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Complica tions. Notede

4 décembre

Voyons maintenant les complications et les mécomptes qui attendaient les trois puissances alliées au début même de leur œuvre. M. Seward du Tout d'abord le secrétaire d'État des États-Unis, M. Seward, 1861. dans une note du 4 décembre 1861, déclare admettre le droit des alliés d'apprécier par eux-mêmes si les préjudices éprouvés par leurs nationaux sont assez graves pour justifier la guerre qu'ils se proposent de faire au Mexique; mais il ne peut s'empêcher de leur rappeler que les États-Unis sont hautement intéressés à ce qu'aucune puissance étrangère ne s'empare d'une portion quelconque du territoire mexicain, n'obtienne aucun avantage particulier, et surtout n'exerce une influence qui puisse porter atteinte au droit que le Mexique possède de choisir et de constituer librement son gouver

nement.

Les États-Unis, ajoute M. Seward, refusent d'accéder au traité de Londres, parce que l'alliance qu'on leur propose est contraire à cette règle traditionnelle de conduite qui leur défend de se mêler des affaires politiques des États de l'Europe; parce que la République mexicaine leur inspire les plus vives sympathies; parce que, enfin, les réclamations qu'il s'agit de faire prévaloir au Mexique sont de nature à être réglées par la voie amicale.

Cette attitude du gouvernement de Washington était une première complication, qu'un autre événement survenu sur le sol mexicain même vint bientôt aggraver.

Convention de la Soledad

d'Orizaba.

§ 198. Dès leur débarquement à Veracruz on avait pu constater un désaccord de vues à peu près complet entre les trois chefs des et conferences troupes expéditionnaires et les agents diplomatiques qui leur avaient été adjoints: tandis que les représentants de l'Angleterre et de l'Espagne se montraient disposés à épuiser tout d'abord la voie des négociations pacifiques et à entrer, au besoin, en arrangement avec le gouvernement de Juarez, les délégués français, M. Dubois de Saligny et l'amiral Jurien, certains de voir rejeter leur ultimatum, semblaient vouloir refuser toute transaction et préférer un recours immédiat à la force. Ils ne souscrivirent donc que par pure

tées au sein des Chambres françaises démontrent suffisamment que depuis le commencement jusqu'à la fin cette affaire a fatalement influé sur une intervention qui devait avoir des résultats si funestes pour l'empereur Maximilien et si désastreux pour le prestige du gouvernement qui avait été assez mal inspiré pour l'entreprendre. On sait d'ailleurs que la créance Jecker avait pour origine une opération de trésorerie, de conversion de bons et de titres de la dette publique mexicaine souscrite par le président Miramon et annulée à l'arrivée au pouvoir du président Juarez.

L'Angleterre et l'Espagna

l'alliance.

condescendance pour leurs alliés aux préliminaires d'arrangement qui furent signés à la Soledad, le 19 février 1862 (1), avec un délégué du gouvernement mexicain; mais ces préliminaires ayant été désapprouvés à Paris aussi bien qu'à Londres et à Madrid, les représentants de la France obéissant plus franchement aux inspirations de leur gouvernement, prêtèrent ouvertement leur appui au parti mexicain qui rêvait la restauration du régime monarchique.

§ 199. Ce brusque revirement et la dénonciation des prélimise séparent de naires de la Soledad eurent pour résultat la réunion à Orizaba, le 9 avril 1862, d'une conférence, à la suite de laquelle, sous le prétexte que les Français méconnaissaient l'esprit de la convention de Londres, les troupes anglaises et espagnoles évacuèrent le Mexique et se rembarquèrent pour l'Europe, laissant la France supporter seul le poids de l'intervention.

La junte des notables

du Mexique

Dégagés ainsi des entraves élevées par leurs alliés et cédant de plus en plus à la pression des émigrés mexicains et du parti hostile au pouvoir de Juarez, les agents français ne gardèrent plus aucun ménagement et secondèrent énergiquement l'œuvre de restauration monarchique, qui, après la prise de Puebla, vint se dénouer à Mexico même.

§ 200. Une junte de notables, au choix de laquelle le peuple n'aotre le trône vait pris aucune part, s'empara du pouvoir abandonné par Juarez à Maximilien. et envoya des délégués en Europe pour offrir la couronne impériale du Mexique à l'archiduc Maximilien d'Autriche. Le gouvernement français, considérant l'établissement de l'empire au Mexique comme l'expression légitime de la volonté et de la souveraineté du peuple, reconnut aussitôt le nouveau gouvernement et entra officiellement et diplomatiquement en rapport avec lui.

