussi est-ce précisément pour que les Bohémiens cessent d'être un tel peuple qu'ils les ont affranchis. D'ailleurs, dans leurs livres sacrés, Dieu n'est pas le roi, mais l'Empereur du Ciel et de la terre, et le livre biblique des Rois s'appelle le livre des Empereurs; car, pour eux, tandis que le roi n'est que le régisseur d'une aristocratie vouée à l'absolutisme et le régulateur d'une plèbe vouée à la servitude, l'Empereur est le chef militaire d'une démocratie indépendante, douée du libre arbitre et douée du libre examen. »

(Vaillant. L'Empire c'est la paix. Imprimerie Piloy 1856, p. 122 à 123.) En terminant, qu'il nous soit permis de répéter que nous avons défendu non l'ancienne boyarie, mais les anciens boyards; non l'institution, mais les hommes qui l'ont incarnée à une certaine époque; et cela comme un simple hommage à la justice et à la vérité. Loin de nous la pensée de faire du nom un privilége; ce que nous voudrions par contre c'est qu'il cessat d'être un titre au dénigrement et à la proscription, et si nous avons réussi, comme nous l'espérons, à prouver la nécessité d'une aristocratie du mérite et de la vertu, la seule légitime; si nous avons en outre réussi à prouver que certaines vertus, certains mérites, pour s'être pérpétués de père en fils durant des siècles, dans quelques familles, n'ont pas changé pour cela de nom, nous n'avons pas à regretter la longueur de ce travail.

DU CLERGÉ

A la tête de notre Eglise se trouvait anciennement comme aujourd'hui encore le métropolitain, et jusqu'au règne de Rodolphe-le-Grand le pays n'était pas divisé en diocèses. L'ancien patriarche de Constantinople Niphon, exilé à Andrinople et amené par ce prince dans le pays, vers le commencement du XVe siècle, en qualité de métropolitain, créa les évêchés de Rimnic et de Buzéo, auxquels durant le règne du Prince Alexandre Morouzi, on ajouta celui d'Ardjesch.

Le métropolitain et les évêques étaient élus pas les boyards, et confirmés et installés par le prince qui remettait au premier la Pateritza ou crosse pastorale; et aux seconds le hazran ou béquille avec la pomme d'argent.

Le métropolitain reconnaissait la suprématie du patriarche de Constantinople en ce qui a trait seulement aux affaires spirituelles, mais sa nomination et son installation ne dépendaient pas de ce dernier, que le prince se bornait à en informer. (Voir Photinos. Tome III p. 182.)

De l'acte de confirmation de l'archimoine Joseph, élu métropolitain par le synode de Transylvanie, et qui se trouve dans le registre des confirmations de Bucarest, il résulte que les métropolitains de Transylvanie étaient sacrés par les métropolitains de Valachie, considérés comme les Exarches des évêques des pays soumis à la couronne de Hongrie, d'où la dénomination de métropolitains d'Hongro-Valachie. (Voir le Magasin historique pour la Dacie. Tome III p. 263.)

En Moldavie il y avait également trois évêchés: celui de Roman, de Radautz et de Huschi. Mais comme celui de Radautz se trouvait en Bucovine, à la suite de l'annexion de cette province à l'Autriche, il cessa d'exister. Jusqu'au concile de Florence qui avait, comme on le sait, pour but une seconde union au catholicisme romain des Eglises grecque et arménienne, c'est-à-dire vers le XV siècle de notre ère, le métropolitain de Moldavie, comme aussi celui de Roumanie, recevait sa bénédiction du Patriarche de

Constantinople. Mais après ce concile, le métropolitain de Moldavie qui avait adhéré à toutes ses décisions, n'osa plus s'en retourner dans le pays et Marco, archevêque d'Ephèse, envoya son archidiacre comme metropolitain en Moldavie. Depuis lors le métropolitain de Moldavie com mença à demander la bénédiction à l'archevêque d'Ephèse. Cet état de choses dura jusqu'au règne de Basile l'Albanais qui, accédant aux sollicitations du Patriarche de Constantinople, décida que le métropolitain de Moldavie demanderait de nouveau sa confirmation spirituelle à ce dernier. (Voir Cantémir p. 292).

