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vention d'un pouvoir européen quelconque dans le but de les opprimer ou de contrarier en aucune manière leurs destinées. Dans la guerre entre ces nouveaux gouvernements et l'Espagne, nous avons déclaré notre neutralité à l'époque de leur reconnaissance, et nous y sommes restés fidèles; nous continuerons d'y rester fidèles, pourvu qu'il ne survienne pas de changement qui, du jugement des autorités compétentes de notre gouvernement, nécessite aussi de notre part un changement indispensable à notre sécurité.

Le président Monroe ne se borna pas à affirmer des principes abstraits; il voulut encore donner à sa doctrine une base plus solide, en rappelant la ligne de conduite tenue par le cabinet de Washington lors des troubles qui avaient occasionné l'intervention étrangère en Espagne. «< Ainsi, dit-il, la politique que nous avons adoptée à l'égard de l'Europe, dès le commencement même des guerres qui ont si longtemps agité cette partie du globe, est toujours restée la même elle consiste à ne jamais nous interposer dans les affaires intérieures d'aucune des puissances de l'ancien monde; à considérer le gouvernement de fait comme gouvernement légitime relativement à nous; à rétablir avec ce gouvernement des relations amicales et à les conserver par une politique franche, ferme et courageuse, en admettant sans distinction les justes réclamations de toutes les puissances, et en ne souffrant les injures d'aucune. Mais lorsqu'il s'agit de notre continent, les choses changent tout à fait de face, car si les puissances alliées voulaient faire prévaloir leur système politique dans l'une ou l'autre partie de l'Amérique, elles ne le pourraient pas sans qu'il en résultât un danger imminent pour notre bonheur et notre tranquillité; aucune d'elles, d'ailleurs, ne peut croire que nos frères du Sud l'adopteraient de leur propre gré, si on les abandonnait à eux-mêmes. Il nous serait également impossible de demeurer spectateurs indifférents de cette intervention, sous quelque forme qu'elle eût lieu. Si nous envisageons la force et les ressources de l'Espagne et des nouveaux gouvernements de l'Amérique, ainsi que la distance qui les sépare, il est évident que l'Espagne ne pourra jamais parvenir à les soumettre. La véritable politique des États-Unis est toujours de laisser à elles-mêmes les parties contendantes, dans l'espoir que les autres puissances suivront le même système. »

§ 154. L'effet que ce message produisit en Angleterre Lord Brougham n'hésita pas à déclarer qu'à ses yeux des colonies espagnoles était enfin résolue; que tous les liberté en Europe devaient s'en féliciter; que ce qui av

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Sir James Mackintosh

nion de Lord

Brougham.

cette solution et devait donner lieu à ces félicitations, c'était le message du président des États-Unis.

§ 455. Sir James Mackintosh s'exprima de la même manière au appuie l'opi sein du Parlement britannique, et dit que son plus vif désir était que l'Angleterre et la République nord-américaine marchassent toujours unies et défendissent ensemble la cause de la liberté et de la justice.

La résolu

tion des E

exerça une

sidérable sur

vacillante de

partie de la

Monroe.

de la Russie

tion de cer

toires de l'A

mérique Nord.

1821.

du

§ 156. Cette attitude résolue du gouvernement des États-Unis tats-Unis exerça une puissante influence sur les hésitations du gouvernement influence con- anglais et sur les projets des États absolutistes de l'Europe, qui la politique n'osèrent pas entrer en lutte ouverte contre une force morale et l'Angleterre, matérielle comme celle qui résultait du concert de l'Angleterre et des États-Unis pour la défense des gouvernements constitutionnels. Seconde § 157. Ainsi que nous l'avons indiqué plus haut, la seconde doctrine de partie de la doctrine de Monroe se rattachait à des questions de liPrétentions mites et de colonisation dans l'Amérique du Nord. Si nous devons à la colonisa la traiter au même point de vue historique et analytique que la tains terri- question des interventions étrangères, il nous faut tout d'abord rappeler qu'à l'époque où parut le message du président Monroe, c'est-à-dire en 1823, les seuls Etats européens qui eussent des possessions territoriales sur le continent de l'Amérique du Nord étaient la Russie et l'Angleterre. L'Espagne, en effet, depuis longtemps déjà, avait rétrocédé la Floride aux Etats-Unis, et la révolution mexicaine lui avait enlevé l'ancien empire de Montezuma. Les limites nord-ouest du territoire connu sous le nom d'Amérique russe n'avaient jamais été nettement déterminées; l'exploitation des pêcheries et des terrains de chasse qui en font partie avait fait naître entre les habitants et les Indiens d'incessants conflits, et c'est pour y mettre fin que se produisirent au mois de septembre 1821 les premières revendications par le gouvernement russe de la possession exclusive du territoire situé entre l'Orégon et le détroit de Behring.