Traité

de Miramar.

Avant même de quitter l'Europe pour aller occuper le trône que la junte de Mexico était venue lui offrir, l'empereur Maximilien signait à Miramar le 8 avril 1864 (2) un traité par lequel la France s'obligeait à laisser au Mexique un corps de troupes dont le chiffre serait successivement réduit de manière à être complètement rapatrié au bout de quatre ans ; le nouveau gouvernement s'engageait, de son côté, à pourvoir à l'entretien de ce corps d'occupation, à rembourser les frais de l'expédition française et à liquider, moyennant un forfait de 60,000,000 francs, les réclamations particulières, cause première de l'intervention et de la triple alliance conclue à

Londres en 1861.

(1) De Clercq, t. VIII, p. 392.
(2) De Clercq, t. IX, p. 18.

Les ÉtatsUnis refusent

l'empire.

§ 201. Mais de quel il les États-Unis allaient-ils envisager l'installation d'un gouvernement monarchique au Mexique ? La de reconnaitre réponse que M. Seward avait faite le 4 décembre 1861 aux ouvertures des puissances alliées faisait suffisamment pressentir que le cabinet de Washington refuserait absolument de reconnaître la légitimité du pouvoir de Maximilien.

Note de
M. Seward du

En effet, dans une dépêche qu'il adressa le 7 avril 1864 à M. Dayton, ministre des États-Unis à Paris, le même secrétaire d'État an- 7 avril 1864. nonçait que la Chambre des représentants s'était unanimement opposée à la reconnaissance de la nouvelle monarchie mexicaine, et que ce vote était l'expression réelle des sentiments qui animaient à cet égard le peuple des États-Unis tout entier.

Mais ce fut surtout dans la lettre qu'il écrivit le 30 juin 1865 à M. Bigelow, successeur de M. Dayton à la tête de la légation américaine en France, que M. Seward révéla toute la pensée de son << Il convient, gouvernement au sujet de l'intervention française. disait cette lettre, que M. Bigelow fasse nettement comprendre à M. Drouyn de Lhuys (alors ministre des affaires étrangères en France) quelles sont les intentions du gouvernement fédéral; il lui expliquera que nous ne pouvons ne pas considérer la France comme actuellement en guerre avec la République mexicaine, et que par conséquent nous observerons les principes de la plus stricte neutralité, mais que, d'un autre côté, l'amitié qui les lie au Mexique oblige les États-Unis à manifester de nouveau toute leur sympathie pour le maintien des institutions républicaines sur le continent américain, et à déclarer que leur confiance dans la valeur morale de cette forme de gouvernement est telle qu'ils ont pu sans danger aucun s'abstenir scrupuleusement jusqu'ici de s'ingérer dans les affaires des États étrangers. >>

1865. Instructions

de M. Seward

au ministre

des États

Unis en Fran

ce.

Attitude décidée des

relativement

tion française.

Dans une deuxième note datée du 6 septembre de la même année M. Seward tient un langage plus explicite encore: il ne cache États-Unis pas que le cabinet de Washington a vu avec un profond regret l'anta- à l'intervengonisme que les événements du Mexique ont suscité entre la France et le gouvernement fédéral. Les États-Unis, ajoute-t-il, n'ont qu'un désir voir tous les peuples qui les entourent vivre sous la même forme de gouvernement et sous le même système politique que ceux auxquels l'Union Américaine doit sa prospérité. Il termine par ces graves paroles : « Le peuple des États-Unis a la ferme conviction que le progrès n'est possible dans cette partie du monde qu'au moyen d'institutions politiques identiques dans tous les États du continent américain. Or le gouvernement de la Fédération croit que la

Napoléon III propose au gouvernement de Wa

reconnaitre

offre de reti

rer ses trou

pes.

France emploie à ce moment son influence et ses forces militaires à renverser les institutions républicaines au Mexique, pour y établir un gouvernement monarchique, sous la souveraineté d'un prince européen tout à fait étranger au pays jusqu'au jour de son élévation au trône. Les États-Unis ne sauraient donc se croire tenus de reconnaître au Mexique un système politique directement contraire au gouvernement républicain, avec lequel l'Union a constamment entretenu des relations d'amitié et de bonne harmonie. >>

Le gouvernement français put dès lors entrevoir les fâcheuses complications dans lesquelles allait l'entraîner son intervention au shington de Mexique; il adressa à son représentant à Washington une dépêche Maximilien et dans laquelle il déclarait que la seule chose qu'il attendait du gouvernement fédéral était l'assurance qu'il ne s'opposerait pas à la consolidation du nouvel ordre de choses créé au Mexique; et comme gage de bon vouloir il demandait aux États-Unis de reconnaître l'empereur Maximilien, donnant d'ailleurs à entendre que cette reconnaissance constituerait aux yeux de la France une garantie suffisante pour que le rappel de ses troupes s'effectuât dans le délai stipulé à Miramar.