Le métropolitain et les evêques étaient membres de droit des Assemblées générales, et le premier en avait même la présidence. Leur participation à l'exercice du pouvoir législatif n'avait rien qui doive surprendre, rien qui soit excessif ou exorbitant, étant donnée la circonstance qu'ils tenaient leur mandat de la nation, en tant que ses élus à elle. Toute la différence donc entre eux et les autres membres de l'Assemblée, c'est que les uns étaient les représentants permanents et les autres rien que temporaires de la nation. Nous n'en dirons pas autant de la participation des supérieurs (égumènes) et des autres membres du clergé qui tenaient leur nomination directement de leurs supérieurs.

Le métropolitain et les évêques, ainsi que les égumènes (supérieurs) prenaient part aux jugements, ainsi que l'attestent plusieurs arrêts des Assemblées générales. Voir nommément le jugement de l'Assemblée générale du pays condamnant le vornic Leurdeano en 1669. (Magasin historique pour la Dacie. Tome I p. 406.) Voir également le jugement de Mathieu Bassarab en 1633, celui contre les trois boyards accusés de délapidations des fonds publics en 1653.

(Ibid. Tome I p. 126.)

En cas de vacance du trône, soit par suite de décès, soit par suite d'une déposition, jusqu'à l'installation d'un nouveau prince, le métropolitain avec les évêques et les boyards de première classe, prenaient le gouvernail de l'Etat. (Photino. Tome III p. 151.)

En un mot les chefs de l'Eglise en Roumanie jouissaient d'une grande autorité, même en ce que concerne les affaires temporelles. Les franchises de l'Eglise étaient considérables et nous voyons souvent le métropolitain du pays haranguer le peuple et prêcher la morale au prince lui-même.

Après que tous les hommes d'Eglise et les boyards se furent réunisécrit Photino, en parlant de l'arrivée du patriarche Niphon en Roumanie sous le règne de Rodoldhe IV, dit le Grand en présence du prince, le patriarche prononça un discours qui attendrit toute l'assistance jusqu'aux larmes, après quoi s'adressant au prince, il lui dit : Fils Rodolphe! Toi qui détiens le pouvoir, tu dois prêcher d'exemple à tous tes sujets. Crains Dieu et respecte les choses saintes, observe les ordres sacrés, garde ta foi, sois. charitable envers les pauvres, réprime les méchants, aime ton peuple et fais justice sans acception de personnes. »

(Photino. Tom II p. 36).

Voici ce que dit le même Photinos, parlant du courroux légitime de ce patriarche à l'occasion de la bigamie d'un boyard moldave qui, sans être divorcé de sa première femme, avait épousé la sœur du prince, bigamie que le prince convrait de sa puissante égide, au mépris des conseils du dit patriarche.

«< Ceci dit, il quitta le palais et ordonna qu'on fit sonner les cloches, afin que le peuple s'assemblat, après quoi, ayant revêtu ses habits sacerdotaux, il prêcha d'abord la morale à tous, puis il anathématisa le moldave qui se trouvait présent en compagnie de sa concubine, et il ordonna qu'ils fussent expulsés de l'église comme rebelles à la foi et comme apostats. (Photinos. Tome III, p. 58).

Des Ecclésiastiques en général

«Jusqu'à Rade (Rodolphe) le Grand, il n'y avait qu'un seul prélat ou évêque dans toute la Valachie; mais cet hospodar, suivant le conseil de Nifon, patriarche de Constantinople, érigea encore deux autres évêchés, savoir ceux de Rimnik et de Buséo. Les nominations des prélats et abbés se font par l'autorité de l'hospodar. La marque de leur dignité est un bâton donné par le prince. Celui de l'archevêque est appelé le paleritza ou bâton pastoral, et celui de l'évêque de hazran. Les abbés reçoivent aussi un bâton, mais plus simple que celui des prélats.