Stipulations du traité de

l'Angleterre

Unis.

§ 158. Cette réclamation vint compliquer et presque renverser 1821 entre la stipulation du traité que l'Angleterre et les États-Unis avaient et les Etats- conclu en 1818, et aux termes duquel ces deux puissances devaient occuper en commun pendant dix ans tous les territoires réclamés par l'une ou par l'autre au nord-ouest du continent; il était d'ailleurs entendu que cette occupation temporaire ne préjudicierait pas aux droits de souveraineté exclusive appartenant en propre à chacune des parties contractantes. Ces questions de domaine et de délimitation étaient très difficiles à résoudre ; mais elles tendaient à

confondre les intérêts de l'Angleterre avec ceux des États-Unis, et c'est ainsi que les deux gouvernements se trouvèrent d'accord pour s'opposer aux prétentions envahissantes de la Russie.

Instructions de M. Adams

des Etats-U

terre et

à

nis en AngleSaint-Peters

bourg.

§ 159. M. Adams, qui à cette époque remplissait à Washington les fonctions de secrétaire d'État, autorisa le représentant des États- aux ministres Unis à Londres à traiter directement cette affaire avec le gouvernement anglais; il envoya en même temps copie des instructions qu'il lui adressait à cet effet au ministre américain à Saint-Pétersbourg. Ces instructions se basaient sur ce que, d'une part, les traités, et de l'autre, les révolutions politiques avaient fait perdre à l'Europe tout droit sur les territoires américains; que les Etats-Unis ne pouvaient admettre que la portion continentale du Nouveau Monde servit d'élément de colonisation aux États européens dans la partie qui ne leur avait pas été antérieurement soumise; que d'ailleurs l'indépendance absolue des nations qui s'étaient successivement constituées en Amérique suffisait pour que leur souveraineté fut considérée comme s'étendant au continent tout entier, sous la seule réserve de respecter les droits acquis. De ces prémisses M. Adams tirait la conséquence que le continent américain ne pouvait plus constituer de domaine colonial, et qu'étant occupé par des États libres et des nations civilisées, les Européens n'y devaient plus trouver accès que d'après les principes généraux du droit des gens, sur le pied d'une égalité absolue, en transformant l'Océan Pacifique en une mer aussi libre que l'Atlantique, et en soumettant la navigation des fleuves et des eaux juridictionnelles aux règles et aux conditions qu'édicteraient les gouvernements territoriaux.

Ces instructions formant la base même des principes qui devaient bientôt après être proclamés par le président au sein du congrès, on est fondé à dire avec Dana que M. Adams est vraiment l'auteur de cette partie de la doctrine que le message de M. Monroe du 2 décembre 1823 formula en ces termes : « On a jugé l'occasion favorable pour faire reconnaître comme un principe auquel sont liés les droits et les intérêts des États-Unis que les continents américains, d'après l'état de liberté et d'indépendance qu'ils se sont acquis et dans lequel ils se sont maintenus, ne peuvent être considérés à l'avenir comme susceptibles d'être colonisés par aucune puissance européenne. »

L'Angleterre repoussa énergiquement ces déclarations, que le président des États-Unis reproduisit quelques années plus tard; elle soutint que les titres qui jusqu'à cette époque lui avaient donné un droit de souveraineté sur des territoires américains n'a

Congrès de Panama.

vaient rien perdu de leur valeur et devaient produire indéfiniment les mêmes effets. A première vue, M. Monroe semble s'être proposé uniquement d'étendre les principes du droit public européen aux territoires du Nouveau Monde, et de couper court ainsi aux prétentions mal déguisées ou résolument soutenues par l'Angleterre et la Russie; mais il avait évidemment l'arrière-pensée de poser les États-Unis comme les protecteurs suprêmes des États américains et les garants de leurs territoires. Tout doute à cet égard disparaît, quand on se reporte aux faits postérieurs, qui, en plaçant cette doctrine sur le terrain pratique et en la rendant concrète, ont clairement dévoilé les inspirations auxquelles obéissait le cabinet de Washington. Le plus saillant de ces faits est le congrès de Pa

nama.