Le président des Etats-U

M. Seward répondit: « Le cabinet de Washington croit comnis se refuse prendre que l'empereur des Français a l'intention de retirer son connaissance. armée d'occupation dans un délai convenable, mais en exigeant

à une telle re

préalablement que le gouvernement des États-Unis entretienne des relations amicales avec l'autorité qui a revêtu à Mexico la forme impériale. Le président des États-Unis, tout en se félicitant des bonnes dispositions que témoigne l'empereur des Français, regrette de ne pouvoir souscrire à la condition qu'on prétend lui imposer et qui lui paraît absolument inacceptable. Dans l'opinion du président, le gouvernement de l'empereur n'est pas suffisamment édifié sur la nature du mécontentement qui règne aux États-Unis au sujet des affaires du Mexique et qui n'a pas pour cause unique la présence en Amérique d'une armée étrangère et bien moins encore le fait que cette armée est française. Les États-Unis reconnaissent le droit que les nations souveraines possèdent de se faire mutuellement la guerre, pourvu que cette guerre ne porte pas préjudice au gouvernement de l'Union. Ce mécontentement provient surtout de ce que l'armée française est employée à combattre, à détruire un gouvernement républicain (établi par un peuple avec lequel le gouvernement des États-Unis sympathise profondément), dans le but évident de fonder sur ses ruines un gouvernement monarchique étranger, dont la présence, tant qu'elle se prolongera,

doit forcément être considérée par le peuple américain comme une injure et une menace pour ses propres et chères institutions. Le gouvernement des États-Unis nourrit donc le ferme espoir que la France jugera compatible avec ses intérêts et son honneur de renoncer à son attitude agressive à l'égard du Mexique, en laissant au peuple de ce pays la libre jouissance des institutions républicaines qu'il s'est données. »

Trompé dans son espoir du côté de Washington, le gouvernement français s'efforça d'amener l'Angleterre à reconnaître la légitimité du gouvernement de Maximilien. Invoquant presque les mêmes raisons que les États-Unis, le cabinet de Londres refusa dans le principe d'accéder aux désirs de l'empereur des Français, en faisant valoir qu'il ne pourrait reconnaître l'empereur Maximilien que lorsque celui-ci offrirait des garanties de stabilité, qu'il pensait d'ailleurs que les institutions monarchiques ne convenaient pas aux intérêts du peuple mexicain. Cependant l'Angleterre ne persista pas dans ce premier refus, car bientôt après elle accrédita un ministre plénipotentiaire auprès du nouvel Empire du Mexique.

Les choses en étaient à ce point, lorsqu'une circonstance particulière poussa les États-Unis à mieux dessiner leur attitude. Vers le milieu de 1865 le ministre de Juarez, qui n'avait pas cessé de remplir ses fonctions diplomatiques à Washington, informa le gouvernement fédéral qu'un agent de Maximilien tentait d'assumer à New-York le caractère de consul mexicain, M. Seward répondit aussitôt que son gouvernement ne reconnaissait comme légitime et régulièrement accrédité que l'agent nommé par le gouvernement de Juarez, sans que pour cela les Etats-Unis entendissent cesser d'entretenir des relations commerciales avec les ports mexicains qui n'étaient plus au pouvoir du gouvernement de la république.

§ 202. En 1866, M. Seward adressa à M. Bigelow, représentant des États-Unis en France, une nouvelle note dans laquelle, avec la franchise et l'énergie propres à la diplomatie de la grande République nord-américaine, il déclarait que la guerre entre la France et la République du Mexique était devenue aussi dangereuse pour les États-Unis que pour la cause républicaine, et que dès lors le gouvernement des États-Unis demandait qu'on y met un terme. M. Seward ajoutait que dans l'opinion du président, la France ne devait pas différer plus longtemps la réalisation de son offre de rappeler en Europe le corps d'occupation qu'elle entretenait au Mexique. S'il est vrai que depuis une année déjà Napoléon III était fermement résolu de retirer sa protection à l'empire de Maximi

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