« Les ecclésiastiques ont la préséance dans les assemblées publiques. Chaque évêque a le pouvoir de juger le clergé de son diocèse; il tire une rétribution annuelle des prêtres et se fait payer aussi pour leur ordination. Il a encore certains revenus des laïques à l'occasion des baptêmes, des mariages, des enterrements, et d'autres casuels semblables. Le métropolitain, l'archevêque, chaque évêque et les douze grands monastères ont chacun une cave à vin à Bucarest, exempte de tout impôt. Le même métropolitain, les évêques et les monastères avec leurs dépendances, sont encore exempts du Vinarit et du Dijmarit, et ne payaient l'Ajanit anciennement que tous les trois ans ; mais ils furent obligés dans la suite de le payer tous les ans, toutefois ils obtenaient souvent des billets d'immunité des hospodars pour une partie de ce tribut.

<<< Les ecclésiastiques avaient autrefois, par les décrets des princes, des villages remplis de serfs et exempts de tout tribut. Cela a été aboli, et au lieu des serfs, on leur a donné un certain nombre de scoutelnics ou paysans libres; on leur a accordé aussi le revenu de quelques douanes et la pêche de plusieurs étangs. Ils ont encore le droit de tirer le Vinarit de quelques vignobles et une certaine quantité de sel des mines, et ils reçoivent encore annuellement malgré tout cela de l'argent comptant du trésor du prince. On voit par ce détail, que le clergé n'est pas tout à fait mal partagé dans la Valachie, et que l'influence de la religion y a servi, comme partout ailleurs, à enrichir les ministres par les aumônes de l'Etat.

Des Métropolitains ou Archevêques

«Ce prélat est suffragant du siège de Constantinople, qui est la dernière instance dans les affaires spirituelles. La charge est à la nomination du prince, qui suit cependant les conseils des évêques et des principaux boyards. On notifie ensuite sa nomination au patriarche, qui l'agrée toujours et ordonne de le sacrer. La nomination faite, le prélat envoie quelques petits présents au patriarche pour marque de sa soumission, et la bulle lui est aussitôt expédiée.

« L'évêque de Rimnik est ordinairement de droit le plus proche de cette dignité. L'archevêché embrasse neuf des douze districts de la Principauté proprement dite. Il y a dans son diocèse, de même que dans celui de Rimnik, des monastères dont les abbés ont le titre d'archimandrite : ils relèvent immédiatement de lui.

Des Evêques de Rimnik et de Buzéo

« L'évêché de Rimnik comprend les cinq districts de Crayova, et celui de Buzéo, trois districts de la Principauté et les Raya (chrétiens) de Braila, en vertu d'un décret de Rade, fils de Rade-le-Grand, donné l'an 1544.

Des Monastères et des Prêtres

<«< Les uns sont sous la juridiction des évêques, d'autres sous celle du métropolitain, d'autres enfin immédiatement soumis aux sièges d'Antioche, d'Alexandrie et de Jérusalem. Il y en a qui relèvent du Mont Athos, de la Syrie et d'autres Eglises de la Turquie. La nomination de leurs abbés se fait sous l'autorité de l'hospodar par les chefs de ces Eglises ou monastères, dont ils sont toujours suffragants. Quant aux monastères des trois évêchés, leurs abbés sont nommés par leurs évêques respectifs avec le consentement de l'hospodar, et les comptes de revenus et dépenses des monastères sont rendus à la trésorerie publique par les prélats, conjointement avec le grand logolhèle (Logofet). Mais pour les monastères qui relèvent de la Turquie, les comptes en sont rendus à quiconque a le fideicomis de leur chef et du grand logothèle. Les prêtres étaient anciennement exempts de tribut; ce privilège a été tantôt supprimé, tantôt respecté.

Des Monastères

<< Le tribut des monastères a été payé ou refusé selon les circonstances. Elienne Cantacuzène les déclara exempts par un diplome en 1715.

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