§ 160. L'idée de réunir en congrès les dix États détachés de l'Espagne et du Portugal, pour constituer entre eux une fédération républicaine en regard de la vieille organisation monarchique de l'Europe et leur dicter un nouveau droit public, appartient au Pérou (1). Malgré les pressantes invitations adressées à tous les États et appuyées de l'influence du général Bolivar, l'assemblée convoquée à Panama, et à laquelle les États-Unis du Nord devaient assister, n'était pas un congrès général américain dans le sens rigoureux du mot, puisque la Bolivie, le Chili, Buenos Aires et le Brésil n'y furent pas représentés. Les seuls députés présents furent ceux du Mexique, du Guatemala, de la Colombie et du Pérou. Ils tinrent leur première séance le 22 juin 1826 et se séparèrent le 15 juillet suivant, après avoir signé un traité d'union, d'alliance et de confédération perpétuelle, qui n'a malheureusement pas produit dans la pratique les résultats qu'on devait s'en promettre.

Une des questions les plus importantes dont le congrès de Panama eût à s'occuper était celle de la souveraineté des territoires du nouveau continent. Ces territoires pouvaient-ils devenir l'objet de nouvelles colonisations de la part des États européens ? Le fait de n'être pas encore occupés ou de constituer une première découverte suffirait-il pour en justifier la prise de possession ?

Les républiques de l'Amérique du Sud comprirent tout de suite l'avantage de rallier à leur cause les États-Unis de l'Amérique du Nord, et de confondre sur ce point en une seule la politique extérieure du Nouveau Monde tout entier. Ils adoptèrent donc purement et simplement la doctrine de Monroe, posèrent ainsi la ques

(1) Voir Introduction, p. 77.

tion de droit comme si elle était déjà résolue en principe, et se bornèrent en conséquence à discuter les moyens à l'aide desquels on pourrait, d'accord avec les États-Unis, arriver à rendre effective la déclaration présidentielle du 2 décembre 1823.

Cette manière fort habile de présenter la question et de traduire dans la pratique les principes proclamés à Washington ne pouvait manquer d'éveiller l'attention des États-Unis, dont la politique, qui jusque-là n'avait été qu'expectante et neutre à l'égard des nations d'Europe, était moralement poussée à changer de caractère, à se confondre avec celle des États sud-américains.

Le congrès de Washington ne s'y trompa pas: il déclara aussitôt que le gouvernement fédéral ne pouvait ni ne devait faire cause. commune avec les États du Sud dans la question des nouvelles colonisations; que, tout en demeurant invariablement fidèle aux sentiments d'amitié qui le liaient aux nouveaux États, les principes d'honneur et de dignité qui étaient la règle de sa conduite l'obligeaient à se réserver une entière liberté pour agir selon les circonstances.

Conséquences de l'op

§ 161. L'opposition si inattendue des États-Unis fut une des causes principales qui paralysèrent les résultats du congrès de position que Panama.

le congrès de Panama rencontra de la

tats-Unis.

Le congrès de Washington retentit à cette occasion de déclama- part des Etions tellement vives et d'opinions si tranchées, qu'elles détruisirent presque les bases de la doctrine de Monroe, en même temps que, par un singulier contraste, les règles posées par le président recevaient une interprétation pratique beaucoup plus précise que celle qui leur avait été donnéc avant ce débat solennel.

§ 162. En acceptant l'invitation d'assister au congrès de Panama, le secrétaire d'État américain, M. Adams, avait pensé que les États du Sud feraient pour leur propre compte et en leur propre noin une déclaration identique à celle que le président Monroe avait faite trois ans auparavant au nom des États-Unis ; mais le congrès fédéral refusa de s'associer aux vues de M. Adams, parce qu'il crut y voir une sorte de garantie morale de la part de la Fédération du Nord en faveur des États sud-américains.

Proposition de M. Adams,

Paroles

remarquables

ter.

§ 163. Cependant, dans le cours de la discussion qui eut lieu à cette occasion au sein du congrès, M. Webster tint un langage qui de M. Webscorroborait indirectement les conséquences pratiques que M. Adams entendait faire découler de la seconde partie de la doctrine de Mon roe. Il déclara que les États-Unis avaient le plus grand intérêt à que leur commerce pût s'ouvrir un chemin à travers l'ensemble de vastes territoires arrachés à la domination de l'Espagne, et que les

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