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AU LECTEUR

La vérité est l'âme de l'histoire; le mensonge en est le masque. Sagesse des nations.

La question de races qui s'agite dans ce moment est un des événements les plus considérables qui aient jamais remué le monde.

On verra dans cette brochure comment elle a pris naissance en Hongrie, dans une querelle de langage entre les Hongrois et les Croates'; mais le germe en était en quelque sorte dans la forte constitution et dans l'unité de langage de la nationalité française, sur laquelle toutes les nations européennes et autres tendent plus ou moins soit directement soit indirectement à se calquer. L'unité de langage qui existe chez nous a donné à l'Allemagne le désir de l'établir dans ses possessions non allemandes et par conséquent de germaniser la Hongrie, qui à son tour a voulu hongroiser ou, suivant les termes employés au delà du Rhin, magyariser les Croates, lesquels ont résisté et combattu cette prétention des Magyars.

Cette pensée d'unifier, ou si on l'aime mieux, d'uni

1. En matière politique, les moindres éléments sont précieux; tel grand résultat qui étonne n'a souvent pour cause qu'un imperceptible accident. LEOUZON LEDUC. - Question russe.

formiser le langage n'a pas toujours existé en Hongrie, car, chose digne de remarque et qui est peut-être un des faits les plus bizarres et les plus singuliers de l'histoire, un roi de Hongrie, saint Étienne avait coutume de dire: Unius lingua uniusque moris regnum imbecille et fragile est (c'est un faible et absurde royaume que celui qui n'a qu'une seule langue et une seule coutume).

Quoi qu'il en soit, cette question du langage et du principe de la reconstitution des nationalités, a donné naissance au panslavisme qui effraye aujourd'hui l'Occident européen et contre lequel, comme nous l'avons dit et comme on le verra dans cet ouvrage, il n'y a d'autre remède que le panlatinisme.

Pénétré de cette pensée que chacun, dans la limite de ses forces, doit non-seulement concourir au développement et au bien-être de sa patrie, et à plus forte raison lui signaler les dangers, les écueils et les périls contre lesquels elle pourrait aller se briser, nous avons cru devoir faire connaître à la France et en même temps à tous les peuples latins et gaulois, ce qu'une étude, nous ne dirons pas approfondie, mais spéciale, nous a appris sur les dangers qui menacent le monde romain et le monde gaulois tout entiers; dangers contre lesquels nous croyons avoir été assez heureux pour trouver à la fois le préservatif et le remède, mais encore comme on pourra le voir, un tonique puissant qui lui donnera une force, une vigueur et une santé qui lui manquent présentement.

Nous avons tâché, dans cet écrit, de raconter les choses aussi simplement que possible, afin de mettre le récit à la portée de tous, et cela peut-être au détriment de l'harmonie du livre, mais nous avons tenu à nous

faire comprendre, et nous espérons avoir réussi; si nous n'avons pas fait mieux, ce n'est pas la bonne volonté qui a fait défaut.

Le prince de Ligne a dit :

« Pour peu que l'on soit assez considéré dans le monde pour y jouer un rôle, on est lancé comme une boule qui ne reprend jamais sa tranquillité.

<«< Le monde est aussi lui-même une boule que Dieu fait rouler. Elle ne va peut-être pas toujours bien, mais elle va et elle ira toujours. On dit: Si cet homme qui remplit si bien sa place vient à mourir, comment fera-t-on? Il est remplacé et cela va. On dit: Si nous ne faisons pas telle chose cette année, qu'est-ce qui arrivera? Rien. Si tel changement n'a pas lieu dans l'administration, tout est perdu; non, tout s'en tire. Il faut faire et faire faire à chacun son devoir; et quand on ne le fait pas, cela revient encore à peu près au même1. »

Quel travers d'esprit exprimé en quelques lignes par un homme qui pourtant avait la réputation d'être éminemment spirituel! et que voilà bien le langage d'un homme auquel il n'a jamais rien manqué!

Nous disons à notre tour: Non, il ne faut pas dire si nous ne faisons pas telle chose cette année, il n'arrivera rien;-non! il ne faut pas dire: il faut faire faire à chacun son devoir, et quand on ne le fait pas cela revient encore à peu près au même.

C'est en se conformant à de pareilles maximes que les Bourbons ont perdu trois fois la couronne de France; c'est en écoutant de pareils conseils que l'Autriche s'est aliéné les populations soumises à son sceptre; c'est en

1. Pensées inédites du prince de Ligue, publiées par Mme de Staël, p. 378; 1809, in-8°.

faisant de même que les ducs italiens viennent de perdre leurs couronnes; c'est en suivant les mêmes errements que le roi de Naples vient de perdre la Sicile et qu'il perdra prochainement peut-être aussi le royaume de Naples.

Pour montrer l'inconséquence d'un pareil langage, nous demanderons ce que l'on penserait d'un laboureur qui dirait: si je n'ensemence pas mon champ cette année, je n'aurai point de récolte l'an prochain, et qui, quoique négligeant de le faire, compterait cependant que les choses n'en iraient pas plus mal pour cela. La Sagesse des nations dit :

« Pour quiconque fait chaque chose en son temps, une journée en vaut trois. » Nous sommes, malgré le prince de Ligne, de l'avis de la Sagesse des nations.

Il y a des choses que l'impérieuse nécessité commande de faire, et surtout de faire en temps et saison, sous peine d'arriver trop tard. La confédération gallo-latine est de ce nombre: il faut s'en occuper dès aujourd'hui, parce qu'autrement il pourrait être trop tard demain.

Enfin, pour terminer, nous ajouterons: La Sagesse des nations dit encore : « Apportez chacun une pierre à l'édifice, et vous élèverez une montagne. »

Voici la nôtre, que chacun apporte la sienne, et nonseulement nous verrons bientôt s'élever l'édifice, mais encore la montagne.

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